mardi 22 novembre 2011

La Création est l'essence de l'Intégration

Aquarelle de A. Gourhant


Nous sommes plus liés à l'invisible qu'à ce que nous voyons. Novalis
Dans nos deux précédents billets nous présentions le site Psychothérapie intégrative Alain Gourhant propose les réflexions de divers auteurs et les siennes propres sur l’esprit intégratif et ses applications dans le domaine de la création et de la thérapie.
Dans ce billet, nous présentons la dimension artistique d’Alain Gourhant telle qu’elle s’exprime notamment dans son autre site intitulé Images et paroles. Dans cet espace dédié à sa création, il prend plaisir à intégrer poésie, photographie, aquarelle, philosophie et spiritualité pour nous faire voyager à la découverte de nous-même à travers ce reflet qu’est la beauté du monde.
Images et Paroles
Les pionniers d’une « culture intégrale » ont souvent un point commun : ils associent rigueur intellectuelle et sensibilité inspirée, deux dimensions qui peuvent apparaître contradictoires mais qui sont en fait complémentaires quand elles participent d’une même intelligence intuitive.
Pour Alain Gourhant, la création apparaît comme une manifestation essentielle de l’esprit intégratif : « Deux éléments ou parties habituellement séparés, se rapprochent, se mêlent, rentrent en fusion pour créer une nouvelle réalité qui transcende et inclut les éléments précédents. En ce sens toute intégration réussie est une création, cela dans n'importe quel domaine : la science, l'art, mais aussi bien sûr la psychothérapie intégrative. L'essence de l'intégration, c'est la création.»
C’est ainsi qu’à travers une synthèse créatrice, le mouvement évolutif de la vie/esprit fait émerger de nouvelles formes d’organisation toujours plus complexes et intégrés. L’émotion esthétique est un moyen de participer, de l’intérieur, à ce mouvement créateur de la vie/esprit. L’art est donc le terrain privilégié où l’esprit intégratif prend la forme de l’inspiration créatrice.
Un trajet créatif
Cette inspiration conduit souvent Alain Gourhant dans des lieux sacrés où émotions esthétiques et spirituelles sont autant d’occasions pour s’éveiller, à travers une expérience intime et intense, à la beauté du monde et à son mystère.
Alain cherche à traduire ces expériences à travers aquarelles, photos et poèmes dans un trajet créatif sémé d'expositions et de recueils poétiques à découvrir ici. "La poésie, selon lui, c'est le langage originel, proche du silence, avant la prolifération bruyante et chaotique des mots de la pensée. La poésie est plus proche de la musique ou de la danse que de la pensée et son bruitage de prose."
En cela, l'art poétique d'Alain Gourhant est très proche de celui de ces "poètes sourciers" évoqués par Michel Camus dans son Paradigme de la Transpoésie. Prenant sa source dans un état de conscience supérieur, l'inspiration poétique permet de se libérer des limitations du mental pour participer à l'élan de l'esprit intégratif qui nous anime et nous guide.
Alain Gourhant décrit ainsi cet art poétique : "Nous avons besoin d'une poésie qui nous lave, qui nous nettoie des errances du mental perdu dans son labyrinthe de mots et de pensées stériles et confusantes, nous avons besoin d'une Poésie spirituelle, simple et évidente aux mots sertis de lumière et de silence, une poésie issue directement de l'autre monde, de l'Ailleurs, une poésie pleine du Vide qui sous-tend toute création authentique, une poésie où il y aurait beaucoup de silence, beaucoup de page blanche et des mots rares comme des éclats de cristal reflétant la lumière. »
Cet art poétique s’exprime dans cette « Poésie du désastre et de la guérison » à lire ici où un cri et un chant se marient dans le souffle inspiré d’un monde à naître.

Poésie du désastre et de la guérison. Alain Gourhant
La poésie est un langage suffisamment fort et libre
pour trouver une place originale de témoin de cette fin d’un monde,
de même qu’elle a été pendant longtemps le langage privilégié
de l’origine d’un monde,
ainsi qu’en témoignent les superbes poèmes des Vedas, des Upanishads,
du Mahabharata et de la Bhagava Gita, de la Genèse de l’Ancien Testament,
de l’épopée de Gilgamesh, du Popol- Vuh des mayas,
du Tao tö King de Lao Tseu et des soutras du Bouddha, etc.

Mais pour cela, la poésie doit rompre avec son côté charmant et sentimental,
qui berce les vieilles dames dans les salons huppés,
elle doit rompre avec l’égocentrisme des âmes seules et désespérées
entonnant les vieilles litanies rimbaldiennes,
elle doit rompre avec les mondes imaginaires et irréels,
quand le surréalisme pouvait encore se payer ce luxe.

Forte de ces ruptures, la poésie se doit d’être le témoin
sans concession et sans fioritures,
de ce désastre s’avançant inexorablement,
pour tout détruire d’un vieux monde trop humain
qui s’embourbe lamentablement.

En cela ses seuls modèles – si modèle il y a – sont rares ;
nous pensons aux cris hallucinés et prémonitoires d’un Antonin Artaud
à la fin de sa vie,
ou « Les poèmes de la bombe atomique » du japonais Tôge Sankichi :
« pas d’autre bruit que la présence d’une chaleur à fissurer le moindre tesson de tuile,
rien d’autre ne se mouvant qu’une fumée qui monte en se dilatant
dans le ciel d’août éblouissant ;
il ne reste qu’un vide propre à brûler jusqu’au revers du cerveau
et à tout faire disparaître…
»

Mais le rôle de la poésie n’est pas que d’être le témoin d’un désastre,
la poésie peut être aussi une force de proposition
et de préparation du prochain monde,
selon la loi éternelle et universelle de « Mort et Renaissance ».

La poésie a toute la force et la liberté d’inspiration
pour participer aux grandes lignes de cette mutation nécessaire
de l’être et de la conscience,
que les esprits les plus audacieux, les plus profonds, préparent secrètement,
au plus haut des montagnes, à la manière d’un Zarathoustra,
ou au coeur des grandes villes, dans d’étroites chambres de bonne,
à la manière d’un Maldoror,
dans l’invisibilité des minorités agissantes,
s’apprêtant à traverser spirituellement les bouleversements à venir.

La poésie se doit d’être une force propositionnelle,
afin de préparer la croissance spirituelle nécessaire,
en réponse à la décroissance matérielle encore plus nécessaire.

La poésie doit chanter avec justesse cette simplicité retrouvée
cette joie d’être,
cette plénitude du moment présent,
en ouverture transcendante,
en amour inconditionnel pour toutes les formes de la vie,
en conscience globale du cosmos,
en communion intime avec les forces régénérantes de la nature,
en altruisme et solidarité avec tous les exclus,
en verticalité avec les transparences du ciel,
en accueil de la diversité et des différences,
en méditation silencieuse sur le Vide essentiel,
en célébration silencieuse de la création.

Car il faudra bien un jour s’incarner autrement
et prendre les rênes de manière éclairée de cette terre chérie,
couverte des cicatrices d’une folie ancienne ;
il faudra bien un jour rêver d’une espèce délicate, sensible, amoureuse,
pleine de sagesse et de tendresse,
- en un mot poétique -
capable de guider le vaisseau terre
loin de cette violence robotique
qui nous étrangle
et nous menace.

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