mercredi 16 décembre 2020

SOMMAIRE 6 (2020) Joyeux Confinoël !

 
Malheur à l’homme qui, au moins une fois, n’a pas tout remis en question. Pascal 

A l’occasion du dixième anniversaire du Journal Intégral, nous avons proposé au début de l'année une série de cinq billets qui constituent le sommaire des 355 textes postés durant la décennie écoulée. Une manière d'effectuer un bilan en jetant un regard sur le chemin parcouru afin d’aborder la nouvelle décennie de manière créative. Et créative, cette année 2020 ne manqua pas de l’être pour faire face et s'adapter, de manière individuelle et collective, à une pandémie virale qui a changé certains de nos modes de vie et de pensée. 

Nous finirons 2020 comme nous l’avons commencé : en proposant un sommaire, en l’occurrence celui des billets de blog écrits durant cette année "extra-ordinaire". Une occasion pour le lecteur de suivre une réflexion qui vise à dépasser aussi bien l'hégémonie du techno-capitalisme que les délires complotistes qui expriment le désir de s'en libérer sans avoir les moyens (cognitifs et intellectuels) pour le faire. Conformisme idéologique et complotisme paranoïaque sont en fait les deux faces d'une même monnaie de singe totalement dévaluée.

Comprendre le sens profond de cette crise sanitaire c'est la considérer, de manière globale, au-delà de la diversité de ses manifestations, comme un signe des temps nous alertant sur l'urgente nécessité d'un saut évolutif. Ces temps troublés que nous vivons nécessitent d'établir de nouvelles cartographies pour se repérer dans la complexité multidimensionnelle d'une monde en mutation, puis de les partager avec ceux qui ont des oreilles pour entendre et des yeux pour voir !...

Joyeux Confinoël !

Ce Noël en temps de pandémie peut-être une occasion inespérée de s’interroger sur le délire consumériste d'une société qui a perdu le sens cosmique et initiatique propre à une période de l'année où, depuis des temps immémoriaux, le solstice d'hiver était l'occasion de célébrer la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la puissance créatrice de la vie/esprit sur les forces inertielles et destructrices de l'entropie. 

Au fil du temps nous avons progressivement glissés de la participation cosmique propre aux fêtes païennes à la liturgie religieuse des célébrations chrétiennes pour aboutir aux rituels marchands d'aujourd'hui fondés sur la destruction du vivant à travers, notamment, le massacre de sept milliards d'animaux. C'est ainsi que nous sommes passés d'une vision cosmique et astronomique au règne marchand de la gastronomie et des cosmétiques comme nous sommes passés insensiblement de la foi et du sacré au foie gras et au sucré !... 

L'épreuve de la pandémie et du confinement peut être, pour certains, l'occasion de réfléchir et de se libérer de cette colonisation de l'imaginaire par la marchandise pour retrouver le sens sacré et initiatique des fêtes du solstice, symboles de renouveau et de renaissance. Après l'emprise ténébreuse de la nuit advient l'aurore lumineuse d'un nouveau jour, plein de promesses.

 Chaque titre correspond à un lien avec le texte d'origine.

356 - SOMMAIRE 1 (2010) -  07/01/20 

Face au monde qui vient, mieux vaut penser le changement que changer le pansement. Francis Blanche 

357 -  SOMMAIRE 2 (2011) -  21/01/20 

Nous sommes les abeilles de l’univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’invisible. Rainer Maria Rilke 

358 -  SOMMAIRE 3 (2012/2013) - 04/02/20 

Le feu meurt par la compagnie des cendres. Rumi 

359 - SOMMAIRE 4 (2014/2015/2016) - 18/02/20 

Et ceux qui dansaient furent considérés comme fous par ceux qui ne pouvaient entendre la musique. Nietzsche 

360 - SOMMAIRE 5 (2017/2018/2019) - 03/03/20 

Les révolutions éclatent quand elles sont déjà terminées. Talleyrand 

361 - UN PROJET EDITORIAL - 17/03/20 

Mais tout ce qui est précieux est aussi difficile que rare. Spinoza 

Dans le carrefour spatio-temporel où nous vivons, nous pouvons subir la dynamique régressive qui conduit à un effondrement global ou participer à une dynamique créatrice vers un nouveau stade du développement humain. Cette dernière nous fait cheminer sur la voie d'une "synthèse évolutionnaire" qui, dans une approche non-duelle, réunit deux visions du monde - l'une spirituelle et l'autre matérialiste - qui peuvent apparaître contradictoires alors même qu’elles sont complémentaires. Aujourd'hui, l'approche spirituelle peut être incarnée par un mouvement intégral, héritier de la contre-culture, qui cartographie les divers stades du développement humain dans le domaine de la conscience et de la culture, à partir d'une épistémologie inclusive qui redonne à l'intuition et à la spiritualité leur rôle fondamental. (Cf. Introductions à la vision intégrale)

Héritière du progressisme européen, l'approche matérialiste peut être incarnée par une critique sociale radicale qui déconstruit avec rigueur les grandes catégories  du capitalisme pour "sortir de l'économie". Une telle déconstruction permet de se libérer du paradigme dominant pour participer à l'émergence de nouvelles formes de relations humaines et d'organisations sociales profondément connectées au milieu naturel et au monde du vivant.  C'est ainsi que la cartographie du développement humain d'un côté et la compréhension de l'évolution sociale de l'autre permettent de mieux comprendre le saut qualitatif à effectuer dans les champs de la conscience, de la culture et de la société pour résister au déchaînement des forces entropiques à l’œuvre dans l'effondrement en cours.

362 - L’ECONOMIE OU LA VIE - 07/04/20 

Remerciez-moi : je vous place au pied de la bifurcation qui structurait tacitement vos existences : l’économie ou la vie. Monologue du Virus 

 En son temps, dans un livre intitulé Nous qui désirons sans fin, le situationniste Raoul Vaneigem avait résumé ce carrefour évolutif de la manière suivante : " Nous sommes dans le monde et en nous-mêmes au croisement de deux civilisations. L'une achève de se ruiner en stérilisant l'univers sous son ombre glacée, l'autre découvre aux premières lueurs d'une vie qui renaît l'homme nouveau, sensible, vivant et créateur, frêle rameau d'une évolution où l'homme économique n'est plus désormais qu'une branche morte". 

Paru sur le site Lundi Matin, un texte intitulé Monologue du virus fait écho à celui de Vaneigem. L’auteur (anonyme) voit dans la pandémie actuelle à la fois la manifestation d’un système aussi délirant que destructeur (qui conduit à l’effondrement) et la possibilité de dépasser ce système pour bifurquer vers une autre voie qui est tout simplement celle de la vie dans toute sa plénitude et dans la diversité de ses expressions.

363 - L’ART DE LA CONVERSION -  23/04/20 

Le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit. Coline Serreau 

Ce n'est pas parce qu'il marche cul par-dessus tête que ce monde est fou. C'est parce qu'il est fou qu'il marche cul par-dessus tête. Marcher cul par-dessus tête dans le champ de la conscience c'est positionner l'égo au-dessus de l'intuition spirituelle pour asservir celle-ci au lieu de la servir. Marcher cul par-dessus tête dans le champ de la culture c'est mettre la raison abstraite et analytique au-dessus d'une vision globale et synthétique en imposant ainsi une science sans conscience.

Marcher cul par-dessus tête dans le champ social c'est placer la valeur marchande au-dessus des valeurs communes en faisant de l'économie une idéologie totalitaire qui détruit les milieux sociaux et naturels. Conscience, culture et société sont ainsi l'objet d'une inversion systémique qui conduit de manière inéluctable à l'effondrement. A moins qu'un saut évolutif ne produise une conversion systémique - nommée Métanoïa par les anciens - qui consiste à remettre tout simplement l'envers à l'endroit. Un art de la conversion qui nous libère de la paranoïa ambiante où chacun - séparé de lui-même - voit dans l'autre son ennemi. 

364 - AUTODESTRUCTION OU DEVELOPPEMENT INTEGRAL - 12/05/20 

Que les choses continuent comme avant, voilà la catastrophe. Walter Benjamin 

Selon l’auteur du Monologue du Virus : « L’économie est le ravage. C’était une thèse avant le mois dernier. C’est maintenant un fait. » A cet état de fait, les individus les plus créatifs réagissent par un coup d’état d’esprit qui s’exprime à travers un mot d’ordre : sortir de l’économie. Dans la perspective intégrale qui est la nôtre, cette sortie de l’économie passe par un saut évolutif vers un nouveau stade du développement humain qui implique une transformation systémique de la conscience, de la culture et de la société. La sortie de l'économie ne pourra donc s'effectuer sans une évolution de la conscience à laquelle nous nous intéresserons dans ce billet à partir d'un texte de Gary Zemp, membre de "Politique Intégrale", un parti politique suisse et novateur. 

A l’alternative entre la vie et l’économie sur le plan social correspond une autre alternative sur le plan de la conscience et de la subjectivité, évoquée en ces termes dans cet article écrit en Juin 2019 et intitulé Auto-destruction ou développement intégral : « L’humanité se trouve devant un choix existentiel : ou elle persiste sur la voie de l’autodestruction tracée par le modernisme capitaliste ou elle se décide pour la voie intégrale, créative et constructive, une voie de développement personnel et social de la conscience. » 

365 - LES DEUX COURONNES - 04/06/20 

Le temps est venu d'appréhender l'ensemble des crises écologiques, climatiques, sociales, économiques et sanitaires comme une seule et même crise : une crise de l'excès. Nicolas Hulot

Quelques-uns ont eu la force et le courage de s'extraire de la roue où les hamsters sont condamnés à la course au profit. Ces destinées singulières et inspirées vont à contre-courant. Elles forgent dans l'épreuve la force de résister. L'expérience sensible et partagée du confinement leur a permis de comprendre la terrifiante absurdité d'une vie asservie à l'économie. Elles ont découvert un secret : la véritable pandémie c'est l'économie et la "valeur" est un virus mortel dont l'abstraction détruit ces organismes vivants et fragiles que sont les communautés humaines et leurs écosystèmes. 

On reconnaît ces sages au bandeau qu'ils portent sur la tête comme une couronne, symbole d'une souveraineté inaliénable. Dans la tradition indienne, Sahasrara, le "Chakra Couronne", au-dessus du crâne et au-delà de l'égo, ouvre sur l'immensité. Dans la Table d’Emeraude d’Hermès Trismégiste, il est écrit : "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour l'accomplissement des merveilles d'une chose unique". Ainsi entrent en résonance la couronne virale (Corona Virus) messagère de l'infiniment petit et la couronne vibrale (Chakra Coronal) qui ouvre sur l'infiniment grand. Comprenne qui pourra et pourra celui qui a vécu la crise sanitaire comme une crise salutaire. 

366 - L’ESPRIT DE VACANCE (12) VACANCE ET VACUITE - 5/08/20 

La vacuité est forme et la forme est vacuité. Sûtra du Cœur 

La série de billets consacrée à L'Esprit de Vacance propose, entre autres, une critique radicale et intégrale du travail. Par travail nous entendons non pas l'activité humaine en général, mais la forme qu'elle prend sous le capitalisme, celle d’un "travail abstrait" considéré en tant que quantité d’énergie humaine dépensée, mesurée par le temps de travail et destinée exclusivement à produire de la valeur marchande. Dans ce billet, nous mettrons cette forme de superstition moderne qu'est le culte du travail en perspective avec une sagesse millénaire ayant développée une toute autre dimension, sacrée, de l'esprit et de l'activité humaine. 

C'est ainsi que nous évoquerons l'expérience profonde de la Vacuité et du Non Agir, transmise par les plus hautes traditions spirituelles, notamment à travers les enseignements du Bouddha. C'est dans cette réalité fondatrice de la Vacuité et du Non Agir que l'Esprit de Vacance puise sa force libératrice de subversion sociale, culturelle et spirituelle. En dénaturalisant le travail, l'Esprit de Vacance permet d'imaginer et d'expérimenter de nouvelles formes de vie où l'activité humaine, dépassant son instrumentalisation par l'ego, s'intègre harmonieusement à son milieu humain et naturel. 

367 - INCITATIONS (11) CONTENTEZ-VOUS ! - 22/09/20 

La vie, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie. Sénèque 

Il y a dix ans le petit livre de Stéphane Hessel intitulé "Indignez-vous" est devenu un phénomène d’édition. Parce-que l’indignation est très insuffisante si elle n'est pas sous-tendue par une vision novatrice et parce que la résignation est inacceptable à une époque où la survie de notre espèce est menacée, l'engagement - toujours nécessaire - prend une forme nouvelle qui pourrait s'exprimer à travers un nouveau mot d’ordre : " Contentez-vous ! ". 

Ce mot d'ordre salutaire est le vecteur d'une éthique de la plénitude dans un monde en voie d'effondrement. Se contenter c’est savoir se contenir grâce à une maîtrise des limites qui conduit au contentement. Ce nouveau mot d’ordre exprime bien le lien organique entre conscience, maîtrise et plénitude : 1 - La conscience perçue comme processus de contention et de concentration de l’énergie intérieure (se contenir). 2 - La maîtrise des limites qui permettent ce processus de contention (se contenter). 3 - La sensation de plénitude qui résulte de cette maîtrise à travers le contentement (être content). 

368 - SAGESSE DU CONFINEMENT - 13/11/20 

On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter. Emmanuel Kant 

Toutes les grandes traditions spirituelles ont effectué le même constat et l’ont enseigné à travers les siècles : quand, sur le plan individuel ou collectif, on devient incapable de maîtriser ses propres limites par un acte de conscience et de volonté, des limitations s’imposent de l’extérieur et font irruption, parfois de manière violente, pour freiner et stopper une extériorisation dissolvante et dangereuse pour notre intégrité physique, morale et spirituelle. Tel est le rôle fondamental d’un confinement sanitaire qui s’impose aujourd’hui à des sociétés qui transgressent les lois naturelles de la vie en imposant à leur milieu d’évolution une domination technologique éhontée et une exploitation économique profondément destructrice des ressources naturelles dont les zoonoses et les épidémies sont les conséquences mortifères. 

Le confinement est un remède qui peut s’avérer comme la meilleure ou la pire des choses. La pire quand il est vécu comme un emprisonnement qui nous confronte, de manière angoissée, à un vide existentiel que nous cherchons à éviter normalement à travers toutes sortes de diversions et de divertissements qui agissent comme autant d’addictions dont la privation nous déprime profondément. La meilleure des choses quand le confinement crée les conditions d’une conversion existentielle à l'origine d'un nouvel art de vivre fondé sur le retour aux sources de la vie et de l’esprit. 

Ressources

Dans Le Journal Intégral : Noël Evolutionnaire - Libération animaleVers une Synthèse Evolutionnaire - Introductions à la Vision Intégrale - La Métanoïa -