mercredi 5 août 2020

L'Esprit de Vacance (12) Vacance et/ou Vacuité


La vacuité est forme et la forme est vacuité. Sûtra du Cœur


La série de billets consacrée à L'Esprit de Vacance propose une critique radicale et intégrale du travail. Par travail nous entendons non pas l'activité humaine en général, mais la forme qu'elle prend sous le capitalisme qui la réduit à n'être plus que l'agent de la valeur marchande : un "travail abstrait" analysé par une critique sociale radicale à laquelle nous avons consacré plusieurs billets de cette série. L'analyse de ce "travail abstrait", uniquement destiné à produit de la valeur d'échange, montre la place centrale que celui-occupe dans le développement d'un système capitaliste fondé sur son exploitation. D'autre part, à partir d'une approche intégrale, nous avons analysé l'emprise du travail dans les divers champs de la conscience, de la culture et de la société. 

Une telle approche radicale et intégrale vise à "dénaturaliser" des catégories comme l'économie ou le travail, considérées aujourd'hui comme naturelles et transhistoriques, alors qu'elles ne sont en fait que le résultat d'une construction sociale et culturelle très récente sur l'échelle du temps historique.  La critique du travail est d'autant plus salutaire que le capitalisme (en fait l'économie) accompagne un processus de décivilisation qui se manifeste clairement aujourd'hui à travers un effondrement écologique et un ensauvagement social. 

A l'encontre d'un tel processus, l'émergence de nouvelles formes de vie se fera non seulement par la "sortie de l'économie" mais aussi par celle de "l'égomanie" qui en est sa correspondance subjective. Une "égomanie" qui s'exprime notamment par l'activisme pathologique de l'égo pour qui la valeur marchande représente un miroir narcissique. En reflétant  les fantasmes de tout puissance de l'égo, la valeur marchande mesure l' emprise prédatrice de celui-ci sur son milieu d'évolution. C'est dans le dépassement de cette "égomanie" que la sagesse orientale devient une ressource spirituelle fondamentale sans laquelle il est impossible de sortir de l'économie. 

Dans ce billet, nous mettrons cette forme de superstition moderne qu'est le culte du travail en perspective avec une sagesse millénaire ayant développée une toute autre dimension, sacrée, de l'esprit et de l'activité humaine. C'est ainsi que nous évoquerons l'expérience profonde de la Vacuité et du Non Agir, évoquée et transmise par les plus hautes traditions spirituelles, notamment à travers les enseignements du Bouddha. 

C'est dans cette réalité fondatrice de la Vacuité et du Non Agir que l'Esprit de Vacance puise sa force libératrice de subversion sociale, culturelle et spirituelle. En dénaturalisant le travail, l'Esprit de Vacance permet d'imaginer et d'expérimenter de nouvelles formes de vie où l'activité humaine - dépassant l'ego et son double narcissique (la valeur marchande) - s'intègre harmonieusement à son milieu humain et naturel.

Ensauvagement


 "68% des français se sentent en insécurité."
 
Bénie soit la crise sanitaire qui, en cette période de vacances, empêche l’Homo œconomicus de voyager en Orient pour y saccager les paysages et pour y ravager les cultures à travers une nouvelle forme, touristique, de colonialisme

Confiné dans des limites plus ou moins familières, il ne pourra satisfaire son addiction à l’agitation à travers des voyages dont le seul but est de remplir son vide intérieur d’une quantité de sensations, d’émotions et d’images standardisées, fabriquées et formatées par les marchands d’exotisme. 

Effectivement, un profond vide existentiel projette sans cesse l’Homo œconomicus hors de lui-même dans la quête avide d’une plénitude qu’il trouverait en lui s’il faisait un réel effort de maîtrise et d'intériorisation. Or on sait bien depuis Bernanos que la civilisation moderne est une "conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure". 

Si un confinement drastique commence à nous être est imposé de l’extérieur c’est parce-que, grisé par l’ivresse d’une science sans conscience, nous avons perdu tout sens des limites en détruisant un milieu d’évolution à la fois naturel, social et culturel. Comme l'écrit Jérôme Baschet dans un article passionnant : " L'actuelle pandémie est un fait social total, où la réalité biologique du virus est indissociable des conditions sociétales et systémique de son existence et de sa diffusion." 

La destruction progressive des milieux humains et naturels est à l'origine d'un effondrement global auquel l'humanité assiste, impuissante. Quand cet effondrement commence à se produire, le seul voyage qui attend Homo œconomicus est celui qui le mène au bout de la nuit à travers un ensauvagement monstrueux dont nous pouvons suivre la progression inexorable dans l’actualité. Nous éviterons de déployer le cortège déprimant des statistiques en résumant cette ambiance mortifère à deux chiffres exemplaires : 1) Un fait de "violence gratuite" est commis tous les 44 secondes en France ! 2) Plus de 120 agressions à l'arme blanche ont lieu chaque jour dans ce pays.

Cet ensauvagement correspond à un effondrement des relations sociales évoqué en ces termes par l'avocat Thibaud de Montbrial : " Dans la rue, un regard de travers ou une parole peuvent déclencher le pire. La violence n'est plus seulement un moyen illicite de résolution des conflits mais un type de relation à l'autre, signe de l'inimitié grandissante entre différentes catégories de population."

Selon un sondage de l'institut Odoxa qui vient d'être publié, le sentiment d’insécurité des français n’a jamais été aussi élevé : 68% de ceux-ci se sentent en insécurité, niveau record depuis quatre ans, en hausse de 10 points en 6 mois !.... De la même façon, selon une récente étude de l'étude Jean-Jaurès publiée en Février, 65% des français sont d'accord avec l'assertion selon laquelle : " La civilisation telle que nous le connaissons actuellement va s'effondrer dans les années à venir".

Décivilisation

 
"Jamais on aura vu tant de crimes dont la bizarrerie gratuite 
ne s'explique que par notre impuissance à posséder la vie."

Le phénomène de l'ensauvagement peut-être abordé de multiples façons : sous la forme de faits divers, dans une perspective politique ou dans une analyse propre au champ des sciences sociales. Notre perspective sera civilisationnelle dans la mesure où nous considérons cet ensauvagement comme l'expression d'une crise de civilisation qui associe un effondrement écologique très documenté à un effondrement moral et spirituel dont la conséquence est un effondrement social qui se manifeste à travers ce processus d'ensauvagement.

Ce que cette perspective civilisationnel met en lumière c'est la distance abyssale qui existe entre une prise de conscience collective de la société civile et l'absence de solutions réelles mises en œuvre par les classes dirigeantes pour faire face à une véritable crise de civilisation. 

Car ces classes dirigeantes n'ont ni la conscience, ni la vision, ni le désir de remédier véritablement à la situation actuelle puisque celle-ci est la conséquence de leur vision du monde, à la fois économique et technocratique, dont l'abstraction est fondée sur le déni de la vie sensible. Toute remise en question en profondeur du système comporterait le risque de voir disparaître les conditions économiques, les fonctions symboliques et les représentations idéologiques qui fondent leur domination.

Leur déni s'exprime par une propagande qui tend à nier ou, quand cela n'est plus possible vu le désastre écologique en cours, à minimiser l'intensité et la profondeur d'une crise systémique en réduisant celle-ci à une crise sectorielle qui nécessite des solutions fragmentaires et technocratiques. Dans de telles conditions, cette crise systémique ne peut que s'accroître en activant la dégénérescence en cours.

Car il faut sortir de l'approche spécialisée et superficielle de la technocratie dominante pour saisir en profondeur et de manière globale les enjeux fondamentaux d'un processus de décivilisation dont l'effondrement écologique et l'ensauvagement social sont des symptômes spectaculaires. Ce processus de décivilisation à l’œuvre est celui où le "premier degré", instinctif et pulsionnel, prend son autonomie par rapport à un "second degré", réflexif et rationnel, qui lui-même tend à nier et à diaboliser les expressions d’un "troisième degré", contemplatif et spirituel.

Un tel processus de décivilisation inverse la dynamique qui fut au cœur de toutes les civilisations. On connaît la citation de ce penseur des civilisations que fut André Malraux : " La nature d'une civilisation c'est ce qui s'agrège autour d'une religion". Il n'est qu'à voir les blocs civilisationnels analysés pas Samuel Huntington dans Le choc des civilisations pour voir combien l'analyse de Malraux se révèle éclairante. 

Ce que révèle cette analyse c'est qu'aucune civilisation ne peut perdurer sans une forme de transcendance qui, en donnant sens à la vie humaine, codifie les relations sociales à travers des représentations culturelles et des valeurs morales partagées. La dynamique civilisatrice s'organise selon les lois d'une tripartition fonctionnelle évoquée par G. Dumézil entre le sacerdoce, le stratège et le producteur : la spiritualité transcendante du "troisième degré" inspire le "second degré" dont la vision stratégique et rationnelle canalise et dirige, organise et structure l'énergie vitale et pulsionnelle du "premier degré"

Et Malraux de dérouler sa pensée : "Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera". L'ensauvagement auquel nous assistons correspond en fait à la décomposition d'une civilisation qui, faute d'avoir trouver sa valeur fondamentale, est tombée sous l'emprise de la valeur marchande. Soyons réalistes : les hypermarchés sont nos temples et les voitures sont nos tombeaux mécaniques.

La compréhension du processus de décivilisation et l'ensauvagement qui en découle, nécessite de dépasser les passions politiques comme les explications réductrices et fragmentaires des sciences sociales qui tendent à occulter l'essentiel, à savoir une dimension métaphysique évoquée en ces termes par ce poète visionnaire que fut  Antonin Artaud  :

« Toutes nos idées sur la vie sont à reprendre à une époque où plus rien n'adhère à la vie. Et cette pénible scission est cause que les choses se vengent, et la poésie qui n'est plus en nous et que nous ne parvenons plus à retrouver dans les choses ressort, tout à coup, par le mauvais côté des choses; et jamais on aura vu tant de crimes dont la bizarrerie gratuite ne s'explique que par notre impuissance à posséder la vie. »

A partir des intuitions du poète, osons une définition : l'ensauvagement est, sous forme de violence, le retour de la vie refoulée par l'emprise de l'abstraction sur nos existences modernes. Une approche parfaitement irréductible aux analyses et aux données des sciences sociales et à leurs méthodologies abstraites.

Sagesse et Sauvagerie


"Ecologie extérieure sans écologie intérieure est une illusion"

Dans une spirale infernale qui associe effondrement écologique et ensauvagement social, nos sociétés se transforment ainsi en une jungle sans foi ni loi autre que celle du plus fort et du profit. Chacun peut devenir à tout moment la proie isolée de cette spirale infernale aux multiples visages et tentacules. Il existe une seule façon de se libérer de ce vortex mortifère : participer à la dynamique de la spirale évolutive pour accéder à un stade de développement supérieur où se révèlent l’harmonie et l’interdépendance entre les mondes intérieurs et extérieurs. 

Selon Denys Rinpoché : « écologie extérieure sans écologie intérieure est une illusion… Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement extérieur est illusoire. Nous projetons nos comportements dans le monde et aussi longtemps que notre fonctionnement interne est fondé sur l'égoïsme, l'avidité et ses passions, nous ne ferons que reproduire, dans notre environnement externe, les mêmes schémas vampiriques, captatifs et destructeurs, les mêmes schémas de violence, et d'agression. L'action sur le monde, sur l'environnement, et l'action sur soi, en son for intérieur sont inséparables. Développer l'harmonie intérieure, ce que l'on nomme quelquefois le chemin spirituel ou mieux, l'approche de la vie sacrée. » Écologie et vie sacrée 

A cette interdépendance entre les mondes intérieurs et extérieurs correspond aussi celle entre les mondes supérieurs et inférieurs. Le mouvement de l'évolution est simultanément créateur et destructeur : à chaque vague évolutive, le dévoilement d'un ordre supérieur - à la complexité plus grande - s'accompagne toujours de la trans-formation à la fois intégratrice et destructrice de l'ordre ancien. Intégratrice parce qu'une partie de l'ordre ancien peut être redimensionnée dans un champ de plus grande complexité. Destructrice parce qu'une autre partie, non intégrable dans le stade suivant, est déstructurée dans une sorte de chaos à partir duquel pourront s'élaborer de nouvelles formes. Ce processus de conservation-destruction est défini par le célèbre concept de l'Aufhebung chez Hegel.

C'est ainsi que la dynamique de l'évolution met l'humanité en tension entre émergence et effondrement: émergence d'un champ supérieur de conscience/énergie et effondrement dans un champ de désorganisation violente. C'est donc à chacun d'entre nous de faire le choix personnel entre la dimension créatrice d'une spirale évolutive et la dimension destructrice d'une spirale infernale ou, pour le dire plus simplement, entre sagesse et sauvagerie, invention et inversion.

La sagesse c'est une sauvagerie domptée et rédemptée, transmuée et transformée pas un long processus d'éducation intellectuelle et d'initiation psycho-spirituelle. Celui qui n'est pas assez inspiré pour se laisser guider par le mouvement évolutif en cours a toutes les chances de se faire aspirer par le mouvement  inverse et destructeur qui est son anti-pôle complémentaire.

Cette tension entre force destructrice et élan créateur a été mis en lumière par la célèbre formule d'Holderlin,  « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve ». C’est ainsi que là où croît l’effondrement croît aussi, pour certains, la prise de conscience de la finitude humaine, de la limitation des ressources naturelles et d’une nécessaire sobriété qui leur correspond. C’est ainsi que là où croît l’ensauvagement croît aussi, pour certains, une sagesse qui libère de l’impulsivité et du goût pervers pour la destruction en suivant un chemin de compassion et d’empathie envers tous les hommes, les êtres vivants et au-delà.

Vacuité 


"La contemplation directe de la vérité absolue 
transcende tout concept intellectuel, 
toute dualité entre sujet et objet."
 
C'est ainsi que là où croît le processus de décivilisation, croît aussi, pour certains, les prémices d'une nouvelle civilisation. C'est ce que l'on peut observer en période estivale à travers deux manières de voyager. La première consiste à se projeter dans l'espace-temps avec le risque de s'y perdre en étant emporté hors de soi dans une quête addictive qui consiste à aller toujours plus loin pour mieux se fuir soi-même. 

Par contre, ceux qui participent à la spirale évolutive effectue un voyage intérieur à travers un retour aux sources de l'essentiel. Ces voyageurs immobiles profiteront donc du temps des vacances et des bienheureuses limites imposées à notre agitation névrotique par la crise sanitaire  pour effectuer un voyage initiatique vers cet Orient intérieur qui libère des limites de l'égo et des illusions du mental.

Un tel voyage prend l'aspect d'une méditation qui nous rapproche progressivement de cette expérience de la Vacuité où la non-dualité se révèle dans la Présence d’Esprit. Habitué à vivre sous l’emprise des formes et de l’égo, du mental et de la dualité, la conscience occidentale a beaucoup de mal à percevoir ce que peut être la Vacuité. 

La vacuité n'est ni le néant ni un espace vide distinct des phénomènes ou extérieur à eux. C'est la nature même des phénomènes. Et c'est pour cela qu'un texte fondamental du bouddhisme, le Soûtra du Cœur, dit : "La vacuité est forme et la forme est vacuité". D'un point de vue absolu, le monde n'a pas d'existence réelle ou concrète. Donc, l'aspect relatif, c'est le monde phénoménal, et l'aspect absolu, c'est la vacuité.… Les phénomènes surgissent d'un processus d'interdépendance de causes et de conditions, mais rien n'existe en soi ni par soi. La contemplation directe de la vérité absolue transcende tout concept intellectuel, toute dualité entre sujet et objet. Le Moine et le Philosophe, Matthieu Ricard, Jean-François Revel

La vacuité est le vide d’illusions, l’interdépendance ou le double non-soi, c’est-à-dire, l’absence de soi autonome, indépendant, dans la personne, le sujet, et dans les objets, toutes les expériences. Les sois, entités du sujet ou des objets, sont des illusions émergeant dans l’interaction des douze facteurs interdépendants. La vacuité se dit aussi comme l’absence de nature propre de tout phénomène, sujet ou objet. C’est encore le vide de dualité qui est plénitude de la réalité éveillée, l’ainsité. Glossaire Rimay

Non Agir



"Le "Non Agir" c'est tout le contraire de ne rien faire,
c'est arrêter de s'agiter pour ne faire que l'essentiel."

Nous avons bien conscience que de telles formulations peuvent apparaître complexes et ésotériques pour des esprits non préparés. Elles font référence à des pratiques méditatives et à un corpus de connaissances très élaborées, transmis de maîtres à disciples depuis des centaines, voire plus de deux milles ans pour les plus anciennes lignées. L'expérience de la Vacuité est irréductible à une définition et à une compréhension intellectuelles comme nous y inviterait l'abstraction de la culture occidentale. De par sa nature même, elle échappe à toute forme de saisie conceptuelle fondée sur la représentation et la dualité. Les lecteurs qui voudraient s'imprégner de cette réalité fondamentale peuvent se référer aux quelques liens proposés dans la rubrique Ressources.

C'est dans l'expérience intérieure, à travers un voyage immobile, que se dévoile la Vacuité. Le voyageur immobile n'a pas besoin de se projeter dans l'espace-temps pour se dépayser ou pour se fuir. Il n'a pas besoin d'aller chercher à l'extérieur de lui l'infini qui l'habite et l'altérité qui le transcende. S'il est connecté à une présence d'esprit à la fois vivante et créatrice, il attirera à lui-de manière magnétique les éléments de complémentarité dont il aura besoin pour aller plus loin dans sa quête. Le voyage viendra alors à lui, sous la forme de situations ou de personnes qui apporteront avec eux des expériences et des informations dont il pourra effectuer la synthèse à partir du champ d'intériorité qui est le sien.

Profitons donc de ces temps de confinement et des limitations bienvenues qu'il opère pour découvrir les vertus de ce que le Taoïsme nomme le "Non Agir" qui est dans le domaine du comportement ce que la Vacuité est dans celui de l'esprit. "Non Agir" c'est tout le contraire de ne rien faire, c'est arrêter de s'agiter pour ne faire que l'essentiel. "Non Agir" c'est dépasser l'activisme illusoire de l'égo, fondé sur l'esprit de séparation, pour devenir un canal transparent à travers lequel peut opérer la puissance créatrice d'un Kosmos en évolution. Irréductible à l'univers physique, ce Kosmos correspond à l'ensemble des dimensions visibles et invisibles qui participent d'une même unité fondamentale.

Cette perspective sacrée du "Non Agir" et de la Vacuité anime l'Esprit de Vacance et lui donne une profondeur métaphysique qui permet une critique radicale de l'égomanie sans laquelle aucune "sortie de l'économie" n'est pensable ni possible. L'activisme forcenée de l'égo s'explique par le fait que ses actions, sanctionnées par les critères abstraits de la valeur marchande, représentent le miroir valorisant de son narcissisme infantile. Or, comme nous l'avons analysé dans un précédent billet intitulé Auto-destruction ou développement intégral, l'égomanie comme mode de subjectivation et l'économie comme médiation sociale sont les deux faces, intérieures et extérieures, d'un même système qui doit aujourd'hui être dépassé.

On ne pourra "sortir de l'économie" sans se libérer de l'égomanie et on ne pourrait se libérer de celle-ci sans développer en soi l'Esprit de Vacance. Celui-ci permet de dépasser l'égo et son activisme pathologique pour cheminer sur la voie d'une sagesse qui mène progressivement, pour ceux qui s'y engagent, à l'expérience non-duelle de la Vacuité.

Ressources 

Le vingt et unième siècle commence maintenant  Jérôme Baschet. La voie du jaguar

Le Manifeste contre le travail  Groupe Krisis - Éditions Crise et Critique - Le 28/08/20, réédition augmentée d'un classique de la critique du travail. A ne manquer sous aucune prétexte ! 

Crise, Champagne et bain de sang  par le collectif Jaggernaut - site Critique de la Valeur

Le Moine et le Philosophe  Jean-François Revel, Matthieu Ricard, 1997. Nil Éditions

Écologie et Vie sacrée  Entretien avec Denys Rinpoché. 

Śūnyatā désigne dans le bouddhisme la « vacuité ultime des réalités intrinsèques ». Wikipédia 

Vacuité dans le Glossaire Rimay. Buddha Wiki 

Buddha Wiki  Une source d'information pour l'étude et la transmission du Dharma. 

Rimay Communauté Shanga Rimay International 

Site You Tube de la Buddha University La Buddha University offre à toute personne motivée la possibilité d’étudier et de pratiquer les enseignements multi millénaires du Bouddha dans une expression contemporaine. 

Dans Le Journal Intégral

Devoir de Vacance : un résumé des six premiers billets de la série l'Esprit de Vacance. L'esprit de vacance (7) : Contre le travail -  (8) Travail fétiche - (9) Ne travaillez jamais. 1 - (10) Ne travaillez jamais. 2 - (11) Ne travaillez jamais. 3

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