jeudi 29 septembre 2022

Incitations (13) Sobriété

Moins c'est plus (Less is more). Mies van der Rohe

En cette rentrée, par la voix d'un "prédisant" transformé en techno-pythie, le Système prend acte d'une évolution majeure des sociétés marchandes au seuil d’une grande bascule : « un bouleversement marqué par la fin de l'abondance, des évidences et de l'insouciance » . Rien que ça !... Refusant de percevoir et de comprendre ce qui est, en fait, un processus d'effondrement, le Système à l'agonie fait donc l'apologie de la sobriété pour perdurer quelques temps encore. Une sobriété si longtemps honnie parce qu'elle était, pour la doxa économique, synonyme de décroissance et de dépression.

Comme l’écrit Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal La Décroissance : « Ce virage historique, loin d’être un ralliement à nos thèses, est bien la concrétisation des alertes visionnaires des grands précurseurs de la décroissance. » Alertes dont nous avons régulièrement rendu compte, notamment ici : Décroissance ou Barbarie. Une décroissance ainsi résumée par Alain Coulombel dans le même journal : « Oui, nous devons consommer moins, produire moins, travailler moins, voyager moins. Moins c’est-à-dire Plus. Plus de temps, de "vivre ensemble", d’attention au vivant. Vive la simplicité, le don, la lenteur, le soin ! Plutôt que la violence et la prédation, la convivialité et le sens de la mesure ! »

Nous réservons l’analyse de cette "conversion" inattendue de l'oligarchie à la sobriété pour d’autres espaces. Dans ce billet, comme nous le faisons régulièrement dans la série intitulée "Incitations", nous proposerons, sous forme d'aphorismes et de fragments écrits au fil des jours, des éléments de réflexion et d’intuition qui évoquent l’air du temps à travers quelques notations. Entre l’aphasie et le bavardage, l’aphorisme comme le fragment se lovent autour du silence pour susciter la méditation en échappant à cette manie conceptuelle de l’explication qui tend à diluer l’essentiel dans l’eau tiède de l’idéologie, fût-elle à prétention scientifique. 

Or, en cette période de réchauffement climatique, le temps des pensées tièdes est dépassé. Certaines formulations pourront paraître abruptes et lapidaires, voire incompréhensibles ou scandaleuses, à ceux qui, n’étant pas des lecteurs habituels, ignorent les analyses, les idées et les points de vue défendus dans Le Journal Intégral. Dans le billet lui-même et dans rubrique Ressources qui le clôt, nous proposons une série de liens permettant de mieux saisir le sens des propos tenus ici d’une manière synthétique et aphoristique. Propos qui pourraient paraître provocateurs à des esprit non avertis alors même que, face à l'abime, il est grand temps de se réveiller.

Sortir de l'économie

Si, selon Céline, « l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches », l’économie c’est la barbarie à l’usage des comptables : un monde abstrait, dépourvu de qualités sensibles et qui tend à les éradiquer toutes. Issu d’un imaginaire formé et informé par l’abstraction, l’économie est littéralement un récit de science-fiction qui n'a que faire de la vie concrète des individus et des sociétés comme des milieux naturels. D'où la spirale infernale qui mène, de manière inéluctable, à un effondrement global à la fois individuel et culturel, écologique et social, économique et financier (à lire : L'effondrement qui vient).

L'appel de l'oligarchie à la sobriété fait irrésistiblement penser aux mots prononcés sur l'échafaud par Jeanne Bécu, alias la comtesse du Berry, dernière maîtresse de Louis XV : "Encore un instant, monsieur le bourreau". Un appel qui démontre, par l’absurde, l’état d’ébriété dans lequel se trouve notre société, ivre de travail et de consommation comme elle est soumise à cette addiction destructrice qu’est le productivisme. Nous avons consacré plusieurs billets à l’Esprit de Vacance qui  anime l’expérience méditative comme il pourrait inspirer un processus de désintoxication au cours duquel une société totalement bourrée pourrait cheminer sur la voie de la sobriété. Loin d'être, comme on nous le propose aujourd'hui, une rustine sur une jambe de bois, cette sobriété-là serait un choix de vie fondée sur le contentement (à lire : Contentez-vous !).

La sobriété (au sein du capitalisme d'effondrement) est à la décroissance ce que celle-ci est à une nécessaire "sortie de l'économie". Car loin d'être une fin en soi, la décroissance initie une démarche à la fois existentielle, intellectuelle et spirituelle qui conduit à se libérer de cette "vision du monde" qu'est l'économie. Comme le dit Guy Debord : "L'économie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l'économie." 
 
Sortir de l'économie c'est d'abord se libérer de la colonisation de nos esprits par les catégories du capitalisme inculquées dès l'enfance par le formatage idéologique, la propagande médiatique et la culture de masse. D'où l'absolue nécessité de déconstruire ces catégories à travers lesquelles nous percevons le monde, nous interprétons nos expériences et nous pensons notre existence (à lire : Sortir de l'économie).
 
Initiée depuis plus d'un siècle par la critique sociale, cette entreprise de déconstruction s'est renouvelée de manière exemplaire depuis vingt ans par la réflexion théorique autour de la Critique de la Valeur qui offre à notre époque un nouvel horizon d'émancipation individuelle et de transformation sociale. Mais déconstruire ne suffit pas, encore faut-il refonder, notamment grâce au legs des traditions spirituelles et des pratiques méditatives qui, en dévoilant les illusions de l'égo et son avidité au cœur du système capitaliste, permettent d'imaginer et de vivre des forme de socialité fondées sur la coopération plutôt que sur la compétition. (à lire : Le Fétichisme de l'Ego).

En nous plaçant devant l’inimaginable, l’effondrement oblige à se ré-imaginer : c’est quand tout est fini que tout peut commencer à nouveau et à un autre niveau. Sortir de l'économie c'est cheminer sur la voie d'une écosophie où l'homme ré-accordé à l'essentiel participe pleinement à son milieu d'évolution qui est à la fois naturel et social. (à lire : Ecosophie, une sagesse commune)

La Dépossession

Pour une fois, soyons lucide sur ce que nous sommes devenus : les enfants sauvages de la dépossession et de l’effondrement. Dépossession et effondrement représentent l'avers et le revers d'une même médaille : la dépossession est, sur le plan individuel et culturel, à la fois la cause et la conséquence de l'effondrement d'un milieu à la fois social et naturel.

Arrêtons d’être lucides, devenons extra-lucides et osons le reconnaître : une société qui vit sous l’emprise totalitaire de l’argent transforme chacun d’entre nous en prostituées qui jouent en surface aux mijaurées désintéressées. J’entends vos cris d’or frais : mais non, mais non, mais non, je ne suis pas celle que vous croyez. Arrêtons de faire semblant et osons regarder dans nos miroirs, au fond des yeux, ce que nous sommes devenus. L’angoisse et la honte qu'on peut y lire sont signes de notre possession (à lire : Le Fétichisme de la Marchandise).

La dépossession est une perte des références culturelles et identitaires qui sous-tendent l'expérience subjective et qui constituent, par imprégnation et intégration, cette entité qu'est le moi. Dans le pire des cas, cette perte initie une spirale infernale qui conduit à un écroulement psycho-mental et à des formes d'auto-destruction. Cette spirale régressive mène à des états archaïques et pré-individuels dominés par la pulsion et la toute puissance infantile.  Mais, dans le meilleur des cas, cette perte peut-être vécue comme une forme d'ascèse qui permet d'initier une spirale évolutive en transcendant ce que les traditions spirituelles considèrent comme l'entité illusoire de l'égo qui doit être dépassée pour accéder à la nature non duelle de l'esprit. (à lire : Initiation (12) Effondrements).

De nos jours, la spiritualité ne consiste pas à s’élever dans des cimes immatérielles pour fuir une situation catastrophique mais à vivre pleinement l’expérience de la dépossession comme une initiation au cœur de l’effondrement. Selon notre niveau de conscience, la dépossession peut être vécue comme une aliénation profondément destructrice ou comme une libération salvatrice. Si la dépossession est une horreur pour ceux qui s’identifient à leur égo, elle peut aussi devenir un exorcisme spirituel qui libère les consciences possédées par l’égo. Elle apparaît dès lors comme une fin de moi difficile qui annonce l'émergence d'un "Nous" communautaire au-delà de l'égo (à lire : Méditer et Militer ).

Méditation ou Machination

Polarisé entre une spirale évolutive et une spirale infernale, l'homme contemporain doit choisir entre deux options : la Méditation (symbole d'une évolution spirituelle) ou la Machination (symbole d'une déshumanisation régressive). Au cœur des grandes traditions, la Méditation est une pratique spirituelle qui nous éveille, via la pleine présence, à la nature non duelle de l'esprit. La Machination c'est l'absence d'humanité qui se produit avec le grand remplacement de l’organique par le mécanique, de la présence vécue par la représentation abstraite, de la vie sensible par la survie économique, de l'usage collectif par l'échange marchand. C'est ainsi que la Machination remplace la vie concrète et symbolique des communautés enracinées dans un écosystème par l’abstraction techno-capitaliste des sociétés marchandes qui se développent hors sol en détruisant les écosystèmes comme les communautés humaines (à lire : Une Révolution Spirituelle).

Méditer c’est, littéralement, se rendre à cette évidence qu’est la vacuité en déposant les armes du mental qui visent à s'approprier le monde par la saisie cognitive. Ne jamais confondre compréhension et connaissance. Il faut dépasser la saisie conceptuelle qui permet la compréhension pour renaître, via la connaissance, à une sagesse éveillée (à lire : La Désaisie).

La méditation permet de s’abstraire de l’abstraction. L’abstraction est fondée sur la négation du monde sensible. Nier l’abstraction en se connectant au corps vivant, via la méditation, c’est accéder à la pleine présence qui libère de l’emprise du mental et de sa pensée instrumentale. Cette double négation mène à une nouvelle affirmation dans un niveau supérieur de conscience : celle d'une raison sensible qui intègre l'intuition spirituelle et la rationalité abstraite (à lire : Abécédaire de la méditation (2) Une Révolution Silencieuse ).

Convertir le cynisme et le scepticisme de l’époque en détachement spirituel, tel est le défi contemporain qui consiste à passer de la prise de conscience au lâcher prise existentiel.

Critique du Travail

Dans le contexte capitaliste, l’activité productive se dénature pour devenir travail : une mécanique plaquée sur du vivant qui transforme la mobilisation concrète de l’énergie humaine en une valeur abstraite et monétaire proprement inhumaine. Le capitalisme est fondé sur ce "travail abstrait" dont la fonction n'est pas de répondre à des besoins concrets mais d'être l'agent d'une accumulation de valeur incarnée dans la richesse monétaire. Ce n'est pas un hasard si, de la gauche à la droite, tous les tenants du système font l'apologie de ce "travail abstrait" qui est la cellule germinale du capitalisme et des sociétés marchandes qui lui sont affiliées. 

A travers le travail, une critique sociale radicale remet en cause l'instrumentalisation de l'activité productive par une abstraction monétaire et une spéculation financière si déconnectées des besoins concrets qu'elles deviennent incapables de les satisfaire. Déconstruire les catégories du capitalisme c'est comprendre le rôle fondamental du travail dans la création de valeur et dans la prédation destructrice dont celle-ci est responsable. Observé aux États-Unis comme en France, un phénomène comme la Grande Démission conteste de fait ce travail considéré par l'idéologie dominante (c.a.d le capitalisme) comme la valeur fondatrice du lien social. Cette prise de conscience collective fait écho au fameux slogan écrit par Guy Debord en 1953 sur un mur de la rue de Seine : "Ne travaillez jamais" (à lire : Ne travaillez jamais).

Dans Le Droit à la paresse, Paul Lafargue nous avait prévenus : cette sagesse de l’inertie qu’est la paresse permet de résister à ce délire de toute-puissance qu’est l’activisme forcené et prédateur du techno-capitalisme. La fascination du pire épargne les innocents, c'est à dire étymologiquement ceux qui ne veulent pas être les agents de la nocence (de la nuisance en français moderne). Ces innocents refusent d'être enrôlés dans l'armée du nombre pour participer à la folie productiviste qui détruit le milieu social et naturel. Crée il y a près de quarante ans par des post-situationnistes, en réponse à l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, L'Encyclopédie des Nuisances proposait, à partir d'une approche anti-industrielle, une critique  à la fois radicale et visionnaire des sociétés marchandes.

Aphorismes et Périls

Triomphe contemporain du faux, du mal et du laid, cette trinité apocalyptique des époques à l’agonie. 

Il faut avoir été l’esclave du langage et de la logique pour connaître vraiment le prix du silence et du paradoxe. 

L’industrie de l’hébétude fabrique en série des individus cyclothymiques, voire bipolaires, qui oscillent sans cesse entre désespoir et exaspération, entre anxiété et exaltation. 

Dans le même temps où Dieu est mort, la mort est devenue divine, adorée par tous sous la forme fétichiste de son avatar : l’Argent.

La première des dignités consiste à voir le monde tel qu’il est. La seconde à en témoigner. 

Évoluer c’est trahir ces habitudes qui conspirent à voix basse, en coulisses, en répétant de manière mimétique le langage insignifiant de la banalité.

Être mal compris, voilà l’honneur de tout visionnaire qui n'attend rien d'autre de son époque que l'ostracisme et l'injure, jamais la reconnaissance. Comment une société pourrait-elle se reconnaître dans une critique radicale et une inspiration créatrice qui la condamnent en ouvrant de nouvelles perspectives.

L’écrivain devient maudit dès lors qu’il dit les mots que la société refuse d’entendre et d’écouter. Partout et de tous temps, pas un visionnaire qui ne soit ou n’ai été mis à l’index par la propagande officielle, académique et médiatique, à moins que l'anonymat, neutralisant sa voix, ne le protège de la curée. 

Si les petits auteurs ont une grande audience médiatique, les grands auteurs doivent parfois se contenter de petites audiences judiciaires parce que leurs inspirations bravent le conformisme dominant et ses chiens de garde. 

Ne faut-il pas que le génie soit à moitié fou pour que l’autre moitié soit visionnaire ? 

La solitude du créateur est la sœur jumelle de sa singularité. 

Oser le pas suivant sans se soucier de la trace. 

Le journaliste est l’archétype de l’homme spectaculaire : sa prétention démesurée est fonction de son conformisme abyssal.

On a récemment découvert que les intestins fonctionnent comme un "second cerveau". Rien d’étonnant, tout compte fait, si on observe que le cerveau de certains contemporains ressemble souvent à un intestin : fatigués de vivre et de penser, ils se contentent de digérer des informations prémâchées avant de se soulager dans ces sanitaires numériques que sont devenus les réseaux sociaux. 

Sagesse du "second cerveau" : celui à qui notre époque ne donne pas envie de vomir est condamné au "bonheur" infâme d'un consumérisme fondé sur l'insatisfaction programmée. 

L'algorithme de la sagesse : plus on en sait et moins on en dit. L'algorithme des réseaux sociaux : moins on en sait et plus on en parle. Les réseaux sociaux sont colonisés par des bataillons d'incultes qui veulent à tout prix vous expliquer ce qu'ils n'ont pas compris sur des sujets dont ils ignorent à peu près tout.

D’une démarche à la fois lourde et désespérée, l’homme moderne traîne le boulet accablant d’une liberté dont il ne sait que faire. Une liberté dont il cherche à s’évader à tout prix par l’addiction, le fanatisme ou le suicide.

Jeu de l’oie : gaver ces amateurs de foie gras qui ont la cruauté gourmande. L'effondrement commence ici : dans le manque tragique d'empathie conduisant à torturer des êtres vivants et sentients qui ressentent aussi bien la douleur que le plaisir (lire : Une vision intégrale du végétarisme).

Notre époque, cette gamine dépressive aux cheveux bleus, née du mariage entre l’ennui et l’absurdité. Au cœur du désespoir, se trouve la clé pour le surmonter ou la serrure pour s’y enfermer. 

Les intégrismes sont des associations de défense du littéral face aux dangers de pollution intellectuelle que représentent pour eux toute interprétation et toute contextualisation des textes et des pratiques.

Le rire, cette extase libératrice dont la puissance subversive effraie tous les pouvoirs, telle une arme fatale qui débusque et déconstruit tous les fétichismes. 

 
 
L'idéal démocratique
 
Il est des idées qui sont plus difficiles que d'autres à déconstruire, celles d'une modernité dont nous sommes les héritiers et qui, ayant fait son temps c'est à dire le nôtre, est incapable d'imaginer le suivant. Ainsi en est-il du choix majoritaire. Organiser une société selon la loi de la majorité : voilà une idée récente inspirée par ce que René Guénon nommait Le Règne de la Quantité. Une idée qui a montré ses limites car, pour le meilleur ou pour le pire, l’histoire a toujours été faite par des minorités que la majorité suit ou bien subit.
 
Parce qu’elle représente le plus petit dénominateur commun, la majorité réduit l’individu à ce qu’il est de plus commun, castrant ainsi l’élan novateur et l'esprit visionnaire des minorités créatrices qui ont toujours permis aux sociétés de se régénérer. Comme le dit Margaret Mead : " Ne doutez jamais qu'un petit nombre de gens réfléchis peuvent changer le monde, en fait c'est toujours ainsi que le monde a changé" ( à lire : Entre l'Ancien et le Nouveau Monde ).
 
Le choix politique n'est pas à faire entre majorité et minorité mais entre minorités créatrices et oligarchies dominatrices. Si l'oligarchie et ses relais, ultra-minoritaires se satisfont du conformisme majoritaire et l'encourage c'est parce qu'ils n'ont aucun intérêt à voir la société se transformer. Ils savent que ce conformisme ira toujours dans le même sens, celui de l'inertie, à travers de réformes cosmétiques qui consistent à tout changer pour que rien ne change. Pendant ce temps-là, cette minorité dominante détient la vérité du pouvoir et l'exerce en fonction de ses intérêts, notamment grâce aux relais médiatiques dont elle a la propriété quasi-exclusive.

L'engagement politique est trop souvent cette loi du moindre effort qui consiste à se démettre de sa responsabilité personnelle pour la projeter sur l'organisation sociale et la remettre aux mains d'une idéologie et/ou d'un parti. Fondée sur une pensée magique consistant à croire qu’on peut transformer les individus en changeant les structures sociales, la politique est l’opium des peuples désenchantés, la religion des individus séparés. Cette pensée magique tend à oublier que l’individu, en transformant ses relations – à lui-même, aux autres, à son milieu social et naturel – se met à inventer de nouvelles formes de vie et de sensibilité, de pensée et de socialisation qui se diffuseront progressivement, par cercles concentriques, à l'ensemble de la société (à lire : Le saut évolutif, un nouveau récit d'émancipation).

Il ne s'agit pas de nier l'importance de la réflexion collective autour de l'organisation sociale mais de refuser une approche idolâtre de la politique, celle de tous les idéologies sectaires qui, face au vide de sens et à la détresse existentielle propres aux sociétés modernes, réduisent la spiritualité à la morale et celle-ci à une stratégie de transformation sociale. 

Est-ce un hasard si, dans les sociétés occidentales, la "démocratie" s’est généralisée au vingtième siècle ? Les techniques de propagande médiatique, de formatage idéologique et d’abrutissement de masse étaient alors assez développées pour corrompre et pervertir ce que l'idéal démocratique avait de subversif par rapport à l'absolutisme de l'ancien régime : à savoir l'état de droit et l'égalité des droits, l'auto-détermination des individus, la liberté d'expression et le pluralisme. En diabolisant et en neutralisant toutes les formes de pensées irréductibles à l’illusion économique, le capitalisme a perverti cet idéal démocratique en le transformant en auxiliaire servile du Marché. 

C'est ainsi que la "démocratie" est devenu synonyme d'une société marchande dont le totalitarisme économique est résolument opposé aux valeurs émancipatrices inspirées pas l'idéal démocratique. Le retour aux sources de cet idéal ne pourra se faire qu'en se libérant du fétichisme économique qui l'a instrumentalisé, en dépassant le conformisme majoritaire qui l'a perverti et en le revitalisant à travers une écosophie où l'individu s'accorde de manière harmonique à son milieu naturel et social.

 La civilisation : ce mixte de civilité et de compassion qui peut se résumer à une formule de politesse : après vous.

Ressources

Dans Le Journal Intégral

Incitations (12) Effondrements  - Décroissance ou BarbarieLe fétichisme de l'égo - Critique de la Valeur - Une vision intégrale du végétarisme - Sortir de l'économie - Ne travaillez jamais - Méditer et Militer - Une révolution spirituelle - Abécédaire de la méditation (2) Une révolution silencieuse - Entre l'Ancien et le Nouveau Monde - La Désaisie -  L'effondrement qui vient - Le Fétichisme de la Marchandise - Le saut évolutif : un nouveau récit d'émancipation

Devoir de Vacance  : présentation de six billets consacrés à L'esprit de vacance

Pour mieux comprendre l'état d'esprit qui anime Le Journal Intégral Introductions à la Vision Intégrale - Vers une Synthèse évolutionnaire - Un projet éditorial -

Sommaires.  On trouvera ici le lien avec les sommaires, année après année, des textes proposés de 2010 à 2021 dans le Journal Intégral :  Sommaire 2021

Libellés. Ceux qui désirent mieux connaître les réflexions du Journal Intégral sur un thème particulier peuvent cliquer sur les différents libellés (tags) où sont sélectionnés une série de billet concernant ce thème. 

Autres Sites 

Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme. Le site propose un ensemble de textes et de vidéos portant les courant de la Critique de la Valeur (werktkritik)

Journal La Décroissance