Chaque billet du Journal Intégral est la pièce d’un puzzle qui dessine, entre intuitions créatrices et réflexions critiques, la vision intégrale d’un homme réunifié dans un monde réenchanté. Les résumés des articles présentés dans cette Table des Matières permettront aux lecteurs de reconstituer ce puzzle en allant se référer à telle ou telle pièce afin de mieux comprendre et intégrer toutes les autres.
Table des Matières 1 - 4 Janvier au 8 Mars 2010
Table des Matières 2 - 28 Mars au 8 Juin 2010
Table des Matières 3 - 15 Juin au 9 Août 2010
Table des Matières 4 - Du 12 au 23 Août 2010
Si l’évolution du monde et des êtres récapitule toujours ce qui est venu avant, elle contient aussi une part de création et d’innovation strictement impossible à prévoir. Patrice van Eersel
Nous avons consacré une série de billets au thème de l’évolution qui s’avère central dans le cadre d’une "vision intégrale" fondée sur une perspective évolutionniste. Selon une telle perspective, la dynamique évolutive qui anime l’être humain dans tous ses aspects – biologique, psychique, moral, culturel, cognitif et spirituel – se manifeste à travers une série hiérarchisée de stades de développement d’une complexité et d’une intégration croissantes.
C’est donc bien d’"évolutions" dont il faut parler quand on prend en compte l’être humain dans sa totalité en refusant les limitations d’un réductionnisme scientiste dont les méthodes réduisent la dynamique globale et qualitative de l’évolution à une multiplicité de mécanismes d’adaptation.
S’intéresser au phénomène de l’évolution c’est vouloir à répondre à des interrogations essentielles sur l’origine de l’espèce humaine et sur son inscription dans le très long processus de l’évolution naturelle. Mais c’est aussi s’interroger sur l’avenir d’une humanité menacée par une conjonction de crises sans précédent en se demandant si cette crise systémique n’est pas une expression de cette « mutation anthologique » évoquée depuis près d’un siècle par nombre de penseur visionnaires.
Deux livres viennent de paraître qui évoquent, chacun à leur façon le thème de l’évolution. Dans Du Pithécanhrope au Karatéka, Patrice van Eersel traite de la dynamique de l’évolution des formes vivantes et de l’être humain tandis que dans La révolution de la pensée intégrale, Patrick Drouot traite de l’évolution des formes culturelles et de la conscience. On pourrait considérer les ouvrages de Patrice van Eersel et de Patrick Drouot comme deux chapitres d’une même histoire qui commence à l’aurore de l’humanité et se continue aujourd’hui dans l’émergence d’une nouvelle vision du monde.
Au cœur du livre de Patrice van Eersel : les évolution biologiques et humaines ainsi que les controverses scientifiques et idéologiques qui leur sont liées. A la fin de l’ouvrage l’auteur s’interroge sur la mutation collective que nous sommes en train de vivre et sur l’évolution culturelle que cette mutation implique : « Le modèle de la Spirale Dynamique nous montre que tous les âges de l’hominisation coexistent en nous, mais qu’il est urgent de passer à une nouvelle « couleur » dans l’ascension de cette spirale ».
Dans La Révolution de la pensée intégrale, Patrick Drouot cherche à comprendre l’architecture et le fonctionnement de cette mutation collective évoquée par Patrice van Eersel. Et ce, à partir d’une approche à la fois théorique et pratique. D’un point de vue théorique, Patrick Drouot s’appuie sur les travaux de recherche dont le Journal Intégral s’est fait l’écho : ceux de Ken Wilber avec ses fameux quadrants et ceux de Graves sur la Spirale Dynamique développés par ses élèves, Don Beck et Chris Cowan.
Pour faire le lien entre cette dimension théorique et une expérimentation pratique, Drouot rend compte des travaux passionnants du psychologue Mihaly Csikszentmihalyi sur l’expérience optimale, en anglais : flow expérience. En ce qui concerne l’expérimentation pratique, Patrick Drouot propose des outils pour induire ces états de "fluidité neuronale" qui ouvrent la conscience à des niveaux de perception plus fins et de compréhension plus complexes. C’est ainsi qu’il propose une sensibilisation à la cohérence neuro-cardio-vasculaire - ou cohérence cardiaque - que David Servan-Schreiber avait fait connaître au public français à travers son ouvrage Guérir.
Du Pithécanthrope au Karatéka, le nouvel ouvrage de Patrice van Eersel, commence avec les découvertes de la paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malassé, la chercheuse par qui le scandale arrive. « Portée aux nues en 1996, elle fait la une de la prestigieuse revue La Recherche, pour avoir découvert « une nouvelle théorie de l’évolution », mais se trouve en 2005 moralement condamnée par la communauté de ses pairs pour avoir prétendu déceler une « direction attendue » dans l’observation des mâchoires de primates, des lémuriens à l’homme. Ce qui, du point de vue darwinien, relève du créationnisme
Qui a raison, qui a tort ? Les médias répondent mal. Le débat « Dieu contre Darwin », faux mais omniprésent, nous enferme dans une alternative infernale et occulte les vraies questions. Ces dernières vont être posées par trois scientifiques réputés, intuitifs et honnêtes : le paléoanthropologue Yves Coppens, le paléontologue Jean Chaline et l’écologiste Jean-Marie Pelt.
Mais les points de vue ne suffisent pas. Il faut les confronter à des points d’être. Que pourrait vouloir dire « vivre l’évolution humaine » ? Ici, ce ne sont plus des scientifiques qui répondent, mais des praticiens, des accompagnateurs de nos évolutions personnelles... Si l’être humain est par essence inaccompli, chacun peut-il entrer à sa façon dans la danse de notre évolution collective ? » Ce billet propose la vidéo d’un entretien de Patrice van Eersel avec Marc de Smedt au sujet de cet ouvrage.
Selon Patrice van Eersel : « Parler des origines de la vie, et plus encore des origines de l’humanité, et de la façon dont l’évolution se poursuit en nous, ne peut apparemment pas se faire sans qu’idéologies et croyances s’en mêlent. D’où la véritable guerre idéologique, généralement résumée dans les médias par la formule « Dieu contre Darwin ». Vision manichéenne, où Créationnistes bibliques et Évolutionnistes néodarwiniens sont censés représenter une alternative obligatoire : vous êtes sommé de vous ranger dans l’un ou l’autre de ces deux camps.
Les Créationnistes sont le plus souvent de pauvres archaïques demeurés en enfance. Les autres, plus rusés, tentent de faire passer en contrebande une vision religieuse du monde au sein même de la science. Mais en face, les Évolutionnistes néodarwiniens prennent volontiers prétexte de ces anachronismes pour décréter l’état d’urgence : afin de sauver la modernité, il faudrait accepter un putsch métaphysique et se voir imposer comme seule légitime la vision matérialiste du monde. Comme si la science, servante merveilleuse mais qui a tendance à se prendre pour le maître, tenait l’alpha et l’oméga, la clé des origines et des fins dernières, les tenants et aboutissants des essences et des existences ! »
Ce "putsch métaphysique" est remis en question par tous ceux qui, de plus en plus nombreux, contestent la réduction de la dynamique globale de l’évolution à des mécanismes d’adaptation. Or, beaucoup de phénomènes échappent complètement à ce réductionnisme, par exemple ces dizaines de millions de personnes ayant vécu une EMI (expérience de mort imminente, en anglais : NDE, Near Death Expérience). La vie de ces gens se métamorphose, poussés qu’ils sont par un désir irrépressible de mettre leurs actes en accord avec les motivations profondes dont ils ont pris conscience. Nombre de chercheurs ayant étudié ce phénomène ont tendance à penser qu’il s’agit d’un phénomène évolutif global. « Comme si une fresque apocalyptique, au double sens de « bouleversement total » et de « révélation », émergeait en ce moment, de façon spontanée, de l’inconscient collectif humain ».
Le développement de soi nécessite périodiquement des « tempêtes de destruction créative », des vents de changement qui éliminent les vieilles manières de penser et d’agir, pour faire place à d’autres, nouvelles mais parfois perturbantes, dont il faut synchroniser le rythme avec celui de l’évolution générale.
Nous vivons à une époque de complexité croissante, un temps qui requiert une nouvelle forme de conscience et de compréhension des individus, des institutions et de la collectivité planétaire. Dans La révolution de la pensée intégrale, Patrick Drouot enseigne les fondamentaux d’une nouvelle architecture de conscience - la pensée intégrale - en nous invitant à devenir des « Magiciens du Temps Présent».
Penser « intégralement » peut nous permettre de vivre pleinement dans la société d’aujourd’hui, à partir d’un ensemble d’idées et d’outils novateurs capables de nous conduire vers des comportements, des attitudes et des actes plus juste, mieux adaptés à ce monde en perpétuel changement. La pensée intégrale est aussi une porte ouverte sur l’exploration et l’intégration de nouveaux paliers de la conscience humaine. Une vidéo de Patrick Drouot permet de mieux comprendre sa démarche.
Selon le modèle de la « Dynamique Spirale », il semble que, depuis cent mille ans, les sociétés humaines aient évolué selon un mouvement évolutif vers plus de complexité qui prend la forme d’une spirale. A chaque niveau de la spirale évolutive correspond un « système de valeurs » fondé sur un ensemble d’idées, de représentations et de valeurs qui expriment une « vision du monde » partagée. Graves s’était aperçu que les niveaux respectaient une forme d’alternance : les systèmes de valeurs centrés sur l’individu succédant toujours à des systèmes de valeurs ouverts sur le monde extérieur.
Le modèle de la Spirale Dynamique code chacun des stades évolutifs avec une couleur. Les couleurs chaudes correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont centrés sur l’individu (avec un fonctionnement privilégiant le cerveau gauche). Les couleurs froides correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont plutôt centrés sur le groupe (avec un fonctionnement privilégiant davantage le cerveau droit).
Les principaux niveaux de la spirale évolutive sont donc les suivants. Beige : instinct et survie. Mauve : clans et tribus, cérémonies et rituels. Rouge : force et individualisme. Bleu : obéissance et respect des lois. Orange : Motivations personnelles. Vert : Communautaire et humaniste. Jaune : Intégrateur. Turquoise : Holistique et intégral.
Selon Patrick Drouot : « Nous sommes en train de vivre en un âge où le sol se dérobe sous nos pieds, où les fondations vacillent. Peut-être en a-t-il déjà été ainsi à d'autres époques. Aujourd'hui cependant la question de notre survie physique ou spirituelle se pose, impérative. La notion même de spiritualité ou le simple mot «spirituel» sont devenus tabous dans les milieux académiques. Sans doute faut il trouver l'origine de cette dépréciation dans ce qu'on appelait il y a une trentaine d'années « le nouvel orientalisme ». Aspiration soudaine, souvent dénué de sens profond vers un "Orient "de pacotille.
Notre époque est différente, il y a réellement une émergence de la conscience, perceptible en tous points sur notre planète. Ce changement semble mettre fin à la vision qui présidait depuis quelques siècles dans nos cultures occidentales. Hypertrophie d'un je ou d'un moi séparé du monde, exacerbation indue de l'aspect rationnel de la conscience au détriment de son versant intuitif, globalisant.
Peut-être comprendra-t-on alors la signification du mot spirituel, sa provenance essentielle. Issu du latin spiritus, le souffle, il trouve dans le mot grec psyché son écho, le souffle de vie. Saurons-nous réentendre ces mots pour retrouver notre source? Ainsi, la pensée du philosophe suisse Jean Gebser : « Un être qui se dissocie de son origine et de son but spirituel, agit contre son origine. Quiconque agit contre cela n'a ni aujourd'hui, ni de lendemain. »
Je suis en train de rédiger un article au sujet du livre de Jean Staune "notre existence a-t-elle un sens?" et j'ai trouvé votre article passionnant.
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