Chaque billet du Journal Intégral est la pièce d’un puzzle qui dessine, entre intuitions créatrices et réflexions critiques, la vision intégrale d’un homme réunifié dans un monde réenchanté.
Les résumés des articles présentés dans cette Table des Matières permettront aux lecteurs de reconstituer ce puzzle en allant se référer à telle ou telle pièce afin de mieux comprendre et intégrer toutes les autres.
Table des Matières 1 - 4 Janvier au 8 Mars 2010
Table des Matières 2 - 28 Mars au 8 Juin 2010
Table des Matières 3 - 15 Juin au 9 Août 2010
Table des Matières 4 - 12 au 23 Août 2010
Table des Matières 2 - 28 Mars au 8 Juin 2010
Table des Matières 3 - 15 Juin au 9 Août 2010
Table des Matières 4 - 12 au 23 Août 2010
Table des Matières (5) Du 9 Septembre au 11 Octobre 2010
Toute innovation décisive est totalement imprévisible, mais récapitule et mémorise les processus qui ont conduit jusqu’à elle. Patrice Van Eersel
Sous le titre Evolutions, nous avons consacré une série de billets au thème de l’évolution qui s’avère central dans une perspective intégrale. On peut lire les résumés de billets correspondant au début de cette série [1 à 7] dans la Table des Matières 4. Nous proposons ci-dessous un résumé des billets correspondant à la fin de cette série [8 à 12].
Le monde change... et nous ? Clés et enjeux du développement relationnel de Véronique Guérin et Jacques Ferber est un livre à la fois original et passionnant qui tranche avec les conformismes abstraits de la culture hexagonale. Dans cet ouvrage, les auteurs envisagent les relations humaines à partir d’un point de vue novateur qui prend en compte la dynamique évolutive animant les individus comme les groupes. La première partie de l’ouvrage est consacrée au développement collectif, le second au développement individuel et le troisième au développement relationnel.
En proposant quelques repères conceptuels tirés de la pensée intégrale de Ken Wilber et du modèle de la Spirale Dynamique initiée par Clare Graves, les auteurs décrivent comment la dynamique de l’évolution se manifeste à travers divers stades évolutifs, individuels et collectifs. A chacun de ces stades correspondent des "visions du monde", des valeurs spécifiques et des types de relations particuliers.
Encore peu connue en France, cette grille de lecture développementale se révèle pourtant tout à fait pertinente pour percevoir les diverses « visions du monde » auxquels s’identifient les individus et pour comprendre les différents types de relations impliqués par ces « visions du monde ».
Dans Le Monde change... et nous ? Jacques Ferber et Véronique Guérin se réfère à un modèle développemental pour analyser les relations humaines. Leur réflexion s’inscrit dans le contexte d’une anthropologie évolutionniste qui est au cœur de la culture intégrale.
Le paradigme abstrait de la modernité pense et pose les relations humaines comme des rapports entre des entités abstraites, supposées statiques. Dans la nouvelle vision du monde l'être humain est perçu comme un ensemble de relations qui se développe de manière concrète et complexe au fil du temps, grâce à la dynamique de l’évolution, à travers une série de stades de complexité et d’intégration croissantes.
Dans ce nouveau contexte culturel, il s’agit donc de penser le monde et l’expérience vécue en son sein dans des termes nouveaux qui sont ceux, dynamiques, de l’évolution et, qualitatifs, de la relation. Rentrer en relation avec l'autre c'est comprendre la vision et les valeurs qui l'animent et qui sont l'expression d'un stade de développement spécifique qu’il faut pouvoir identifier. Cette connaissance et reconnaissance des divers stades évolutifs est une des clés du développement relationnel.
« Le monde est devenu une entité presque organique dont la complexité résulte de la multiplication des interactions directes et indirectes... Pour appréhender cette complexité, il devient nécessaire de penser en terme d’apposition et non plus d’opposition, de relier et d’articuler ce qui, a priori, apparaît comme contradictoire. C’est la méthode dialectique de Hegel appliquée non plus seulement à l’histoire ou à la philosophie, mais à tous les domaines de la vie. C’est penser de manière « intégrale » comme le préconise Ken Wilber.
Concrètement, cela revient à mettre en relation ce que l’on oppose traditionnellement. Il ne s’agit pas d’amalgamer ces entités dans un tout indifférencié, mais, bien au contraire, de les intégrer dans une structure plus cohérente qui révèle tout à la fois leur complémentarité et l’unité qui résulte de leur union. L’attention est mise sur la relation entre les entités plus que sur les entités elles-mêmes. Cette approche, qui se situe dans la droite ligne de l’approche systémique et de la pensée complexe telle qu’elle a été développée en France par Edgar Morin, s’applique particulièrement à déboucher sur une pratique, une manière de vivre. »
Ce billet est la suite de l’article de Jacques Ferber et Véronique Guérin présenté dans le billet précédent : Passer de l’opposition à l’apposition ou comment intégrer ce qui semble contradictoire ? Après avoir posé les bases épistémologiques d’une culture intégrale fondée sur la primauté de la relation, les auteurs étudient comment dépasser les oppositions corps/esprit, objectivité/subjectivité, individu/groupe pour retrouver la relation de complémentarité entre ces polarités perçues comme contradictoires par la pensée analytique moderne.
C’est en reliant ce que notre esprit analytique avait artificiellement séparé que nous nous sentons participer à une totalité organique inscrite elle-même dans ce grand processus de développement que constitue la vie : « Il s’agit ainsi de passer de la pensée à la conscience : prendre conscience de ce qui relie notre corps et notre esprit, dépasser, tout en l’intégrant, le monde objectif de la science et le monde symbolique et subjectif de la psychologie des profondeurs, percevoir ce qui fait notre singularité mais également en quoi nous sommes reliés les uns aux autres, et en quoi le sens que nous donnons aux choses et aux événements résulte nécessairement d’une intersubjectivité.
Lorsqu’on travaille à transformer les oppositions en complémentarités qui s’articulent et se nourrissent mutuellement, la dynamique entre corps et esprit, subjectif et objectif ou encore individuel et collectif devient plus fluide. En portant son attention sur les relations plus que sur les entités, on est plus sensible à leur état et, en conséquence, on détecte mieux les tensions et les conflits qui révèlent une problématique et invitent au changement. Dans ce cadre, de nouvelles formes d’enseignement transdisciplinaire, éveillant le sens de la complexité du réel, pourraient aider à développer la compréhension, le dépassement et l’intégration de ces oppositions. »
Ce texte présente de manière synthétique l’anthropologie évolutionnaire qui préside à la vision intégrale. C’est une bonne introduction pour tous ceux qui cherchent à mieux comprendre le courant de régénération culturelle qui s’exprime à travers la pensée intégrale.
Prônant la mort de Dieu et la fin de toute transcendance, l’homme s’est érigé en absolu en perdant le sens de la finitude : il a voulu devenir omniscient par le développement des sciences et omnipotent par celui des techniques. Mais son développement moral et spirituel n'a pas accompagné celui d'une puissance technique fondée sur une science sans conscience. Celui qui s’est voulu « comme maître et possesseur de la nature » a transformé son milieu biotique et humain en ressources à exploiter au service de ses intérêts personnels.
Pour ce faire, il a développé une pensée conceptuelle, instrumentale et utilitaire, fondée sur le déni de toute participation sensible de l’homme à ses divers milieux, naturels, humains et culturels. Ce déni lui revient, tel ce boomerang qu’est le retour du refoulé, sous la forme d’une désintégration sociale et culturelle et d’une destruction peut-être irréversible de son milieu naturel.
Face à cette chronique d’un désastre annoncé, une autre figure anthropologique, forgée dans les athanors des minorités créatrices, est en train d’émerger à travers les convulsions d’un enfantement difficile : celle d’une humanité concrète, impliquée dans son milieu naturel, participant via une sensibilité personnelle et une intersubjectivité communautaire à cet ensemble organique et multidimensionnel qu’est le Kosmos où évoluent harmoniquement les dimensions intérieures et extérieures, personnelles et collectives.
Pour rendre compte de l’évolution actuelle des mentalités, Michel Mafessoli, sociologue de la post-modernité, évoque quant à lui une « mutation anthropologique » et Edgar Morin parle d’une « grande métamorphose, aussi profonde et multidimensionnelle que celle que l’humanité a connu quand elle est passée de la préhistoire aux sociétés historiques ».
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