Créer le monde que nous voulons est un mode d'action bien plus subtil, mais plus puissant que détruire celui dont nous ne voulons plus. Marianne Williamson
Sans toujours savoir ni comment l’exprimer ni comment l’expliquer, la conscience collective ressent confusément que la civilisation occidentale vit la fin d’un cycle. Les mots de chute et de déclin, d’écroulement et de dépression, de décadence et de dégénérescence – avec tous leurs synonymes – reviennent en boucle dans nombre de conversations et d’analyses pour traduire cette sensation partagée. Un tel vocabulaire tente d’exorciser un processus qui apparaît d’autant plus effrayant que sa complexité échappe à l’analyse et à nos habitudes de pensée.
C’est dans ce contexte que, ces dernières années, divers auteurs ont tenté d’analyser les raisons objectives et culturelles qui déterminent l’effondrement des civilisations au cours de l’histoire. Dans les précédents billets de cette série, nous nous sommes fait l’écho de ces réflexions tout en analysant le spectre des diverses réactions face à cette perspective.
Cette prise de conscience d'un effondrement - possible pour les uns, probable pour les autres et inéluctable pour certains - nous apparaît comme un signal d’alarme qui témoigne de la nécessité d’une refondation de notre civilisation. Celle-ci ne pourra s'effectuer qu'à travers un processus de résilience qui consiste à supporter un choc destructeur grâce une réorganisation socio-économique et à le surmonter grâce à une réinvention culturelle.
Dans notre dernier billet, nous évoquions le mouvement de la Transition comme un des acteurs emblématiques de cette refondation. Dans celui-ci, nous analyserons quelques-unes des nouvelles formes de pensée et de sensibilité véhiculées par les Transitionneurs.
Un processus de résilience
Le processus de résilience, au cœur du mouvement de la Transition, est une réponse et une réaction au processus d’effondrement. Cette résilience est la capacité d’un système quel qu’il soit – organisme ou psychisme, écosystème ou société - à « encaisser un choc sans s’effondrer et à se réorganiser en se réinventant pour le surmonter ».
On distingue donc deux phases dans le processus de résilience. La première phase qui consiste à « encaisser le choc sans s’effondrer » nécessite d’anticiper le choc pour s’y préparer le mieux possible en amont : plus il nous surprend et plus l’effondrement peut s’avérer destructeur. Cette anticipation nécessite une perception précise des signaux d’alerte qui annoncent le choc mais aussi une première forme de réorganisation qui vise à préparer les diverses conditions – matérielles, morales et intellectuelles – permettant de le supporter. Supporter c’est créer un support suffisamment solide et fiable pour garder une cohérence face au désordre et aux perturbations.
Après cette première phase qui consiste à supporter le choc vient une seconde qui consiste à le surmonter. Cette seconde phase nécessite un autre type de réorganisation qui passe par la réinvention du système. La structure et la dynamique d’un système sont les deux éléments fondamentaux et interdépendants qui le définissent. Dans un processus de résilience propre aux sociétés humaines, la réinvention est une dynamique culturelle qui, en tissant de nouveaux liens sociaux, anime, détermine et fait évoluer l’organisation sociale à travers la création de nouvelles structures collectives et institutionnelles.
Un angle mort
Profondément schizophrène, la tradition occidentale tend à séparer le monde objectif (organisation socio-économique et politique), le monde intersubjectif (représentations culturelles) et le monde subjectif (expérience personnelle). Or les trois font système : ils sont solidaires et interdépendants. Impossible de changer l’organisation socio-économique sans une évolution conjointe des mentalités individuelles et collectives. Penser la Transition c’est l’envisager à la fois en termes de réorganisation socio-économique, de réinvention culturelle et d’évolution personnelle.
De nombreuses réflexions et initiatives s’emploient à penser et à mettre en œuvre la transition socio-économique malgré l’inertie des pouvoirs publics engoncés dans les pesanteurs administratives, contraints par les stratégies électorales, aveuglés par des logiciels technocratiques qui les déconnecte de toutes les formes d’innovation. Si de plus en plus d'individus et de collectivités s'intéressent à la transition socio-économique, il y a en a beaucoup moins pour s’occuper de la transition culturelle tant il est vrai qu’il est bien plus difficile de changer les mentalités que de faire évoluer des modes de production ou de mettre en place des jardins partagés !...
Ce moindre intérêt pour la transition culturelle est l’angle mort d’un mouvement qui a encore du mal à développer une vision globale intégrant les dimensions individuelles, culturelles et socio-économiques. Et pourtant, l’essentiel se cache toujours dans les angles morts : le monde ne pourra jamais changer si nous ne changeons pas notre regard sur lui et nous ne pourrons changer de regard sur lui si nous ne changeons pas de regard sur nous-mêmes. C’est pourquoi on ne peut envisager sérieusement une transformation des structures sans prendre en compte la dynamique d’une réinvention qui se manifeste par l’émergence de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et de comportement.
Une dynamique de réinvention
Comprendre cette dynamique de réinvention, c’est s’intéresser à la culture de Transition telle qu’elle s’exprime et s’expérimente à travers nombre d’initiatives individuelles et collectives. Dans le billet précédent, nous évoquions le dossier de la revue Mouvements intitulé : La Transition, une utopie concrète ? dans lequel les auteurs s’interrogent notamment sur la nouvelle vision du monde dont est porteur le mouvement de la transition :
« Un certain nombre d’initiatives et d’expérimentations menées ici et là sont regroupées, parfois arbitrairement, sous la bannière de la « transition ». Points communs à la plupart de ces alternatives : la volonté de passer à l’action, de construire, d’être dans le positif, l’inclusif et le concret. Il s’agit d’inventer la société d’après dès aujourd’hui, mais pour quoi faire ? Pour aller où ? Demain sera sans pétrole, équitable, solidaire ; les notions de « local », « résilience » et « faire » reviennent souvent. Comment comprendre ce militantisme qui déroute tant les observateurs attentifs des mouvements sociaux ?
…
Pourquoi ce mot-là, (transition ndlr) alors qu’il en existe tant d’autres (décroissance, locavores, slow cities, buen vivir etc.) revendiqués par des mouvements dont les pratiques semblent se rapprocher très fortement de celles mises en œuvre par les « transitionneurs » : insistance sur le « faire », critique des institutions établies et volonté de mettre en place des alternatives ici et maintenant, apparemment sans chercher à « prendre le pouvoir » ni utiliser les outils collectifs de mobilisation que sont les syndicats ou les partis politiques etc. …
La transition renvoie-t-elle à la disparition des idéologies ou au réenchantement de la politique, au sens d’une référence à un grand récit, à un sens de l’Histoire ?... Ces mouvements peuvent-ils contribuer à inventer un nouvel imaginaire politique, en partant de la pratique et du concret ? Les acteurs de ce mouvement ou les expérimentations s’en rapprochant le souhaitent-ils eux-mêmes ?
La transition renvoie-t-elle à la disparition des idéologies ou au réenchantement de la politique, au sens d’une référence à un grand récit, à un sens de l’Histoire ?... Ces mouvements peuvent-ils contribuer à inventer un nouvel imaginaire politique, en partant de la pratique et du concret ? Les acteurs de ce mouvement ou les expérimentations s’en rapprochant le souhaitent-ils eux-mêmes ?
Une utopie concrète
Une manière de répondre à ces questions, consiste peut-être à voir dans ce mouvement protéiforme qu’est la transition quelque chose comme une « utopie concrète », terme d’ailleurs revendiqué par le Festival des utopies concrètes (FUC) qui a réuni plusieurs centaines de militants de la transition, en Île-de-France à l’automne 2012. L’utopie concrète, théorisée par Ernst Bloch, offre une première grille d’intelligibilité, certes approximative, de ce mouvement, apte à prendre en considération son caractère diversifié.
Pour l’auteur du Principe espérance, l’esprit utopique est celui du rêve éveillé, qui sait déceler dans le présent les linéaments d’un avenir jeune et frais, harmonieux : « La fonction utopique arrache les affaires de la culture humaine au divan de la simple contemplation : elle découvre de la sorte, à partir des cimes réellement vaincues, la perspective non idéologiquement gauchie du contenu humain de l’espérance. »
Autrement dit, la fonction utopique est celle qui nous révèle la plasticité du monde, quand la routine et les institutions établies nous répètent jour après jour que « rien d’autre n’est possible » (Tina – There Is No Alternative) – discours parfois porté, bien malgré elles, par les formes institutionnelles de l’engagement politique, partis politiques ou syndicats, qui semblent ainsi condamnés à l’impuissance. Elle nous laisse voir que l’espoir n’est pas vain, puisque ce qui est impossible, dans le monde actuel, peut devenir possible dès à présent. Elle est tout le contraire de « l’utopisme », qui se contente de rêver au lieu d’agir.
Elle est cet écart, cet arrêt, voire parfois ce dévoilement soudain, qui nous montrent que d’autres choix sont toujours possibles, ici et maintenant. Nous ne sommes pas condamnés à être ce que les institutions nous destinent à être. En changeant certains aspects de nos vies, nous nous sentons vivants et créateurs. La conscience utopique se distingue du rêve nocturne par son exigence et sa lucidité. Cette nouvelle vie que nous nous choisissons est informée de l’état du monde réel, elle fait face, quand d’autres se contentent de se laisser fossiliser dans le désordre établi.
Elle est cet écart, cet arrêt, voire parfois ce dévoilement soudain, qui nous montrent que d’autres choix sont toujours possibles, ici et maintenant. Nous ne sommes pas condamnés à être ce que les institutions nous destinent à être. En changeant certains aspects de nos vies, nous nous sentons vivants et créateurs. La conscience utopique se distingue du rêve nocturne par son exigence et sa lucidité. Cette nouvelle vie que nous nous choisissons est informée de l’état du monde réel, elle fait face, quand d’autres se contentent de se laisser fossiliser dans le désordre établi.
L’utopie cherche à rendre possible l’impossible et elle sait, par expérience, qu’une telle entreprise peut aboutir. Car l’histoire a toujours procédé ainsi, par l’action de minorités actives, d’abord isolées, qui ont finalement fait basculer les majorités et changé la face du monde. L’utopie, au fond, est « une invocation d’un ordre, à venir ou à faire, contre un désordre présent. »
Réenchanter la Vie
L’utopiste, dans ce sens-là, va donc éviter de s’enfermer, au nom du principe d’inclusivité, dans une identité trop reconnaissable (« anticapitaliste », « écologiste » etc.). Il joue la créativité, collectivement, contre l’inertie des assemblages sociaux établis, prisonniers de leur histoire, de leur structure, de leurs cadres idéologiques. D’où la diversité d’étiquettes (transition, décroissance etc.) pour des mouvements similaires, qui ont tous en commun de ne pas pouvoir se référer à des situations facilement agrégeables à grande échelle, à la différence des grèves par exemple.
L’enjeu est donc de changer les situations, en ayant conscience de ne pas pouvoir les dépasser complètement, à court terme. C’est en formant des coalitions temporaires ou durables, définies avant tout par des objectifs et des résultats concrets précis (créer un jardin partagé, une Amap, planter des arbres fruitiers, organiser des repas locavores, etc.) que les personnes parviennent à « réenchanter la vie », c’est-à-dire placer la nouveauté, la surprise, l’inédit, l’imprévu au cœur de leurs pratiques quotidiennes.
Les transistionneurs agissent en direction d’une nouvelle culture, d’une nouvelle civilité, face à un ordre dominant qui engendre au contraire de plus en plus la violence et le chaos. Une telle démarche ne peut évidemment pas se satisfaire d’un militantisme trop disciplinaire, rythmé par les congrès, grèves, tracts et campagnes électorales, ce qui reviendrait de nouveau à tout attendre des institutions établies, fussent-elles « critiques ». L’enjeu est de renouveler les répertoires d’actions, car il n’est plus possible d’attendre.»
En immersion
Cette analyse qui fait suite à une série d’enquêtes menées sur le terrain par les collaborateurs de la revue Mouvements permet de mieux saisir les spécificités de cette culture de Transition : le dépassement d’une attitude "moderne" fondée sur la rationalité abstraite, la pensée critique et l’approche technocratique pour affirmer une attitude concrète fondée sur l’expérience conviviale, l’intelligence collective et l’imagination créatrice. Les Transitionneurs veulent absolument dépasser les stratégies de domination qui furent au cœur de la modernité et qui apparaissent aujourd’hui d'autant plus inadaptées qu’elles sont à l’origine de la crise systémique que nous vivons.
Il ne s’agit plus, comme le proclamait Descartes, de s’abstraire de manière intellectuelle et technocratique pour dominer son environnement et l’exploiter (dans tous les sens du terme), mais de vivre en immersion dans un milieu à la fois naturel, humain et culturel pour co-évoluer avec lui.
Cette immersion naît d’une participation concrète, à la fois sensible et intuitive, de la subjectivité à ce milieu. Le réenchantement du monde naît de cette continuité intime et poétique entre le monde intérieur et le monde extérieur.
La séparation abstraite était au cœur de l’ancien paradigme. Le réenchantement n’est rien d’autre que le dépassement de cette séparation abstraite pour rétablir un lien qui fut central pendant toute l’évolution humaine : le lien sensible , organique et concret, unissant l’homme à son milieu de vie. Ce réenchantement exprime le mouvement créateur de l'intuition personnelle dans l'intelligence collective, celui d'une collectivité dans la société globale et celui de la société dans son milieu naturel. En prenant le meilleur de la tradition – l’immersion – et de la modernité – l’individuation – pour les dépasser tous deux, la culture de Transition participe à l'émergence d'un nouveau modèle fondé sur la co-évolution de l'homme et de son milieu.
Les Transitionneurs s'inscrivent dans le vaste mouvement des Créatifs Culturels ainsi nommés ainsi par le sociologue Paul Ray et par la psychologue Sherry Anderson dans une étude parue en 2000 parce que "d'innovation en innovation, ils sont en train de créer une nouvelle culture pour le 21 ème siècle." Se distinguant des courants traditionalistes et modernistes, les créatifs culturels représentent aujourd'hui près d'un tiers de la population. Ils sont les vecteurs des valeurs post-matérialistes liées à l'écologie, à une perception féminine des relations, au développement personnel et spirituel, à l'ouverture multi-culturelle et à l'implication solidaire dans la société.
Les Transitionneurs s'inscrivent dans le vaste mouvement des Créatifs Culturels ainsi nommés ainsi par le sociologue Paul Ray et par la psychologue Sherry Anderson dans une étude parue en 2000 parce que "d'innovation en innovation, ils sont en train de créer une nouvelle culture pour le 21 ème siècle." Se distinguant des courants traditionalistes et modernistes, les créatifs culturels représentent aujourd'hui près d'un tiers de la population. Ils sont les vecteurs des valeurs post-matérialistes liées à l'écologie, à une perception féminine des relations, au développement personnel et spirituel, à l'ouverture multi-culturelle et à l'implication solidaire dans la société.
Dans un profond silence médiatique et institutionnel, nous assistons donc à une révolution culturelle fondée sur un renversement de perspectives : la pensée abstraite - critique et technique - doit se mettre au service de l’imagination créatrice plutôt que de la castrer et de la brider au profit d’un « pseudo-réalisme » qui n’est que le masque de la résignation et de l’inertie. Parce qu’elle indique la voie dans les sociétés fluides et mouvantes de l’information, l’intuition retrouve sa souveraineté et la raison redevient un moyen au service d’une vision.
Intelligence Collective
A cette évolution des consciences, correspond bien sûr une évolution de l’organisation socio-économique. Calquée sur la rationalité qui l’informe, la modernité abstraite fut portée par des organisations hiérarchiques qui fonctionnaient de haut en bas, du sommet à la base. Les Transitionneurs ne peuvent se reconnaître dans ce type d’organisation verticale, attachés qu’ils sont à la participation concrète de chacun à une collectivité dont il se sent membre.
C’est pourquoi ils préfèrent au sein de leur mouvement une forme d’organisation « holomidale » fondée sur l’intelligence collective qui se traduit politiquement par la revendication d’une démocratie directe et participative. Il ne s’agit pas de nier la représentation politique mais de la remettre à sa place, non pas au service d’une oligarchie financière mais à celui de l'intérêt général qui s’exprime à travers une délibération commune.
C’est au nom des valeurs de la convivialité que les Transitionneurs ne peuvent accepter l’emprise totalitaire de l’économie sur la société qui conduit à une compétition généralisée à travers le délitement des liens sociaux et culturels. C’est pourquoi ils proposent de décoloniser un imaginaire formaté par le dogme de la croissance devenue la nouvelle religion d’une société sans autres valeurs que monétaires.
Cette culture de Transition se trouve bien résumée dans la déclaration commune du Collectif pour une Transition Citoyenne qui regroupe une douzaine d'organisations : " Plus que jamais nous croyons indispensable « d’être ce changement que nous voulons pour le monde », individuellement et collectivement. De préférer dans nos vies une forme de sobriété heureuse à l’ébriété consumériste. La coopération à la compétition. L’altruisme à l’égoïsme." N'attendons pas le changement. Prenons notre avenir en main, maintenant. Ces initiatives pionnières, ont fait leurs preuves. Si nous le voulons, elles pourront construire en quelques décennies, une société radicalement nouvelle, partout sur la planète. »
Des Pionniers
Nous ne faisons ici qu’esquisser à très gros traits une culture de la Transition qui devra être analysée en terme bien plus détaillés et subtils. Cette culture de Transition nous apparaît comme le premier pas d’une transition culturelle vers un nouveau stade évolutif annoncé depuis longtemps par des penseurs visionnaires.
Animés par une dynamique de réinvention, les mouvements et les individus porteurs de cette culture alternative sont des pionniers et c’est pourquoi il faut être à leur écoute pour mieux comprendre le processus de résilience culturelle face à la perspective de l’effondrement.
S’ils désirent formuler un projet de société dans lequel peut se reconnaître une humanité en évolution, les Transitionneurs doivent développer une conscience plus profonde du nouveau paradigme dans lequel s’inscrivent leurs réflexions, leurs créations et leurs actions. Car, nous venons de le voir, c’est la dynamique culturelle qui, en tissant les liens sociaux à partir d’une nouveau modèle, détermine l’évolution des sociétés à travers la création de nouvelles structures collectives et institutionnelles.
Ressources
Mouvements. La Transition, une utopie concrète ?
Mikael Lowy. Ernst Bloch et Theodor Adorno : lumières du romantisme
Kaizen Magazine. Hors Série Spécial Transition
Villes en Transition
Journal Intégral. Une crise évolutive : du matérialisme au post-matérialisme
Mikael Lowy. Ernst Bloch et Theodor Adorno : lumières du romantisme
Kaizen Magazine. Hors Série Spécial Transition
Villes en Transition
Journal Intégral. Une crise évolutive : du matérialisme au post-matérialisme
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