Le travail est le plus grand affront et la plus grande humiliation que l’humanité ait commis contre elle-même. Herman J. Schuurman
La fameuse maxime latine : "Post coïtum omne animal triste" pourrait être aujourd'hui actualisée de la manière suivante : "Post electio omne civis triste". En effet, après l’orgie électorale à huit tours vécue par les français, le citoyen inspiré ne peut ressentir qu’une profonde tristesse en entendant les petits soldats de la "société civile", nouvellement élus, ânonner une novlangue managériale dont les anglicismes dissimulent mal un néant politique, philosophique et existentiel. Tout çà pour çà ? Tout ces changements pour que rien ne change ou plus exactement pour que l'on ne change rien d'autre que la vitrine du magasin avec de nouveaux mannequins habillés à la mode du moment, celle de l'expertise. Si les gérants ont changé, les propriétaires restent par contre toujours les mêmes et veillent dans l'arrière boutique à l'organisation et aux comptes du magasin !
"Ceux qui ont besoin de l'expert, écrivait Guy Debord, ce sont, pour des motifs différents, le falsificateur et l"ignorant." Nous l’avons souvent dit, notamment dans une série intitulée Experts et Visionnaires : ce n'est pas tant d'experts et de gestionnaires dont nous avons besoin - ces gardiens du système sont légion - mais de visionnaires - si rares et si précieux - capables de nous libérer de la transe collective propre aux sociétés marchandes qui érigent l’économie en vision hégémonique du monde. Ce sont de tels visionnaires qui ont conçu, il y a des dizaines d'années, l'idée de revenu universel proposé par Benoît Hamon lors des dernières élections présidentielles. Une proposition qui a mis la question du travail, de sa valeur et de sa raréfaction, sur le devant de la scène en ouvrant un débat sur notre modèle de société à l'heure de la révolution numérique.
Et si donc nous profitions nous aussi de la période des vacances pour réfléchir à la façon dont nous perdons notre vie à la gagner ? C’est dans cet esprit que l’on peut relire, allongé au bord de l’eau ou assis à l’ombre d’un arbre, la série de six billets consacrée par le Journal Intégral à l’Esprit de Vacance. Ces billets proposent "en même temps" une apologie de la vie créatrice et spirituelle, et la critique d'un travail qui, à travers l'extorsion de la plus-value, est la substance même de la valorisation capitaliste. Marx qualifiait de "sujet automate" la dynamique aveugle de cette valorisation qui anime les sociétés marchandes comme elle aliène l'être humain en réduisant la richesse qualitative de la vie subjective et intersubjective à la misère quantitative de la survie économique fondée sur la compétition et la lutte de tous contre chacun.
Dans la continuité de cette série sur l’Esprit de Vacance, nous vous proposons la recension d’un ouvrage de Giuseppe Rensi, paru en Italie en 1923 et intitulé Contre le travail, traduit et édité pour la première fois en France par les éditions Allia. Selon David Caviglioli : « Le point de départ de sa réflexion est brutal: "tous les hommes haïssent le travail", ce fardeau "odieux", cette "nécessité inférieure de la vie de l’espèce" dont il faut se libérer pour s’élever spirituellement et vivre une "vie spécifiquement humaine". La thèse centrale de Rensi est que le travail est, "toujours et essentiellement", un esclavage. L’employé est certes mieux indemnisé que l’esclave, mais les deux conditions consistent à "asservir sa propre activité au profit d’autrui". Chez lui, comme chez Marx, il y a "travail" quand une pratique s’accomplit en vue d’un résultat extérieur à elle-même... Toute pensée politique devrait considérer l’obligation de travailler comme une malédiction.»
Nous le verrons dans le prochain billet : loin d'être une malédiction transhistorique, le travail en tant qu'il est une dépense d'énergie indifférenciée, mesurée par le temps, sans référence à un contenu concret, est une construction sociale propre à la modernité capitaliste. Déconstruire et refuser cette "évidence" centrale du travail c'est s'insurger contre l'emprise de l'idéologie dominante pour revendiquer une autonomie et une liberté créatrices indispensables au processus d'individuation et à l'intelligence collective au sein de communautés vivantes. C'est aussi transformer notre tristesse post-électorale en réflexion pour faire émerger une énergie libératrice qui, selon le groupe Krisis, auteur du Manifeste contre le travail : "brise le monopole de l'interprétation du monde détenu par le camp du travail". Une telle énergie est un excellent antidote au fantasme entrepreneurial et au prurit managérial qui transforment aujourd’hui la parole publique en discours d'entreprise et la République Française en "Start-up nation" selon les vœux de Mr. Macron, nouveau président directeur général de la société FRANCE SA.
De l’économie à l’écosophie
Et si, pendant que vous y êtes, vous profitiez de ces vacances studieuses pour lire - ou relire - les deux billets précédents ? Le sociologue Michel Maffesoli y décrit le nouvel esprit du temps comme celui d'une lente et profonde conversion d'une vision économique, fondée sur l'intérêt individuel, en une vision écosophique inspirée par une sagesse commune. A travers la démarche économique, l’individu moderne utilise la rationalité instrumentale pour transformer son milieu d’évolution en un environnement destiné à produire et exploiter des ressources naturelles, humaines et symboliques. A travers la démarche écosophique, l’individu post-moderne chemine de manière sensible sur cette "voie du milieu naturel, social et symbolique" qui est celle de l'individuation à travers un développement intégral.
Ce mouvement progressif de transmutation de l’économie en écosophie inspire de nombreuses réflexions individuelles et collectives dont nous nous faisons régulièrement l’écho. Ces réflexions déconstruisent le fétichisme de l’abstraction propre à la modernité tardive pour imaginer, entre autre, une "sortie de l’économie" qui est aussi celle du travail. Ces réflexions ont trouvé un écho institutionnel (très assourdi) durant la campagne présidentiel à travers le projet de revenu universel qui permet d’imaginer une vie en partie libérée de l’obligation de travailler c'est à dire, en fait, de participer à l'accumulation du capital. En interrogeant la centralité du travail dans les sociétés marchandes, B. Hamon est devenu d’un coup la cible de tous les partis, sans exception, qui se sont révélés tels qu’ils sont en vérité : des agents plus ou moins conscients d’une valorisation capitaliste fondée sur l’exploitation du travail vivant.
Si nous nous intéressons aux réflexions de Giuseppe Rensi, c’est qu’elles permettent de nourrir les nôtres aujourd’hui dans un contexte qui a totalement changé. Rensi écrivait ce livre en 1923, en plein essor du capitalisme industriel porté par cette nouvelle organisation scientifique du travail qu'est le fordisme. Contrairement à nombre de penseurs de son temps, il jugeait impossible d’échapper à la malédiction du travail : « L’histoire humaine est une impasse, et les générations d’hommes qui s’y succèdent se heurteront toujours au même mur. La situation est "sans espoir": "tout plan, projet ou tentative pour apporter une solution rationnelle, définitive ou, au moins, satisfaisante au problème posé par le travail est un pur fantasme romantique, une fantaisie juvénile." »
Un tel jugement semble aujourd'hui dépassé dans nos sociétés de l’information et de l’automatisation où, suite à la révolution numérique, nombre de métiers exercés par les travailleurs européens pourraient bientôt disparaître. Certains estiment que, dans les trente prochaines années, près de 43 % des travailleurs au sein de l’Union Européenne connaîtront une automatisation de leur activité. Dès 1958, Annah Arendt analysait l’avènement d’une "société de travailleurs sans travail", c'est-à-dire une société fondée autour de la valeur travail dans un monde où le travail se raréfie.
Penser l’impensable
Parce qu’elles n’arrivent pas à faire le deuil d’un monde disparu, nos sociétés s’enferment dans le déni au lieu de considérer cette nouvelle situation comme un défi évolutif. Face à un tel déni, il devient urgent de penser à nouveau frais l’activité humaine et de remettre en question l'idolâtrie capitaliste du travail en proposant une vision émancipatrice de l’être humain, libérée de l'économisme dominant. C’est une telle démarche qui a guidé les membres groupe Krisis en 1999 dans leur fameux Manifeste contre le travail :
« Le malaise dans le capitalisme existe massivement, mais il est refoulé dans la clandestinité socio-psychique, où il n'est pas sollicité. C'est pourquoi il faut créer un nouvel espace intellectuel libre où l'on puisse penser l'impensable. Il faut briser le monopole de l'interprétation du monde détenu par le camp du travail. La critique théorique du travail joue ici un rôle de catalyseur. Elle doit combattre de manière frontale les interdits de penser et énoncer aussi ouvertement que clairement ce que personne n'ose savoir, mais que beaucoup ressentent : la société de travail est arrivée à sa fin ultime. Et il n'y a aucune raison de regretter son trépas...
La renaissance d'une critique radicale du capitalisme suppose la rupture catégorielle avec le travail. Aussi seul l'établissement d'un nouveau but d'émancipation social, au-delà du travail et de ses catégories fétiches dérivées, rendra possible une resolidaristation à un niveau supérieur et à l'échelle de la société... Si, pour les hommes, l'instauration du travail est allée de pair avec une vaste expropriation des conditions de leur propre vie, alors la négation de la société du travail ne peut reposer que sur la réappropriation par les hommes de leur lien social à un niveau historique plus élevé.»
Cette réflexion estivale sur le travail, que nous approfondirons dans notre prochain billet, a pour but d’imaginer et d’entrevoir le saut évolutif vers un niveau historique plus élevé où des "communautés écosophiques" inventeront de nouvelles formes de conscience, de subjectivité et d'organisation à travers lesquelles l'être humain participe de manière sensible et créatrice à son milieu naturel, social et spirituel. Aujourd’hui, il devient plus que jamais urgent de penser l’impensable : à l’ère de l’information, la métamorphose de l’économie en écosophie correspond à la fin de la société du travail et à l’avènement de nouvelles formes socio-économiques fondées sur l’intelligence collective.
Une approche visionnaire et intégrale est nécessaire pour penser une telle métamorphose qui concerne la totalité de l’être humain à travers une transformation de la conscience, de la culture et de la société. "Contre le Travail" pourrait vite devenir le nouveau mot d’ordre de tous ceux qui participent de manière créative à la dynamique de l’évolution humaine. Une manière de résister spirituellement à l'hégémonie de la rationalité instrumentale qui s'exprime à travers l'économisme dominant. Une résistance créatrice qui, contre toutes les formes de servitude - fût-elle volontaire - affirme la dimension sensible et qualitative, éthique et communautaire, évolutionnaire et transcendante de l'être humain.
Peut-on être "contre le travail" ? David Caviglioli
La question du travail a fait une apparition discrète et inattendue pendant la dernière campagne présidentielle, et ça n’a pas servi celui qui l’a posée sur la table. En popularisant l’idée d’un revenu universel, donc d’une possibilité de vivre sans travailler, Benoît Hamon a été le premier prétendant à la présidence à admettre, même discrètement, un fait qui, pourtant, ne fait pas débat dans la population: que le travail est pour beaucoup une obligation pénible, voire douloureuse, qu’on accepte par fatalité mais dont on se passerait bien. Cela, Benoît Hamon ne l’a jamais dit. Il prenait des détours, en s’emparant par exemple du sujet de l'"épuisement professionnel". Le burn-out était une manière habile de parler du travail comme d’un genre de souffrance, même si c’était une manière assez superficielle de le faire, puisqu’elle ne reconnaissait de cette souffrance que les formes les plus extrêmes. Comme si, avant de perdre le sommeil pour de bon et de fondre en larmes dans son métro, le cadre intermédiaire surmené ne souffrait pas.
Étonnamment, vu la centralité qu’il a dans nos vies, le travail est la chose invisible du débat politique. On n’en parle généralement que pour définir son cadre: le temps qu’on y passe, la rémunération qu’on en tire, les formes contractuelles qui l’organisent. On montre à la télévision des chômeurs qui aimeraient avoir un travail, ou des salariés qui craignent de perdre le leur. On ne l’envisage que par l’extérieur. Ce qui se passe dedans, ce qu’on fait pendant, les tâches qui sont demandées, le contenu des relations de travail, en revanche, ne sont l’objet d’aucune querelle entre les partis.
Hamon, en évoquant la raréfaction prochaine de l’emploi sans y voir une apocalypse, en voulant même l'anticiper, s’est d’ailleurs attiré les foudres de tous ses opposants. On n’a jamais entendu autant de fois en si peu de temps que le travail était source de "dignité". Valls, Macron, Fillon l’ont seriné. (L’idée est étrange, quand on y réfléchit. L’homme serait naturellement dépourvu de dignité, jusqu’à ce qu’un patron la lui procure.)
A sa gauche aussi, sa critique du travail est mal passée. Jean-Luc Mélenchon a dit ne pas vouloir "se résigner à l’idée que l’on travaille pour souffrir". Nathalie Arthaud a dit que "la société a besoin du travail humain" et que, dans une société libérée, il "pourrait être une source d’épanouissement". On a découvert, à cette occasion, que tous les partis étaient des partis travaillistes.
Le travail est un esclavage
On comprend mieux cet étonnant consensus après la lecture d’un vieux livre qui n’avait jamais été édité en France, jusqu’à ce que les excellentes éditions Allia s’en chargent. Contre le travail de Giuseppe Rensi a paru en Italie en 1923.... Un mot sur l’auteur : avocat et philosophe né en 1871, venu du socialisme, ennemi du régime fasciste, il a été banni de l’université en 1927, brièvement emprisonné en 1930. Il est mort en 1941. La police a interdit ses funérailles. Il était de ces penseurs avant tout sceptiques qui n’ont jamais appartenu à une école. Il n’aimait ni les fascistes, ni les marxistes, ni les libéraux. Il était l’ennemi de tout "dogmatisme rassurant", des "malversations" de la pensée, des "mesquins subterfuges philosophiques". Cette solitude de vieux poète atrabilaire lui a valu d’être ignoré de son vivant. Il est aujourd’hui vu, et ce sera le seul label qui lui servira de cercueil, comme un précurseur du situationnisme.
Ses écrits sur le travail annoncent assurément le "Ne travaillez jamais" de Guy Debord. La thèse centrale de Rensi est que le travail est, "toujours et essentiellement", un esclavage. L’employé est certes mieux indemnisé que l’esclave, mais les deux conditions consistent à "asservir sa propre activité au profit d’autrui". Chez lui, comme chez Marx, il y a "travail" quand une pratique s’accomplit en vue d’un résultat extérieur à elle-même. Un chauffeur de bus conduit son bus pour ne pas être licencié, pour toucher un salaire, pour assurer la continuité du service public ou rapporter de l’argent à sa société - soit rien qui ait un quelconque rapport avec la conduite d’un bus.
Le "travailleur" et le "joueur"
Rensi vise évidemment la bourgeoisie, mais pas uniquement. Il note par exemple que les dignitaires syndicaux et militants du prolétariat cherchent avant tout, eux aussi, à «abandonner leur travail (…) et passer au jeu consistant à ‘organiser’, à ‘faire de la propagande’, à ‘agiter’.» C’est cela qui, selon lui, explique «les propos enthousiastes sur la fonction du travail ressassés de façon toujours plus récurrente et sonore dans les milieux ouvriers ou dans les journaux prolétaires.» Le point de départ de sa réflexion est brutal: "tous les hommes haïssent le travail", ce fardeau "odieux", cette "nécessité inférieure de la vie de l’espèce" dont il faut se libérer pour s’élever spirituellement et vivre une "vie spécifiquement humaine". «La rationalité et la spiritualité humaines, écrit-il, exigent que l’homme ne travaille pas ou ne travaille que s’il en a envie et comme cela lui chante, au gré de son caprice, presque toujours en jouant.»
D’où un paradoxe sans issue. Le grand malheur humain, dont on voudrait que la politique nous débarrasse alors qu’elle ne le peut précisément pas, est que le travail est la condition du passage «de la vie purement animale à la vie humaine, à la possibilité d’atteindre le développement spirituel que celle-ci oppose à celle-là. Mais, dans le même temps, il se présente comme l’obstacle le plus insurmontable à la réalisation, à la participation et à la jouissance d’un tel développement spirituel.» Ainsi, il fallait la société du travail pour qu’il y ait une littérature, mais c’est ce même travail qui, jour après jour, empêche la plupart des gens de lire et d’écrire.
L’"incommensurable ânerie" des marxistes
La littérature hostile au travail est abondante. Mais, par optimisme, elle se préoccupe souvent d’imaginer, voire d’annoncer l’avènement d’une société sans travail, ou d’une société du travail libéré. Pour la tradition marxiste, le travail n’est aliénant que dans la mesure où il est organisé par le capitalisme. Dans un monde post-capitaliste, le travailleur et son travail pourraient se réunifier, et l’ouvrier serait enfin heureux à l’usine. D’autres prédisent la nécessité d’une réduction du temps de travail, comme Paul Lafargue dans son célèbre Droit à la paresse, paru en 1880.
Giuseppe Rensi |
Il est notamment très sceptique vis-à-vis des marxistes et de leur "incommensurable ânerie". Qu’un régime soit nommé communiste ou capitaliste, "trois mille ouvriers dans une usine" seront toujours "trois mille ouvriers dans une usine". Qu’ils soient des "appendices de la machine", comme le déplore le Manifeste du Parti communiste, ou qu’ils deviennent leurs "maîtres", comme il l’espère, ne fait aucune différence. Les systèmes socialistes, "au reste mille et une fois vainement tentés", sont pour Rensi "d’infimes palliatifs", "comme de se tourner et de se retourner dans le lit de douleur du travail de l’humanité". Il note que la société soviétique (il écrit son livre en 1923, rappelons-le) a elle aussi vu naître une classe de "joueurs", de dirigeants et d’artistes, en clair une bourgeoisie avec un autre nom, profitant du travail accompli par d’autres.
Car le paradoxe du travail, ce mode d’organisation qui permet d’entrevoir ce qu’est la liberté humaine pour en interdire immédiatement l’accès, reflète le paradoxe cruel et indépassable de nos existences: « La vie exige l’immédiateté, d’être libérée de toute forme, alors qu’elle ne saurait avoir lieu que sous des formes et qu’elle s’empêtre ainsi dans une contradiction inextricable.» Toute personne ayant déjà songé à cesser de travailler s’est confronté à cette pensée, bien plus terrifiante que le coût social encouru: hors du travail et de sa contrainte, existe-t-on vraiment? Le travail nous aliène, certainement, mais de quoi?
Contre le travail, pour le travailleur
On pourrait penser que "Contre le travail" est un tissu de ruminations dépressives. Il l’est, assurément, et ça en fait déjà un livre formidable, mais il n’est pas que ça. Rensi invite à la méfiance vis-à-vis des discours iréniques sur le travail. Des patrons qui se vantent de travailler 58 heure par semaines sans tomber malades ni manquer le moindre jour et qui ne comprennent pas pourquoi leurs salariés rechignent à en faire autant. De la "corporate culture", de plus en plus invasive, qui voudrait ne voir que des nains de Disney siffler en travaillant.
Il rappelle que ceux qui parlent du travail, à la télévision et dans les journaux, ne travaillent généralement pas. Il donne un sens philosophique à la mauvaise humeur des caissiers, des serveurs, des cuisiniers, des ouvriers, des comptables, des coursiers, des vendeurs, des chauffeurs de taxi, des infirmiers, des policiers, etc., et soutient que toute pensée politique devrait considérer l’obligation de travailler comme une malédiction.
A défaut de l’abolir, il faut haïr le travail, ne serait-ce que pour aider les travailleurs. Dans un chapitre de son livre, Rensi explique que si le goût de travailler est une vertu morale, alors il sera «rétribué dans la seule mesure où maintenir en vie le travailleur est nécessaire. Il n’y a donc pas lieu d’augmenter cette rétribution au-delà du minimum requis par le jeu des forces économiques.» Voilà pourquoi, écrit-il, le travail est globalement présenté comme un «phénomène ethico-religieux de grande importance». A l’inverse, toute revendication favorable au travailleur ne peut que reposer sur l’idée que le travail est «grossier et matériel, pénible, nuisible et triste». Il est évidemment inutile de préciser que l’élection d’Emmanuel Macron, notre nouveau manager en chef, vient de repousser, une nouvelle fois, le moment où on le reconnaîtra.
Ressources
On ne peut envisager un saut évolutif vers cette autre forme d'organisation sociale que serait une "communauté écosophique" sans déconstruire cette "évidence" centrale qu'est le travail dans nos société marchande. Et si vous profitiez des vacances pour approfondir cette réflexion en imaginant des stratégies créatives pour "sortir de l'économie" ? Voici ci-dessous quelques sites et quelques textes qui pourront vous accompagner dans cette réflexion :
Peut-on être "contre le travail" ? David Caviglioli. Site de L’Obs
Contre le travail par Giuseppe Rensi. Traduit de l'italien par Marie-José Tramuta. Précédé de L'Audace de Giuseppe Rensi par Gianfranco Sanguinetti. Allia, 144 p., 12 euros. Site des Editions Allia
Le site des éditions Allia propose les recensions de l'ouvrage de Rensi parues dans l'Obs, La Cité, Le Lorgnon mélancolique, Pileface, Palim-Psao, l’Écologiste. .
Le site des éditions Allia propose les recensions de l'ouvrage de Rensi parues dans l'Obs, La Cité, Le Lorgnon mélancolique, Pileface, Palim-Psao, l’Écologiste. .
"Contre le travail" Un dossier sur l’ouvrage de Rensi avec la présentation du livre, la préface de Gianfranco Sanguinetti : L’audace de Giuseppe Rensi, plusieurs extraits et la Table des Matières. Site pileface
A propos de "Contre le travail" de Giuseppe Rensi Par Benoît Bohy-Bunel. Une note de lecture très intéressante qui fait le lien entre les positions de Rensi et celles défendues par la Critique de la valeur. Site Critique de la Valeur
Manifeste contre le Travail Krisis. En intégralité sous forme de brochure imprimable. Site Critique de la Valeur.
Que signifie être contre le travail ? de Robert Kurz Une critique du travail inspirée par la Critique de la valeur. Site Critique de la Valeur
Que signifie être contre le travail ? de Robert Kurz Une critique du travail inspirée par la Critique de la valeur. Site Critique de la Valeur
A propos de Herman J. Schuurman Toujours contre le travail. Éloge des libertaires hollandais du groupe De Moker par Clément Homs Site Critique de la Valeur
André Gorz, le philosophe qui voulait "libérer les individus du travail". Entretien avec Anselm Jappe. A propos du revenu universel d’existence. Paru dans l’Obs. Site Critique de la Valeur.
Textes contre le Travail Vingt textes contre le travail par les auteurs du courant de la Critique de la Valeur. Site Critique de la valeur.
Dans Le Journal Intégral :
Devoir de Vacance Une présentation synthétique des six billets de la série L’Esprit de Vacance : L'Esprit de Vacance, L'Otium du peuple, Changer d'ère, L'Art de ne rien faire, Se libérer de l'horreur économique, La Cigale et la Fourmi 2.0.
Ecosophie : une sagesse commune. Civilisation, Décadence, Ecosophie. Servitude et Libération.
Penser la barbarie (3) Théorie d'une catastrophe. (4) L’Économie Totalitaire
Penser la barbarie (3) Théorie d'une catastrophe. (4) L’Économie Totalitaire
Experts et Visionnaires, une série de trois billets : La Docte Ignorance des Experts, Intégrer la Complexité, la Fin d’un monde.
Les monnaies libres (1). Les monnaies libres (2) Un paradigme post-capitaliste
Les monnaies libres (1). Les monnaies libres (2) Un paradigme post-capitaliste
A lire les textes proposés dans le libellé Sortir de l’Économie
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