"L'Histoire Universelle est le progrès dans la conscience de la liberté" Hegel
L'Evènement apparaît comme une épiphanie de l'Histoire et l'Histoire comme une épiphanie de l'Esprit.
La Liberté est cet oiseau rebelle qui twitte dans la nuit.
L'Or du soleil ne lui a jamais répondu.
"Le Pharaon est mort" lui dit-il soudain.
Investies par la ferveur, les chaînes se brisent en mille étoiles dans une clameur d’Orient qui réveille les mémoires du Nil.
La révolte est l’autre nom de la vie.
Et la vie, cet autre nom de l’Esprit qui se manifeste à l'homme à travers l'Histoire.
L'Evènement : une épiphanie de l'Histoire
Dans un article donné au Monde, Alain Badiou rend compte de la manière dont surgit l’Evènement - cette épiphanie de l’Histoire - comme brusque création d'une myriade de nouvelles possibilités : « Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Tout commence par le suicide par le feu d'un homme réduit au chômage, à qui on veut interdire le misérable commerce qui lui permet de survivre, et qu'une femme-flic gifle pour lui faire comprendre ce qui dans ce bas monde est réel. Ce geste s'élargit en quelques jours, quelques semaines, jusqu'à des millions de gens qui crient leur joie sur une place lointaine et au départ en catastrophe de puissants potentats.
D'où vient cette expansion fabuleuse ? La propagation d'une épidémie de liberté ? Non. Comme le dit poétiquement Jean-Marie Gleize, " un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par contamination. Mais par résonance. Quelque chose qui se constitue ici résonne avec l'onde de choc émise par quelque chose qui s'est constitué là-bas". Cette résonance, nommons-là "événement". L'événement est la brusque création, non d'une nouvelle réalité, mais d'une myriade de nouvelles possibilités. Aucune d'entre elles n'est la répétition de ce qui est déjà connu. »
Cette résonance dont il est question est une résonance psycho-spirituelle qui anime l'égrégore d'un peuple. L'égrégore est le nom utilisé par les anciennes traditions et les nouvelles sociologies pour décrire la force invisible d'une conscience collective qui préside aux agrégations sociales. Ces notions de résonance et d'égrégore permettent de mieux comprendre le processus créateur à travers lequel le mouvement de la conscience collective s'exprime dans cette forme temporelle et singulière qu'est l'Evènement.
L'Histoire : une épiphanie de l'Esprit
Jalel Ben Abdallah écrit dans Le Monde : "Mohamed Bouazizi, ainsi que beaucoup de jeunes tunisiens diplômés, s'était résigné à survivre de petits boulots. En revanche, il n'a pas supporté de voir sa dignité bafouée par un agent municipal et par un préfet opposant à sa doléance une surdité méprisante. C'est cela qui a poussé Mohamed Bouazizi à s'immoler par le feu et la rue tunisienne à s'embraser. Ce n'est pas une vulgaire révolte du pain. C'est une révolution de la liberté et de la dignité."
Annah Arendt définissait la liberté comme surgissement, naissance, création. Car, après tout, qu'est-ce que l'Histoire si ce n'est la longue chronique d'une évolution qui libère progressivement l'homme des anciens modèles devenus limitations insoutenables par le jeu négatif de l'entropie et par celui, positif, du développement ? En tant que dynamique évolutive, le mouvement de l'histoire est création de l'homme par l'homme, animée par le souffle d'un idéal qui l'inspire. Et c'est pourquoi Hegel disait du mouvement de l'histoire qu'il était manifestation de l'Esprit.
Dans cette perspective, l’actualité est une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux médias qui la transforme en spectacle en lui faisant perdre son sens véritable qui est symbolique. Car l’évènement - cette forme temporelle - est toujours avènement symbolique de l’Esprit, actualisant ainsi dans le temps sa puissance infinie. Et c'est en tant que forme symbolique que l'évènement révèle une perspective sur une myriade de nouvelles possibilités. L'actualité est toujours actualisation du potentiel créateur de l'esprit.
Les pattes de colombe
Selon Nietzsche : "Les idées qui mènent le monde arrivent sur des pattes de colombes". Et on sait que rien ne peut arrêter une idée dont le temps est venu. Emergent d'un long processus de maturation au sein de la conscience collective, les idées nouvelles vont s'exprimer à travers les trajectoires créatives singulières.
Ces colombes aux pas légers et silencieux qui transportent les nouvelles idées sont ces Visionnaires dont la sensibilité participe intimement et intuitivement au mouvement de la conscience collective.
Des créateurs qui vont traduire cette force collective en formes esthétiques et cognitives annonçant toujours l’avènement des temps nouveaux avant qu’ils ne s’objectivent en évènements qui transforment le monde. Dans ses Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke écrit : " Le futur est en nous bien avant qu'il n'arrive." Et c'est pourquoi, derrière la forme de l'évènement, le Visionnaire - ce journaliste de l'éternité - perçoit, avant tout, la force de l'Esprit qui actualise son potentiel créateur.
L'Histoire est décidément une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux politiciens, aveuglés qu'ils sont par les apparences formelles et incapables de saisir, derrière celles-ci, l'expression d'une dynamique évolutive à travers laquelle l'Esprit se manifeste.
P.S : Un grand bonjour aux amis francophones du Maghreb et du Moyen-Orient qui viennent rendre régulièrement visite au Journal Intégral... Nous sommes de "tout choeur" avec vous, en pleine résonance !...
L'Or du soleil ne lui a jamais répondu.
"Le Pharaon est mort" lui dit-il soudain.
Investies par la ferveur, les chaînes se brisent en mille étoiles dans une clameur d’Orient qui réveille les mémoires du Nil.
La révolte est l’autre nom de la vie.
Et la vie, cet autre nom de l’Esprit qui se manifeste à l'homme à travers l'Histoire.
L'Evènement : une épiphanie de l'Histoire
Dans un article donné au Monde, Alain Badiou rend compte de la manière dont surgit l’Evènement - cette épiphanie de l’Histoire - comme brusque création d'une myriade de nouvelles possibilités : « Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Tout commence par le suicide par le feu d'un homme réduit au chômage, à qui on veut interdire le misérable commerce qui lui permet de survivre, et qu'une femme-flic gifle pour lui faire comprendre ce qui dans ce bas monde est réel. Ce geste s'élargit en quelques jours, quelques semaines, jusqu'à des millions de gens qui crient leur joie sur une place lointaine et au départ en catastrophe de puissants potentats.
D'où vient cette expansion fabuleuse ? La propagation d'une épidémie de liberté ? Non. Comme le dit poétiquement Jean-Marie Gleize, " un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par contamination. Mais par résonance. Quelque chose qui se constitue ici résonne avec l'onde de choc émise par quelque chose qui s'est constitué là-bas". Cette résonance, nommons-là "événement". L'événement est la brusque création, non d'une nouvelle réalité, mais d'une myriade de nouvelles possibilités. Aucune d'entre elles n'est la répétition de ce qui est déjà connu. »
Cette résonance dont il est question est une résonance psycho-spirituelle qui anime l'égrégore d'un peuple. L'égrégore est le nom utilisé par les anciennes traditions et les nouvelles sociologies pour décrire la force invisible d'une conscience collective qui préside aux agrégations sociales. Ces notions de résonance et d'égrégore permettent de mieux comprendre le processus créateur à travers lequel le mouvement de la conscience collective s'exprime dans cette forme temporelle et singulière qu'est l'Evènement.
L'Histoire : une épiphanie de l'Esprit
Jalel Ben Abdallah écrit dans Le Monde : "Mohamed Bouazizi, ainsi que beaucoup de jeunes tunisiens diplômés, s'était résigné à survivre de petits boulots. En revanche, il n'a pas supporté de voir sa dignité bafouée par un agent municipal et par un préfet opposant à sa doléance une surdité méprisante. C'est cela qui a poussé Mohamed Bouazizi à s'immoler par le feu et la rue tunisienne à s'embraser. Ce n'est pas une vulgaire révolte du pain. C'est une révolution de la liberté et de la dignité."
Annah Arendt définissait la liberté comme surgissement, naissance, création. Car, après tout, qu'est-ce que l'Histoire si ce n'est la longue chronique d'une évolution qui libère progressivement l'homme des anciens modèles devenus limitations insoutenables par le jeu négatif de l'entropie et par celui, positif, du développement ? En tant que dynamique évolutive, le mouvement de l'histoire est création de l'homme par l'homme, animée par le souffle d'un idéal qui l'inspire. Et c'est pourquoi Hegel disait du mouvement de l'histoire qu'il était manifestation de l'Esprit.
Dans cette perspective, l’actualité est une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux médias qui la transforme en spectacle en lui faisant perdre son sens véritable qui est symbolique. Car l’évènement - cette forme temporelle - est toujours avènement symbolique de l’Esprit, actualisant ainsi dans le temps sa puissance infinie. Et c'est en tant que forme symbolique que l'évènement révèle une perspective sur une myriade de nouvelles possibilités. L'actualité est toujours actualisation du potentiel créateur de l'esprit.
Les pattes de colombe
Selon Nietzsche : "Les idées qui mènent le monde arrivent sur des pattes de colombes". Et on sait que rien ne peut arrêter une idée dont le temps est venu. Emergent d'un long processus de maturation au sein de la conscience collective, les idées nouvelles vont s'exprimer à travers les trajectoires créatives singulières.
Ces colombes aux pas légers et silencieux qui transportent les nouvelles idées sont ces Visionnaires dont la sensibilité participe intimement et intuitivement au mouvement de la conscience collective.
Des créateurs qui vont traduire cette force collective en formes esthétiques et cognitives annonçant toujours l’avènement des temps nouveaux avant qu’ils ne s’objectivent en évènements qui transforment le monde. Dans ses Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke écrit : " Le futur est en nous bien avant qu'il n'arrive." Et c'est pourquoi, derrière la forme de l'évènement, le Visionnaire - ce journaliste de l'éternité - perçoit, avant tout, la force de l'Esprit qui actualise son potentiel créateur.
L'Histoire est décidément une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux politiciens, aveuglés qu'ils sont par les apparences formelles et incapables de saisir, derrière celles-ci, l'expression d'une dynamique évolutive à travers laquelle l'Esprit se manifeste.
P.S : Un grand bonjour aux amis francophones du Maghreb et du Moyen-Orient qui viennent rendre régulièrement visite au Journal Intégral... Nous sommes de "tout choeur" avec vous, en pleine résonance !...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire