jeudi 8 octobre 2015

Sortir de l'Economie ? (2)


L’économie totalitaire ne prive pas le peuple de ses libertés, elle prive seulement la liberté de sa substance vivante. Raoul Vaneigem 

Si l’approche intégrale propose une nouvelle intelligibilité globale du réel, c'est  notamment en mettant en rapport les mondes intérieurs de la conscience et de la culture (subjectivité et intersubjectivité) avec leurs corrélats objectifs que sont les organisations sociales, politiques, économiques et leur infrastructure technique. Dans le billet précédent nous avons tout d'abord présenté le contexte évolutif et culturel dans lequel s’inscrivent les réflexions sur la "sortie de l’économie". Nous avons ensuite proposé la première partie de Sortir de l’économie ? , une conférence de Steeve du collectif Quelques ennemis du meilleur des mondes

Ci-dessous, la seconde partie de cette conférence déconstruit avec précision ce fondamentalisme marchand qui soumet les rapports sociaux à un fétichisme de l’abstraction à l’œuvre aussi bien dans la subjectivité individualiste que dans la culture rationaliste. La sortie de l’économie implique, comme le pensait Cornelius Castoriadis : « la création d’un nouvel imaginaire rompant radicalement avec l’imaginaire de la maîtrise rationnelle qui caractérise notre civilisation (tout en soulignant qu’il s’agit plutôt, dans les faits, d’une pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle) ». Dans la perspective intégrale qui est la nôtre, la création de cet imaginaire est inspirée par l'accession à un nouveau stade du développement humain dans le contexte des sociétés de l'information. 


Sortir de l’économie ? Seconde Partie 

L’économie : une structure (religieuse) parmi d’autres

Toutes les sociétés possèdent une certaine structure qui se décline tant au niveau des pratiques, du comportement des individus, qu’au niveau de la culture, de l’imaginaire et donc des valeurs. Pour un philosophe comme Castoriadis, c’est même le côté imaginaire qui est fondamental puisque, pour lui, c’est dans l’imaginaire que la réalité sociale s’institue. Pour donner quelques exemples, on peut penser à la société Kwakiutl qui était structurée autour du Potlatch, ou encore aux tribus Tupi-guarani de Pierre Clastre structurées, selon lui, autour du tabou alimentaire interdisant à un chasseur de manger le gibier qu’il avait lui-même tué ; on peut aussi citer l’anthropologue David Graeber qui évoque quant à lui le cas des Lélé, en Afrique, dont la vie est structurée par les « dettes de sang », etc...

Aussi, notre société, comme toutes les autres, n’échappe pas à cette structuration autour d’un noyau fondamental. Mais alors, quel est le point nodal de notre civilisation ? L’économie bien sûr (8) ! Il suffit, de fait, d’allumer n’importe quelle radio ou mass média, pour constater que ce sont toujours les mêmes catégories économiques qui sont ressassées sans relâche : travail, emploi, marchandises, croissance, PIB etc. Notre société est, tout entière, vouée à l’économie. Pour l’économiste Serge Latouche il faut en effet comprendre, en faisant en cela référence à C. Castoriadis, "l’économique comme [une] signification imaginaire sociale structurant la modernité », ou comme « un ensemble de significations ", c’est-à-dire par « l’ensemble des valeurs et des présupposés historiques et culturels sur lesquels repose l’Occident moderne (9) ». Ainsi, en quelque sorte, l’économie a pris la place des religions aujourd’hui disparues, ou qui ne jouent plus, en tous cas, un rôle déterminant dans la structuration des pratiques sociales. Dit autrement : l’économie est notre religion ! 

Et de fait, comme pour toutes les sociétés qui ont existé, la constitution de notre société reste de type fétichiste. Les créations de l’homme finissent par s’émanciper, s’autonomiser, pour finalement apparaître devant lui comme une réalité objective qui en retour l’assujettissent. C’est le syndrome du veau d’or. Pour nous, ce ne sont plus les totems, les montagnes sacrées ou que sais-je, qui nous semblent posséder un pouvoir, mais les marchandises et donc l’argent. Marx parle ainsi du « fétichisme de la marchandise ». 

Lorsque nous payons avec une pièce de monnaie ou un billet, nous croyons que ces moyens de paiement jouissent en eux-mêmes d’une valeur. Pourtant, nous sommes ici victimes d’une illusion puisque c’est en définitive l’ensemble des individus qui, par leurs actions quotidiennes et répétées, font que ces derniers valent quelque chose. Autrement dit, c’est parce que tout le monde croit qu’un billet de 10 euros vaut 10 euros que c’est réellement le cas. Ce fétichisme n’est pas un voile permettant d’occulter une vraie réalité qui serait sous-jacente, mais c’est au contraire un « fétichisme réel » duquel découle la structure concrète de notre forme de vie. Notre société, bien loin d’être rationnelle et émancipée des religions comme les philosophes du siècle des lumières le croyaient, est donc au contraire profondément religieuse (10). 

Un fait social total

L’économie est donc un "fait social total" (Cf. M. Mauss) qui affecte tous les aspects de notre civilisation (politique, culturel, technique, etc.). Il est donc, premièrement, impossible de la réguler à partir de la sphère sociale et, deuxièmement, pas souhaitable de chercher à la corriger voire à l’améliorer. 

Premièrement : la sphère sociale n’est ni extérieure, ni hétérogène, à la sphère économique : c’est l’économie, le capitalisme, en tant que fait social total, qui est une forme de vie sociale à part entière. Marx est clair sur ce point : « le capitalisme est un rapport social ». Il est, partant, impossible de réguler l’économie en prenant appui sur la sphère sociale ou encore de ré-enchâsser celle-ci dans des rapports sociaux. L’économie induit, en effet, en elle-même, un certain type de rapport social : une collection de monades séparées qui cherchent chacune à maximiser leur petit intérêt égoïste. Les rapports sociaux n’existent pas en soi ! La division sociale/économique est une invention récente. Ces deux dimensions ont toujours étés mêlées sans que ni l’une ni l’autre n’existe en soi à proprement parler. 

Deuxièmement : il faut également prendre garde à certaines tentatives faites dans le but de conserver le concept d’économie tout en voulant lui faire intégrer les limites terrestres en internalisant, par exemple, les externalités négatives, ou, encore, en incluant le 4ème principe de la thermodynamique de Nicholas Georgescu-Roegen, ou bien, pareillement, en adoptant les « thèses » sur l’économie circulaire (11). Une telle vision des choses tombe en effet dans le piège de la critique technicienne de la société technicienne. Ce qui est reproché à l’économie n’est pas, ici, d’induire un rapport social spécifique, inédit, historiquement déterminé, mais plus prosaïquement son inefficacité : soit qu’elle comptabilise mal le rapport coût/bénéfice, ou l’épuisement des ressources soit qu’elle n’optimise pas les déchets (économie circulaire : les déchets des uns doivent devenir les intrants des autres). 

L’imaginaire, en tant que ce qui institue le social, reste inchangé : c’est toujours la rationalité calculatrice qui dicte ses choix en lieu et place de réflexions et de décisions communes. La délibération collective sur ce qu’il est bon, ou pas, de faire demeure inféodée au calcul froid et impersonnel. La structuration de la société, suivant cette optique, reste donc fondée sur une valeur technicienne. C’est une critique interne au monde tel qu’il ne va pas pour mieux le faire durer. L’économie a ainsi totalement colonisé notre imaginaire. Toutefois, cette colonisation ne s’arrête, bien évidemment, pas là puisque ce sont également toutes les pratiques sociales, nos actes quotidiens, qui sont dictés par l’économie et notamment cette activité que nous appelons le travail ! 

L’économie et le travail (Moishe Postone) 

Sortir de l'économie : quatrième de couverture.
Comme l’économie, le travail est une catégorie de pensée qui doit être replacé dans son époque. Ainsi, ce que nous entendons aujourd’hui par travail résulte d’une longue construction sociale, qui a commencée grosso modo vers le XVIIème siècle. Il n’est donc pas possible de qualifier de travail les diverses activités de nos ancêtres. Ainsi, J.P. Vernant montre-t-il qu’il est totalement fallacieux de plaquer notre concept de travail sur les diverses activités auxquelles se livraient les Grecs Anciens. « On trouve en Grèce des métiers, des activités, des tâches, on chercherait en vain le « travail » » (12). Il n’est bien sûr pas seul. Citons par exemple Dominique Méda qui reprend elle aussi cette idée dans son dernier livre Réinventer le travail

L’activité que nous nommons travail est donc historiquement spécifique à notre époque et même mieux, si l’on suit Moishe Postone, c’est précisément ce travail (sous le capitalisme) qui seul permet de caractériser notre société. Autrement dit, c’est le travail qui joue un rôle structurant pour la société capitaliste. Il remplace les rapports sociaux et agit lui-même comme une médiation sociale. Pour Postone le travail a un double caractère. Un caractère concret qui caractérise les interactions de l’homme avec la nature ; ce que le travailleur produit effectivement : du pain, etc. Et, un caractère abstrait (qui n’est pas le travail concret en général) qui lui donne une dimension sociale unique : une forme de médiatisation sociale inédite. 

Le travail est une activité socialement médiatisante, historiquement spécifique. Le travail n’est pas une activité ayant un but en soi, comme produire du pain pour sa communauté par exemple. Le contenu concret est secondaire. D’ailleurs, je suis toujours abasourdi lorsqu’à la radio, ou dans les journaux, il n’est question que d’emplois sans égard à la nature de ces emplois. Produire des bombes ou du pain, peu importe pourvu qu’il y ait du travail à donner ! La question du sens, du pourquoi, est totalement absente. Le travail, ou son produit si l’on préfère, est simplement un moyen d’acquérir le produit du travail des autres. Il médiatise les relations entre les individus et permet l’émergence d’une forme d’interdépendance inédite dans laquelle, comme le dit A. Gorz, « personne ne produit ce qu’il consomme ni ne consomme ce qu’il produit ». Le travail fonctionne comme un moyen nécessaire pour obtenir le produit des autres individus et par là entrer en relation avec eux. 

P. Lamalattie
Le travail est ainsi automédiatisant et autosymbolisant. Il n’est plus nécessaire de recourir à des conceptions du bien ou du mal, à des symboles, à la parole, ou encore à des représentations du monde pour régler la vie dans notre société, pour coordonner les différentes activités, pour donner une place, un statut, à tout un chacun. Le travail se médiatise lui-même : les produits du travail s’échangent selon leur valeur intrinsèque et non selon des rapports sociaux manifestes et non déguisés. De ce fait les anciennes cultures qui ordonnaient jadis la vie des peuples et des civilisations sont progressivement laminées et détruites. Seule demeure désormais la simple « dépense de matière cérébrale, de muscles, de nerf » (Marx) comptée en unité de temps et ce, dans une totale indifférence vis-à-vis du contenu pourvu que ça se vende !

Les conséquences de cette structuration sociale autour du travail sont nombreuses et malheureusement funestes. J’en retiendrai deux qui me semblent importantes à bien saisir :  1. L’économie n’a pas pour but de créer des valeurs d’usage mais uniquement des marchandises, dont le seul but est d’être vendues pour gagner toujours plus d’argent (13) ;  2. L’économie est un mode de socialisation axiologiquement neutre qui met en relation des individus conçus comme totalement indépendants des uns des autres, des atomes séparés les uns des autres contraints à l’échange pour vivre. 

L'effondrement écologique

Ces deux conséquences permettent en effet de rendre compte de nombreux aspects de la « crise » actuelle qui n’est pas une crise temporaire, conjoncturelle, mais bien une crise profonde de notre civilisation. En voici deux : 1) Le fait que l’activité productive ne cherche pas à satisfaire des besoins mais seulement à transformer 1 Euros en 2 Euros entraîne ipso facto la disparition de toutes limites. Il n’est en effet pas question d’arrêter de produire tel bien une fois satisfaits les besoins que celui-ci est censé remplir. Il faut toujours continuer à produire et à vendre pour pouvoir acquérir le produit du travail des autres. 

2) L’obsolescence programmée est donc une nécessité du système économique mais certainement pas la résultante des agissements de méchants industriels qui nous voudraient du mal. Que se passerait-il en effet si nos voitures, nos frigos, etc. duraient ad vitam aeternam ? Ce serait une catastrophe ! Comme il en faudrait de moins en moins, une quantité phénoménale de gens se retrouveraient au chômage. Il en est de même de la publicité qui est absolument nécessaire afin de créer toujours de nouveaux besoin, via la frustration, et donc de vendre encore d’autres marchandises.

Par ailleurs, le jeu de la concurrence, en forçant les industriels à produire des marchandises toujours moins chères, contraint également ces derniers à en produire toujours plus afin d’éviter la contraction de la masse de valeur. S’il fallait autrefois, disons, vendre 10 chemises à 10 Euros pour récupérer 100 Euros désormais ce sont 100 chemises à 1 Euros qu’il faut réussir à vendre pour récupérer autant d’argent et reproduire ainsi le cycle du capital. Les anti-productivistes proclamés devraient ainsi bien comprendre que la production pour la production ne découle pas de l’hubris, de raisons morales donc, mais bien plutôt du monde de production capitaliste.

Le repli narcissique des individus sur eux mêmes

La crise n’est pas seulement écologique mais possède également un versant anthropologique. Plusieurs auteurs ont bien vu le phénomène. Je pense ici à Christopher Lasch et à sa "Culture du narcissisme" ou encore à Dany Robert Dufour qui décrypte "L’individu qui vient", et bien sûr à Jean-Claude Michéa qui a bien montré que libéralisme économique et libéralisme culturel étaient indissociablement liés. 

Le fait que l’économie produise, outre des marchandises, des individus esseulés, contraints à échanger leurs marchandises, n’est pas neutre d’un point de vue anthropologique. Ceux-ci n’ont en effet pas besoin de discuter du bien ou du mal, ou de se soumettre aux rites et aux coutumes de leur communauté. Leur rapport se réduit à celui qu’entretiennent leurs marchandises (leur prix ou leur valeur respective). L’individu, désormais seul, n’entrevoit comme horizon que l’extension indéfinie de ses droits individuels (notamment sur le plan des mœurs) et toute limite posée, soit par la réalité, soit par les autres, devient une entrave insupportable à son désir de liberté. Ainsi, l’engagement, le lien ou le conflit avec autrui sont de plus en plus vécus comme des atteintes insupportables à la gestion hédoniste de sa petite vie. 

Notre société se retrouve donc aujourd’hui constituée d’un agrégat d’enfants capricieux toujours prêts à céder à leurs pulsions, consommatrices notamment. C’est la figure de l’adulescent qui à 40 ans regarde des dessins animés et joue sans arrêt avec des gadgets électroniques. Bref, le capitalisme produit tout sauf des adultes capables d’apprendre à refouler/sublimer leurs pulsions et donc capables de dépasser leur ego pour tenter d’édifier une société meilleure pour tous. Évidemment, il y aurait beaucoup d’autres aspects de notre société contemporaine à passer au crible. Mais, pour des raisons de temps et d’espace je m’arrêterai là.

La sortie de l'économie, c'est quoi alors ?

Les structurations des sociétés sont diverses et variées mais également soumises au passage du temps. Il est donc, théoriquement, possible de changer de structuration i.e. sortir de l’économie !  Il ne s’agit pas de donner un plan détaillé, clef en main, mais simplement de donner quelques idées générales qui permettent d’ouvrir vers d’autres possibles. La forme que prendra la société post-économique, nul ne peut la connaître à l’avance (14).

La remise en cause de la structuration de notre société par l’économie implique, on l’aura compris bien plus qu’une critique du mode de distribution, ou de la propriété des moyens de production. Outre la fin de la soumission au travail, à la croissance, cela nécessite plus fondamentalement à réfléchir et à définir de nouvelles raisons d’être, de nouveaux principes qui fonderaient de nouvelles formes de vie. Cornelius Castoriadis pensait ainsi que notre civilisation avait un besoin impérieux d’une création d’un nouvel imaginaire rompant radicalement avec l’imaginaire de la maîtrise rationnelle qui caractérise notre civilisation (tout en soulignant qu’il s’agit plutôt, dans les faits, d’une pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle). 

1. La neutralité axiologique de l’intérêt général doit être remplacée par la recherche du bien commun. Le bien commun est de l’ordre de la valeur non du calcul privé destiné à maximiser des intérêts (comme le fait tout homo-oeconomicus). 

2. La production, la distribution, la consommation des richesses (et non de la valeur) doivent recouvrer une dimension consciente. Autrement dit passer par des « rapports sociaux manifestes ». Il s’agirait de commencer par définir nos besoins puis de réfléchir à la meilleure façon de les satisfaire. 

3. Aux individus séparés, atomisés, il faut opposer la communauté fondée sur l’engagement moral ; n’oublions pas, comme le souligne Michéa, que le mot commun vient du latin munus qui signifie charges et obligations. 

4. De la même façon que l’outil convivial chez Illich doit être porteur de sens, les transferts de biens et de services doivent avoir du sens, voire même symboliser les rapports entre les individus. Autrement dit, à côté de l’échange doivent également intervenir des transferts du type don et même, surtout à mon avis, des T3T selon la terminologie de Testart (les Transferts du troisième Type qui ne relèvent ni du don, ni de l’échange) (15). On peut ici penser à l’instauration d’une sorte de service civil par exemple. 

5. La création du concept d’économie a nécessité de séparer ce qui était souvent mélangé (le diplomatique, le religieux, etc.) pour constituer une nouvelle unité conceptuelle. A contrario la sortie de l’économie implique d’abandonner ce concept (production, distribution, consommation) dans lequel il n’y a plus de place pour les dimensions morales et spirituelles, et même tout sens. Seule la pure matérialité reste : toujours plus, toujours plus vite mais jamais pourquoi ? 

A voir ces quelques indications, on comprend aisément que les formes que peut prendre une société au-delà de l’économie sont fort diverses et nombreuses. D’ailleurs les formes de vie des sociétés pré-économiques étaient elles-mêmes très différentes. Il s’agit donc avant tout de faire preuve d’imagination et d’abandonner nos lunettes économiques pour envisager une forme de vie, si ce n’est idyllique, du moins un peu moins mutilante. De toute façon, étant donné qu’il n’existe actuellement aucun projet clef en main et encore moins de force sociale suffisante pour le mettre en œuvre, c’est sans aucun doute au niveau de l’imaginaire et de la propagation des idées qu’il faut commencer par œuvrer. 

Quoi faire alors ? : d’un point de vue plus concret, on peut commencer par remarquer que la colonisation de nos vies par l’économie n’est pas totale. Il existe au sein de notre société des ilots non-économiques : la famille, les relations entre amis par exemple. Une stratégie consisterait ainsi par commencer à défendre ces îlots en résistant et en luttant contre le système, mais aussi d’en créer de nouveaux dans lesquels il serait possible d’expérimenter de nouveaux types de cohésion sociale, pour enfin les déployer et les étendre à toute la société. Avis aux amateurs ! 

Notes 

(8) Si, à un moment donné, disons dans la période qui s’étend entre les deux guerres jusqu’à la fin des 30 glorieuses, il est compréhensible que certains auteurs aient mis l’accent sur le côté industriel, du système technicien ou encore de la rationalité étatique que rien, alors, ne semblait pouvoir arrêter, la crise de la fin des années 70 a bien montré que c’était au contraire l’économie qui était le facteur dominant. 

(9) Serge Latouche, L’invention de l’économie p.9 

(10) Et, soit dit en passant, c’est sans doute bien pire de se croire libéré des religions que de le reconnaître et d’agir en conséquence. 

(11) Pour peu que ça marche car l’activité économique est sans télos, sans but, elle est livrée a elle-même sans égard aux fins : son but est de toujours produire plus ! Quoi ? On s’en moque ! 

(12) Jean-Pierre Vernant Mythe et pensée chez les Grecs (1965) 

(13) En particulier, les marchandises ne sont pas créées pour répondre à des besoins. Par ailleurs, il n’y a pas de besoins transhistoriques et consubstantiels à l’homme (contrairement à la vulgate marxiste qui pensait que l’augmentation inexorable des forces productives conduirait à l’assouvissement de tous les besoins des hommes…). Les besoins sont toujours relatifs à une culture donnée, elle-même localisée dans l’espace et dans le temps. Au passage, il est intéressant de noter que, de ce point de vue, la définition du développement durable comme moyen d’assurer les besoins des générations futures et parfaitement dépourvue de sens… 

(14) D’ailleurs, si l’on n’y prend pas garde il se peut que la sortie de l’économie débouche sur des formes de vie peu enviables du type mafieux par exemple. 

(15) Voir, à ce sujet, Critique du don, Ed. Syllepse 2007 

Ressources

Revue en ligne  Sortir de l’économie  N° 1 à 4 

Sortir de l’économie   Quelques ennemis du meilleur des mondes.  Le livre 

Pour en finir avec l'économie  Décroissance et Critique de la Valeur. Serge Latouche / Anselm Jappe

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