Le Chemin de l'évolution traverse un espace existentiel défini par quatre points cardinaux : la responsabilité, la résistance, l'espérance et l'inspiration.
La responsabilité d'abord. C'est le poids sur les épaules de celui qui, ayant reçu un destin en héritage doit le transformer, de manière créative, en destinée. Plus tu avances sur la voie de la connaissance et plus cette responsabilité s'incarne en toi comme une seconde nature. Impossible d'évoluer soi-même sans accompagner ceux qui poursuivent le même chemin et sans transmettre son art de vivre et de vibrer à ceux qui suivent. La figure de l'Ancêtre est celle de l'antecessor, celui qui marche devant. La responsabilité c'est la faculté de se remettre en question pour avancer dans l'ouverture de la conscience aux dimensions infinies de l'Esprit. Et le sens de cette responsabilité s'agrandit chaque jour au rythme du développement même de ta conscience.
La résistance ensuite. De toute ta volonté, refuse d'abdiquer ta souveraineté intérieure devant cette immense conspiration contre l'Esprit qu'est devenu notre monde contemporain, témoin sidéré des noces barbares entre bêtise et marchandise. Refuse ce terrorisme intellectuel qui prend en otage ton désir de connaissance pour séparer, de manière artificielle, ce qui est unit de manière essentielle. Cette violence à laquelle tu devras faire face n'est pas sym-bolique : elle est dia-bolique : en hypostasiant la Différence à travers la figure abstraite de la Raison, elle te castre de ton immensité et nie ton intuition créatrice. Chacune de tes prises de conscience sera perçue par le conformisme ambiant comme un défi envers le Grand Sommeil des Fragmentés. Evoluer c'est troubler la bonne conscience de l'Inertie qui se pare souvent du masque de l'Institution. Attention ! Celui dont l'Eveil trouble le Grand Sommeil des Fragmentés servira de bouc émissaire à sacrifier sur l'autel consensuel des habitudes majoritaires. "Au-dessus d'eux et au-delà tu passes; mais plus haut tu montes, plus petit te voit l'oeil de l'envie. Or qui vole dans les airs, de tous est le plus haï." Ainsi parlait Zarathoustra.
L'espérance aussi. Comme une sœur jumelle de la résistance. Non seulement l'espérance fait vivre mais elle fait surtout vibrer le jardin secret de l'imaginaire. L'espérance prend la conscience par la main quand elle croit avoir perdu son chemin. En la reconnectant à la force, elle la transforme en confiance. Cette espérance est une lueur dans les yeux de tous ceux qui prennent la réalité pour ce qu'elle est : l'ombre perfectible et perceptible du Réel. L'espérance est la trace en nous d'une présence qu'aucune représentation ne parviendra jamais à saisir. C'est l'Irréductible qui coule dans nos veines pour nous emporter jusqu'aux sources mystérieuses du Verbe.
L'inspiration, enfin. Cet autre nom de la certitude. Cette porte ouverte sur l'au-delà de soi. L'inspiration c'est la voix secrète de l'Intention qui, en toi, sait ce qu'ignore encore ta conscience et qui jamais ne se tait si tu es à son écoute. Cette immense exigence de vérité et d'exactitude qui t'anime et qui se situe bien au-delà du lent, du très lent langage. L'inspiration c'est le fil fragile entre l'intention transcendante d'un projet spirituel et l'intuition immanente de ta subjectivité. Fil dont la vibration subtile transmet le message suivant : " Tu n'es pas une chose, mixte de chair et d'os, mais partie intégrale et intégrante d'un Kosmos, cet univers indivisible où s'harmonisent les mondes visibles et invisibles, où l'essence et l'existence se conjuguent poétiquement dans une transe en danse ".
La responsabilité pour gérer le poids de la matière. La résistance pour maîtriser l'expansion de l'espace. L'espérance pour s'accorder à l'air du temps. L'inspiration pour s'éveiller à l'Intemporel.
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