Les crocodiles ont des larmes, certes, mais certains ont aussi des lettres. Pour tous ceux qui en doutent, je conseille la Lettre du Crocodile, un blog fort intéressant qui publie des chroniques littéraires dans les domaines de l'initiation, des philosophies de l'éveil et des avant-gardes. On y trouve un excellent compte-rendu du livre de Frank Visser présenté dans le dernier post, Ken Wilber : la pensée comme passion. L'extrait de cette recension, ci-dessous, met en exergue cette triste exception française que constitue le désintérêt en France des élites auto-proclamées et des éditeurs pour une oeuvre originale accueillie partout ailleurs avec beaucoup d'enthousiasme.
Car la démarche intégrative de Wilber va à l'encontre de la rationalité analytique, de la fragmentation disciplinaire et de la "parcellisation du savoir en petits fiefs de pouvoir" qui forment l'A.D.N de la culture hexagonale. Cette affligeante exception explique le retard avec lequel l'oeuvre de Wilber est traduite en France ainsi que la difficulté de sa compréhension et de sa diffusion.
La Lettre du Crocodile. Ken Wilber
En publiant le livre de Frank Visser, Ken Wilber, la pensée comme passion sur l'un des tous premiers penseurs des trente dernières années, les éditions Almora rendent peut-être un grand service à la France qui risque une nouvelle fois de passer à coté de Wilber comme elle est passée, il y a 60 ans à côté de la Sémantique Générale de Korzybski. Or les deux oeuvres sont aussi essentielles, aussi révolutionnaires. Wilber est déjà connu un peu partout dans le monde sauf dans l'hexagone, à l'exception de quelques milieux bien précis.
Ken Wilber divise son travail en périodes qu'il nomme Wilber 1, Wilber 2, etc. Ce livre, publié en 2001 aux Pays-Bas traite des quatre premiers Wilber. Nous sommes déjà à la période Wilber 7. Le penseur tire plus vite que son ombre (un livre par an) grâce à une capacité de travail et d'analyse tout à fait hors norme. Il est cependant indispensable de connaître les périodes précédentes pour saisir l'opportunité d'une nouvelle période. Chaque période voit émerger un nouveau plan d'intégration englobant les précédents. Nous sommes dans une entreprise sans précédent de pensée intégrale. Ken Wilber est un penseur atypique. On ne devrait pas avoir à mettre cet adjectif. Tout penseur véritable est atypique. Malheureusement la prolifération de pseudo-penseurs sans intérêt et d'un conformisme navrant oblige à le préciser.
Ken Wilber divise son travail en périodes qu'il nomme Wilber 1, Wilber 2, etc. Ce livre, publié en 2001 aux Pays-Bas traite des quatre premiers Wilber. Nous sommes déjà à la période Wilber 7. Le penseur tire plus vite que son ombre (un livre par an) grâce à une capacité de travail et d'analyse tout à fait hors norme. Il est cependant indispensable de connaître les périodes précédentes pour saisir l'opportunité d'une nouvelle période. Chaque période voit émerger un nouveau plan d'intégration englobant les précédents. Nous sommes dans une entreprise sans précédent de pensée intégrale. Ken Wilber est un penseur atypique. On ne devrait pas avoir à mettre cet adjectif. Tout penseur véritable est atypique. Malheureusement la prolifération de pseudo-penseurs sans intérêt et d'un conformisme navrant oblige à le préciser.
Le mot le plus important dans l'oeuvre de Ken Wilber est donc "intégral" : " Le mot intégral signifie complet, inclusif, non marginalisant, englobant. Les approches intégrales dans bien des domaines ont exactement cette signification : elles incluent autant de perspectives, de styles, de méthodologies possibles à l'intérieur d'une vue cohérente du sujet. Dans un certain sens une approche intégrale est une approche "méta-paradigmatique" ou une façon de rassembler un certain nombre de paradigmes différents dans un réseau de perspectives reliées les unes aux autres et s'enrichissant mutuellement. "
Nous sommes donc à contre sens de la pratique, très française de la parcellisation du savoir en petits fiefs du pouvoir sur lesquels camper. La résistance de la culture française à Wilber comme à Korzybski n'est donc pas seulement dû à la frilosité des éditeurs, qui ont toutefois leur part de responsabilité dans cette lacune globale. Il poursuit : " Dans les études sur la conscience, par exemple, il y a au moins douze écoles différentes, mais une approche intégrale insiste sur le fait que chacune des douze détient une vérité importante même si elle est partielle, vérité qui a besoin d'être prise en compte dans n'importe quelle approche complète digne de ce nom. Cela est aussi vrai pour les nombreuses écoles de psychologie, de sociologie, de philosophie, d'anthropologie et de spiritualité possèdent toutes une pièce importante du puzzle intégral, et chacune d'elles a besoin d'être reconnue et incluse dans une approche plus complète et intégrale." Ken Wilber ne rejette donc aucun modèle mais observe en quoi son articulation avec d'autres modèles vient enrichir un modèle plus vaste qui lui-même... Il rappelle que tout est contextué et que rien ne saurait être appréhendé hors d'un contexte. Pas d'absolutisme donc. Il n'hésite pas pour cela à dénoncer l'hypertrophie de certains concepts ou de certains modèles comme la rationalité. Celle-ci est une compétence indispensable, elle ne se place pas au dessus des autres... ... Il est trop tôt encore pour dire quelle sera la nature de l'influence de l'oeuvre de Ken Wilber, il est juste possible d'affirmer que cette influence sera considérable, elle l'est déjà dans de nombreux secteurs de recherche. Mais l'objectif est clairement de promouvoir une approche intégrée dans tous les domaines investis par l'être humain. Ce livre permet d'en mesurer l'intérêt. Une autre recension du livre de Visser par Olivier Piazza sur un site riche en informations concernant le développement personnel, le leadership et l'éveil de conscience : Selfway
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