Samedi prochain aura lieu à Berne, en Suisse, la création officielle de Politique Intégrale Suisse, le premier mouvement politique inspiré par une vision intégrale et fondé sur « l’ intelligence du cœur ». Ci-dessous une vidéo réalisée par certains de ses membres présente avec humour quelques principes qui guident cette nouvelle culture politique.
Le rôle de l’intersubjectivité
Dans une modernité encore régie par les principes technocratiques d’objectivation et d’abstraction, l’originalité d’une politique intégrale est de prendre en compte l’intersubjectivité à partir de laquelle se constituent la culture d’un peuple et l’identité de ses membres. Toute société n’est-elle pas, en fin de compte, l’expression d’un consensus culturel permettant aux individus d’interpréter et de partager leurs expériences en référence à une même « vision du monde ».
Dans la perspective « développementale» qui est celle du paradigme intégral, l’évolution culturelle est faite d’une série de stades évolutifs traversés par l’humanité au cours de sa longue histoire. Les évolutions cognitives et épistémologiques déterminent la transformation des médiations culturelles et de l’organisation sociale qui vont à leur tour rétroagir sur les premières en les modifiant.
La politique intégrale met donc la culture au cœur du débat politique, l’épistémologie au cœur du débat culturel et l’évolution cognitive au cœur du débat épistémologique. A chaque stade évolutif correspond effectivement une nouvelle manière de voir le monde qui fait écho au développement des facultés cognitives et morales.
Ce développement a pour conséquence l’émergence de nouvelles formes de pensée et de sensibilité qui impliquent, littéralement, une épistémologie c'est-à-dire une façon d’interpréter notre expérience, une éthique c'est-à-dire un ensemble de valeurs sur lesquelles est fondé la vie commune ainsi qu’une esthétique c'est-à-dire une façon de percevoir et de ressentir.
La crise est dans nos têtes
Il existe un consensus chez les observateurs les plus éclairés des mutations sociales : notre époque est marquée par la fin du cycle de la modernité fondé sur un paradigme utilitaire et réductionniste. Depuis trois décennies, le sociologue Michel Maffesoli analyse les prémisses d’une post-modernité fondée sur un nouveau paradigme, organique et relationnel. Il vient juste de faire paraître un nouvel ouvrage intitulé La Crise est dans nos têtes:
«La crise n'est pas dans les faits, mais dans nos têtes. Désormais, nous ne voulons plus perdre notre vie à la gagner. Le règne du qualitatif détrône le progrès et sa tyrannie du quantitatif, l'écologique destitue l'économique, la consumation remplace la consommation. Au regard du nouveau monde qui s'avance, la querelle des chiffres que se jettent au visage les savants s'apparente ainsi au vieux débat sur le sexe des anges. L'économie est seconde, le sociétal est premier. Le sociologue brosse ainsi un portrait de l'époque qu'il nous invite à ne plus regarder de haut, mais de l'intérieur. »
Ne plus regarder de haut, de cette manière abstraite et arrogante inspirée par une culture de domination observant les phénomènes de l’extérieur comme autant d’objets sans relation avec ce que nous sommes, mais participer de l’intérieur à la dynamique évolutive dont ces phénomènes sont l’expression manifeste: voilà l’évolution épistémologique qui permet de participer à la nouvelle « vision du monde » en train d’émerger.
Un nouvel espace cognitif
Le problème de nos sociétés développés vient du fait que l’oligarchie au pouvoir, tout comme les partis politiques, participent d’une modernité utilitariste – objectiviste et réductionniste – qui n’est plus vraiment en phase avec les valeurs profondes – holistes et relationnelles – qui inspirent et animent la conscience collective en ce début de millénaire.
Il existe un hiatus de plus en plus grand entre les élites institutionnelles et les profondeurs de la société où se tissent de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et de lien social. Ce hiatus renvoie à la distinction que faisait, en son temps, Auguste Comte entre «pays légal» et «pays réel». Les politiques défendues par les élites institutionnelles ne correspondent plus ni à l’évolution du lien social, ni à celle de l'imaginaire collectif et des représentations culturelles.
Comme l’écrivent les promoteurs de l’Université Intégrale dans la présentation de leur journée du 24 mai dont le thème est : « La société et les politiques intégrales » : « Les forces politiques qu'elles soient de droite, de gauche ou même écologiques sont restées dans une grande mesure enfermées dans une vision réductionniste, scientiste et mécaniste. Cependant la crise actuelle remet en cause ces bases même de notre pensée. Einstein explique très bien cette problématique lorsqu'il souligne qu'on ne peut pas résoudre un problème à l'intérieur même du système de pensée qui l'a produit.
La crise systémique sociétale que nous traversons est structurelle. Aucune des traditionnelles « recettes politiques » que nous connaissons déjà (libéralisation des marchés, redistribution sociale, préservation marginale de la nature) ne peuvent répondre à l'ampleur de la problématique. Nous avons besoin d'une nouvelle épistémologie, basée sur les recherches transdisciplinaires les plus avancées en philosophie, sciences économiques, sociales et technologiques, à partir de l'approche systémique, holistique et intégrale.
Nous pouvons imaginer un nouveau système économique, social et écologique qui articule le long moyen et court terme de manière vertueuse ; un espace cognitif où science, art et spiritualité aient leur place dans une véritable culture laïque et intégrale du développement humain. Tel est le projet d'une véritable politique de civilisation.»
Une cognition intégrative
L'émergence d’un paradigme intégratif implique les transformations de la conscience collective, du consensus épistémologique jusqu’aux médiations culturelles. C’est à l’intérieur de ce nouvel espace cognitif que peuvent être imaginées des formes d’organisation sociales adaptées à l’évolution des mentalités et du lien social. Toute pensée politique qui ne s’inscrirait pas dans cette dynamique est dores et déjà condamnée à la désuétude et à l’obsolescence.
D’où le désintérêt et la désertion de l'opinion public pour une politique institutionnelle qui cherche à résoudre les problèmes en utilisant toujours les modes de pensée qui les ont générés, et ce, alors même que le rôle des partis politiques est de proposer et de promouvoir des formes d'organisation sociale correspondant à la dynamique de l'évolution culturelle.
C'est bien parce que les partis ne jouent plus ce rôle créatif, empêtrés qu'ils sont dans des tactiques électoralistes à court terme et à courte vue, qu'en ce Printemps du Nouveau Monde fleurit un bouquet d'initiatives qui visent toutes à instaurer un nouvel imaginaire politique correspondant aux valeurs émergentes. On retrouve ce phénomène de créativité spontanée dans toutes les grandes périodes de transition culturelle quand les "élites" ne sont plus à même d'exprimer les aspiration des peuples et des générations montantes.
Dans Le Journal Intégral, nous avons évoqué à de multiples reprises ce nouvel espace cognitif dans lequel entre la pointe la plus avancée de l'humanité. Cette nouvelle perspective est fondée sur l'association et l’intégration du paradigme relationnel de la tradition, du paradigme rationnel de la modernité et du paradigme pluraliste de la post-modernité.
C’est dans l’athanor de ce nouvel espace qu’émerge une forme de cognition intégrative qui associe les facultés mimétiques – analogiques et empathiques – de la sensibilité, les facultés distinctives – abstraites et conceptuelles – de la raison ainsi que les facultés symboliques – créatrices et poétiques – de l’intuition.
Autrement dit un processus d'intégration cognitive entre l’œil de chair, l’œil de raison et l’œil de contemplation, tels qu'ils sont définis par St Bonaventure et repris par Ken Wilber dans Les Trois Yeux de la Connaissance.
Cette forme de cognition intégrative, Raoul Vaneigem la nomme l’intelligence sensible, Edgar Morin, la raison ouverte, Bertolt Brecht, la Grande Méthode, Michel Maffesoli, la raison sensible, Politique Intégrale Suisse, l'intelligence du coeur, pendant que de nombreux auteurs la dénomment de multiples autres façons.
"Politique Intégrale France"
Tous ceux qui désirent savoir quel projet politique peut naître de ce nouvel espace cognitif peuvent se référer au site de Politique Intégrale. Ils pourront y lire notamment quatre « papiers de position » présentant le point de vue de Politique Intégrale sur la société intégrale, la santé intégrale, l'éducation intégrale et l’économie intégrale.
De quoi donner à réfléchir et inspirer ceux qui voudraient s’engager dans le débat public en transposant une telle initiative dans le contexte d’une culture hexagonale profondément abstraite et analytique. Et poser ainsi les bases ce que sera Politique Intégrale France !...
Dans une modernité encore régie par les principes technocratiques d’objectivation et d’abstraction, l’originalité d’une politique intégrale est de prendre en compte l’intersubjectivité à partir de laquelle se constituent la culture d’un peuple et l’identité de ses membres. Toute société n’est-elle pas, en fin de compte, l’expression d’un consensus culturel permettant aux individus d’interpréter et de partager leurs expériences en référence à une même « vision du monde ».
Dans la perspective « développementale» qui est celle du paradigme intégral, l’évolution culturelle est faite d’une série de stades évolutifs traversés par l’humanité au cours de sa longue histoire. Les évolutions cognitives et épistémologiques déterminent la transformation des médiations culturelles et de l’organisation sociale qui vont à leur tour rétroagir sur les premières en les modifiant.
La politique intégrale met donc la culture au cœur du débat politique, l’épistémologie au cœur du débat culturel et l’évolution cognitive au cœur du débat épistémologique. A chaque stade évolutif correspond effectivement une nouvelle manière de voir le monde qui fait écho au développement des facultés cognitives et morales.
Ce développement a pour conséquence l’émergence de nouvelles formes de pensée et de sensibilité qui impliquent, littéralement, une épistémologie c'est-à-dire une façon d’interpréter notre expérience, une éthique c'est-à-dire un ensemble de valeurs sur lesquelles est fondé la vie commune ainsi qu’une esthétique c'est-à-dire une façon de percevoir et de ressentir.
La crise est dans nos têtes
Il existe un consensus chez les observateurs les plus éclairés des mutations sociales : notre époque est marquée par la fin du cycle de la modernité fondé sur un paradigme utilitaire et réductionniste. Depuis trois décennies, le sociologue Michel Maffesoli analyse les prémisses d’une post-modernité fondée sur un nouveau paradigme, organique et relationnel. Il vient juste de faire paraître un nouvel ouvrage intitulé La Crise est dans nos têtes:
«La crise n'est pas dans les faits, mais dans nos têtes. Désormais, nous ne voulons plus perdre notre vie à la gagner. Le règne du qualitatif détrône le progrès et sa tyrannie du quantitatif, l'écologique destitue l'économique, la consumation remplace la consommation. Au regard du nouveau monde qui s'avance, la querelle des chiffres que se jettent au visage les savants s'apparente ainsi au vieux débat sur le sexe des anges. L'économie est seconde, le sociétal est premier. Le sociologue brosse ainsi un portrait de l'époque qu'il nous invite à ne plus regarder de haut, mais de l'intérieur. »
Ne plus regarder de haut, de cette manière abstraite et arrogante inspirée par une culture de domination observant les phénomènes de l’extérieur comme autant d’objets sans relation avec ce que nous sommes, mais participer de l’intérieur à la dynamique évolutive dont ces phénomènes sont l’expression manifeste: voilà l’évolution épistémologique qui permet de participer à la nouvelle « vision du monde » en train d’émerger.
Un nouvel espace cognitif
Le problème de nos sociétés développés vient du fait que l’oligarchie au pouvoir, tout comme les partis politiques, participent d’une modernité utilitariste – objectiviste et réductionniste – qui n’est plus vraiment en phase avec les valeurs profondes – holistes et relationnelles – qui inspirent et animent la conscience collective en ce début de millénaire.
Il existe un hiatus de plus en plus grand entre les élites institutionnelles et les profondeurs de la société où se tissent de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et de lien social. Ce hiatus renvoie à la distinction que faisait, en son temps, Auguste Comte entre «pays légal» et «pays réel». Les politiques défendues par les élites institutionnelles ne correspondent plus ni à l’évolution du lien social, ni à celle de l'imaginaire collectif et des représentations culturelles.
Comme l’écrivent les promoteurs de l’Université Intégrale dans la présentation de leur journée du 24 mai dont le thème est : « La société et les politiques intégrales » : « Les forces politiques qu'elles soient de droite, de gauche ou même écologiques sont restées dans une grande mesure enfermées dans une vision réductionniste, scientiste et mécaniste. Cependant la crise actuelle remet en cause ces bases même de notre pensée. Einstein explique très bien cette problématique lorsqu'il souligne qu'on ne peut pas résoudre un problème à l'intérieur même du système de pensée qui l'a produit.
La crise systémique sociétale que nous traversons est structurelle. Aucune des traditionnelles « recettes politiques » que nous connaissons déjà (libéralisation des marchés, redistribution sociale, préservation marginale de la nature) ne peuvent répondre à l'ampleur de la problématique. Nous avons besoin d'une nouvelle épistémologie, basée sur les recherches transdisciplinaires les plus avancées en philosophie, sciences économiques, sociales et technologiques, à partir de l'approche systémique, holistique et intégrale.
Nous pouvons imaginer un nouveau système économique, social et écologique qui articule le long moyen et court terme de manière vertueuse ; un espace cognitif où science, art et spiritualité aient leur place dans une véritable culture laïque et intégrale du développement humain. Tel est le projet d'une véritable politique de civilisation.»
Une cognition intégrative
L'émergence d’un paradigme intégratif implique les transformations de la conscience collective, du consensus épistémologique jusqu’aux médiations culturelles. C’est à l’intérieur de ce nouvel espace cognitif que peuvent être imaginées des formes d’organisation sociales adaptées à l’évolution des mentalités et du lien social. Toute pensée politique qui ne s’inscrirait pas dans cette dynamique est dores et déjà condamnée à la désuétude et à l’obsolescence.
D’où le désintérêt et la désertion de l'opinion public pour une politique institutionnelle qui cherche à résoudre les problèmes en utilisant toujours les modes de pensée qui les ont générés, et ce, alors même que le rôle des partis politiques est de proposer et de promouvoir des formes d'organisation sociale correspondant à la dynamique de l'évolution culturelle.
C'est bien parce que les partis ne jouent plus ce rôle créatif, empêtrés qu'ils sont dans des tactiques électoralistes à court terme et à courte vue, qu'en ce Printemps du Nouveau Monde fleurit un bouquet d'initiatives qui visent toutes à instaurer un nouvel imaginaire politique correspondant aux valeurs émergentes. On retrouve ce phénomène de créativité spontanée dans toutes les grandes périodes de transition culturelle quand les "élites" ne sont plus à même d'exprimer les aspiration des peuples et des générations montantes.
Dans Le Journal Intégral, nous avons évoqué à de multiples reprises ce nouvel espace cognitif dans lequel entre la pointe la plus avancée de l'humanité. Cette nouvelle perspective est fondée sur l'association et l’intégration du paradigme relationnel de la tradition, du paradigme rationnel de la modernité et du paradigme pluraliste de la post-modernité.
C’est dans l’athanor de ce nouvel espace qu’émerge une forme de cognition intégrative qui associe les facultés mimétiques – analogiques et empathiques – de la sensibilité, les facultés distinctives – abstraites et conceptuelles – de la raison ainsi que les facultés symboliques – créatrices et poétiques – de l’intuition.
Autrement dit un processus d'intégration cognitive entre l’œil de chair, l’œil de raison et l’œil de contemplation, tels qu'ils sont définis par St Bonaventure et repris par Ken Wilber dans Les Trois Yeux de la Connaissance.
Cette forme de cognition intégrative, Raoul Vaneigem la nomme l’intelligence sensible, Edgar Morin, la raison ouverte, Bertolt Brecht, la Grande Méthode, Michel Maffesoli, la raison sensible, Politique Intégrale Suisse, l'intelligence du coeur, pendant que de nombreux auteurs la dénomment de multiples autres façons.
"Politique Intégrale France"
Tous ceux qui désirent savoir quel projet politique peut naître de ce nouvel espace cognitif peuvent se référer au site de Politique Intégrale. Ils pourront y lire notamment quatre « papiers de position » présentant le point de vue de Politique Intégrale sur la société intégrale, la santé intégrale, l'éducation intégrale et l’économie intégrale.
De quoi donner à réfléchir et inspirer ceux qui voudraient s’engager dans le débat public en transposant une telle initiative dans le contexte d’une culture hexagonale profondément abstraite et analytique. Et poser ainsi les bases ce que sera Politique Intégrale France !...
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