Les Modèles Développementaux Le développement intégral est fondé à la fois sur une épistémologie intégrative et sur des modèles qui cartographient avec précision les diverses étapes du développement humain tant sur le plan personnel que sur le plan collectif. Autrement dit : une boussole et des cartes.
A partir des recherches en sciences humaines – notamment en psychologie, en sociologie ou en anthropologie – les penseurs du développement humain estiment que la culture, comme la conscience individuelle, évolue à travers des stades spécifiques et selon un ordre hiérarchique qui est celui d’une complexité et d’une intégration croissantes.
La société, à chaque période historique, et l’individu, à chaque âge de la vie, s’adaptent à leurs conditions d’existence en évoluant à travers ces divers stades. A chaque stade de l’évolution correspond une vision du monde et un système de valeurs qui déterminent un type de relations spécifiques au sein de la société et avec l’environnement. Les stades du développement individuel récapitulent ceux de l’évolution culturelle vécue par l’espèce humaine au cours du temps.
A l’émergence d’une vision du monde plus évoluée sur l’échelle de l’évolution culturelle correspond celle d'un nouveau paradigme, plus complexe et intégré. Ce modèle implicite va s’exprimer à travers des perspectives épistémologiques, anthropologiques et sociales novatrices.
Dans ces modèles développementaux, un stade évolutif supérieur n’est pas « meilleur » qu’un autre. Chacun de ces stades correspond à la façon dont un individu ou une collectivité s’adapte à ses conditions de vie à un moment donné. Ces modèles développementaux permettent de contextualiser l’expérience humaine, les visions du monde et les représentations dans le niveau évolutif auquel elles participent et où elles se situent.
Les Pionniers
En 1953, Jean Gebser publia The Ever-Present Origin où il proposait la classification suivante des différents stades de l'évolution culturelle : archaïque-instinctif, magique-égocentrique, mythique-traditionnel, mental-rationnel, intégral. Les penseurs de la théorie intégrale, dont Ken Wilber, ont repris cette classification en distinguant deux niveaux dans le stade évolutif que Gebser qualifie d'intégral : le stade pluraliste-post-moderne et le stade intégral proprement dit.
Dans le même esprit, c’est dans les années1950 que le Professeur Clare Graves a conçu une «théorie de l’émergence cyclique des niveaux d’existence » et une cartographie de l’évolution humaine qui rend compte de cette théorie. Dans les années 80, ses élèves Don Beck et Chris Cowan ont repris et complété ces travaux à travers un modèle qu’ils ont nommé Spirale Dynamique que nous avons notamment présenté ici et là.
Si ce modèle est figuré par une spirale c'est que la dynamique de l’évolution ressemble à une courbe, enroulée autour d’un axe central, qui se recentre progressivement autour de cet axe à travers des cycles de plus en plus courts qui synthétise les anciens tours de spirale dans un niveau supérieur.
Une anthropologie évolutionnaire
Nous proposons ci-dessous la présentation synthétique et illustrée de la Spirale Dynamique effectuée par Jacques Ferber, animateur du site Développement Intégral, pour le cours qu’il donne à des étudiants de Master dans le module Cognition Individuelle et Collective à l’Université de Montpellier II.
Même s’il existe de légères différences entre le modèle de la Spirale Dynamique et la Vision Intégrale de Wilber, ils sont étroitement liés et c’est en ce sens que Jacques Ferber a conçu sa présentation à partir d’une perspective intégrale.
Au cœur de la culture intégrale, une anthropologie évolutionnaire envisage l’être humain comme l’expression la plus complexe d’une dynamique évolutive de plusieurs milliards d’années concernant les formes biologiques et psychiques, sociales et culturelles, cognitives et spirituelles.
Cette anthropologie évolutionnaire trouve un écho chez les avant-gardes culturelles, notamment dans les pays anglo-saxons, alors qu’elle reste encore très marginale en France où elle va à l’encontre du modèle dominant, celui d’un universalisme dont l’abstraction est incapable de prendre en compte la dynamique évolutive.
Approches conceptuelles et contextuelles
Là où l'anthropologie évolutionnaire est contextuelle et dynamique, l'universalisme abstrait, au coeur du paradigme moderne, est conceptuel et statique. L'approche contextuelle prend en compte la complexité des relations qui unissent la subjectivité vivante au divers milieux où elle évolue alors que l'approche conceptuelle tend à objectiver l'être humain en le réduisant à une entité abstraite et immuable, essence universelle à laquelle tous les être humains se référent de manière uniforme.
Dans le premier cas, on considère l'être humain comme participant à un ensemble complexe de relations dont l'organisation dépend d'une dynamique évolutive alors que dans le second, il est considéré comme une entité objective et idéale, création hors sol d'une rationnalité abstraite, sans appartenance sociale, sans filiation culturelle, sans milieu naturel. Ce déni abstrait du contexte évolutif est l’expression d’un ethnocentrisme occidental qui impose l'abstraction de sa visée instrumentale en occultant la vie concrète et sensible telle qu'elle s'exprime notamment à travers la diversité des cultures.
Hegel, un des pères de l'anthropologie évolutionnaire écrivait ceci : " Chaque individu est le fils de son peuple à une certaine étape du développement de ce peuple. Personne ne peut sauter par-dessus l'esprit de son peuple, comme personne ne peut sauter par-dessus la terre". La subjectivité ne se développe effectivement que dans le contexte d'une intersubjectivité culturelle. Et c'est pourquoi l'anthropologie évolutionnaire met au coeur de sa démarche cette intersubjectivité culturelle - A.D.N de toute subjectivité - qui évolue au fil du temps à travers des stades définis de complexité et d'intégration croissants.
Introduction à la Spirale Dynamique
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