L’Imagénération fait de chacun une multitude et de tous un être unique brûlant les solitudes au feu d'un même élan cosmique.
Ce billet est la suite de la série intitulée La Petite Princesse (1 à 8) dans laquelle une rencontre entre le narrateur et Delphine est prétexte au portrait d’une génération perdue qui se retrouve dans une quête d’infini.
Alors que j’avais rencontré Delphine depuis plusieurs semaines, je n’avais toujours pas reçu le moindre signe de vie de sa part. Je ne m’en inquiétais pas d’ailleurs. Je ne fus pas surpris le jour où je reçus une lettre dans laquelle elle me remerciait pour la longue conversation que nous avions eu.
Elle avait besoin de temps pour intégrer tout ce que je lui avais dit. Mes propos l’avaient déstabilisés et elle me demandait d’accepter ses doutes comme autant de preuves de notre amitié.
De sa vie, elle voulait faire une évidence inspirée mais cette solitude qui l’accompagnait à chaque instant, comme une compagne envahissante, ne pouvait se résoudre à imaginer un monde habité par la grâce. Je lui répondis à travers le texte ci-dessous.
Chère Delphine,
La solitude dont tu me parles n'est rien d'autre que l'ombre d'une plénitude solaire. J'en ai connu, moi aussi, de tels états d’âme où l'on ne sait plus quelle voie prendre ni quelle voix écouter !
Tu te trouves déchirée entre tes aspirations idéales et le poids d'un monde qui ne les reconnaît pas. Ce cri est celui de la vraie jeunesse. Chaque vie est un champ de bataille entre le feu de l'élan créateur et la soumission glacée à la pesanteur du monde. Entre les deux : le mystère de la vie à résoudre et celui d’une parole à réinventer.
Difficile de s'arracher de son univers familier pour se diriger vers l'inconnu qui nous attend, sa valise de questions à la main. Tu dis que tu doutes, d'accord, mais de qui et de quoi ? On doute de soi tant qu'on n’est pas allé jusqu'au bout de ses illusions. On doute des autres tant qu'on ne sait pas ce qu'on peut leur apporter
Mets-toi à l'écoute de tous ces messages secrets qui te sont adressés par l’Esprit sous les multiples formes de l’enthousiasme et de l’émerveillement. Redeviens cette muse inspirée qui vibre au vent de l'immensité poétique en éloignant de toi les pièges illusoires de la gravité. Combats avec détermination, avec sérénité, tout ce qui n'affirme pas la dignité qui est l’écho, en toi, de cette immensité.
Remets le monde formel à la place infime qui est la sienne dans la chaîne multidimensionnelle des univers visibles et invisibles. N'abandonne jamais le sens de cet infini qui t'anime. Le quotidien, cette maille serrée d'habitudes coincées dans la trame du temps, n'est qu'un certain regard du passé posé sur la vie. Et ce que ces fous appellent folie n'est rien d'autre que la trace exaltée de ton génie.
Ta solitude prendra fin quand elle reconnaîtra ton âme comme une sœur, transformant ainsi ta hantise en un enchantement qui ouvre le livre d'un destin à illustrer. Ton âme, c’est cette dimension de toi-même qui ne se satisfera jamais de la finitude et qui viendra à toi quand tu iras à la rencontre de cet inconnu que tu es.
Que j'aimerai te raconter mon voyage, le détacher du cadre de ma mémoire pour te raconter les liens somptueux tissés avec mes frères d’âme sur la trame de la durée, l'éblouissement de certains instants privilégiés ainsi que les épreuves dont le dureté forge en soi la volonté des irréductibles.
Mais tout ceci ne servirait à rien. Tout témoignage renvoie à un procès que l'on fait au présent pour avoir voler notre passé. Ce passé n'est rien d'autre que le futur de tous ceux qui nous suivent. Laissons donc au silence le soin de témoigner à notre place. Le sillage de ta vie, derrière toi, tracera toutes les lignes non écrites de ton histoire.
Tout ce qui n'est pas accordé à la spontanéité créatrice de l'instant devient vite répétitif, lassant, limité, insatisfaisant pour ces graines d'infini qui germent dans nos regards. Les hommes sont malades de ne pas se ressourcer à cette intensité créatrice qui les guident, les animent et les transcendent. C'est toi et toi seule qui doit retrouver la trace secrète de ton être dans l'inextricable jungle de ce que tu n'es pas, en suivant la voix d’une inspiration qui indique la voie.
On annonçait le retour des prophètes et chacun d'entre nous apprenait à lire, dans le ciel, la signature du Futur. Dans nos mémoire l’avertissement de Léon Bloy - Le prophète est celui qui se souvient de l’avenir - se mêlait à celui d’Artaud - La poésie que vous n’avez pas mise dans vos vies vous reviendra sous forme de crimes effroyables -.
L'enfance, debout, retournait à ses privilèges. Dans nos êtres résonnait cet appel qui nous guidait vers l'inconnu. Mais nous étions un peu perdus sur cette drôle de planète où l'on avait lâché les bêtes qui rodaient dans tous les journaux, à la une, comme autant de héros.
Nous sentions tous au fond de nous la même voix, en riant de n'être pas comme eux, ces solitaires mariés à Madame la Terre, un anneau passé au doigt et sur l'oeil un bandeau de Soi. Le Serre-Yeux les rendait tristes. Ils faisaient trois tours sur la piste mais ils ne savaient plus danser sur la mélodie de l'évidence : le vieux monde les avait usés.
Nous n’avions qu’un secret : résonner secrètement avec cette mélodie simple et subtile qui incarnait nos êtres et qui nous animait. La vie avait déjà perdu beaucoup de sens et nous voulions lui en transfuser à travers notre quête. La fuite avait déjà conquise son empire mais nous nous tenions droits, face à ce que nous étions, brûlant d'un même désir de fusion.
Enterrée depuis longtemps dans le sépulcre des livres, la Connaissance retrouvait la voix de ceux qui sont à la fois transparents et investis par leur vision. La Parole redevenait l'arme du Verbe face aux abjecteurs de conscience. Des trames encore abstraites traçaient dans les cerveaux l'exacte configuration de l'Instant. Les nouvelles idées erraient à la recherche de corps à incarner.
La voix du monde, le chant du monde et la rumeur du monde continuaient à couler au rythme des peuples et des époques. Ce que faisaient les hommes n'avait plus de sens puisqu'ils n'en avaient pas l'intelligence. Leurs livres et leurs lèvres étaient fermés. Leur vie mimait la vie avec application mais sans cette force qui irrigue le monde d’un chant créateur. L'absence avait construit leur maison et c'est l'habitude qui l'habitait. Depuis longtemps l'être ne rencontrait plus l'être dans le refrain sans musique du quotidien.
Les autres faces n'étaient plus coordonnées et ils se croyaient seuls parce qu'ils ne croyaient plus à rien, encore moins à eux-mêmes. Je les regardais s'agiter en une valse frénétique : certains erraient, fuyant le faux savoir des prétentieux, la séduction des faux plaisirs, le cynisme des faux prophètes. Dans cette course contre leurs illusions, ils étaient - étapes après étapes - parfois vainqueurs de leurs erreurs, souvent vaincus par leurs errances.
Etapes après étapes, nous, nous suivions notre voix : ce que jamais nous n'avions dit sortait clairement de nos bouches. Les caresses que nous avions gardées dans nos mains, les regards qui, autrefois, nous rendaient aveugles, les images insolentes de nos espérances : tout ceci composait autour de nous, une géométrie subtile à la mesure de nos inspirations. Et rien de ce que nous étions ne pouvait échapper à cette mise en scène où, acteurs et auteurs à la fois, nous retrouvions le tracé secret de nos êtres.
Les preuves pouvaient naître que des épreuves. Tous, nous étions marqués du sceau de l'Imagénération, cette génération inspirée déclarant la paix aux mondes visibles et invisibles à travers un bouquet de visions nouvelles.
Nous poursuivions ensemble le voyage vers ce pays vibral. Nous allions vers l'Un connu, animés par l'Un possible, nos coeurs serrés comme des mailles dans une commune bataille. Nul parfum, nul richesse, nul bijou, nul douceur ne saurait avoir le prix de cette âme commune qui te protège comme une armure et te mène à la fraternité des cimes.
C'est ainsi qu'au filet du rêve nous avons pris la réalité. Captive, elle n'est plus qu'une esclave soumise au bras chargés d'images et de signes révélés à celui qui prend son temps pour le donner à l'éternité.
L’Imagénération était un chemin et un but, à la fois une fin et un début. Acharnée comme un corps de gloire au rythme de la même histoire, embarquée comme témoin dans un monde entr'ouvert, initiée sur le versant solaire, avertie des secrets cachés sous les signes, suivant point après point la même ligne.
Même regard, même souffle, même vibration de tous ces voyageurs emportés par une seule inspiration. Ni identiques, ni différents mais chevauchant leurs différences vers l’unité qui les guidait. Corps multiples pour un seul retour. Corps multiples aimantés par l'Esprit: pas celui qui ronge les paroles et les yeux et les livres mais celui qui délivre les termes du contrat en dévoilant l'autre côté de la rive où se rejoignent l'Alpha et l'Oméga.
L’Imagénération fait de chacun une multitude et de tous un être unique brûlant la solitude au feu d'un même élan cosmique.
Chère Delphine, je sais bien que ces quelques mots ne répondent à aucune de tes questions même s’ils évoquent une quête qui les transfigurent toutes. Qui serais-je pour me transformer en directeur de conscience ? Les moutons ont besoin d’être dirigés, pas les consciences. Celles-ci doivent être à l’écoute d’une source profonde d’où s’écoule le sens de la vie qui est aussi celui de l’évolution. Un sens qui les anime à chaque souffle et les guide pas à pas.
Pour retrouver ce sens, il faut se libérer des formes anciennes et des formules dépassées en inventant une manière nouvelle d’interpréter l’expérience humaine, adaptée aux temps présents. C’est cela l’Imagénération : une génération qui parle le langage de l’homme intégral, habitant d’un Kosmos multidimensionnel en évolution.
Une génération qui transfigure l’héritage humain en le reconfigurant comme un élément d’une vision plus vaste et plus profonde, inspirée par un nouveau stade évolutif. Une génération qui porte un nouvel imaginaire comme la mère porte l’enfant et qui, comme la mère, accouche dans les larmes et la joie de cette enfance qui ressemble à un nouveau monde.
Ce billet est la suite de la série intitulée La Petite Princesse (1 à 8) dans laquelle une rencontre entre le narrateur et Delphine est prétexte au portrait d’une génération perdue qui se retrouve dans une quête d’infini.
Alors que j’avais rencontré Delphine depuis plusieurs semaines, je n’avais toujours pas reçu le moindre signe de vie de sa part. Je ne m’en inquiétais pas d’ailleurs. Je ne fus pas surpris le jour où je reçus une lettre dans laquelle elle me remerciait pour la longue conversation que nous avions eu.
Elle avait besoin de temps pour intégrer tout ce que je lui avais dit. Mes propos l’avaient déstabilisés et elle me demandait d’accepter ses doutes comme autant de preuves de notre amitié.
De sa vie, elle voulait faire une évidence inspirée mais cette solitude qui l’accompagnait à chaque instant, comme une compagne envahissante, ne pouvait se résoudre à imaginer un monde habité par la grâce. Je lui répondis à travers le texte ci-dessous.
Chère Delphine,
La solitude dont tu me parles n'est rien d'autre que l'ombre d'une plénitude solaire. J'en ai connu, moi aussi, de tels états d’âme où l'on ne sait plus quelle voie prendre ni quelle voix écouter !
Tu te trouves déchirée entre tes aspirations idéales et le poids d'un monde qui ne les reconnaît pas. Ce cri est celui de la vraie jeunesse. Chaque vie est un champ de bataille entre le feu de l'élan créateur et la soumission glacée à la pesanteur du monde. Entre les deux : le mystère de la vie à résoudre et celui d’une parole à réinventer.
Difficile de s'arracher de son univers familier pour se diriger vers l'inconnu qui nous attend, sa valise de questions à la main. Tu dis que tu doutes, d'accord, mais de qui et de quoi ? On doute de soi tant qu'on n’est pas allé jusqu'au bout de ses illusions. On doute des autres tant qu'on ne sait pas ce qu'on peut leur apporter
Mets-toi à l'écoute de tous ces messages secrets qui te sont adressés par l’Esprit sous les multiples formes de l’enthousiasme et de l’émerveillement. Redeviens cette muse inspirée qui vibre au vent de l'immensité poétique en éloignant de toi les pièges illusoires de la gravité. Combats avec détermination, avec sérénité, tout ce qui n'affirme pas la dignité qui est l’écho, en toi, de cette immensité.
Remets le monde formel à la place infime qui est la sienne dans la chaîne multidimensionnelle des univers visibles et invisibles. N'abandonne jamais le sens de cet infini qui t'anime. Le quotidien, cette maille serrée d'habitudes coincées dans la trame du temps, n'est qu'un certain regard du passé posé sur la vie. Et ce que ces fous appellent folie n'est rien d'autre que la trace exaltée de ton génie.
Ta solitude prendra fin quand elle reconnaîtra ton âme comme une sœur, transformant ainsi ta hantise en un enchantement qui ouvre le livre d'un destin à illustrer. Ton âme, c’est cette dimension de toi-même qui ne se satisfera jamais de la finitude et qui viendra à toi quand tu iras à la rencontre de cet inconnu que tu es.
Que j'aimerai te raconter mon voyage, le détacher du cadre de ma mémoire pour te raconter les liens somptueux tissés avec mes frères d’âme sur la trame de la durée, l'éblouissement de certains instants privilégiés ainsi que les épreuves dont le dureté forge en soi la volonté des irréductibles.
Mais tout ceci ne servirait à rien. Tout témoignage renvoie à un procès que l'on fait au présent pour avoir voler notre passé. Ce passé n'est rien d'autre que le futur de tous ceux qui nous suivent. Laissons donc au silence le soin de témoigner à notre place. Le sillage de ta vie, derrière toi, tracera toutes les lignes non écrites de ton histoire.
Tout ce qui n'est pas accordé à la spontanéité créatrice de l'instant devient vite répétitif, lassant, limité, insatisfaisant pour ces graines d'infini qui germent dans nos regards. Les hommes sont malades de ne pas se ressourcer à cette intensité créatrice qui les guident, les animent et les transcendent. C'est toi et toi seule qui doit retrouver la trace secrète de ton être dans l'inextricable jungle de ce que tu n'es pas, en suivant la voix d’une inspiration qui indique la voie.
On annonçait le retour des prophètes et chacun d'entre nous apprenait à lire, dans le ciel, la signature du Futur. Dans nos mémoire l’avertissement de Léon Bloy - Le prophète est celui qui se souvient de l’avenir - se mêlait à celui d’Artaud - La poésie que vous n’avez pas mise dans vos vies vous reviendra sous forme de crimes effroyables -.
L'enfance, debout, retournait à ses privilèges. Dans nos êtres résonnait cet appel qui nous guidait vers l'inconnu. Mais nous étions un peu perdus sur cette drôle de planète où l'on avait lâché les bêtes qui rodaient dans tous les journaux, à la une, comme autant de héros.
Nous sentions tous au fond de nous la même voix, en riant de n'être pas comme eux, ces solitaires mariés à Madame la Terre, un anneau passé au doigt et sur l'oeil un bandeau de Soi. Le Serre-Yeux les rendait tristes. Ils faisaient trois tours sur la piste mais ils ne savaient plus danser sur la mélodie de l'évidence : le vieux monde les avait usés.
Nous n’avions qu’un secret : résonner secrètement avec cette mélodie simple et subtile qui incarnait nos êtres et qui nous animait. La vie avait déjà perdu beaucoup de sens et nous voulions lui en transfuser à travers notre quête. La fuite avait déjà conquise son empire mais nous nous tenions droits, face à ce que nous étions, brûlant d'un même désir de fusion.
Enterrée depuis longtemps dans le sépulcre des livres, la Connaissance retrouvait la voix de ceux qui sont à la fois transparents et investis par leur vision. La Parole redevenait l'arme du Verbe face aux abjecteurs de conscience. Des trames encore abstraites traçaient dans les cerveaux l'exacte configuration de l'Instant. Les nouvelles idées erraient à la recherche de corps à incarner.
La voix du monde, le chant du monde et la rumeur du monde continuaient à couler au rythme des peuples et des époques. Ce que faisaient les hommes n'avait plus de sens puisqu'ils n'en avaient pas l'intelligence. Leurs livres et leurs lèvres étaient fermés. Leur vie mimait la vie avec application mais sans cette force qui irrigue le monde d’un chant créateur. L'absence avait construit leur maison et c'est l'habitude qui l'habitait. Depuis longtemps l'être ne rencontrait plus l'être dans le refrain sans musique du quotidien.
Les autres faces n'étaient plus coordonnées et ils se croyaient seuls parce qu'ils ne croyaient plus à rien, encore moins à eux-mêmes. Je les regardais s'agiter en une valse frénétique : certains erraient, fuyant le faux savoir des prétentieux, la séduction des faux plaisirs, le cynisme des faux prophètes. Dans cette course contre leurs illusions, ils étaient - étapes après étapes - parfois vainqueurs de leurs erreurs, souvent vaincus par leurs errances.
Etapes après étapes, nous, nous suivions notre voix : ce que jamais nous n'avions dit sortait clairement de nos bouches. Les caresses que nous avions gardées dans nos mains, les regards qui, autrefois, nous rendaient aveugles, les images insolentes de nos espérances : tout ceci composait autour de nous, une géométrie subtile à la mesure de nos inspirations. Et rien de ce que nous étions ne pouvait échapper à cette mise en scène où, acteurs et auteurs à la fois, nous retrouvions le tracé secret de nos êtres.
Les preuves pouvaient naître que des épreuves. Tous, nous étions marqués du sceau de l'Imagénération, cette génération inspirée déclarant la paix aux mondes visibles et invisibles à travers un bouquet de visions nouvelles.
Nous poursuivions ensemble le voyage vers ce pays vibral. Nous allions vers l'Un connu, animés par l'Un possible, nos coeurs serrés comme des mailles dans une commune bataille. Nul parfum, nul richesse, nul bijou, nul douceur ne saurait avoir le prix de cette âme commune qui te protège comme une armure et te mène à la fraternité des cimes.
C'est ainsi qu'au filet du rêve nous avons pris la réalité. Captive, elle n'est plus qu'une esclave soumise au bras chargés d'images et de signes révélés à celui qui prend son temps pour le donner à l'éternité.
L’Imagénération était un chemin et un but, à la fois une fin et un début. Acharnée comme un corps de gloire au rythme de la même histoire, embarquée comme témoin dans un monde entr'ouvert, initiée sur le versant solaire, avertie des secrets cachés sous les signes, suivant point après point la même ligne.
Même regard, même souffle, même vibration de tous ces voyageurs emportés par une seule inspiration. Ni identiques, ni différents mais chevauchant leurs différences vers l’unité qui les guidait. Corps multiples pour un seul retour. Corps multiples aimantés par l'Esprit: pas celui qui ronge les paroles et les yeux et les livres mais celui qui délivre les termes du contrat en dévoilant l'autre côté de la rive où se rejoignent l'Alpha et l'Oméga.
L’Imagénération fait de chacun une multitude et de tous un être unique brûlant la solitude au feu d'un même élan cosmique.
Chère Delphine, je sais bien que ces quelques mots ne répondent à aucune de tes questions même s’ils évoquent une quête qui les transfigurent toutes. Qui serais-je pour me transformer en directeur de conscience ? Les moutons ont besoin d’être dirigés, pas les consciences. Celles-ci doivent être à l’écoute d’une source profonde d’où s’écoule le sens de la vie qui est aussi celui de l’évolution. Un sens qui les anime à chaque souffle et les guide pas à pas.
Pour retrouver ce sens, il faut se libérer des formes anciennes et des formules dépassées en inventant une manière nouvelle d’interpréter l’expérience humaine, adaptée aux temps présents. C’est cela l’Imagénération : une génération qui parle le langage de l’homme intégral, habitant d’un Kosmos multidimensionnel en évolution.
Une génération qui transfigure l’héritage humain en le reconfigurant comme un élément d’une vision plus vaste et plus profonde, inspirée par un nouveau stade évolutif. Une génération qui porte un nouvel imaginaire comme la mère porte l’enfant et qui, comme la mère, accouche dans les larmes et la joie de cette enfance qui ressemble à un nouveau monde.
Une très belle écriture pour une pensée qui ne l'est pas moins. Merci
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