vendredi 13 septembre 2013

Université Intégrale (16) Le Futur de l'Energie Planétaire


Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants. Proverbe Amérindien 


Regards Croisés sur le futur de l’énergie planétaire : tel est le thème de la prochaine session de l’Université Intégrale qui aura lieu à Paris le Jeudi 3 Octobre 2013. Une occasion d’aborder le sujet de la transition énergétique de manière intégrale c'est-à-dire en relation avec les autres formes de transition : écologique et économique, sociale et culturelle, politique et géopolitique.

Penser la transition énergétique de manière intégrale, c'est envisager celle-ci comme un élément d'une transition globale. C'est se poser la question du type et de la quantité d'énergie nécessaires pour le futur de la planète Terre. C'est aussi réfléchir aux scénarios du futur : croissance verte, décroissance ou effondrement ? C'est enfin s'émanciper d'une approche technocratique et spécialisée pour imaginer un nouveau modèle énergétique à partir d'une réflexion globale, systémique et multidimensionnelle.

La fin d'un cycle

L'énergie est à la base du système économique : la totalité de la production économique est une fonction de l'énergie disponible en volume. La disponibilité de l'énergie fossile très bon marché a profondément modifié notre vie : en huit générations l’espérance de vie a été multipliée par 3 et la population par 2. Chaque Français possède maintenant l'équivalent de 600 "esclaves énergétiques" et chaque agriculteur « nourrit » 100 fois plus de personnes... 

Mais plusieurs facteurs corrélés comme le réchauffement climatique, l’augmentation de la demande due à la croissance de la population mondiale et le pic de production de pétrole signalent la fin d’un cycle économique fondé sur une énergie bon marché. Repenser et réinventer notre modèle énergétique devient une nécessité qui doit être accompagnée d’une réflexion créatrice sur un nouveau modèle de société fondée sur une autre vision du monde. 

Pour alimenter ce débat, nous vous proposons ci-dessous le texte dans lequel les animateurs de l’Université Intégrale présentent la réflexion collective qui aura lieu au cours de la prochaine session ainsi que le programme des interventions des invités. 

Regards Croisés sur le futur de l’énergie planétaire. Université Intégrale



Le développement de notre civilisation s'est construit sur une consommation exponentielle d'énergie et trois quarts de la population mondiale, encore défavorisés, aspirent à multiplier leur consommation. La mondialisation et la croissance économique restent aujourd'hui massivement dépendantes du pétrole : 90 % de notre mobilité, la majorité de notre industrie et de notre agriculture.

De ce fait, notre PIB mondial est pour l'instant strictement corrélé avec la disponibilité de pétrole. Cette dépendance semble inévitable et difficilement réversible du fait de l'inertie des habitudes, des intérêts économiques établis mais aussi du caractère gigantesque des infrastructures à transformer. 

Pourtant cette dépendance au pétrole et plus généralement aux énergies fossiles présente plusieurs risques majeurs avérés

- Géostratégique comme le montrent les conflits armés les plus récents. 

- Economique car la hausse considérable du prix du pétrole crée des déséquilibres massifs et des logiques de rentes qui polarisent les inégalités sociales et l'appauvrissement des classes moyennes. 

- Ecologique car la vaporisation du carbone dans l'atmosphère crée un effet de serre susceptible de perturber les cycles climatiques en rendant de plus en plus difficile l'agriculture et en produisant à terme un réchauffement de la biosphère incompatible avec le développement de la vie. 

L'ensemble de notre système économique mondial basé sur l'émission de monnaies, de crédits et de dettes implique une forte croissance pour permettre un retour sur investissement. Le plafonnement des ressources disponibles de pétrole, les coûts d'exploitation croissants obèrent les possibilités de croissance et de développement de notre civilisation à partir des ressources fossiles. 

La pénurie de sources d'énergie distribuée, propre et abordable est susceptible de précipiter l'implosion du système économique mondial et par effet domino l'effondrement du château de cartes de la pyramide de la dette. La polarisation des inégalités peut facilement dégénérer en guerres civiles et en batailles pour l'accession aux dernières ressources en conflit mondial. 

Un nouveau modèle énergétique


A l'échelle de la planète, le remplacement rapide du pétrole et des énergies fossiles par d’autres sources d'énergie est à inventer. Elle implique une vision partagée, des choix stratégiques, économiques, technologiques, sociaux et écologiques majeurs. La transition énergétique implique des investissements de plusieurs milliers de milliards d'Euros à un moment où les états et les économies les plus matures font face à des déficits accumulés et au ralentissement de leur croissance. 

C'est un chantier d'envergure mondial qui implique l'élaboration de consensus à l'échelle planétaire, une bonne gouvernance internationale, des investissements intercontinentaux et une capacité de création, d'innovation et de collaboration impliquant l'humanité toute entière. Des personnalités comme l’ancien vice-président des États Unis Al Gore mais aussi Nicolas Stern ou Jérémy Rifkin ont popularisé ces enjeux qui avaient été déjà anticipés dans des études prospectives dès les années 70. 

Dans une grande mesure, la survie de l'humanité, son basculement dans l'enfer ou dans le paradis, va dépendre de sa capacité à réinventer son modèle énergétique. Nous avons sans doute toutes les ressources pour résoudre notre équation énergétique et faire de la Terre un jardin écologique paradisiaque, socialement responsable et économiquement viable. 

Une réflexion décloisonnée

Cela implique une évolution profonde de notre philosophie, de nos cultures, de nos systèmes de représentations et de nos valeurs. La science des systèmes, la systémique, la philosophie intégrale sont les bases d'une nouvelle approche de l'économie, de la société et de l'écologie qui nous permettent d'imaginer un nouveau modèle énergétique planétaire plus démocratique, distribuée, déconcentré et durable. 

Dans cette perspective il est important de sortir des sentiers battus, de faire se rencontrer les cultures, les expertises et les disciplines, de réfléchir de manière décloisonnée, et de faire dialoguer sciences, arts et philosophie. C'est dans cet esprit que nous avons invité une dizaine d'experts et de think tanks d'obédiences différentes à venir dialoguer sur le futur de l'énergie planétaire à long terme.

Cette journée de l'Université Intégrale a été conçue par Michel Saloff Coste en collaboration avec Marcel Boiteux de l'Académie des Sciences, Jean Louis Bobin et Thierry Gaudin de 2100, Jérôme Bindé du Club de Rome, Alexandre Rojey de la Fondation Tuck, Kimon Valaskakis de la Nouvelle Ecole d'Athènes, Olivier Reaud de In Principo, Jeffrey Saunders directeur de la stratégie et innovation du
 Copenhagen Institute for Futures Studies et avec la participation et l'aide de l'ensemble du comité exécutif du Club de Budapest et de Design Me a Planet.

Cette journée d'étude fait suite à un cycle de conférences et de recherche sur le futur de l'énergie animé par Alexandre Rojey et Michel Saloff Coste pendant trois ans dans le cadre d’Idées Fondation Tuck Ifpen. Retrouvez ici toutes les informations du Groupe Idée Prospective. 

PROGRAMME 


Jeudi 3 Octobre 2013. 8h30/18h00. Forum 104 - 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris. 

Tous les détails pratiques concernant cette session et la présentation détaillée des intervenants sont à lire ici sur le site de l’Université Intégrale

8h30 Accueil. Introduction à la journée
André Copin Carine Dartiguepeyrou Alexandre Rogey Michel Saloff Coste.

Exercice participatif avec votre voisin : Pourquoi je suis ici ? 

Les données scientifiques et techniques des enjeux énergétiques mondiaux
André Copin, Alexandre Rojey, Jean-Louis Bobin, Al Gore et Jean-Marc Jancovici via Vidéo Les ruptures technoscientifiques potentielles Jean-Louis Bobin Alexandre Rojey, Thierry Gaudin, Henri Conze, Marc Roquette, Geneviève Ferone, Bernadette Bensaude Vincent, Pierre Papon. 

Pause musicale et activations physique et psychologique Justine et Etienne 

Les problématiques politiques, économiques, sociales, écologiques et géostratégiques 
Sheherazade Benzerga, Alexandre Rojey, Kimon Valaskakis, Jérôme Bindé, Jean Eric Aubert, Henri Conze, Yolaine de la Bigne, Bettina Laville, Brice Couturier, Yan Thomas, Cyril Dion, Didier Pourquery.

La prospective des futurs possibles 
Carine Dartiguepeyrou, Alexendre Rojey, Thierry Gaudin, Michel Saloff Coste Mathieu Baudin. 

13h00-14h00 Pause repas bio et végétarien servi sur place et animation Art Flux 

Cas concrets, idées et solutions pour une énergie et une mobilité heureuse
Tristan Lecomte, Thierry Gaudin, Jean Louis Jourdan, Michel Saloff Coste, Charlotte de Silguy, Thierry Breton, Jean Louis Bolloré.

Le futur énergétique mondial dans le scénario 2100 vingt ans après, surprises, risques et opportunités
Jean-Louis Bobin, Michel Saloff Coste, Thierry Gaudin, Jean Eric Aubert. 

Evaluation de la pertinence dix ans après de la proposition de Nicolas Stern d'un virage vers une croissance verte par la taxation des externalités négatives
Jean Eric Aubert, Michel Saloff Coste, Nicolas Stern via video. Christian de Perthuis.

Pause musicale et activation physique et psychologique Justine et Etienne 

Analyse critique du futur énergétique planétaire selon Jeremy Rifkin et de l'expérience menée en France à Lille sur cette thématique. Vidéo introductive. 
Claude Lenglet, Alexandre Rojey, Olivier Réaud, Michel Saloff Coste, Jeremy Rifkin via vidéo de Lille. 

Les conclusions du groupe de travail gouvernemental sur la transition énergétique en France et le regard de l'ADEME
Une table ronde animé et organisé par André Copin avec le rapporteur du gouvernement, l'Ademe et les différents groupes de réflexions ayant participé à cette dynamique de recherche

Exercice participatif avec votre voisin : Ce que j'ai appris de cette journée et ce que je vais approfondir. 

Conclusion de la journée 
André Copin Carine Dartiguepeyrou Alexandre Rojey Michel Saloff Coste 

18h00 Clôture de la journée

Ressources 

Toutes les interventions de cette journée consacrée au futur de l'énergie planétaire peuvent être visionnées ici sur le site Viméo de l'Université Intégrale.

Quelle énergie à long terme pour le futur de la planète Terre ? Michel Saloff Coste. Note de synthèse conclusive des ateliers de prospective de l'énergie. Idées Fondation Tuck Ifpen

La plupart des sessions de l'Université Intégrale ont été enregistrées en vidéo et peuvent être visionnées sur le site Viméo de l'Université Intégrale. On y trouvera l'intervention de Michel Saloff Coste intitulée Voyage au cœur de l'approche évolutionnaire où il évoque, entre autres, les défis énergétiques du futur.

Manicore, le site de Jean-Marc Jancovici, où l'on peut avoir accès à de très nombreux informations et réflexions sur les ressources énergétiques ainsi que sur la politique et la prospective énergétiques.

Vidéos de Jean-Marc Jancovici, notamment celles concernant ses interventions passionnantes devant les commission du parlement et du sénat.

 

2 commentaires:

  1. "- Ecologique car la vaporisation du carbone dans l'atmosphère crée un effet de serre susceptible de perturber les cycles climatiques en rendant de plus en plus difficile l'agriculture et en produisant à terme un réchauffement de la biosphère incompatible avec le développement de la vie. "

    D'une part l'augmentation du CO2 est bénéfique pour la croissance des plantes, et je suis certain que certaines parties de la planète, comme la Sibérie, vont bénéficier d'une augmentation de la température.

    Sans parler que les modèles climatiques ont tout faux : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2420783/Global-warming-just-HALF-said-Worlds-climate-scientists-admit-computers-got-effects-greenhouse-gases-wrong.html

    Tout cela pour dire que cela n'a rien d'intégral, puisque vous ne voyez aucun aspect positif au réchauffement climatique et que vous faites une fois de plus dans le catastrophisme.

    Quand à la transition énergétique défendue par les post-modernes, elle est totalement utopique et idéaliste. Il faut vraiment être aveugle pour croire que les énergies renouvelables vont résoudre les problèmes d'énergie de demain. Les pays comme la Chine ou l'Inde construisent de façon massive des centrales à charbon et ce n'est pas parce que certains écologistes des pays riches font des prévisions apocalyptiques que cela va les empêcher d'en construire de nouvelles !
    Aux états-unis, Obama nous promettait qu'il allait révolutionner l'économie avec les emplois verts. Belle promesse qui n'a jamais été concrétisée ! Dans les faits, les gaz de schiste ont révolutionné le marché de l'énergie aux états-unis.
    Même l’Europe qui était un fervent supporteur des énergies renouvelables est entrain de revenir en arrière : http://www.thegwpf.org/benny-peiser-europe-pulls-plug-green-future/

    Philippe.

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  2. Le plus triste dans cela est que je vois très peu autour de moi de 'pensée intégrale'. J'ai passé beaucoup de temps et d'énergie à vouloir faire connaitre la pensée intégrale, notamment avec les livres de Ken Wilber, mais la chose la plus durable dans l'esprit humain est le manichéisme. Cela sera très dur et long pour faire changer les mentalités, car cette façon de penser est présente partout (même sur ce blog, c'est dire ! ;-) )
    On connait bien sûr le manichéisme dans les religions traditionnels, mais elle est présente également dans la science, où de nombreux scientifiques défendent bec et ongle une vision matérialiste et plate de notre monde et rejettent en bloc toute forme de spiritualité.
    Elle est aussi très présente chez les 'post-modernes', car ceux-ci pensent aussi que leur système de valeur est partagé par tout le monde. Ils ne veulent pas reconnaître que des conditions de vie très différentes déterminent des systèmes de valeur également très différentes. Pourtant il ne faut pas être un génie de psychologique pour comprendre que si on lutte pour sa survie, on n'est pas vraiment intéressé par l'écologie et le sort de la planète ! Cela n'empêche pas les post-modernes de faire des conférences pleins de bons sentiment, 'ou tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil' et où la planète va bientôt être sauvé grâce à la paix et l'amour ! ;-)

    Philippe.

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