jeudi 6 septembre 2018

Qu'est ce que le Capitalocène ?


Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. Slavoj Žižek 


En cette période de rentrée, nous partageons les souvenirs d’un été caniculaire qui, avec les températures suffocantes, la sécheresse, les feux de forêt, la prolifération des algues toxiques et les inondations, nous a fait éprouver dans notre chair et au quotidien les conséquences d’un changement climatique trop souvent réduit à une kyrielle de chiffres abstraits. C’est à ce moment précis que Nicolas Hulot, ministre et icône de la transition écologique, annonce sa démission en réaction à la politique d’un gouvernement hypnotisé par le court terme et paralysé par le poids de lobbies. Cette démission apparaît comme un signal d'alerte face à l'inertie collective des consciences et des comportements. Et ce, alors même que des indicateurs de plus en plus nombreux montrent que "La grande accélération" de la crise écologique prend la forme d'un effondrement qui pourrait remettre en question notre civilisation et même jusqu'à la survie de l’espèce. 

Théoricien de l’Hypothèse Gaïa, James Lovelock prédisait en 2006 qu’avant la fin du siècle 80 % de la population de la planète aura disparu ! Il écrivait : «Notre avenir est semblable à celui des passagers d’un petit bateau qui naviguerait tranquillement vers les chutes du Niagara, sans savoir que les moteurs sont sur le point de tomber en panne.» Voici qu'une étude parue cet été va dans ce sens en évoquant la possibilité d’une "bascule climatique" : un point de non-retour à partir duquel toute la dynamique climatique de notre planète pourrait s’emballer et devenir irréversible.

Développé par différents auteurs, le concept de "Capitalocène" permet de mieux comprendre les origines et les conséquences de cet effondrement écologique, et d’imaginer, à partir de cette prise de conscience, des stratégies pour le freiner. La profondeur des transformations environnementales opérées par le capitalisme feraient entrer la terre dans une nouvelle ère géologique – le Capitalocène – qui fait suite à l’Holocène, une période couvrant les dix derniers millénaires. Le dérèglement climatique, dû aux pollutions émises par l’extraction et la consommation d’énergies fossiles, n’est pas séparable de l’émergence du Capitalisme. 

Mais bien au-delà d’un mode de production, le capitalisme c'est une vision du monde c'est à dire à la fois un rapport social, un mode de subjectivation et de pensée, un imaginaire qui se décline à travers des représentations culturelles ainsi qu'une certaine idée de l'être humain réduit à son rôle économique de producteur/consommateur animé par la maximisation de ses intérêts égoïstes. Cette vision du monde exprime l'hégémonie de la valeur marchande et de l’abstraction économique sur la vie concrète, les communautés humaines et le milieu naturel. Ce billet vise à préciser ce qu’est le Capitalocène en situant le contexte écologique, politique et culturel dans lequel ce concept a pu émerger. Il est le premier d’une série où nous chercherons à comprendre comment peut s'effectuer un sursaut radical et salutaire rendu nécessaire par l'urgence d'une situation qui pourrait devenir irréversible. 

Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité


Si la démission de Nicolas Hulot a un mérite c'est bien de remettre la crise écologique au centre de nos préoccupations. C'est ainsi, par exemple que, suite à cette démission, 200 personnalités viennent de lancer un appel dans Le Monde intitulé Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité. On peut y lire notamment ceci : « Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l'effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n'est pas trop tard pour éviter le pire. Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible... De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené»

Pour comprendre ce défi, il est nécessaire de faire l'état des lieux en établissant un certain nombre de faits constitutifs d'un véritable effondrement écologique. Dans un article intitulé Réchauffement climatique, le global warning, Christian Husson évoque les cris d’alarme poussés ces derniers mois par les experts et le risque d'une "bascule climatique" irréversible : « Jamais, au cours des quinze mois de vaine tentative de mutation écologique de l’appareil d’État français par Nicolas Hulot, autant de rapports alarmistes n’ont décrété avec une telle virulence l’état d’urgence climatique et environnementale de la planète. Une accumulation de signaux d’alarme appelant à un sursaut radical qui, sans aucun doute, a pesé lourd dans la décision de l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire, frustré de "s'accommoder de petits pas alors que la situation mérite qu’on change d’échelle".»

Dernière en date, une étude publiée le 6 août par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences met en garde sur «une réaction en chaîne incontrôlable», un «basculement irréversible». Et prédit «des endroits inhabitables sur la Terre». Elle prévient : «Les décisions des dix à vingt prochaines années vont déterminer la trajectoire du monde pour les 10.000 années suivantes…» Intitulée "Trajectoires du système Terre dans l’anthropocène", elle a inspiré Hulot mardi lorsqu’il a évoqué à deux reprises la Terre "étuve". 

Collapsologie délirante, quarante-six ans après le rapport Meadows sur les Limites à la croissance rédigé par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology pour le Club de Rome ? Non, simples projections de climatologues dont les modèles montrent que le climat change plus, et plus vite que prévu. Moins d’une semaine plus tôt, 500 scientifiques de 65 pays s’inquiétaient ainsi de la hausse rapide du niveau des océans - 7,7 centimètres entre 1993 et 2017 -, de l’acidification des eaux qui détruit à certains endroits jusqu’à 95 % des coraux au large de l’Australie et de la multiplication des cyclones tropicaux… 

On ne pourra pas dire que ce n’est pas la faute de l’humain-prédateur. Une enquête parue en juillet chiffre à seulement 0,001 % la probabilité que l’homme ne soit pas responsable, au moins en partie, du changement climatique. Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’évaluait jusqu’alors à 5 %. En juin, il a d’ailleurs transmis aux états ses conclusions d’un rapport spécial qui doit être dévoilé en octobre, mais dont une version préliminaire a fuité. Alors que l’accord de Paris sur le climat de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle d’ici à 2100, ce seuil pourrait être dépassé dès 2040. La raison : au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, la température augmente d’environ 0,17°C par décennie. 

Et l’inversion de la courbe du CO2 ne se profile toujours pas. Elle a atteint un record en 2017. Sa croissance a même été multipliée par quatre depuis le début des années 60. Pire : «Les engagements de réduction pris jusqu’à présent par les États signataires conduiraient à un monde à + 3°C, déplorait en mai la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. Le laps de temps qui nous est imparti pour s’attaquer au changement climatique arrive bientôt à échéance.» 

La Sixième Extinction 


Hulot le sait bien, lui qui a pourtant dû se battre pour interdire le glyphosate dans trois ans au lieu de cinq ou avaler la fin des subventions pour les vélos électriques… Comme il sait bien qu’un dépassement de 1,5°C aurait des conséquences irréversibles sur la survie des espèces et des écosystèmes, sur l’accès à l’eau ou aux terres arables, comme sur les migrations climatiques déjà évaluées à 250 millions de personnes d’ici à 2050. Ajoutée à la démographie galopante (la planète a gonflé de 2 milliards d’habitants depuis 1992), la pression sur les ressources naturelles est en effet sans précédent. 

Un rapide coup de loupe sur les six derniers mois. En mars, le CNRS s’inquiète du "déclin massif" des insectes en France et de la disparition des oiseaux à "une vitesse vertigineuse" en raison de l’intensification des pratiques agricoles. Neuf mois plus tôt, une enquête rappelait que la disparition d’espèces a été multipliée par 100 depuis 1900. Avril : le Pakistan enregistre un record mondial de température mensuelle de 50,2°C. Mai : la concentration moyenne de CO2 atteint 410 parties par million, 46 % de plus qu’en 1880. Juin : le Centre commun de recherche de l’UE assure que la désertification frappe 7 % du continent, que trois quarts des terres de la planète seraient dégradées et que 90 % pourraient le devenir d’ici à 2050. Juillet : la Suède, la Californie et même l’Arctique subissent des incendies records ; la canicule embrase l’Europe ; la Colombie a perdu un cinquième de ses glaciers en sept ans. 

Août : le jour du dépassement, qui marque le moment de l’année où la Terre a consommé plus de ressources naturelles que la planète ne lui permet, tombe le 1er du mois ; le Kerala en Inde connaît une mousson sans précédent, au moins 445 morts, 1 million de déplacés… En novembre, plus de 15 000 scientifiques prévenaient, vingt-cinq ans après un appel de 1 700 chercheurs: «Non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés.» Et d’ajouter : «Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement, ou en tout cas se trouver au bord de l’extinction d’ici à la fin du siècle.»… 

Une nouvelle ère géologique


Cette avalanche de chiffres a de quoi nous subjuguer en nous laissant un goût amer dans la bouche, une boule à l’estomac et une armée de questions dans la tête. Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? Mais surtout que faire face à une situation qui commence à se révéler ingérable comme l’est une maladie devenue incurable ? Comme pour toutes maladies, il ne faut pas se tromper de diagnostic afin d'envisager la bonne stratégie thérapeutique. Parce qu’on ne peut pas se contenter de soigner les symptômes, il faut comprendre le déséquilibre global dont ils sont la manifestation. Il semble que le concept de Capitalocène soit un bon outil de diagnostic pour comprendre ce déséquilibre. Dans un article synthétique intitulé Anthropocène ou Capitalocène? Quelques pistes de réflexion, Frédéric Legault évoque les débats concernant la définition de cette nouvelle ère géologique:

« L’activité humaine aurait atteint un tel degré de développement qu’elle aurait fait entrer la Terre dans une nouvelle ère géologique. L’Anthropocène désignerait cette nouvelle époque à l’intérieur de laquelle nous aurions pénétré. Le fait n’est pas anodin : l’entrée dans l’Anthropocène, vraisemblablement attribuable à "l’ensemble de l’activité humaine", marquerait simultanément la fin de l’Holocène, période entamée après la dernière glaciation couvrant les dix derniers millénaires. Alors que la date de transition officielle est encore source de débats, la cause semble davantage consensuelle : une des espèces qui habite la Terre, Homo sapiens, a modifié son environnement à un point où il ne lui serait prochainement plus possible d’y vivre

Mais que désigne exactement la notion d’Anthropocène? Qu’en comprendre? Et surtout, pourquoi lui préférer le concept de Capitalocène, comme le suggère notamment Andreas Malm? Popularisé en 2000 par le lauréat du Prix Nobel de chimie Paul Crutzen, le terme Anthropocène désigne essentiellement deux choses : 1- que la Terre est en train de sortir de son époque géologique actuelle pour entrer dans une nouvelle époque, et 2 - que cette transition géologique est attribuable à l’activité humaine. Plus précisément, le concept a été forgé dans le but de désigner les transformations environnementales inédites enclenchées par l’activité humaine : réchauffement climatique, niveau de pollution sans précédent, déforestation, érosion de la biodiversité, fonte des glaces, surpêches, acidification des océans, sixième grande extinction, etc. 

En effet, ces tendances constituent des preuves suffisantes pour affirmer que l’activité humaine a atteint un degré de développement si élevé qu’elle menace jusqu’à la pérennité du système terrestre (incluant sa propre survie), selon le rapport dirigé par Will Steffen, chercheur à l'Université nationale australienne pour le Climate Change Institute. Dans ce rapport, le chercheur affirme entre autres que « les principales forces qui déterminent l'Anthropocène [...], si elles continuent de s'exercer sans contrôle au cours du XXIe siècle, pourraient bien menacer la viabilité de la civilisation contemporaine et peut-être même l'existence future d'Homo sapiens ». 

De plus, les processus à la base de cette transition seraient récemment passés à la vitesse supérieure. Baptisée "La grande accélération", une deuxième phase d’intensification se serait enclenchée dans la deuxième moitié du XXe siècle. « En un peu plus de deux générations, l'humanité est devenue une force géologique à l'échelle de la planète », rapporte Steffen cette fois dans un article tiré de la prestigieuse revue Science. Cependant, en attribuant la transition géologique à l’activité humaine sans toutefois la problématiser, les tenant-e-s de l’hypothèse de l’Anthropocène passent à côté d’un élément essentiel à la compréhension des causes de la transition. C’est du moins ce que soutiennent les tenant-e-s du concept de Capitalocène. 

Un concept alternatif : le Capitalocène 


Face à l’émergence du concept d’Anthropocène, une perspective critique a récemment émergé. Appuyant son raisonnement sur la dynamique interne du capitalisme davantage que sur celle d’un "mauvais" Anthropos, Andreas Malm, doctorant en écologie humaine à l’Université de Lund en Suède, propose le concept alternatif de Capitalocène. Désignant sensiblement la même réalité phénoménologique que l’Anthropocène, le Capitalocène est un concept qui prend comme point de départ l'idée que le capitalisme est le principal responsable des déséquilibres environnementaux actuels. 

Dans son ouvrage Fossil Capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Malm suggère entre autres que ce ne serait pas l’activité humaine en soi qui menace de détruire notre planète, mais bien l’activité humaine telle que mise en forme par le mode de production capitaliste. Nous ne serions donc pas à "l’âge de l’homme" comme le sous-tend le concept d’Anthropocène, mais bien à "l’âge du capital", selon la lecture de Malm, qui reprend l’expression de l’historien Éric Hobsbawm. Certes, ce sont des causes anthropiques qui ont entraîné l’avènement de l’Anthropocène, là n’est pas la question, mais certaines nuances s’imposent concernant la nomination du coupable. 

Il va sans dire que l’histoire de l’interaction entre l’humain et son environnement remonte aussi loin que l’histoire humaine. Depuis le début de l’hominisation, l’humain a eu à transformer, aménager, mettre en forme la nature de diverses manières pour produire ses moyens de subsistance et pour répondre à ses besoins élémentaires (p.e. se nourrir, se vêtir et se loger). Comme notre nourriture, par exemple, ne se retrouve pas à l’état brut dans la nature, il est nécessaire de la modifier pour arriver à se nourrir (cueillette, pêche, préparation, cuisson, etc.), au même titre que nos vêtements et nos lieux d’habitation. 

Ce serait davantage la mise en forme de cette activité dans le contexte sociohistorique à l’intérieur duquel elle se déploie qui serait la source de cette transition géologique. Cette mise en forme historique a été conceptualisée par Marx comme le mode de production, expression qui désigne une manière, une façon de produire historiquement nos moyens d’existence et de répondre à nos besoins (eux aussi spécifiques au contexte sociohistorique). Au cours de l’histoire occidentale, plusieurs modes de production se sont succédé (tribal, communal, féodal) avant que le capitalisme ne se taille une place comme mode de production dominant, et ce, au terme d’une histoire "inscrite dans les annales de l’humanité en caractère de sang et de feu"

À l’intérieur des structures sociales, politiques et économiques mises en place par le capital, l’activité humaine a été dépossédée de sa finalité initiale, nous disait déjà Marx il y a plus de 150 ans. Cette finalité, qui était à l’origine de subvenir à ses besoins et de produire ses moyens d’existence, s’est vue limitée et mise au service de la valorisation du capital de quelques-un-e-s. « Telle est bien la grande rupture opérée par le capitalisme : pour la première fois dans l’histoire, voilà donc un mode de production qui met au principe de son fonctionnement le fait de déconnecter la production des besoins humains, et qui produit d’autant mieux, d’autant plus et d’autant plus efficacement qu’il échoue à satisfaire les besoins les plus élémentaires du plus grand nombre », nous dit Frank Fischback dans son dernier ouvrage. 

Ce serait entre autres ce caractère illimité de l’accumulation du capital, qui se déploie sur une planète par définition limitée, qui serait à la source des dérèglements environnementaux et de notre sortie de l’Holocène. Attribuer la crise environnementale actuelle à une certaine conception de la nature humaine reviendrait en ce sens à naturaliser, « déshistoriciser » et dépolitiser un mode de production spécifique à un contexte sociohistorique. Comme l’écrivait si clairement Malm : « Blaming all of humanity for climate change lets capitalism off the hook» (imputer le changement climatique à l'humanité entière revient à dédouaner le capitalisme). À l’acceptation de cette idée (lente et laborieuse dans le mouvement écologiste actuel), il devient tortueux d’aborder les causes de la transition géologique sans faire de politique... » 

Effondrement écologique et Dynamique du capital

Un des principaux intérêt du concept de Capitalocène est bien de mettre en exergue la relation organique qui existe entre écosystèmes naturels, organisation sociale et système techno-économique. Ce qui permet de se libérer d'une approche purement environnementale, scientifique et technocratique de l'écologie pour développer une vision intégrale qui prend en compte touts les dimensions de notre relation au milieu naturel : économique et sociale, politique et technique, culturelle et spirituelle.

Dans un billet de blog, nous n'avons pas la folle prétention d'analyser de manière approfondie les interactions entre dynamique capitaliste et effondrement écologique. On ne peut que proposer des pistes qui doivent être suivies et approfondies par chacun à travers une démarche personnelle qui suppose un effort de sensibilisation et réflexion reposant aussi bien sur la vision de documentaires et de vidéos informatives que sur la lecture d'articles d'actualité comme de textes théoriques. 

C'est pour susciter cette réflexion que avons évoqué dans nos quatre derniers billets le courant de la "critique de la valeur" qui, en déconstruisant les grandes catégories du capitalisme – l’argent, la valeur, le travail, la marchandise – analyse comment le "fétichisme de la marchandise" est responsable d’une régression anthropologique dans le milieu humain comme il l’est de l’effondrement écologique dans le milieu naturel. L’exploitation illimitée des ressources naturelles comme l’aliénation déshumanisante des individus sont consubstantielles à la dynamique de l’accumulation de valeur qui est au cœur du capitalisme. Les lecteurs qui voudraient approfondir leurs réflexions sur le rapport entre capitalisme et écologie peuvent se référer aux 15 articles sélectionnés par le site "Critique de la valeur-dissociation" sous le libellé Effondrement écologique et dynamique du capital.

Critique radicale et Vision intégrale

Auteur de Le Capitalisme expliqué à ma petite fille (en espérant qu'elle en verra la fin), le sociologue suisse Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l'Onu pour le droit à l'alimentation, s'exprime ainsi : « Dans son interview à France-Inter, Nicolas Hulot a prononcé une phrase-clé : " C'est un problème de démocratie : qui a le pouvoir? " Qui, en effet, a le pouvoir dans nos démocraties ? La réponse est claire : la capital financier globalisé... Les oligarchies financières détiennent le pouvoir, pas le ministre de l'écologie... Les oligarchies ont une seule stratégie : la maximalisation du profit dans le temps le plus court et souvent à n'importe quel prix humain.... 

On peut ne peut pas humaniser, améliorer, réformer un tel système. Il faut l'abattre. Aucun des systèmes d'oppression précédent comme l'esclavage, le colonialisme, la féodalité, n'a pu être réformé. L'oppression ne se réforme pas... Che Guevara écrit : "Les murs les plus puissants tombent par leur fissure." Et des fissures apparaissent ! Nous ne pouvons pas anticiper le monde nouveau à construire. C'est la liberté libérée dans l'homme qui le créera.» (Libération)

Curieusement, dans son livre intitulé Osons, paru en 2015, un certain Nicolas Hulot tenait un discours à la même tonalité radicale. Il écrivait ainsi : « La violence capitaliste a colonisé toutes les cercles du pouvoir » soulignant « la mystification qui fait croire que le changement et la solidarité sont possibles». C'est dans ce même ouvrage qu'il écrivait : "Penser écologique, c'est penser intégral". Ces deux citations annoncent précisément la Synthèse évolutionnaire dont nous dessinons les prémices dans Le Journal Intégral : face à la perspective d'effondrement, il ne peut y avoir de "sursaut radical" sans la conjonction d'une critique social radicale, capable de nous libérer de l'emprise capitaliste, et d'une vision intégrale capable d'imaginer le saut  évolutif vers un nouveau stade du développement humain qui se manifesterait à travers une nouvelle forme - globale et systémique - de conscience/culture/société.

Ressources 

Réchauffement climatique, le global warning. Christian Losson - Libération 28/8/18

Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité. L'appel de 200 personnalités pour sauver la planète. Le Monde 3/09/18

"Les oligarchies financières détiennent le pouvoir, pas le ministre de l'écologie". Entretien avec Jean Ziegler. Libération 01/09/18 

Sur le Capitalocène 

Anthropocène ou Capitalocène ? Quelques pistes de réflexion Frédéric Legault - Revue L'Esprit Libre

L'anthropocène et ses lectures politiques  Christophe Bonneuil. Institut Momentum. 8p. fichier pdf

L'anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l'ère du capital. Andreas Malm - Ed. La Fabrique

Le Capitalocène  Aux racines historiques du réchauffement climatique. Armel Campagne. Editions Divergences

L’écologie peut-elle se passer d’une critique du capitalisme ?  Entretien avec Armel Campagne pour "Le Capitalocène" (éd. Divergences). Site Groseille

Anthropocène ou Capitalocène ? Intervention d’Armel Campagne et de Christophe Bonneuil à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Vidéo You Tube (1h26')

Le Capitalocène - Interventions d'Armel Campagne et d'Anselm Jappe au Lieu-Dit. Vidéo You Tube (1h16)

Capitatocène ou Technocène (1) Intervention de Christophe Bonneuil. Chaîne You Tube Fondation de l'économie politique (29')

Effondrement écologique et dynamique du capital


Dans le Journal Intégral 


Lire les billets sélectionnés dans les libellés Critique de la valeur, Sortir de l’économie, Écosophie et Écologie Intégrale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire