vendredi 26 avril 2013

L'Eveil Evolutionnaire (3) Une Spiritualité Contemporaine


La Forme est Vide et le Vide est Forme. Sutra du Cœur 


A l’occasion de sa venue en France 22 au 28 Avril pour une série de rencontres et de conférences, nous avons consacré nos deux derniers billets au nouveau livre d’Andrew Cohen : L’Eveil Evolutionnaire

Dans ce billet nous analyserons certains éléments du contexte – culturel, social et technologique – qui permet l’émergence de formes novatrices de spiritualité comme l’Eveil évolutionnaire. Nous proposerons ensuite le prologue de cet ouvrage dans lequel Andrew Cohen présente, de manière synthétique, les origines, le développement et les principes de son enseignement

Entre l’Ancien et le Nouveau Monde 

Nous avons analysé dernièrement, à travers une série de textes, comment la crise systémique que nous vivons peut être interprétée comme l’expression d’un saut évolutif Entre l’Ancien et le Nouveau Monde qui correspond au passage du stade rationnel - au sein d’une société industrielle - au stade intégral, au sein d’une société informationnelle

Cette crise systémique démontre à quel point il est urgent de changer de modèle en dépassant le paradigme abstrait et mécaniste des siècles derniers. Au cœur de cet ancien modèle, une vision utilitariste et instrumentale a transformé un milieu vivant auquel l’homme est intégré, en un environnement à dominer intellectuellement pour en exploiter les ressources au service d'intérêts économiques.

Mais nous sommes progressivement en train de changer d’univers : la filière numérique crée actuellement un emploi sur deux aux Etats-Unis. Dans le monde mouvant, complexe et interconnecté qui est celui des sociétés de l’information, émerge une nouvelle forme de conscience intégrative qui associe les ressources concrètes et participatives de l’intuition avec celles, abstraites et distinctives, de la raison.

Il est normal qu’à cette nouvelle forme de conscience correspondent des formes novatrices de spiritualité. Même si nous devons les honorer, les connaître et les intégrer, il nous faut dépasser aujourd’hui les formes de spiritualité traditionnelles et de religion pré-modernes qui ne sont plus adaptées au contexte dynamique des sociétés interconnectées, à l’individualisation des consciences et à la mentalité intégrative en train d’émerger. 

L’expérience de la non-dualité

La réalisation de l’unité fut au cœur de toutes les grandes traditions spirituelles qui virent le sommet du développement humain dans l’éveil de la conscience à l’expérience de la non-dualité. Andrew Cohen décrit cette expérience comme « la réalisation que tout ce qui existe – visible et invisible, connu ou inconnu, avec ou sans forme, temporel ou intemporel – est seulement Un ».

Une approche contemporaine de la spiritualité réactualise, dans un nouveau contexte, cette conscience non-duelle explorée par les traditions contemplatives de l’orient et synthétisée en une formule par le Sutra du Cœur : « La forme est vide et le vide est forme ». Le vide signifiant ici la transcendance de l'Esprit, et la forme sa manifestation phénoménale.

Cette perspective non-duelle prend un sens nouveau dans une culture contemporaine où le domaine relatif de la forme est conçu intellectuellement et vécu intuitivement comme un champ en évolution. Dans ce nouveau contexte, l’expérience éveillée de la non-dualité révèle la profonde continuité harmonique entre le domaine transcendant de l’Esprit et celui, immanent, du Devenir en évolution.

Itinéraire d’un visionnaire


Andrew Cohen explore donc la voie novatrice d’une spiritualité évolutionnaire comme le firent à leur époque et dans leurs références culturelles ces pionniers que furent Teilhard de Chardin ou Sri Aurobindo. Né à New York en 1955 et élevé dans une famille juive laïque, il vit sa passion spirituelle s’enflammer de façon inattendue lorsqu’à l’âge de seize ans une révélation spontanée de la « conscience cosmique » lui fit découvrir une nouvelle dimension de la vie. 

Après plusieurs années d’une quête spirituelle intensive aux Etats-Unis, incluant l’étude des arts martiaux, du Kriya Yoga et de la méditation bouddhiste, Andrew Cohen emboita le pas d’une génération de chercheurs occidentaux en allant en Inde. C’est là, au pays des sages, qu’il rencontre en 1986 son dernier maître, H.W.L Poonja, un disciple du révéré Ramana Maharshi. En quelques semaines, Andrew Cohen vécut un éveil qui changea sa vie. 

Peu de temps après, avec la bénédiction de son Maître, Andrew Cohen commence à enseigner mais il se démarque rapidement de l’approche traditionnelle enseignée en Orient, pourtant à l’origine de son éveil, qui met l’accent sur la transcendance et sur la nature illusoire du monde phénoménal. Confronté aux questions et aux défis qui surgissaient alors qu’il cherchait à apporter la révélation de l’éveil à un public occidental contemporain, il a peu à peu forgé son propre enseignement spirituel original, l’Eveil Evolutionnaire.

Pour ce faire, il associe le meilleur des traditions contemplatives de l’orient – l’éveil à la non-dualité – et le meilleur des connaissances scientifiques de l’occident concernant la dynamique évolutive de la vie et celle du développement humain. Yvan Amar invita Andrew Cohen à venir enseigner en France pour la première fois et publia son premier livre L’Eveil est un secret aux Editions du Relié, tout en le faisant dialoguer avec des maitres spirituels tels qu’Arnaud Desjardins ou Lee Lozowick.

En plus de son travail d’enseignant, Andrew Cohen s’est appliqué à changer le discours culturel relatif au but et au sens de l’éveil spirituel aujourd’hui. Le magazine qu’il a publié entre 1991 et 2011, EnlightenNext (anciennement What is Enlightenment ? et paru en français sous le titre d’Eveil et Evolution), est devenu un carrefour des réflexions concernant l’évolution de la culture, de la société et de la spiritualité. 

Co-créer le futur

Dans une perspective non-duelle, la dynamique évolutive apparaît comme l’expression temporelle d’une transcendance intemporelle. Ces deux dimensions – temporelles et intemporelles, immanentes et transcendantes – sont alors perçues dans leur unité profonde et irréductible comme les deux faces aussi contradictoires que complémentaires d’une même réalité pluri-dimensionnelle

Dès lors, une telle approche novatrice nécessite de dépasser aussi bien les approches statiques et dualistes d'une certaine spiritualité traditionnelle que les modèles réductionnistes et scientistes de l’évolution. Dans un monde qui perd peu à peu ses illusions matérialistes, Andrew Cohen montre la voie d’une spiritualité contemporaine qui permet de réconcilier la puissance créatrice de la vie et la paix intérieure de l’esprit en participant à la dimension créatrice qui est au cœur de l’impulsion évolutive. 

Auteurs de Dire oui au changement - La sagesse d'entreprendre une nouvelle vie, Gordon Dveirin et Joan Borysenko écrivent à propos de L’éveil évolutionnaire : « Andrew Cohen nous offre ici un guide clair et pratique, qui nous donne le pouvoir de franchir un seuil historique : celui qui mène du monde d'aujourd'hui, un monde non durable, qui s'effondre déjà autour de nous, à un futur vibrant, qui reflète le meilleur de l'être humain. 

Au lieu d'attendre, plein d'espoir, que ce monde arrive, il nous montre comment nous pouvons commencer à co-créer ce futur ici et maintenant, immédiatement, de manière responsable. Faire cela exige ce qu'Andrew appelle du "courage spirituel", la maîtrise de ses Principes de l'Eveil Evolutionnaire, et de forger la culture profondément nouvelle, transformatrice qu'il envisage – que l'on pourrait appeler la culture des possibles. » 

Agents et acteurs de l'évolution

Pour Brian Swimme, auteur de The Universe Story : « Andrew Cohen a atteint un niveau de compréhension crucial pour notre histoire. L'éveil n'est pas un mouvement en-dehors du monde quotidien, mais au contraire, une invitation profonde à participer à l'évolution de l'univers. J'ai rarement rencontré une sagesse aussi épurée et fulgurante, qui relie les conceptions religieuses de l'éveil à la compréhension scientifique du cosmos en évolution. » 

Pour Marilyn Schlitz, Présidente de l’Institut des Sciences Noétiques : « Nous vivons à une époque de profonde transformation. En apprenant à piloter les changements dynamiques qui se déploient, nous saisissons la possibilité de jouer pleinement notre rôle comme agents conscients du processus d’évolution. Le livre pénétrant de Cohen nous emmène dans ce processus dynamique et nous responsabilise afin de co-créer un futur pour notre éveil collectif. » 

L’homme moderne ne pourra se libérer de l’impasse narcissique dans lequel l’a plongé l’individualisme qu’en retrouvant le sens d’une individuation qui est celle d’un développement intégral de l’être humain. Aujourd’hui, nous ne pouvons donc plus nous contenter d’être des observateurs intellectuels et des spectateurs passifs de l’évolution. Il nous faut impérativement devenir des agents conscients et des acteurs créatifs de cette dynamique évolutive qui s’exprime à travers les divers stades du développement humain. 

Les formes novatrices de spiritualité que l’on voit apparaître ont pour fonction de nous initier à cette vision à la fois profonde et dynamique, intégrative et non-duelle, nécessaire pour aborder les prochaines étapes de notre évolution. Andrew Cohen est un des promoteurs de cette spiritualité contemporaine dont il développe de nombreux aspects dans L’Eveil Evolutionnaire. Nous proposons ci-dessous le prologue où l’auteur présente les principes de son enseignement de manière à la fois simple et profonde. 

Une soif d’évoluer. Prologue d’Andrew Cohen à l’Eveil Evolutionnaire 

Pourquoi cherchons-nous des vérités plus élevées ? Pourquoi nous sentons-nous parfois poussés aveuglément, follement, passionnément à transcender nos limitations ? Pourquoi pouvons-nous ressentir ce besoin pressant de nous améliorer, pas seulement pour nous-mêmes mais pour une cause supérieure dont nous n’avons que l’intuition ? 

Pourquoi, dans ces moments les plus précieux, où nous sommes plus conscients et perceptifs, nous percevons que notre vie a un sens plus profond et infiniment plus grands que nos vies personnelles ? Quelle est cette douce vibration qui tiraille notre cœur et nous pousse à sauter courageusement au-delà des limites étroites de notre soi séparé afin de participer pleinement au processus de la vie ? 

Cette vibration n’est autre que l’impulsion spirituelle, l’impulsion à évoluer au niveau de la conscience. Peut-être est-ce ce même mouvement qui vous a poussés à prendre ce livre et, sans aucun doute, m’a poussé à l’écrire. Mais cette impulsion est bien plus qu’un sentiment ; elle est bien plus que cela. En réalité, je suis persuadé que c’est à cause d’elle que quelque chose est venu du néant, il y a quatorze milliards d’années et qu’un univers entier a émergé miraculeusement du vide le plus total. 

Pour moi, il ne fait aucun doute qu’une grande et mystérieuse énergie et intelligence, au pouvoir incommensurable, propulse vers l’avant le processus d’évolution tout entier à chaque instant. Notre expérience personnelle et directe de l’inspiration spirituelle est l’expression la plus tangible de cet élan. 

Depuis que cette inspiration s’est éveillée en moi, il y a plus de trente ans, j’ai fait un voyage extraordinaire. Et pendant cette période, j’ai découvert quelque chose de très important que peu semblent savoir : cette impulsion spirituelle part dans deux directions simultanément. Suivez l’une de ses directions, et vous serez emportés vers un futur lointain, suivez l’autre, et vous serez ramené avant le commencement du temps. 

Dans l’éveil de la tradition, la plupart des mystiques n’ont pas suivi le chemin orienté vers le futur mais la voie pérenne de la méditation, que depuis des millénaires, d’innombrables chercheurs à la recherche de l’illumination spirituelle ont empruntée. Cette approche traditionnelle n’est pas orientée vers le futur, ni d’aucune façon dans le temps. Elle nous dirige au-delà du monde, du temps et de l’espace, vers ce qui a été – du moins jusqu’à présent – la source éternelle de la liberté spirituelle et de la libération mystique : le fondement de l’Etre. 

Mais je pense qu’au XXI ème siècle, ceux qui sont à l’avant-garde de la conscience et de la culture ont un besoin urgent d’une spiritualité mystique, et d’une source de libération de l’âme, qui pointe non pas au-delà du temps, mais vers le futur que nous avons à créer. Je crois que l’impulsion spirituelle nous appelle aujourd’hui, non pas à nous éloigner du monde, mais à faire le grand prochain pas dans le monde. La prochaine étape n’émergera pas seule – elle doit être consciemment créée par des êtres humains qui sont éveillés à l’impulsion qui conduit le processus. S’éveiller à cette énergie et intelligence est le sujet de ce livre, car elle est la source du nouvel éveil. 

J’ai tant à vous dire à propos de ce nouvel éveil, mais avant de commencer, je me dois de parler un peu de l’éveil traditionnel. Il est en fin de compte la base de tout ce que je vais vous décrire. Son territoire est subtil et profond et peu facilement être mal compris. On gagne à faire l’effort de comprendre ce qu’est l’éveil, car c’est dans ses mystères que l’on peut trouver certaines des vérités les plus importantes et libératrices jamais découvertes par l’homme.

C’est pour cela que j’ai consacré les premiers chapitres entièrement à la transmission de l’expérience d’éveil traditionnel. Ces pages aspirent à traduire par écrit l’état de conscience et la perspective libératrice réels qui émergent lorsque nous suivons l’impulsion spirituelle jusqu’au bout, remontant jusqu’avant le commencement du temps, et que nous transcendons le mental, l’ego et le monde d’une façon radicale.

Une fois arrivés, après avoir goûté à la liberté première qui était le but recherché par les mystiques à travers les âges, nous nous sentirons obligés, comme beaucoup à cette époque unique de notre histoire, à ne pas y rester, mais à retourner dans l’arène du processus de création. Cette renaissance spirituelle, en tant qu’impulsion évolutive incarnée en une forme humaine, est le sujet majeur de ce livre et de l’enseignement de l’Eveil Evolutionnaire.

vendredi 19 avril 2013

L'Eveil Evolutionnaire (2) Préface de Deepak Chopra


Je n’ai jamais entendu un appel à la responsabilité aussi retentissant et tonique que celui que lance Andrew Cohen. Deepak Chopra


Dans notre dernier billet, nous évoquions la série de rencontres qui auront lieu du 22 au 28 Avril à l’occasion du lancement en France et en Belgique du nouveau livre d’Andrew Cohen : L’éveil évolutionnaire. Cet ouvrage est préfacé par Deepak Chopra, médecin et écrivain américain d’origine indienne dont les livres, traduits en trente langues et vendus à dix millions d’exemplaires, ont pour thèmes la spiritualité,  le développement personnel et la médecine alternative.

Dans Psychologies Magazine, Erik Pagani présente ainsi Deepak Chopra : «  Classé parmi les cent personnalités les plus marquantes du siècle par “Time”, soutenu par des dizaines de stars du show-biz, Deepak Chopra est connu dans le monde entier. Beaucoup moins dans notre pays. Pourtant, une vingtaine de ses livres ont déjà été traduits en français. »

C’est parce que l’ouvrage d’Andrew Cohen parle « à son aspiration la plus profonde » que Deepak Chopra a écrit cette préface où il évoque notamment les Principes de l’Eveil Evolutionnaire : la Clarté d’intention, le Pouvoir de la Volition, Faire face à tout et ne rien éviter, la Perspective du processus, la Conscience cosmique.

L’Eveil Evolutionnaire. Préface de Deepak Chopra.

Deepak Chopra
Lorsqu’un livre vous parle personnellement, vous entendez la voix de l’auteur murmurer à votre oreille, mais aussi à votre aspiration la plus profonde. C’est ce qui m’est arrivé avec Andrew Cohen, qui m’a fait voir ce que je brûlais de croire : il n’y a pas de meilleur moment pour être éveillé.

Enfant, j’avais facilement l’impression de ne pas être à ma place. Je me trouvais né trop tard pour tirer des flèches aux côtés d’Arjuna, pour méditer sous l’arbre de la Bodhi avec le Bouddha ou encore pour m’asseoir sur les coteaux du mont des Oliviers en Galilée pour y écouter le sermon. Aujourd’hui, le sentiment omniprésent, y compris dans les cercles spirituels les plus avancés, est qu’il faut regarder en arrière vers des époques où les humains étaient plus près de Dieu, de leur âme ou de la promesse de Moksha.

Il est donc très stimulant d’entendre un enseignant clamer d’une voix forte et passionnée, que nous sommes bien à notre place. C’est l’un des nombreux messages qu’on peut trouver dans ces pages. Vous verrez combien Andrew sait prendre le pouls de notre vie moderne ; la justesse de son analyse des exigences et des distractions de notre monde bruyant et agité est celle d’un diagnosticien talentueux.

Il y a bien longtemps, alors que je passais plusieurs heures par jour à poser des diagnostics pour des patients, j’ai appris qu’aucun de ceux-ci n’accepterait mes conseils tant qu’il ne comprendrait pas, de façon très simple, la première étape conduisant à la guérison. Celle-ci était toujours la même : «  Vous allez aller mieux ». Rassurer est un remède, même s’il ne peut être mis en bouteille, et dans ce livre Andrew m’a profondément touché et rassuré avec cette profonde conviction : "Ne vous inquiétez pas. Il y a une place pour celui qui cherche. C’est l’univers qui  vous a amené ici, à ce moment précis, afin que vous puissiez vous éveiller."

Le célèbre adage, un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas, est faux. Il commence en réalité avec la conviction que ce premier pas est possible. Or la plupart des gens manquent d’assurance pour toutes sortes de raisons. Certains se dévalorisent trop, s’empêchant d’aller au delà des territoires limités du connu ; d’autres restent prisonniers de murs imaginaires ou sont bloqués à l’intérieur d’eux-mêmes ; d’autres encore sont paralysés par la timidité, la crainte, le doute et le scepticisme, quelles qu’en soient leurs nuances.

Je partage complètement la perspective d’Andrew lorsqu’il demande, pourquoi certaines personnes nourrissent-elles une passion pour la spiritualité et d’autres non ? Je partage aussi sa réponse : c’est parce qu’elles ne se sont pas éveillées à l’impulsion évolutive à l’intérieur d’elles-mêmes.

Se reconnecter à l'impulsion évolutive

Il existe un autre adage, qui lui est vrai : une étincelle suffit à embraser une forêt entière. Littéralement cela veut dire qu’un aperçu fugace de votre soi authentique – qu’Andrew assimile à l’impulsion évolutive – sera si attractif  que vous ne pourrez que suivre le chemin de votre propre évolution. Nous savons que c’est une tendance naturelle. Les enfants sont impatients de traverser toutes les étapes de leur développement.

Avoir cinq ans n’a pas de charme quand à l’horizon vous pouvez en avoir six, puis sept et huit. Ce processus automatique recèle une magie intrinsèque que peu de monde réalise. Quand un enfant grandit, il n’a pas à renoncer à qui il est aujourd’hui pour devenir qui il sera demain. Les enfants restent simplement qui ils sont, tandis qu’à un niveau plus profond, le futur déroule la prochaine étape de leur développement.

Une fois adulte, nous perdons le lien avec cette magie, et comme disait Wordsworth «  le monde est trop avec nous, tôt ou tard ». Je ne connais personne d’autre qu’Andrew Cohen qui soit si déterminé à restaurer cette magie, et le moyen en est très simple : il suffit de se reconnecter à l’impulsion évolutive. Cette impulsion prend sa source au delà de l’espace et du temps, dans le domaine de la pure conscience. Elle s’est manifestée dans le monde physique jusqu’à se perdre derrière le masque du matérialisme ; l’esprit humain s’est laissé distraire par la danse de maya.


Pour toutes ces raisons, l’impulsion évolutive a besoin d’être à nouveau révélée et décrite en détails, comme le fait ce livre de façon admirable. Et je fais totalement mien le point de vue d’Andrew, qui considère que la spiritualité traditionnelle a trop mis l’accent sur l’évasion, l’autre monde, le retrait et un fatalisme vis à vis du monde des affaires corrompu.

Par définition, l’impulsion évolutive change son point de focalisation au fur et à mesure que la société humaine se transforme. Au sixième siècle avant Jésus Christ, la personne lambda était en mode survie. Comme ses besoins et ses soucis étaient drastiques, il était séduisant de se retirer dans la paix et le silence intérieurs. Dans cet espace, la communion avec le transcendant s’avérait être infiniment fascinante. Mais il était vrai également, que limiter l’esprit à cette paix intérieure - ou même au monde intérieur - était trompeur. La transcendance infuse toute chose ; il n’y a qu’une réalité provenant de la même source.

Le problème est que nous vivons tous dans la dualité, et nos esprits ont été façonnés pour considérer la dualité comme réelle. Notre moi est divisé et nous percevons le monde en termes d’opposition, vrai et faux, bien et mal, lumière et ténèbres. Comment pouvons-nous nous transformer pour atteindre l’unité quand la dualité est le seul véhicule que nous ayons ? Autant essayer de sécher un poisson dans l’eau ! Après avoir brillamment révélé la nature de la dualité et la fascination qu’elle exerce sur nous, ce livre prescrit une cure pour le moi divisé.

J’ai particulièrement été séduit par les cinq titres des chapitres décrivant les Principes de l’Eveil Evolutionnaire : la Clarté d’intention, le Pouvoir de la Volition, Faire face à tout et ne rien éviter, la Perspective du processus, la Conscience cosmique. C’est là je crois qu’Andrew révèle la quintessence de la transformation du soi, et chaque clé étant cruciale, j’aimerais les commenter les unes après les autres.


La Clarté d’intention

Rien n’a plus de force que l’intention, car elle est le résultat de trois ingrédients : le désir, la constance vis à vis du but, et la profondeur de l’attention. Ce sont les trois facettes de Samyama, connue dans la tradition indienne. Quand une personne maîtrise le Samyama, chacune de ses intentions est soutenue par le cosmos entier, ou pour parler plus prosaïquement, ce que vous voulez est ce que l’impulsion évolutive veut pour vous.        

La Clarté est alors bien plus que de se dire «  Je sais vraiment que je veux être riche » ou tout autre rêve dont on souhaite la réalisation. En fait, la clarté signifie que vous avez utilisé la conscience qui est la vôtre, pour acquérir les trois aspects de Samyama. Vous avez un désir, qui est aligné avec celui, plus global, d’évoluer et de grandir. Votre but est suffisamment constant pour vous permettre de suivre la réponse que l’univers donne à votre désir, peu importe où cela vous mène.

Vous êtes pleinement ancré dans votre conscience, si bien que les messages justes peuvent passer et être entendus – après tout, vous ne pouvez rien recevoir ni agir à partir de quelque chose dont vous n’avez pas conscience. Je restitue ici l’essentiel de ce qui m’a personnellement impacté. Andrew va dans le détail et nous offre une perspective transpersonnelle et éveillée d’une immense valeur.

Le pouvoir de la Volition

Andrew aborde là un ancien enseignement, Aham Brahmasni, ou «  Je suis l’Univers ». Ce principe me tient à cœur car je trouve impensable d’être éveillé dans un monde de ténèbres et d’ignorance. La tradition soutient le contraire, du moins la tradition de la réclusion, qui incite les chercheurs spirituels à laisser le monde derrière eux afin de se retirer dans la solitude. En Inde, on entend divers swamis et yogis parler du monde comme de «  la boue » par contraste à l’endroit spirituel pur où ils sont,  généralement sur les plus hautes et vivifiantes cimes de l’Himalaya.

Vous ne pouvez soigner des patients malades et essayer d’alléger leur souffrance en les considérant comme des créatures de «  la boue ». Je fais aussi partie de cette boue, comme tout un chacun. Il est de notre responsabilité de changer notre environnement à tous les niveaux, en commençant par le niveau spirituel, si nous voulons que les êtres humains fassent le prochain saut évolutif. Je n’ai jamais entendu un appel à la responsabilité aussi retentissant et tonique que celui que lance Andrew.

Faire face à tout et ne rien éviter

Andrew appelle ce principe, à juste titre, la «  libération de l’attention ». Nous sommes tous prisonniers des limites de ce que nous appelons notre capacité de conscience « normale » et l’impulsion évolutive veut, avant toute chose, nous rendre libre. William Blake évoquait quelque chose de similaire avec ses «  menottes forgées par l’esprit » et Andrew rejoint ici une longue lignée de visionnaires inspirés.

Ce qu’il apporte en plus, est à nouveau réconfortant. Si vous faites face à tout dans la vie, vous ne serez ni en danger ni vulnérable, telle une créature aquatique arrachée à sa coquille, tremblante sous le soleil ardent. C’est par crainte que nous retardons sans cesse ces confrontations, car nous pensons manquer de courage existentiel pour les supporter.

Nous avons surtout besoin de nous assurer que faire face à tout, c’est agir conformément à notre évolution. Rien n’est plus naturel que l’évolution : cela n’implique ni bataille, ni crainte. Le chemin que propose Andrew requiert pourtant du courage. Les percées de conscience ne peuvent pas aider, mais elles contiennent en elles l’idée de « percer », et c’est bien parce qu’on démantèle les murs de nos anciens conditionnements, qu’on peut faire face aux émotions et aux mémoires qu’il est sinon si facile d’enterrer.

Ce qui rend ces ruptures supportables – voire même attrayantes – est, qu’en faisant face à tout, nous réveillons en nous des pouvoirs dormants qui ont la capacité de tout embrasser. Un prisonnier peut se façonner un petit cocon bien confortable dans un petit espace confiné, mais cela n’est rien en comparaison du pouvoir de la libération.

La Perspective du processus

Lorsque vous êtes prêt à regarder tous les aspects de votre vie, elle cesse d’être «  votre » vie. C’est à dire qu’elle n’appartient pas à un individu isolé, qui peut être étiqueté selon des critères pratiques: ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, votre race et votre religion, vos amis et vos ennemis. A la place, émerge une perspective impersonnelle. « Impersonnel » n’est pas vraiment un terme qui emplit le cœur d’espoir, mais je pense qu’Andrew a raison de l’utiliser. Un synonyme plus facile à entendre serait «  universel ». Le petit moi évolue pour devenir le moi universel. Vous découvrez alors votre vrai statut d’enfant du cosmos.

Il n’est pas aisé de garder à l’esprit cet héritage cosmique quand quelqu’un embouti votre voiture ou que la personne dont vous êtes épris n’est pas intéressée par vous. Il vaut mieux se focaliser sur le processus, et prendre chaque étape comme elle se présente, en constituant une magnifique mosaïque à partir des petits cailloux qui jonchent la plage. L’accent qu’Andrew met sur le processus est à mes yeux un des aspects les plus pratiques de la poursuite de l’impulsion évolutive.

La Conscience cosmique


Beaucoup de lecteurs vont s’y méprendre car ici Andrew parle de conscience morale. L’éveil est la plus grande des récompenses, après y avoir travaillé avec ardeur année après année, nous espérons être inondé de richesses spirituelles – ou d’abondance - que le reste du monde pourra alors admirer. C’est une idée réconfortante lors de ces longues nuits noires de l’âme, ou lors d’après-midis sombres. Mais l’impulsion évolutive prend soin du futur de tous ; c’est pourquoi sa conscience « morale », si on peut utiliser ce terme, prend soin de tout ce qui est bon pour chacun, sans exclure aucun être vivant.

Il est sage et juste de la part d’Andrew de nous enjoindre d’avoir une telle conscience morale. Elle ne vous tombe pas miraculeusement dessus le jour où vous devenez un saint plutôt qu’un simple quidam. La conscience morale cosmique est une expression de la passion pour l’évolution, et plus vous aspirez à vous transformer et plus vous vous verrez en lien avec le vivant. Ce point de vue tient une place d’honneur dans l’enseignement du Bouddha, mais Andrew le redéfinit pour l’époque moderne, comme l’ensemble de ce livre unique, qui vous ouvrira les yeux.

Les cinq principes d’une vie éveillée suffisent pour changer le monde. Combien de fois, après avoir entendu une telle phrase, vous êtes vous dit «  mais rien ne changera vraiment jamais. Le monde va continuer tel qu’il a toujours été ». En l’occurrence, c’est le contraire qui est vrai. Le monde ne peut que changer : le plan cosmique est évolutif, et ce depuis le début, et même avant. Personne ne peut échapper au processus de l’évolution.

Nous pouvons être sourds à cette vérité ; nous pouvons rejoindre le camp de la résistance au changement. C’est le choix conscient qui fait la différence. A la question de savoir ce qui arriverait si un individu ne s’éveillait pas à l’impulsion évolutive, un sage enseignant a répondu, «  Le plan divin n’a pas besoin de vous pour réussir. Mais vous pouvez choisir que sa réussite passe par vous ». Tel est le choix que proposent, avec une imagination et une vision puissantes, les pages qui suivent.

jeudi 11 avril 2013

L'Eveil Evolutionnaire


C'est réellement l'un des livres sur la spiritualité les plus importants du monde postmoderne. Ken Wilber


A l’occasion de la sortie de son livre L’éveil évolutionnaire, Andrew Cohen participera à une série de rencontres, d’entretiens et de signatures qui auront lieu en France et en Belgique du 22 au 28 Avril.

Andrew Cohen sera les 22 et 24 avril à Paris, le 25 avril à Bruxelles, le 26 avril à Lille, le 28 avril à Gordes, près d’Avignon. Une occasion rare et précieuse  d’écouter et de d’interroger un auteur reconnu par ses pairs comme un des enseignants spirituels les plus visionnaires et les plus profonds de l’époque.

L’évolution de la spiritualité

Dans notre dernière série de billets intitulée De l’Ancien au Nouveau Monde, nous avons évoqué le changement de paradigme qui se produit à l’occasion de ce saut évolutif que constitue le passage du stade rationnel - au sein d’une société industrielle - au stade  intégral, au sein d’une société informationnelle. Si ce changement de paradigme implique l’émergence de nouvelles formes de pensée, de sensibilité et d’organisation, il est aussi à l’origine de nouvelles formes de spiritualité

Ce serait une profonde erreur de croire que, parce qu’elle a trait à notre relation à l’intemporel, la spiritualité s’exprimerait toujours de la même façon au cours du temps. On constate au contraire qu’à chaque grande époque, à chaque stade évolutif, correspond une « vision du monde » qui inspire des formes spirituelles spécifiques.

Ainsi, au cours de l’évolution humaine, la spiritualité s’est métamorphosée à travers ces différentes formes que furent, entre autres, l’animisme, le chamanisme, la magie, les religions polythéistes et monothéistes, la mystique, l’ésotérisme, la gnose ou l’éveil traditionnel. Il faut y ajouter la rationalité moderne qui participe elle aussi d’une forme de spiritualité (on parle bien du siècle des Lumières) quand elle n’est pas instrumentalisée par une idéologie rationaliste et scientiste qui la réduit à sa dimension instrumentale.

Dans le contexte totalement nouveau des sociétés de l’information où nous vivons, nous ne pouvons plus nous contenter des visions, des enseignements et des pratiques du passé. Le modèle émergent est fondé sur la compréhension des liens faisant de l’homme, de la société et de l’univers un tout cohérent, ainsi que sur la connaissance de la dynamique évolutive sous-jacente qui fait de ce tout un organisme vivant et conscient en développement. 

Une synthèse visionnaire

Au cœur et au sommet de toutes les grandes traditions spirituelles, se trouve l’expérience non-duelle de la conscience, synthétisée en une formule par le Sutra du Coeur : "La forme est vide et le vide est forme". Andrew Cohen décrit cette expérience comme "la réalisation que tout ce qui existe - visible et invisible, connu ou inconnu, avec ou sans forme, temporel ou intemporel - est seulement Un". 
Andrew Cohen parle d'"Eveil évolutionnaire" pour rendre compte de l'éveil de la conscience à cette expérience non-duelle dans le contexte spécifique d'un monde contemporain en complexité croissante et en évolution constante. L'éveil évolutionnaire effectue la synthèse entre deux visions apparemment contradictoires  : la sagesse orientale, fondée sur la transcendance intemporelle de l'Esprit et la science occidentale, essentiellement évolutionniste, qui prend en compte le monde immanent des phénomènes
Ken Wilber rend compte de l'originalité de cette démarche : " Dans l'Eveil Evolutionnaire, Andrew Cohen nous livre un travail remarquablement nouveau, important et profond, sur la nature de l'éveil spirituel dans  le monde d'aujourd'hui. L'éveil est toujours vu comme une réalisation de la non-dualité, le "non-deux" de l'Absolu et du relatif, du Vide et de la Forme. Mais à notre époque, le domaine relatif de la forme s'est découvert lui-même être toujours en évolution. Une vraie réalisation de l'unité, c'est donc reconnaître la non-dualité de l'Etre intemporel et du Devenir en évolution. Plus qu'une discussion intellectuelle, ce livre est un guide pratique, expliquant comment vraiment réaliser ce nouvel Eveil Evolutionnaire. C'est réellement l'un des livres sur la spiritualité les plus importants du monde postmoderne".
Le message de Cohen est simple : il n’y a pas d’un côté l’Esprit transcendant et de l’autre côté la Vie immanente. Il y a une seule et même réalité, celle du continuum de la Vie/Esprit : la vie est une expression de l’Esprit, à la fois dynamique et évolutive, créatrice et intégrative. L’éveil aujourd’hui ne consiste plus, comme ce fut le cas de l’éveil traditionnel, à se libérer de la roue du devenir. Il consiste à réaliser que le devenir est évolution et que cette évolution est manifestation de l’Esprit dans le temps.

S’éveiller aujourd’hui, c’est réaliser que l’impulsion évolutive est une part essentielle de nous-mêmes et qu’en participant à cette dynamique créatrice et intégrative nous devenons les vecteurs de la transcendance dans le plan de l’immanence. En dévoilant le sens profond de la vie humaine, une telle vision nous donne des outils aussi précis que précieux pour créer activement la culture et la société de demain à travers notre propre évolution.

Un accueil enthousiaste

Le livre de Cohen a reçu un accueil enthousiaste de l’autre côté de l’atlantique, notamment de la part de nombreux auteurs connus des lecteurs français comme, Deepak Chopra, Don Beck, Howard Bloom, Mikael Murphy, Barbara Marx Hubbard ou Jean Houston, entre autres. Voici quelques uns de ces témoignages dont on pourra lire l’intégralité ici.

Deepak Chopra
Auteur de la préface, Deepak Chopra écrit : « Lorsqu’un livre vous parle personnellement, vous entendez la voix de l’auteur murmurer à votre oreille, mais aussi à votre aspiration la plus profonde. C’est ce qui m’est arrivé avec Andrew Cohen, qui m’a fait voir ce que je brûlais de croire : il n’y a pas de meilleur moment pour être éveillé.… Je n’ai jamais entendu un appel à la responsabilité aussi retentissant et tonique que celui que lance Andrew Cohen. »

Don Beck, auteur de La Spirale dynamique : « Si vous pensez que le dernier livre d'Andrew Cohen n'est qu'une énième description de ''l'éveil'' traditionnel vous allez avoir une énorme surprise…. Ce que j'ai lu m'a transporté, car la résonance avec les ''niveaux d'être'' du modèle conceptuel de Clare W. Graves est très puissante. L’Eveil Evolutionnaire est un ouvrage très bien écrit, qui complète notre compréhension de la spirale développementale des peuples et des cultures. Je le recommande sans réserve. »

Howard Bloom, auteur de Le principe de Lucifer : " Nous sommes bien plus que nous le pensons, dit Andrew Cohen. Nous sommes le cosmos qui a pris vie. Nous sommes "l'impulsion évolutive" incarnée. Nous sommes la voie que prend le cosmos pour devenir quelque chose de nouveau, pour rendre réel ce qui n'existe pas encore."

Jean Houston, auteur de A Mythic Life : « Il faudra prendre des mesures courageuses et extrêmement intelligentes pour notre évolution spirituelle, si nous voulons empêcher que l'expérience cosmique de 14 milliards d'années qui a abouti à la vie humaine sur Terre ne s'achève dans les prochains siècles. Avec son enseignement tour à tour rude et tendre, Andrew Cohen nous donne l'inspiration et les moyens de réaliser cet effort, le plus grand de tous, pour l'esprit humain. Un chef d'œuvre spirituel. »

A la rencontre d’un visionnaire

Edgar Morin, Patrice Van Eersel et Andrew Cohen évoquent l'évolution de la conscience.

Dans les prochains billets, nous reviendrons plus en profondeur sur cet ouvrage important qui inclut les points de vue de la tradition, de la modernité et de la postmodernité pour les transcender à travers une démarche non-duelle qui prend en compte à la fois l’Esprit absolu et le Devenir évolutif.

Nous ne pouvons qu’encourager celles et ceux qui en ont la possibilité d’aller à la rencontre de ce pionnier de la spiritualité contemporaine qu'est Andrew Cohen dans les diverses manifestations qui auront lieu autour de son livre en France et en Belgique et dont nous proposons le programme ci-dessous. Vous trouverez ici tous les détails pratiques concernant ces manifestations, sur le site d'EnlightenNext qui coordonne l'organisation de cette tournée.

Paris, le 22 Avril

Entretien d’Andrew Cohen avec Virginie Gomez, rédactrice en chef du magazine L’Inexploré, le 22 avril de 19h30 à 22h au Forum 104. 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris (salle Les Glycines) Métro : St Placide.

L’association Etre Présence invite Andrew Cohen à parler de son livre l’Eveil Evolutionnaire. Il répondra aux questions du public et à celles de Virginie Gomez, rédactrice en chef d’Inexploré. Il évoquera son enseignement qui mêle la sagesse orientale, fondée sur ce que la conscience a d’éternel, et la science occidentale, essentiellement évolutionniste. Il évoquera les clés de l’évolution de la conscience - individuelle et collective - qui permet de créer la culture de demain. A l’issue de la soirée, il fera une séance de dédicace.

Nantes, le 23 Avril

La librairie L’Autre Rive invite Andrew Cohen à la Manufacture des tabacs de 20h à  22h pour parler de son ouvrage.

Paris, le 24 Avril

Entretien avec Anne Ghesquiere, créatrice du site femininbio.com, auteur et animatrice de Bien-être sur Direct 8. Andrew et Anne évoqueront la façon dont nos relations intimes et amoureuses peuvent être ancrées dans la positivité, la liberté et la stabilité découvertes dans l'Eveil Spirituel. De 19h30 à 21h30 à la librairie L'univers d'Esther, 13 Rue des Tournelles  75004 Paris.

Bruxelles, le 25 Avril

Dialogue entre Marc Luyckx-Ghisi et Andrew Cohen, le 25 avril de 19h30 à 22h30 au Centre des congrès de Woluwe-St-Pierre.

Marc Luyxck Ghisi, ancien membre de la « Cellule de Prospective » de la Commission européenne au service des présidents Jacques Delors et Jacques Santer, aujourd’hui Vice Président de la “Cotroguli Business School” dialoguera avec Andrew Cohen. Ils évoqueront l’évolution de la conscience et la façon de passer d’une perspective psychologique à une perspective philosophique et spirituelle pour évoluer à la fois en tant qu’individu et espèce humaine. A l’issue de la soirée, les orateurs feront une séance de dédicace.

Lille, le 26 Avril

La célèbre librairie Le Furet du Nord invite Andrew Cohen à présenter son ouvrage de 17h à 19h30. Un journaliste spécialisé s’entretiendra avec Andrew Cohen qui répondra aux questions. A l’issue de la soirée, il fera une séance de dédicace.

Gordes (Vaucluse), le 28 Avril

EnlightenNext et les amis d’Yvan Amar organise un Satsang évolutionnaire exceptionnel d’une demi-journée, de 13h30 à 17h30, à la salle Simiane de la mairie. Andrew Cohen y expliquera son enseignement d’éveil évolutionnaire et répondra aux questions.

Qu’est-ce qu’un Satsang évolutionnaire ? Satsang (En sanskrit Sat : vérité, réalité et être. Saṅgha : assemblée), signifie « être en compagnie de la vérité », et par extension « compagnie des sages » ou « compagnie de la vérité qui est en soi ». Le terme désigne une rencontre avec un sage dont l’enseignement est fondé sur les principes de la non-dualité. Cette non-dualité est dite « évolutionnaire » lorsqu’elle intègre le Sutra du Coeur – « La forme est vide et le vide est forme » – dans un contexte d’évolution de la forme. Lors d’un satsang il peut y avoir des discussions, des moments de silence ou de méditation.

Ressources 

Préface de L'Eveil Evolutionnaire par Deepack Chopra

Premier chapitre de L'Eveil Evolutionnaire

L'évolution de la conscience Entretien d'Andrew Cohen avec Patrice Van Eersel

Vivre l'évolution Trois vidéos d'Andrew Cohen sur le thème de l'évolution

Le Sage et l'Erudit Une série de billets où Andrew Cohen et Ken Wilber dialoguent en abordant les nombreux thèmes concernant la spiritualité, la culture et la société.

jeudi 4 avril 2013

Entre l’Ancien et le Nouveau Monde (7) Penser l’Histoire


L'homme de l'avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue. Nietzsche


Au cœur de ce qui est devenue une abyssale crise de confiance entre l’ancien et le nouveau monde : l’impuissance des experts et des gouvernants à comprendre la complexité du monde et à anticiper son évolution, à interpréter les évènements et à opérer un diagnostic juste permettant de solutionner les problèmes, enfin leur incapacité fondamentale à proposer une vision du monde auquel peut s’identifier aujourd’hui cette conscience collective qu’on appelle une nation. A cette impuissance cognitive correspond une corruption morale qui ronge la société dans son ensemble, faisant prédominer l’égoïsme des intérêts particuliers sur toute forme d'intérêt général. 

En France, le "scandale Cahuzac" vient illustrer douloureusement ce constat. Le ministre qui, en ces temps de crise économique, dirigeait la lutte contre la fraude fiscale vient d'avouer qu'il était lui-même un fraudeur et, à la fraude, il a ajouté le mensonge devant la représentation nationale et les plus hautes autorités de la République.  Le Monde évoque dans son éditorial "une profonde crise démocratique, tant le plus élémentaire contrat de confiance entre le peuple et ses gouvernants est rompu".  Mais bien plus qu'un cas particulier qu'on voudrait ériger en bouc-émissaire des turpitudes politiques, cette affaire est symptomatique de la dégénérescence d'un modèle en fin de cycle. 

Si nous vivons une crise de régime, ce régime n'est pas uniquement politique, il est aussi et surtout épistémologique. Car derrière cette crise de confiance se cache une crise de conscience provoquée par un sentiment d’urgence : le modèle technocratique dominant apparaît totalement déphasé et dépassé, et nous sommes en quête d’un nouveau modèle, adapté à l’évolution de nos sociétés. 

Alors que la société industrielle était fondée sur une modélisation objective qui rendait nécessaire la distinction abstraite, l’analyse et la spécialisation, les sociétés de l’information sont des ensembles intégrés de relations en interconnexion croissante et en évolution constante. Penser en termes de relations, c’est considérer le monde et l’être humain comme des totalités aussi indivisibles qu’évolutives. 

C’est pourquoi le modèle émergent est à la fois global et dynamique. Il doit être capable d’intégrer un nombre bien plus importants de faits et d’informations en interprétant notre expérience avec plus de profondeur, de complexité et de pertinence que le précédent. Il doit percevoir chaque phénomène comme partie d’un tout et chaque ensemble comme l’expression d’une dynamique évolutive qui se manifeste dans le temps à travers divers stades de développement. C'est ainsi qu'il est à l'origine d'une nouvelle philosophie de l'histoire.

De l'ignorance à l'arrogance

Une fois de plus, Edgar Morin, avait raison. Dans Le Monde, il faisait paraître le 1er Janvier un article intitulé En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts. En exprimant l’absolue nécessité d’une évolution de la pensée pour intégrer la complexité, il critiquait avec lucidité le rôle et l’emprise d’une expertise technocratique absolument incapable de développer une vision globale et une perspective historique qui rendent compte de la complexité du monde et de son mouvement évolutif.

Formatée par l’économisme dominant qui réduit la complexité évolutive des sociétés humaines au simplisme d’un taux de croissance, l’expertocratie est incapable de percevoir aussi bien la dynamique qualitative qui transforme les mentalités que la vision prospective qui anime les mouvements protestataires. Aucune bêtise ne nous a donc été épargnée par les commentateurs officiels au sujet des dernières élections italiennes durant lesquelles un des ces mouvements, né il y a trois ans, est devenu, à la surprise générale, le premier parti d’Italie en termes de voix.

Par une alchimie intellectuelle qui transforme l’ignorance en arrogance, l’expertocratie a réduit le succès du Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo à un simple populisme, ce qui – de fait – la rend incapable de saisir l’originalité et la spécificité d’un tel évènement. Renaud Pasquier  analyse ainsi cette réaction : « A quelques exceptions près, difficile de ne pas être frappé par la condescendance qui marque la majorité des commentaires émis dans les médias  français (et plus largement européens) sur le résultat des élections italiennes et plus précisément la percée impressionnante de Beppe Grilo : amalgame grossier avec Silvio Berlusconi dans la notion confuse et fourre-tout de «populisme», mépris à l'égard des électeurs du «clown» crypto-fasciste, ou encore myopie franchouillarde dans l'évocation du «Coluche » italien  qui prouve l'incapacité de beaucoup à penser des phénomènes politiques en-dehors des références locales. » (Beppe Grillo, pyromane ou pompier ? nouvelobs.com)

Une émergence créatrice


Rien de plus difficile sans doute que de faire de l’histoire immédiate, et ce d’autant plus quand les nouvelles technologies nous abreuvent d’un flot d’informations difficile à trier, à recouper, à hiérarchiser, à synthétiser et à mettre en perspective. Mais ce que nous enseigne la théorie intégrale c’est que chacun individu comme chaque culture interprète les phénomènes et les évènements selon un filtre cognitif et une « vision du monde » correspondant à un stade évolutif donné.

C’est ainsi qu’une émergence créatrice passe le plus souvent inaperçue pour des contemporains qui l’interprètent comme une déviation par rapport au paradigme dominant alors même qu’elle est justement en train de le dépasser. Cocteau nous avait pourtant prévenus : «  Les critiques jugent les œuvres et ne savent pas qu'ils sont jugées par elles ». Comme les formes artistiques, les formes politiques innovantes doivent être interprétées à partir d’une approche sensible et cognitive congruente avec son objet, sans répéter de manière mécanique et paresseuse les interprétations habituelles rendues justement obsolètes par cette émergence créatrice.

Renaud Chenu décrit avec talent les ravages de l’expertocratie : « Ainsi, nous sommes gouvernés par les mêmes esprits que ces députés monarchistes s’agrippant au vieux monde quand la révolution industrielle balayait les restes du Moyen-Âge. L’univers tout entier embrasse de nouveaux paradigmes mais il entre en résonance paradoxale avec l’apparente impossibilité d’adapter les structures de la pensée politique avec le futur qui force la porte d’un monde étriqué…

Il n’est qu’à entendre les mille petits ventriloques de la propagandas europae répéter ad nauseam que la colère des pauvres réveille les vieux démons. Les Italiens, hier encore sage et docile peuplade latine acceptant un gouvernement géré par une banque, Goldmann Sachs, sont désormais jetés au bûcher des élégances : populistes. Rien que ça. Au Moyen-Âge, on disait sorcière. Au-delà du dogme, tout le reste est faribole, bachibouzoukerie socialisante…

On vit en Europe un moment débile de l’Histoire de la pensée, une ère d’obscurantisme économique incarnée par un gouvernement des juges surgit d’une époque d’égarement technocratique. On ne sait même plus pourquoi on est gouverné par Bruxelles. La perte de sens est dérive continentale, les volcans patientent. » (Futur : des egos aux égaux, l’avenir patine. Ragemag)

Un saut qualitatif
 
Spirale Evolutive. Steve McIntosh

Pour le physicien et historien des sciences Thomas Kuhn, les révolutions politiques et épistémologiques commencent par le sentiment partagé que les institutions ou le paradigme dominant sont devenus incapables «  de répondre d'une manière adéquate aux problèmes posés par un environnement qu'elles ont contribué à créer… Dans le développement politique comme dans celui des sciences, le sentiment d'un fonctionnement défectueux, susceptible d'aboutir à une crise, est la condition indispensable des révolutions." (La structure des révolutions scientifiques)

Thomas Kuhn a montré que l’évolution de la science ne s’effectuait par une accumulation quantitative de connaissance mais par ces sauts qualitatifs que sont les changements de paradigme. L’insurrection des consciences que nous sommes en train de vivre correspond à l’absolue nécessité de changer de paradigme pour nous adapter au nouveau contexte des sociétés de l’information dans lequel nous vivons.

Comme l’écrit Andrée Mathieu : «  Les crises que nous observons, économiques, sociales, environnementales, politiques, culturelles, etc. ne sont pas dissociées. Le fait qu'elles soient perçues comme indépendantes traduit une profonde incompréhension du monde que nous avons contribué à complexifier… Nous assistons présentement à ce qu'on appelle un changement de paradigme, le remplacement d'un modèle révolu par une explication plus cohérente et plus pertinente de notre monde.

Depuis la Révolution industrielle, nous avons découpé la réalité en petits morceaux pour mieux la comprendre. Nous avons conçu nos organisations comme un assemblage de "parties", divisé le travail en "tâches", la connaissance en "disciplines", l'administration publique en "ministères" et nous avons travaillé en "silos". Nous devons maintenant déplacer notre attention des parties vers le tout et mettre l'accent sur les interrelations qui déterminent la dynamique des systèmes vivants auxquels nous appartenons. En somme, nous devons quitter le monde de la machine (assemblage de composantes) pour celui des réseaux vivants dans toute leur complexité ». (Directe, indirecte, le choc des démocraties)

Ce qui caractérise le vivant c’est sa capacité d’évoluer. Si le modèle émergent est fondé sur la compréhension des liens faisant de la société un tout cohérent, il lui faut aussi penser ce tout comme un organisme en évolution. C’est pourquoi l’approche systémique doit être complétée par une approche historique qui permet de comprendre comment l’être humain et la société se développent dans le temps à travers une série de stades évolutifs à complexité et intégration croissantes.

Une philosophie de l’histoire

Hegel
La chute de l’Ancien Régime correspond à la fin d’une pensée traditionnelle fondée sur la prééminence du passé, de la transmission et de l’ancestralité. A cette chute correspond l’émergence d’une nouvelle conception du monde et de l’être humain, celle des Lumières, fondée sur le progrès, la raison et l’individu. Suite à Rousseau qui voit dans l’homme un animal perfectible et à Condorcet qui dresse le tableau historique des progrès de l’esprit humain, les idéalistes allemands en général et Hegel en particulier furent les précurseurs d’une spiritualité évolutive selon laquelle l’histoire de  l’humanité, à l’image de l’individu, est l’histoire de son développement. Dans cette perspective évolutionnaire, l’Esprit se dévoile et se révèle à travers le mouvement dialectique de l’Histoire. Selon Hegel : « L’histoire est le processus par lequel l’esprit se découvre lui-même. »

Dans la lignée des idéalistes allemands, des penseurs visionnaires au vingtième siècle - Bergson, Teilhard de Chardin, Sri Aurobindo ou Jean Gebser, entre autres - ont considéré le développement humain comme l’expression d’un projet spirituel qui se déploie dans le temps à travers une série de stades évolutifs. A la fin du vingtième siècle, Ken Wilber fit une synthèse remarquée entre les visions inspirées de ces philosophes et les modèles convergents du développement humain proposés dans leurs disciplines par les chercheurs en science humaines.

On sait que le matérialisme historique de Marx  s’inspira de la pensée hégélienne tout en l’inversant : le mouvement dialectique de l’histoire devenait ainsi celui des forces productives, l’infrastructure économique déterminant l’ensemble des superstructures culturelles et spirituelles. Selon Marx : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience… L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes »

Quand elle voulut faire table rase du passé, la philosophie de l’histoire se pervertit en un progressisme fondé sur le déni de la tradition et de l’intuition holiste qui la fondait. C’est ainsi qu’en privant l’homme d’un enracinement organique dans son milieu naturel, cosmique et symbolique, le progressisme imposa une vision du monde économique, abstraite et désenchantée, qui inspira aussi bien le communisme que le libéralisme.

Si les contemporains sont devenus rétifs à la philosophie de l’histoire, c’est qu’à travers ses perversions et ses avatars successifs, elle inspira aussi bien le désastre communiste et l’ethnocentrisme colonialiste que le progressisme libéral et son économisme inhumain. Face à ces impasses, les penseurs postmodernes (Derrida, Foucault, Deleuze, Baudrillard, Lyotard, etc…) ont promu la fin de grands récits universalistes au profit d’une vision relativiste fondée sur le pluralisme des points de vue et leur irréductible singularité.

Le relativisme post-moderne


Les penseurs de la « post-modernité » ont donc accompli ce qu’avait initié le progressisme moderne : là où celui-ci était fondé sur le déni de la Tradition, celle-là est fondée sur le déni de l’Histoire. Le déni progressiste du passé ayant conduit tout naturellement à celui de toute continuité historique, au profit d’un présentéisme fondé sur le règne sans partage des pulsions.

Dans une perspective relativiste, tout fait est renvoyé à son interprétation et toute interprétation à une « construction sociale » totalement arbitraire. La notion historique de société est remplacée par celle, amnésique, de « construction sociale » formelle et auto-référente. Pour la sensibilité relativiste, la nature humaine est une illusion et son universalité une chimère. Seul existe un système de règles formelles et de micro-récits dans lesquels se reconnaît une société, telle une île autonome ignorant l’océan de l’histoire d’où elle émerge. " Tout ce que nous pouvons faire, écrit Jean-François Lyotard dans La condition postmoderne, est de contempler émerveillés la diversité des espèces discursives comme nous le faisons de la diversité des espèces animales et végétales".

Faire l’économie de l’histoire c’est réduire les cultures à des systèmes abstraits, aussi formels que fermés, tout en niant les facultés créatrices et spirituelles qui permettent à la subjectivité de se transformer et d’évoluer. L’amnésie est le biotope où s’épanouit l’individu narcissique de la post-modernité qui congédie passé et futur pour s’imaginer en héros d’un récit mégalomane fondé sur l’auto-engendrement. C'est ainsi qu'il est hanté par les fantasmes d’une toute puissance infantile que la société du spectacle et ses publicistes alimentent sans cesse.

Mais les ruses de l’histoire empruntent souvent ce chemin de traverse qu’est le retour du refoulé. C’est ainsi que sous la forme d’une vague néo-libérale, l’histoire refoulée par la post-modernité s’empara du relativisme ambiant pour en faire un dogme idéologique promu médiatiquement. Le fameux « Tout se vaut » devint le pendant culturel et nihiliste du fameux « There is no alternative » économique de Margaret Thatcher. Il est évident que si tout ce vaut, plus rien n’a de valeur et si plus rien n’a de valeur, l’intérêt économique se constitue en principe hégémonique d’une vie sociale réduite à la loi de la jungle.

Le néo-libéralisme enrôla donc le relativisme dans sa croisade idéologique. Dans un premier temps, il s’agissait de discréditer les valeurs qualitatives de la spiritualité, de l’éthique et du politique pour promouvoir la seule valeur que reconnaît le néo-libéralisme : celle, quantitative, de l’économie mesurée par le capital. Dans un second temps, il s’agissait de désaffilier l’individu de toutes ses appartenances traditionnelles en le réduisant progressivement au statut fonctionnel et économique de producteur et de consommateur pour le livrer ainsi pieds et poings liés à la « main invisible » du Marché.

Une évolution globale

Tout sens est à la fois signification et orientation. Si la signification est donnée par un système culturel spécifique, l’orientation provient d’un substrat temporel qui fonde les systèmes culturels, permet leur comparaison et leur échange, leur évolution et leur métamorphose. Ce substrat temporel transforme l’abstraction d’une construction sociale en une société historique concrète et l’individu en acteur du développement humain.

En reconnaissant la diversité des cultures et leur singularité, en les analysant comme autant de « visions du monde » liées à un stade évolutif donné, le paradigme émergent reprend à son compte le grand récit évolutif, de manière nouvelle qui intègre et dépasse le constructivisme post-moderne et sa pluralité de perspectives. Si ce paradigme émergent est qualifié d’intégral c’est qu’il considère l’évolution humaine comme un tout : la subjectivité et l’objectivité, l’individu et la société sont autant de dimensions inséparables et interdépendantes d’une seule et même réalité à la fois complexe et évolutive.

L’évolution humaine est donc globale, à la fois culturelle et technologique, subjective et sociale, politique et économique. Toutes ces dimensions sont solidaires et cette solidarité même fait qu’elles doivent être envisagées de manière systémique et synthétique pour comprendre la mutation que nous sommes en train de vivre. En opérant la synthèse entre l’idéalisme d’un Hegel et le matérialisme de Marx, le modèle émergent participe d’une sagesse non-duelle qui considère l'esprit et la forme dans leur unité fondamentale.

Fidèle à cette synthèse, toute pensée intégrale refuse et réfute aussi bien l’économisme que le spiritualisme qui lui est opposé. Le premier renvoie à l’hégémonie de l’économie comme mode d’interprétation dominant et le second à une forme de « narcissisme spirituel » totalement déconnecté du contexte social et culturel, économique et technologique.

Une politique évolutionnaire


Cette nouvelle philosophie de l’histoire redonne à la pensée politique la profondeur évolutionnaire d’une vision historique que le passéisme traditionnel, le progressisme moderne et le présentéisme post-moderne avaient occultés. En s’inscrivant dans le mouvement créateur et intégratif du développement humain, au cœur d’une anthropologie évolutionnaire, il s’agit aujourd’hui de dépasser les apories d’un passéisme nostalgique fondé sur le déni du Devenir, d’un progressisme abstrait fondée sur le déni de la Tradition comme celles d’un présentéisme pulsionnel fondé sur le déni de l’Histoire.

Pas d’arbre sans racines. Pas de développement humain sans enracinement dans l’archaïque et son intuition holiste qui servent de fondations à toute vision radicale. Selon Nietzsche : « L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue ». Etre évolutionnaire c’est intégrer le passé et mettre le présent en perspective dans une tension créatrice qui est celle d’un développement global, intégrant tous les aspects, spirituels et matériels, individuels et collectifs, de l’être humain. C’est en se sens qu’une politique évolutionnaire observe et participe à l’émergence de formes culturelles et organisationnelles inédites qui sont celles des sociétés de l’information.

Interpréter les crises que nous vivons comme autant de symptômes d’une même crise évolutive liée à un changement de paradigme c’est donner aux  mouvements protestataires et prospectifs les outils et les références qui leur permettent de mieux comprendre la dynamique novatrice qui les anime. C’est aussi leur permettre d’identifier et de diagnostiquer le choc de civilisation, né du conflit entre l’ancien paradigme et le nouveau, afin de promouvoir des stratégies créatrices et évolutives adaptées au monde qui est et à celui qui vient.