Là où il n'y a pas de vision, le peuple périt. La Bible (Proverbes 29:18)
Après avoir présenté le contexte historique et culturel qui préside à l’émergence d’une nouvelle esthétique, nous proposerons un texte où Alain Gourhant exprime sa vision de l’Art Intégral en définissant certains des principes auquel il se réfère. Un beau texte inspiré à lire, à relire et à méditer parce qu’il rend compte d’une sensibilité émergente, en train de se développer dans la psyché collective.
Une vision du monde
Toute société est fondée sur une vision du monde qui permet aux hommes de faire société. Cette vision commune obéit à un certain régime esthétique, c'est-à-dire un ensemble de perceptions et de sensations, d’images et d'affects : une manière de construire son expérience et de l’interpréter, de percevoir le monde et d’y participer.
Cette codification esthétique définit le Beau, complémentaire du Vrai (la connaissance) et du Bien (l’amour). Le Vrai (épistémologie), le Bien (éthique) et le Beau (esthétique) sont les trois grands archétypes que l’on retrouve sous une forme différente à chaque niveau évolutif et que Ken Wilber nomme les Trois Grands.
Dans les traditions pré-modernes, les codifications esthétiques, éthiques et épistémologiques étaient fusionnées et s'élaboraient à partir de normes magiques, puis religieuses. Durant la modernité les Trois Grand se différencièrent. L'art a pour fonction d'exprimer et de légitimer les formes à travers lesquelles la conscience collective se reconnaît en tant qu’intersubjectivité : un ensemble organique de subjectivités qui partagent les mêmes codes et se réfèrent au même ordre symbolique.
Sans cette vision commune, les sociétés se désintègrent au même rythme que l’intersubjectivité qui en constitue la substance. C’est ce qui se passe aujourd’hui où les hommes deviennent des îlots de subjectivité dans l’océan glacé de l’économie. La seule vision qui parvient encore à les fédérer est celle d’un imaginaire marchand qui diffuse les codes esthétiques correspondant à une société fondée sur le primat de l’économie c'est-à-dire la compétition généralisée et la consommation comme style de vie.
Une esthétique fétichiste
Devenu la plupart du temps une annexe de l’économie, l’art d'aujourd’hui est conçu comme un investissement et un signe extérieur de richesse. Pour être reconnus, les artistes doivent souvent devenir de véritables entrepreneurs qui pensent plus en terme de marché et de relations publiques qu’en celui de création esthétique.
Comme l’écrivait Jean-Edern Hallier : « Aveuglés par notre morgue technologique, nous sommes en pleine régression psychique, infantilisés, mais amputés du merveilleux enfantin ». De manière générale, l’art contemporain témoigne de la bulle narcissique dans laquelle baigne la psyché régressive de l’homo oeconomicus. Pour celui-ci, la forme devient fétiche : un miroir chargé d’exprimer ses fantasmes infantiles de toute puissance et d’auto-engendrement pour mieux exorciser sa détresse.
Des fantasmes infantiles qui compensent la dépendance absolue du nourrisson vis-à-vis de sa mère et font écho à celle vécue par nos contemporains vis à vis de la matrice économique. L’esthétique fétichiste de l’imaginaire marchand est celle du kitsch et du clinquant, de l’ironie et du néant, de la provocation et du divertissement.
Une esthétique fétichiste incapable de satisfaire une sensibilité poétique qui, dans les formes visibles, perçoit l’écho et la manifestation de forces invisibles. Comme le dit Alain Souchon : « Foule sentimentale/ On a soif d'idéal/ Attirée par les étoiles, les voiles/ Que des choses pas commerciales ».
La source visionnaire de l’art
En réaction à ce vide, un profond mouvement de régénération cherche à retourner à la source visionnaire de l’art. Une vision qui naît de la participation intime de la subjectivité à son milieu d’évolution à travers la sensation, la sensualité, la sensibilité et la subtilité.
L’esthétique devient ainsi un élément d’une conscience globale intégrant sensation, raison et intuition : les trois yeux de la connaissance. Cette intelligence intuitive est à l’origine d’une conscience intégrale qui rend compte de l'homme et du monde dans leur totalité, à la fois physique, psychique et métaphysique. La nouvelle esthétique qui voit le jour cherche à rendre compte des correspondances entre toutes ces dimensions.
L’esthétique marchande était fétichiste et idolâtre : l’ego projetait sur la forme ses fantasmes infantiles. Fondé sur le lâcher prise de l’ego, l’art intégral permet de se libérer de cet infantilisme pour retrouver le merveilleux enfantin qui naît de la connexion immédiate de la sensibilité avec l’inspiration qui l’anime. L’art intégral est visionnaire et iconique : l’expression formelle renvoie à un au-delà de la forme. Une forme qui devient l’épiphanie sensible d’une dimension supra-sensible.
Une nouvelle forme de sensibilité
Alain Gourhant est le créateur du site Psychothérapie intégrative et l’animateur du blog associé – le Blog intégratif - où l’on peut se sensibiliser aux diverses facettes de l'esprit intégratif. Ce site est une référence pour tous ceux qui ont envie de développer leurs connaissances et leurs recherches sur la « culture intégrale » en train d’émerger. Nous lui avons consacré ici deux billets.
Nous avons aussi consacré ici un autre billet à la dimension artistique d’Alain Gourhant telle qu’elle s’exprime notamment à travers son autre site intitulé Images et Paroles. Dans cet espace dédié à sa création, il prend plaisir à intégrer poésie, photographie, aquarelle, philosophie et spiritualité pour nous faire voyager à la découverte de nous-même à travers ce reflet qu’est la beauté du monde.
Dans le texte ci-dessous tiré du Blog Intégratif, il exprime sa vision de l’Art Intégral en faisant l’esquisse d’une nouvelle forme de sensibilité esthétique qui correspond au prochain stade de l'évolution culturelle. Il traduit en mots certaines des émotions qui animent, de manière plus ou moins consciente, la psyché collective. Il met des paroles sur l’air du temps qui, peu à peu, réenchante notre époque.
L’Art Intégral. Alain Gourhant
L’Art Intégral fait irruption dans la grisaille parisienne et glacée de l’hiver,
vendredi prochain 17 février 2012, pour toute la journée, à l’Université Intégrale.
Cela va sans doute réchauffer les âmes et les coeurs
car l’Art Intégral est un grand espoir,
il est à l’art contemporain, ce qu’en écologie l’énergie solaire est au nucléaire,
ou en économie,les monnaies locales à l’euro ou au dollar,
c’est à dire une nécessité vitale de notre époque, à inventer,
pour ne pas participer plus longtemps au désastre qui se profile,
et s’engager résolument dans la métamorphose
nécessaire à tous les domaines de la vie,
- et l’art, malgré ses grands airs ou ses mains blanches,
ne peut pas y échapper plus longtemps.
Voilà comment l’Art Intégral m’est apparu de manière très subjective :
L’Art Intégral est reliance
L’Art Intégral n’est pas une rupture de plus dans l’histoire de l’art,
si mouvementée avec toutes ces avant-gardes du 20e siècle,
dont la seule obsession étaient de se démarquer,
pour inventer à tout prix des formes nouvelles contre les anciennes,
très vite piégées à leur tour dans ces « ismes » qui ont ponctué ce siècle de brutalité et d’intolérance :
(réalisme, impressionisme, expressionisme, symbolisme, futurisme, suprématisme, dadaïsme, surréalisme, situationisme, etc, etc…)
L’Art Intégral n’est pas une rupture, c’est une reliance :
il s’agit de favoriser par la grâce du Beau et de la création,
la mise en relation de tous les territoires confinés, de toutes les chasses gardées, de toutes les chapelles étriquées, resserrées sur leur spécialité et sur leur expertise.
L’Art Intégral est ouvert, totalement ouvert,Après avoir présenté le contexte historique et culturel qui préside à l’émergence d’une nouvelle esthétique, nous proposerons un texte où Alain Gourhant exprime sa vision de l’Art Intégral en définissant certains des principes auquel il se réfère. Un beau texte inspiré à lire, à relire et à méditer parce qu’il rend compte d’une sensibilité émergente, en train de se développer dans la psyché collective.
Une vision du monde
Toute société est fondée sur une vision du monde qui permet aux hommes de faire société. Cette vision commune obéit à un certain régime esthétique, c'est-à-dire un ensemble de perceptions et de sensations, d’images et d'affects : une manière de construire son expérience et de l’interpréter, de percevoir le monde et d’y participer.
Cette codification esthétique définit le Beau, complémentaire du Vrai (la connaissance) et du Bien (l’amour). Le Vrai (épistémologie), le Bien (éthique) et le Beau (esthétique) sont les trois grands archétypes que l’on retrouve sous une forme différente à chaque niveau évolutif et que Ken Wilber nomme les Trois Grands.
Dans les traditions pré-modernes, les codifications esthétiques, éthiques et épistémologiques étaient fusionnées et s'élaboraient à partir de normes magiques, puis religieuses. Durant la modernité les Trois Grand se différencièrent. L'art a pour fonction d'exprimer et de légitimer les formes à travers lesquelles la conscience collective se reconnaît en tant qu’intersubjectivité : un ensemble organique de subjectivités qui partagent les mêmes codes et se réfèrent au même ordre symbolique.
Sans cette vision commune, les sociétés se désintègrent au même rythme que l’intersubjectivité qui en constitue la substance. C’est ce qui se passe aujourd’hui où les hommes deviennent des îlots de subjectivité dans l’océan glacé de l’économie. La seule vision qui parvient encore à les fédérer est celle d’un imaginaire marchand qui diffuse les codes esthétiques correspondant à une société fondée sur le primat de l’économie c'est-à-dire la compétition généralisée et la consommation comme style de vie.
Une esthétique fétichiste
Devenu la plupart du temps une annexe de l’économie, l’art d'aujourd’hui est conçu comme un investissement et un signe extérieur de richesse. Pour être reconnus, les artistes doivent souvent devenir de véritables entrepreneurs qui pensent plus en terme de marché et de relations publiques qu’en celui de création esthétique.
Comme l’écrivait Jean-Edern Hallier : « Aveuglés par notre morgue technologique, nous sommes en pleine régression psychique, infantilisés, mais amputés du merveilleux enfantin ». De manière générale, l’art contemporain témoigne de la bulle narcissique dans laquelle baigne la psyché régressive de l’homo oeconomicus. Pour celui-ci, la forme devient fétiche : un miroir chargé d’exprimer ses fantasmes infantiles de toute puissance et d’auto-engendrement pour mieux exorciser sa détresse.
Des fantasmes infantiles qui compensent la dépendance absolue du nourrisson vis-à-vis de sa mère et font écho à celle vécue par nos contemporains vis à vis de la matrice économique. L’esthétique fétichiste de l’imaginaire marchand est celle du kitsch et du clinquant, de l’ironie et du néant, de la provocation et du divertissement.
Une esthétique fétichiste incapable de satisfaire une sensibilité poétique qui, dans les formes visibles, perçoit l’écho et la manifestation de forces invisibles. Comme le dit Alain Souchon : « Foule sentimentale/ On a soif d'idéal/ Attirée par les étoiles, les voiles/ Que des choses pas commerciales ».
La source visionnaire de l’art
En réaction à ce vide, un profond mouvement de régénération cherche à retourner à la source visionnaire de l’art. Une vision qui naît de la participation intime de la subjectivité à son milieu d’évolution à travers la sensation, la sensualité, la sensibilité et la subtilité.
L’esthétique devient ainsi un élément d’une conscience globale intégrant sensation, raison et intuition : les trois yeux de la connaissance. Cette intelligence intuitive est à l’origine d’une conscience intégrale qui rend compte de l'homme et du monde dans leur totalité, à la fois physique, psychique et métaphysique. La nouvelle esthétique qui voit le jour cherche à rendre compte des correspondances entre toutes ces dimensions.
L’esthétique marchande était fétichiste et idolâtre : l’ego projetait sur la forme ses fantasmes infantiles. Fondé sur le lâcher prise de l’ego, l’art intégral permet de se libérer de cet infantilisme pour retrouver le merveilleux enfantin qui naît de la connexion immédiate de la sensibilité avec l’inspiration qui l’anime. L’art intégral est visionnaire et iconique : l’expression formelle renvoie à un au-delà de la forme. Une forme qui devient l’épiphanie sensible d’une dimension supra-sensible.
Une nouvelle forme de sensibilité
Alain Gourhant est le créateur du site Psychothérapie intégrative et l’animateur du blog associé – le Blog intégratif - où l’on peut se sensibiliser aux diverses facettes de l'esprit intégratif. Ce site est une référence pour tous ceux qui ont envie de développer leurs connaissances et leurs recherches sur la « culture intégrale » en train d’émerger. Nous lui avons consacré ici deux billets.
Nous avons aussi consacré ici un autre billet à la dimension artistique d’Alain Gourhant telle qu’elle s’exprime notamment à travers son autre site intitulé Images et Paroles. Dans cet espace dédié à sa création, il prend plaisir à intégrer poésie, photographie, aquarelle, philosophie et spiritualité pour nous faire voyager à la découverte de nous-même à travers ce reflet qu’est la beauté du monde.
Dans le texte ci-dessous tiré du Blog Intégratif, il exprime sa vision de l’Art Intégral en faisant l’esquisse d’une nouvelle forme de sensibilité esthétique qui correspond au prochain stade de l'évolution culturelle. Il traduit en mots certaines des émotions qui animent, de manière plus ou moins consciente, la psyché collective. Il met des paroles sur l’air du temps qui, peu à peu, réenchante notre époque.
L’Art Intégral. Alain Gourhant
L’Art Intégral fait irruption dans la grisaille parisienne et glacée de l’hiver,
vendredi prochain 17 février 2012, pour toute la journée, à l’Université Intégrale.
Cela va sans doute réchauffer les âmes et les coeurs
car l’Art Intégral est un grand espoir,
il est à l’art contemporain, ce qu’en écologie l’énergie solaire est au nucléaire,
ou en économie,les monnaies locales à l’euro ou au dollar,
c’est à dire une nécessité vitale de notre époque, à inventer,
pour ne pas participer plus longtemps au désastre qui se profile,
et s’engager résolument dans la métamorphose
nécessaire à tous les domaines de la vie,
- et l’art, malgré ses grands airs ou ses mains blanches,
ne peut pas y échapper plus longtemps.
Voilà comment l’Art Intégral m’est apparu de manière très subjective :
L’Art Intégral est reliance
L’Art Intégral n’est pas une rupture de plus dans l’histoire de l’art,
si mouvementée avec toutes ces avant-gardes du 20e siècle,
dont la seule obsession étaient de se démarquer,
pour inventer à tout prix des formes nouvelles contre les anciennes,
très vite piégées à leur tour dans ces « ismes » qui ont ponctué ce siècle de brutalité et d’intolérance :
(réalisme, impressionisme, expressionisme, symbolisme, futurisme, suprématisme, dadaïsme, surréalisme, situationisme, etc, etc…)
L’Art Intégral n’est pas une rupture, c’est une reliance :
il s’agit de favoriser par la grâce du Beau et de la création,
la mise en relation de tous les territoires confinés, de toutes les chasses gardées, de toutes les chapelles étriquées, resserrées sur leur spécialité et sur leur expertise.
dans une totale liberté sans limite qui outrepasse de loin l’Art lui-même,
car L’Art Intégral s’intéresse à tout : il est relié, il est connecté, il est branché,
il intègre dans la plus grande insouciance et la plus grande assurance,
ce qui n’est pas traditionnellement de son domaine de compétence
- « l’art pour l’art » est pour lui la plus grande ineptie qui ait été proférée.
Cela veut dire que l’Art Intégral est relié à tous les domaines de la connaissance et de la vie,
faisant voler en éclats – pour ne pas dire en éclats de rire -
tous ces compartimentages qui se protègent frileusement en s’ignorant superbement :
philosophie, sociologie, psychologie, anthropologie, ethnologie, économie…
cosmologie, physique quantique, biologie, neurologie, génétique, médecine…
écologie, religion, spiritualité, ésotérisme, astrologie, chamanisme, etc, etc..
l’Art intégral se relie et se nourrit de tout cela, sans restriction ni retenue,
et c’est de cette reliance que peut émerger la Beauté intégrale,
par ce processus créateur et intégratif de la bissociation
qu’Arthur Koestler a très bien décrit à la fin de sa vie,
et qui consiste à mêler créativement deux formes habituellement séparées
pour faire émerger une troisième forme qui les intègre et les illumine
de son évidence créatrice.
L’Art Intégral s’intéresse prioritairement au Tout
Mais si l’Art Intégral s’intéresse à tout, il est normal qu’il commence par s’intéresser prioritairement au Tout,
c’est à dire ce qui va lui permettre la vision la plus large, la plus généreuse,
car les plus belles créations de l’art tirent leur inspiration
de cette possibilité esthétique « d’être intuitionnée » par le Tout, qui se trouve dans la dimension la plus haute de l’Etre,
à contrario de la raison souveraine de cette époque, qui est captée, sidérée et enfermée par les illusions de la matière et du monde sensible,
c’est à dire tirée vers le bas.
L’Art Intégral n’a donc aucun problème avec la recherche du Tout,
qui a pris ses racines dans les mythologies les plus anciennes,
dans les religions et spiritualités issues de toutes les cultures humaines,
depuis que l’homme s’est intéressé à la culture – c’est à dire il y a au moins 300 000 ans quand il a commencé à enterrer ses morts.
L’Art Intégral met même un point d’honneur à s’occuper de Cela,
pour rattraper et tenter de rééquilibrer le temps perdu
- ce désastre de la connaissance humaine vieux de 400 ans,
complètement hypnotisé par le primat de la matière, donnant lieu à cette science matérialiste rabougrie, prisonnière des carcans du monde visible et qui se montre de plus en plus incapable à donner une direction éclairée à l’évolution humaine.
L’Art Intégral s’intéresse certes de temps à autres, à ces sciences conventionnelles, dans son souci de reliance,
mais il s’intéresse d’abord et avant tout au Tout,
c’est à dire à la Science de l’Esprit,
ce qu’on appelait autrefois la métaphysique, le religieux, le sacré, le divin,
le transpersonnel, le Tao, le Vide, la Source, l’alpha et l’oméga, la Vacuité lumineuse, etc…
De plus, l’Art Intégral aime tirer son inspiration et sa création de tous les états modifiés de conscience appartenant à ce monde invisible des esprits et de l’Esprit.
L’Art Intégral n’a donc aucun problème avec Dieu et la Transcendance,
pire il les cultive et cela loin des dogmes et des croyances, par l’expérience directe et la pratique sur soi-même,
il vénère toutes les formes de méditation, de contemplation, la pleine conscience et l’hypnose,
toutes les sagesses venant de l’Orient, et des peuples premiers,
il vénère tout ce qui n’est pas altéré par le rouleau compresseur du monothéisme matérialiste et athée.
Car c’est de cette dimension humaine la plus haute et la plus méprisée,
que peut venir le mieux cette conscience du Tout,
et c’est de cette conscience que nous attendons les plus belles révélations de la Beauté à venir,
celles qui nous donnera des ailes pour la métamorphose nécessaire de cette époque anémiée et boursouflée de matière.
L’Art Intégral est connecté au réel
Il y a une autre dimension incontournable de l’Art Intégral :
il est profondément relié, connecté et ancré au réel, au réel de l’ici – maintenant, au réel de l’actualité, au réel de cette époque la plus dangereuse, où l’espèce humaine met en jeu sa disparition ou sa continuation.
L’Art Intégral s’occupe donc de cette Crise qui ne ressemble à aucune autre crise précédente, au sens où elle est totale, on pourrait dire intégrale,
touchant à tous les domaines de la vie et n’épargnant aucun lieu de cette planète.
Alors, l’Art Intégral peut mieux qu’un beau discours servir à la prise de conscience nécessaire de ce réel,
en rendant compte à sa manière du désastre et de la guérison,
de la destruction et de la création,
de la mort et de la renaissance,
l’Art Intégral par la force et la clarté de son expression esthétique,
par la fulgurance de ses images et de son imagination inspirée,
peut rendre compte le mieux de ce passage initiatique et dangereux du réel,
dans lequel l’être humain se trouve actuellement engagé pour le meilleur ou pour le pire.
En ce sens, bien sûr, l’Art Intégral est du côté de tous les indignés
qui se soulèvent actuellement partout sur la planète pour mettre à bas le vieux monde,
le vieux monde prédateur de la domination de l’homme par l’homme,
de l’exploitation éhontée des puissances de l’argent dont l’insensibilité technocratique a dépassé les bornes,
L’Art Intégral est indigné et il exprime haut et fort son indignation,
n’en déplaisent à tous ceux qui voudraient faire de l’art une activité annexe de
divertissement
pour faire oublier le réel par la « joliesse » de la beauté inoffensive.
Mais dans son désir d’intégralité,
l’Art Intégral est aussi dans l’émerveillement
- il est autant indigné qu’émerveillé -
il prépare activement cette hygiène de l’esprit capable de s’émerveiller de la vie dans ses choses les plus simples et les plus ordinaires,
en particulier l’émerveillement de la nature retrouvée, réconciliée, célébrée,
car si renouveau il y a, il se fera dans cette disposition de la conscience élargie, capable de réunir les polarités opposées,
capable de manier l’indignation qui s’affronte et se révolte à l’émerveillement qui aime et réconcilie,
L’Art Intégral par la puissance du Beau est tout désigné pour exprimer ce
réenchantement du monde,
aussi nécessaire que les fureurs de l’indignation.
L’Art Intégral est simple
Enfin, après la gabegie matérielle et virtuelle de la société de l’hyperconsommation,
après cette cacophonie insensée des signes et des objets qui s’accumulent en tas ou partent dans l’inanité de leur fumée,
aux alentours des incinérateurs des grandes villes moribondes,
tout semble indiquer qu’il faille se tourner vers la décroissance, la frugalité, la simplicité,
une sorte de dénuement assumé et partagé dans la convivialité et la solidarité immatérielle.
l’Art Intégral fait partie de ce mouvement de la décroissance, par un étrange paradoxe :
il est connecté à tout et au Tout, mais il s’exprime dans la plus grande simplicité.
L’Art Intégral est un art simple, lisible par tous, clair, convivial et participatif,
- tout le contraire d’un art conceptuel, si complexe, qu’il demande des grilles de décodage tout aussi absconses que lui-même.
l’Art Intégral par sa Beauté simple et évidente doit entraîner l’adhésion du plus grand nombre,
de manière que chacun puisse participer à l’ascension de l’esprit qui lui est actuellement proposé,
afin de cocréer un nouveau monde dont la beauté sera l’expression dominante.
L’Art Intégral ne se prend pas au sérieux
J’allais oublier : L’Art Intégral ne se prend pas au sérieux,
non seulement il est simple, mais il est joyeux,
il sait rire de lui-même dans cette période pleine de doute et de fureur,
où les idéologies risquent de s’entrechoquer.
l’Art Intégral saura ne pas virer à « l’intégralisme »,
car il mesure bien que c’est la joie, la danse , la célébration du moment présent, qui feront la différence avec les poings serrés et les visages tendus
de tous ceux qui ratiocinent avec gravité sur les dangers de l’époque en proposant sous la contrainte des plans d’austérité.
L’Art Intégral mesure bien que la proximité du désastre lui donne les ailes,
le rire et la liberté de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
En ce sens l’Art Intégral est nietzschéen, il est de la famille de Dionysos,
qui renaît chaque année au printemps, en dansant,
après les démembrements sanglants de son corps,
car l’Art Intégral, dans la vision de ce passage initiatique de « mort et renaissance », qui revient toujours sur cette terre à intervalle régulière,
et auquel il participe activement par la voie imprévisible et directe de la Beauté,
l’Art Intégral dans la vision de cet éternel retour qui pourrait en faire pleurer certains,
au contraire sait ne pas se départir de la joie,
car la joie fait partie de toute création,
car la création dans sa beauté inextinguible
est peut-être le seul principe finalement,
qui sous-tend mystérieusement la marche spiralée du cosmos,
dans une sorte de danse d’allégresse étoilée et sans limite,
à laquelle l’Art Intégral dans sa claire vision du Tout,
saura participer activement.
Ce texte ainsi que les commentaires qui l’accompagnent et lui répondent peuvent être lus ici sur le Blog intégratif.