Il n’y a qu’un problème, un seul : redécouvrir qu’il est une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence, la seule qui satisfasse l’homme. Antoine de Saint-Exupéry
Aux petits rentiers de l’agonie
Aux fonctionnaires du désastre
Aux gestionnaires du renoncement
Aux professeurs de désolation
Aux experts qui, à force de savoir tout sur rien, ne connaissent absolument rien du Tout
Aux technocrates qui prennent leur impuissance pour de la mesure et leur conformisme pour de la lucidité
Aux religieux qui veulent faire de la transcendance une marque déposée dont ils revendiquent l’exclusivité
Aux politiciens dont la vision dépasse rarement la perspective de leur prochaine élection
Aux réducteurs de têtes - nombreux dans la tribu des Psyvaros - qui enferment l’infini de l’esprit dans les limites abstraites de l’individu
Aux démagogues qui surfent sur la haine, le doigt pointé vers des bouc-émissaires soumis à la vindicte populaire
Aux conspirationnistes qui, inspirés par la connerie ambiante, imaginent des solutions simplistes et délirantes à des problèmes complexes nécessitant un saut créatif et conceptuel
Aux arriérés qui pensent aujourd’hui comme hier en qualifiant d’avant-garde ceux qui vivent au rythme créateur de l’évolution
Aux sodomiseurs de dyptères qui qualifient d’illuminés les visionnaires et de visionnaires les désespérés
Aux cyniques qui, identifiés à leur égo, traitent de mégalos tous ceux qui cherchent à le transcender
Aux esthètes de nœud qui prennent la poésie pour une activité littéraire alors qu’elle est un état lyrique qui nous plonge au cœur de l’unité irréductible entre l’homme et le monde
Aux écrivains qui, avec vanité, traitent leurs lecteurs comme des clients et non comme des poètes
Aux cérébranleurs qui castrent l’imagination créatrice en réduisant un univers complexe et mystérieux à des idées claires et distinctes
Aux normalisateurs qui réduisent la conscience à un mécanisme cérébral et la psyché à une mécanique dont les rouages chimiques peuvent être réparés à coup de molécules
Aux scientistes, prêtres de l’insignifiance, qui inventent un monde à leur mesure en réduisant le Réel multidimensionnel aux formes apparentes de la réalité
Aux familialistes qui ne reconnaissent comme seul miroir narcissique que la toute puissance de leur progéniture
A ceux qui, parmi les journalistes, nous font prendre pour de l’information la mise en scène du conformisme et de la résignation
Aux milices de la pensée payées pour que leurs maîtres ne soient pas dérangés par des opinions déviantes c’est-à-dire novatrices
A l’oligarchie des nains qui spéculent sur la misère humaine pour chercher à remplir indéfiniment leur vacuité infinie
Aux poubellicitaires, ces mages noires qui colonisent l’imaginaire en faisant d’un produit le support d’un affect et d’un affect le support d’une aliénation
A ceux qui, parmi les enseignants, vampirisent la présence d'esprit en destituant la souveraineté de l’intuition créatrice au profit d’un formalisme abstrait qui se retourne contre la vie pour former des absents à eux-même et au monde
Aux apparatchiks de la culture qui attendent d'une avant-garde auto-proclamée qu’elle défèque sur scène, sur un tableau ou dans un livre pour aller nettoyer ses crottes avec autant de respect que de volupté
Aux prédateurs qui, par leur inconscience quotidienne, détruisent leur milieu naturel et les espèces qui y vivent en violant les valeurs sacrées de la sensibilité et de la vie
Aux matérialistes qui, en se constituant prisonniers des apparences, se privent d'une cohérence enracinée dans la profondeur d'une transcendance
A tous ces paumés qui, ayant oubliés d’où ils viennent, ne savent plus où ils vont
Aux pseudo-révolutionnaires qui se font les alliés objectifs de la domination en utilisant le logiciel économique des dominants plutôt que d’inventer le logiciel éthonomique de la convivialité
Aux déconomistes qui réduisent à un pouvoir d’achat la puissance créatrice de l'humanité
Aux marchands de bonheur qui profitent de la détresse humaine pour vendre l’illumination par mensualité
A ceux qui savent
A ceux qui croient savoir
A ceux qui croient que le savoir les protège d’eux-mêmes
Comme une armure
A tous ceux-là et aux autres
Il faut faire entendre l’écho assourdissant
D’une voix qui se propage comme un incendie
Annonçant l’insurrection des consciences
Avec le Verbe pour seule arme
Une armée d’enfants prophètes se lève de la nuit
Où les Techniciens du Sommeil l’avait endormie
Les enfants prophètes vivent dans l’univers et l’univers vit en eux comme une source
Ils n’ont rien à dire et tout à inventer
Du fond de leur mémoire pulse un rythme souverain
Ils sont enfants de l’univers et l’univers est leur enfant
Les petites vies s’enflamment à leur passage, les grandes s’illuminent
Ils appartiennent à un ordre qui se métamorphose à chacun de leur souffle
Ils sont visionnaires comme on était conscients
Leurs mots sont des graines d’avenir plantées à même le soleil
L’infini les habite comme un locataire bienheureux
« Loué soit l’infini » chantent-ils en aimantant la jeunesse de leur trop plein de bleu
Ils ont beaucoup voyagé entre les mondes et sont témoins d’histoires inouïes
Ils regardent les hommes comme les traces mortelles de ce qu’ils furent
L’immortalité se donne à celui qui sait la chanter
Rien n’a d’importance comme de célébrer le mystère
A travers les danses du désir et les rythmes de l’incarnation
Ils interprètent le monde, inspirés par un souffle millénaire
Ils sont libres comme on est visionnaire
Ils sont présents comme on est libre
« Osez libérer le prophète qui vibre en vous » disent-ils
En libérant la conscience de la peur et la peur du temps passé
« Oser libérer le génie qui vous inspire » disent-ils encore
La réalité est une femme qui se donne à celui qui saura l’enchanter
Elle enfantera un monde qui ressemble au souffle créateur
Acteurs d’un flux instantané qu’ils font circuler en eux et à travers eux
L’étoile de leur énergie rayonne d’intensité
Ils donnent et reçoivent en échange
Éléments solidaires d’un même organisme vibrant
Ils ne sont plus ce qu’ils furent car ils ont osé le futur
Ils l’ont généré en méditant
Ils ont imaginé ses couleurs et ses formes dans l’athanor de leur conscience
Ils l’ont appelé de tous leurs chants
Ils ont renoué les fils du visible et de l’invisible
Rien ne sera plus comme avant
Ceux qui vous jugeaient du haut de leur égo
Voilà qu’ils s’effondrent dans les limbes de leurs intérêts
Incapables d’inscrire leur vie dans un récit qui les grandit
Ils disparaissent à force de devenir minuscule.
Ils étaient morts mais ne le savaient pas
Votre présence leur en apporte la preuve
Et dans cette épreuve, ils font le deuil de leur inhumanité
Il manque des prophètes à la liste des hommes
La prophétie est une profession d’avenir
Osez quitter les rives de la résignation
Où échouent ceux qui pensent avoir réussi
Osez le premier pas : celui qui initie tous les autres
Osez servir l’infini et l’ineffable
Osez être plus que ce que vous êtes
Et vous verrez venir à vous l’armée des prophètes
Enfant rieurs aux paroles d’or et de diamant
Qui, de leur rire et de leur chant, ensemencent le champ du sens
Tout est nouveau sous le soleil depuis qu’ils se sont éveillés
A l’harmonie secrète où s’origine la puissance créatrice de la pensée
Les prophètes ne sont pas des vieillards de légende
Mais les enfants du nouveau monde
Qui ont à cœur de servir et de perpétuer le Grand Lien
Osez ruser avec les masques de la mort
Collés sur les vivants par l’esprit de sérieux
Quelqu’un quelque part vous attend
Qui vous ressemble comme un frère
Pour la bonne raison que c’est vous-même
Réinventé aux couleurs de l’éternité
Il vous faudra assumer l’infini comme une épreuve
Face à tous ceux qui ont fait un tombeau de leur vie
N’attendez rien d’eux qui ne savent que se vendre
L’avenir appartient à tous ceux qui osent se donner à lui
Ne fais rien si chacun de tes pas, de tes pensées, de tes actions n’est pas animé du Souffle
Attends qu’il te revienne comme on attend sa bien-aimée
Celui qui n’est pas capable de se réinventer sans cesse
Comment pourrait-il transformer le monde ?
Le silence est le temple du sens comme le secret est celui de la présence
Ne confie pas de perles aux pourceaux
Ils seraient capables de les confondre avec ces excréments dont ils sont si friands
Confie-toi à la Présence d'Esprit
Elle seule à le pouvoir de te réinventer au-delà des affres du temps et des sortilèges de l’incarnation