jeudi 19 avril 2018

Vers une Synthèse Evolutionnaire


Nous sommes au cœur d'une mutation où s'annonce un renversement de perspective. Raoul Vaneigem 

Vers la synthèse entre Intégralisme américain et Progressisme européen

Nous venons de consacrer nos huit derniers billets à trois livres qui témoignent, chacun à sa façon, du saut évolutif et conceptuel effectué par des avant-gardes intellectuelles et culturelles inspirées par une même Vision Intégrale. Face à une crise systémique qui rend nécessaire l’émergence d’un nouveau paradigme, la Vision Intégrale permet de mieux comprendre, loin de la fragmentation disciplinaire et du réductionnisme dominant, la complexité de l’expérience humaine vécue dans ses multiples dimensions, intérieures et extérieures, individuelles et collectives. 

Cette Vision Intégrale est l'expression contemporaine d’une sensibilité évolutionnaire enracinée dans une longue généalogie. A la différence de cette théorie scientifique qu'est l'évolutionnisme à laquelle on ne peut la réduire, l'approche évolutionnaire est globale : elle consiste à vivre, percevoir, ressentir et se représenter l'évolution du monde et de l'être humain, des subjectivités et des cultures comme des sociétés. Dans ce billet nous évoquerons les différences historiques et culturelles qui existent entre Europe et États-Unis pour mieux comprendre la façon dont cette sensibilité évolutionnaire s’est incarnée sur les deux continents à travers l’intégralisme américain d’une part et le progressisme européen de l’autre. Alors que l’intégralisme américain s’est concentré sur l’évolution individuelle et culturelle, le progressisme européen s’est plutôt focalisé sur le progrès social et politique.

Si l’intégralisme américain a permis une percée de la pensée évolutionnaire, notamment grâce aux apports très significatifs des modèles développementaux, il véhicule, de manière souvent inconsciente, certains stéréotypes d’un imaginaire capitaliste qui fonde historiquement la culture américaine. Quant aux progressistes européens, suite au long combat mené contre l’hégémonie culturelle de l’Église, ils considèrent trop souvent toutes formes de transcendance ou de spiritualité comme autant d'"opiums du peuple" utilisés par les classes dominantes pour asseoir leur domination.

Le temps est venu d’opérer une synthèse qui pourrait associer le meilleur de l’intégralisme américain - sa connaissance très fine du développement individuel et culturel - et le meilleur du progressisme européen c’est-à-dire la radicalité de sa critique et de son imaginaire social. Cette "Synthèse Évolutionnaire" associe et intègre dans un niveau supérieur ces deux expressions majeures de la sensibilité évolutionnaire que sont l'intégralisme et le progressisme. Forts de leurs particularités culturelles, des chercheurs des deux continents doivent avancer ensemble sur la voie de cette synthèse novatrice née du dialogue interculturel comme du débat intellectuel. Si cet article a une longueur inhabituelle sur ce blog c'est qu'il pose les bases d'une réflexion et d'un débat qui seront proposés à diverses composantes du mouvement intégral.

La Dynamique de l’Évolution Culturelle

L'évolution culturelle selon la Spirale Dynamique
Les trois ouvrages évoqués dans nos derniers billets sont inspirés par une même approche intégrale qu’ils revendiquent. Connaissance de la Totalité de Serge Carfantan évoque le changement de paradigme majeur qui concerne tous les aspects de la connaissance : sciences exactes, sciences humaines et spiritualité. Écrit par trois auteurs sous l’égide de Ken Wilber, Pratique de Vie Intégrale rend compte d’une méthode de développement humain dont le but est d’incarner ce changement de paradigme en passant de la théorie à la pratique pour vivre cette transformation au quotidien dans tous les aspects de soi-même. Quant au livre de Marc Gafni intitulé De l’égo au Moi Unique, il participe à cette mutation en posant les bases d’une spiritualité évolutionnaire qui opère la synthèse entre l’éveil oriental fondé sur l’ouverture à l’impersonnel, et l’éveil occidental fondé sur la dynamique d’individuation. 

Ces trois ouvrages sont autant d'exemples d'une même dynamique évolutive qui touche d'abord les individus les plus créatifs regroupés par affinités dans des réseaux d'avant-garde. Ceux qui participent à ces réseaux estiment que l’émergence d’un nouveau paradigme doit inspirer et accompagner le changement de civilisation devenu indispensable pour affronter une crise systémique que les modes de pensée et les modèles du passé sont incapables de résoudre. Rien d’étonnant si un tel mouvement évolutif reste imperceptible pour les tenants des institutions et ne puisse être saisi par une pensée dominante qui regarde le monde d’aujourd’hui avec les lunettes d’hier… quand ce n’est pas d’avant-hier !... 

Et pourtant, l’évolution culturelle s’est toujours opérée ainsi, en se diffusant au cours du temps à partir du noyau créatif d’une avant-garde inspirée, à travers des cercles de plus en large de population, en rencontrant toujours sur son chemin les résistances et les obstacles décrits par Schopenhauer : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. » 

Généalogie 

Une lignée de grands penseurs évolutionnaires
La philosophie intégrale est une des expressions contemporaines de cette dynamique évolutive qui prend, aujourd’hui comme hier, de multiples formes selon les contextes sociaux et culturels à travers lesquels elle se manifeste. On ne comprend rien à la vitesse et à l’ampleur avec laquelle s’est développé un "mouvement intégral" au cours de ces vingt dernières années si on ne saisit pas son profond enracinement dans l’histoire des idées. Dans leur passionnant Guide de la Spiritualité, David Dubois et Serge Durand évoquent ainsi les différents courants d’une spiritualité évolutionnaire dont les racines plongent dans les traditions philosophiques et spirituelles de l’Europe et de l'Inde : 

« Le plus ancien historiquement en Occident s’écrit en pointillé au sein de la tradition monothéiste avec des figures de l’idéalisme allemand comme Schelling ou plus tard des penseurs de l’évolution comme Bergson et Teilhard de Chardin. Le deuxième groupe s’est constitué dans les années 1920 en Inde autour de Sri Aurobindo et Mirra Alfassa connue le plus souvent sous le nom de Mère. Le troisième a véritablement émergé aux USA à la fin des années 1990 autour de Ken Wilber. Ce dernier d’ailleurs voit en Sri Aurobindo ainsi qu’en Schelling, Bergson ou Teilhard de Chardin ceux qui ont ouvert le chemin. Ces trois groupes d’initiateurs ont influencé nombre de personnes pour lesquelles ces influences s’entrecroisent souvent » (A lire dans le J.I : Les racines du mouvement intégral). 

Ce blog est né, entre autre, de l'intérêt que nous portions à l'expression contemporaine de cette spiritualité évolutionnaire qu'est l'intégralisme américain. A partir du contexte contre-culturel des années 60 qui a permis l'émergence d'une psychologie transpersonnelle dont il est en partie issu, l'intégralisme américain a donné corps à cette vision évolutionnaire en utilisant une information documentée, à la fois scientifique et phénoménologique, qui provient de nombreux modèles développementaux issus aussi bien des sciences humaines que des grandes traditions spirituelles. Ces modèles ont identifié avec précision les principaux stades évolutifs à travers lesquels l'être humain se développe dans de nombreux domaines de sa vie individuelle et collective.

A partir de tous ces modèles, les tenants d'une théorie intégrale ont proposé un spectre complet des états de conscience et des stades de développement. Les premiers de ces stades sont ceux d'une fusion pré-personnelle entre celui qui est encore un individu en devenir et son milieu de vie; la dynamique du développement passe ensuite par les stades d'une conscience individuelle et rationnelle jusqu'aux divers stades transpersonnels et supra-rationnels d'une conscience transcendante évoquée dans toutes les grandes traditions spirituelles. Les personnes qui s'intéressent à cette cartographie pourront se référer aux nombreux billets qui l'évoquent dans Le Journal Intégral.

Cette recherche sur le développement intégral de l'être humain s'est accompagnée d'une profonde réflexion épistémologique sur les "Trois Yeux de la Connaissance" (sensation, raison et intuition) qui a redonné à la spiritualité le statut d'une connaissance à la fois phénoménologique et intuitive, complémentaire de la rationalité.  A travers cette réflexion fondamentale, la spiritualité retrouve une place éminente qu'elle occupait dans les sociétés traditionnelles et que le positivisme de la modernité avait dénié et occulté. En affirmant un nouvel équilibre entre esprit et raison, cette véritable révolution épistémologique permet de se libérer de l'hégémonie positiviste d'une science sans conscience à l'origine d'une technocratie sans humanité. Une telle révolution épistémologique implique donc une transformation culturelle et sociale comme cela s'est passé dans toutes les grands carrefours évolutifs de l'humanité.

Contextes historiques

Pour mieux comprendre l'émergence de cette approche intégrale aux États-Unis, il faut resituer celle-ci dans son contexte historique et culturel. Les dissidents anglais et européens qui ont fui les persécutions religieuses pour créer sur le continent américain une "Nouvelle Jérusalem" sont à l’origine d’une culture et d’une constitution refusant toute forme d'absolutisme pour affirmer la primauté du droit qui protège les libertés individuelles : liberté spirituelle toujours solidaire de la liberté d’entreprendre. On pourrait résumer de manière caricaturale la culture américaine en disant que c’est la somme du libre examen protestant et de la libre entreprise capitaliste. Dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber a bien analysé ce lien organique entre protestantisme et capitalisme.

Seule l’histoire des États-Unis permet de comprendre cette alliance entre spiritualité et capitalisme qui apparaît si étrange, voire contre-nature, aux yeux des Européens issus d’une toute autre histoire. Ce contexte historique et culturel propre aux États-Unis explique pourquoi un "mouvement intégral" a pu s'y développer sans être ni limité ni censuré dans ses recherches par l'inquiétude que suscite la spiritualité ainsi que par le rejet de toute transcendance qui règnent si souvent en Europe où le milieu intellectuel, ayant du combattre l’hégémonie du dogme et du pouvoir catholiques durant plusieurs siècles, identifie de manière quelque peu névrotique toute forme de spiritualité à cette hégémonie.  

Un tel rejet se manifeste plus particulièrement en France – ancienne fille aînée de l’Église – où l'absolutisme d'Ancien Régime s'est mué en son contraire : une nouvelle forme d'absolutisme laïc et "républicain" qui sert trop souvent de paravent aux préjugés d'un matérialisme athée plus ou moins militant, associés à ceux d'un relativisme propre aux sociétés de consommation. Parce qu'au fond, il conçoit la spiritualité comme une forme d'arriération mentale, ce laïcisme opère l'amalgame entre fanatisme, communautarisme, religion et spiritualité. Une telle idéologie est pourtant ambiguë : si elle cherche à limiter au maximum toute expression publique de la foi, elle est bien obligée de reconnaître aux religions un rôle de cohésion sociale dans une société déstabilisée par la montée de l'individualisme consumériste. Une cohésion que le laïcisme est bien en peine d'assurer dans la mesure où, fondé sur une vision réductrice et abstraite de l'être humain, il tend à nier les appartenances culturelles, les constructions symboliques et  les enracinements historiques qui fondent les communautés humaines.

Si le laïcisme est bien obligé de reconnaître ce rôle de cohésion sociale c'est aussi qu'il voit dans les religions institutionnelles un moyen pour neutraliser l'émergence de nouvelles formes de spiritualité qu'il juge d'autant plus subversives qu'elles lui sont incompréhensible. Ces spiritualités émergentes traduisent chez les jeunes générations - en mal de repères éthiques et existentiels - une quête d'absolu qui s'exprime à travers des pratiques et des discours, des imaginaires et des visions métaphysiques auxquels elles s'identifient et dans lesquels elles se reconnaissent. Ces spiritualités émergentes qui échappent aux stéréotypes abstraits de l'idéologie dominante sont hélas bien souvent diabolisées par les inquisiteurs du "Rationnellement Correct" qui les accusent de sectarisme. Le rejet et le déni de cet élan transcendant conduisent parfois les individus atomisés à se perdre dans des conduites addictives, nihilistes et autodestructrices, ou à se jeter dans les bras de mouvements fanatiques dans lesquels ils pensent trouver une forme de fraternité (dévoyée) - celle des frères d'armes - qui épanchera de manière perverse leur soif d'absolu et d'engagement.

Intégralisme américain

Les 4 Quadrants du modèle AQAL de Ken Wilber

Ces différences historiques et culturelles entre Europe et États-Unis permettent de mieux comprendre la façon dont la sensibilité évolutionnaire s’est incarnée sur les deux continents à travers l’intégralisme américain d’une part et le progressisme européen de l’autre. A partir d'une tradition fondée sur la prééminence du droit et de la liberté individuelle, l'intégralisme américain s’est concentré plus particulièrement sur le développement de l’individu et l'évolution de son milieu culturel. Pour le dire autrement, il a surtout pris en compte les champs de la conscience et de la culture correspondant aux deux "Quadrants Gauche" du modèle AQAL de Ken Wilber. Une telle focalisation évite le plus souvent toute remise en question radicale d’une organisation sociale fondée sur ces principes capitalistes que sont la compétition généralisée et la réussite individuelle identifiée à la richesse monétaire et au pouvoir économique.

Dans leur cartographie du développement des organisations sociales, la majorité des intégralistes américains, nourris au lait de l'idéologie libérale, considèrent le capitalisme et l’économie de marché comme des évidences si naturelles qu’elles n’ont pas besoin d’être questionnées. D'où une tendance à prospérer dans des activités de conseil aux entreprises plutôt que de participer au mouvement social en quête de nouveaux modèles. L’économie de marché leur semble être une forme supérieure d’organisation qui répond aux besoins des individus quand l’avènement des systèmes politiques libéraux leur apparaît comme la "Fin de l’histoire" pour reprendre la célèbre formule empruntée à Hegel par Francis Fukuyama. C'est pourquoi un certain nombre d'intégralistes américains conçoivent le développement futur des organisations et des sociétés dans le cadre d'un capitalisme réformé : le mouvement Conscious Capitalism est typique de cet état d'esprit.

Alors que ce réformisme vise à faire évoluer le modèle économique, ce qu'il faut aujourd'hui c'est se libérer de l'économie comme modèle dominant. Cette déconstruction de l'économie et son dépassement ont pour horizon  une véritable "écosophie" (post-capitaliste) où se joue la relation organique et sensible entre l'être humain et les divers milieux - naturel, social et culturel - où il évolue. Le temps est donc venu de passer d'une économie d'appropriation à une écosophie qui redonne aux Communs un place prépondérante. On ne pourra effectuer ce saut évolutif qui conduit de la compétition économique à la communauté écosophique sans dépasser les illusions de cette conscience séparée qu'est l'égo, afin de libérer et de mobiliser les ressources intérieures et les intuitions spirituelles qui furent au cœur de toutes les sagesses traditionnelles (lire Civilisation, Décadence, Écosophie). D'où la nécessite de se référer à une cartographie des états supérieurs de conscience élaborée par la théorie intégrale.

Une Transe Culturelle


Obstacle à l'émergence de cette écosophie, l'imaginaire capitaliste est à l'origine d'une "transe culturelle" qui rend aveugle aux mécanismes destructeurs d'un système qui exploite les individus réduits à l'état de ressources humaines comme il saccage les écosystème réduits à l'état de ressources naturelles. Un système responsable de la montée spectaculaire des inégalités sociales au profit d'une oligarchie qui instrumentalise la démocratie en imposant sa vision marchande à travers les médias dont elle est propriétaire et la publicité dont elle est commanditaire. Un système dont l'impérialisme économique désintègre les solidarités sociales et l'ordre symbolique, les modes de subsistance et d'organisation qui assuraient la cohésion des communautés traditionnelles. Un système à l'origine d'une véritable régression anthropologique enfermant l'individu dans un état narcissique de toute puissance infantile qui le conduit à satisfaire chacune de ses pulsions, même les plus destructrices, en ignorant toutes formes de limite et d'altérité.

Celui qui participe à cette vision du monde tend à nier ou à minimiser la violence de ces phénomènes, éclatante aux yeux de tous les autres. Parce qu'au-delà de la poursuite d'un intérêt personnel, son imaginaire est partie prenante d'un récit messianique qui vise à transformer le monde par l'économie de marché et la "libre entreprise". Un tel récit halluciné s'inscrit dans la continuité du messianisme religieux qui animait les pionniers voulant faire de l'Amérique une "Nouvelle Jérusalem". Il y a longtemps que la pensée critique a déconstruit cette forme de "transe culturelle" en affirmant comme le fait Guy Debord : " L'économie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l'économie".

Rien d'étonnant donc si cet inconscient capitaliste qui imprègne aussi l'intégralisme américain est à l'origine de ce que le maître tibétain Chogyam Trungpa nomme le Matérialisme spirituel. Trungpa a analysé la façon dont les Occidentaux utilisent bien souvent les pratiques spirituelles non pour se libérer mais pour transformer celles-ci en techniques instrumentales au service de l'égo et de l'individualisme qui en est la conséquence. Dans cette perspective, on peut observer par exemple comment le yoga a été réduit à une gymnastique exotique destiné au "bien-être" et comment la méditation est devenue ces temps-ci un "outil de gestion du stress" permettant à l'"Homo œconomicus" d'être plus efficace dans sa lutte pour le profit.

On n'en finirait pas de décrire toutes les pratiques qui illustrent ce matérialisme spirituel et qui s'inscrivent  dans une Culture du Narcissisme analysée par l'historien et sociologue Christopher Lasch à propos de la nébuleuse américaine du New-Age. Si la théorie intégrale est irréductible à cette nébuleuse et si l’"américanisation" de la pensée évolutionnaire a permis à celle-ci d’effectuer des progrès fondamentaux, elle s’accompagne aussi de préjugés régressifs liés à l’identification de la culture américaine à l’imaginaire capitaliste, à son matérialisme spirituel, à son individualisme mortifère et à sa logique d'accumulation, prédatrice des milieux naturels et humains.

Progressisme Européen


Héritiers d’une culture catholique fondée sur les valeurs de justice et de fraternité, les progressistes européens ont développé une perspective plus collective, à la fois sociale et politique. En Europe et plus particulièrement en France, la sensibilité évolutionnaire s'est diffusée à travers les penseurs des Lumières animés par l'idée de progrès, sous la forme d'un universalisme abstrait qui remet en question l'hégémonie de l’Église et l'absolutisme de droit divin. C'est pourquoi on trouvera souvent chez les penseurs des Lumières une méfiance vis à vis de la religion qui se transformera peu à peu, au fil du temps, en rejet de la transcendance chez nombre de leurs héritiers. Religion et transcendance leur apparaissent en effet comme des formes d'obscurantisme empêchant le libre exercice de la raison et de l'esprit critique. Il ne faut pas oublier que Voltaire signait toutes ces lettres en abrégé "Ecr. L'inf.", ce qui signifie "Écrasons l'infâme". Cet "infâme" c'est bien sûr l’Église (catholique) et son intolérance comme produit de son hégémonie.

Cette lutte contre l'hégémonie religieuse a pris au cours du temps la forme d'un progressisme considérant l'émancipation des individus non pas comme l'effet d'une évolution morale et spirituelle soumise aux dogmes religieux, mais comme la conséquence d'un progrès social. C'est ainsi que les progressistes européens se sont plutôt concentrés sur l'évolution des sociétés qui conditionnerait, selon eux, celle des comportements individuels. Une telle évolution des comportements et des structures sociales déterminant à son tour celle des subjectivités et des représentations collectives. Marx théorisera plus tard, de manière caricaturale, ce déterminisme socio-économique en faisant de la "superstructure" culturelle le simple reflet d'une "infrastructure" socio-économique. Il n'empêche qu'une telle focalisation sur les champs des "Quadrants Droits" du modèle AQAL de Wilber a permis l'élaboration d'une pensée critique, à la fois sociale et politique, qui s'est plus particulièrement manifestée à travers les mouvements socialistes et communistes.

Mais on ne se libère en quelques décennies ni d'une imprégnation religieuse millénaire ni d'une quête spirituelle fondamentale. On ignore bien souvent que, parmi les premiers socialistes, certains accompagnèrent leurs réflexions sociales de préoccupations spirituelles et métaphysiques. Il s'agissait pour eux de promouvoir une "religion civile" fondée sur le développement humain et sur une transcendance spirituelle libérée de l'intolérance, dépouillée des archaïsmes et des dogmes comme des richesses et des pouvoirs temporels accumulés par une religion millénaire. C'est ainsi que Jean Jaurès, grand leader du socialisme français, a pu écrire :  "L'essence même de la vie religieuse consiste à sortir de son moi égoïste et chétif, pour aller vers la réalité idéale et divine... Je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraie. J'ai écrit il y a vingt ans sur la nature et Dieu et sur leur rapport, et sur le sens religieux du monde et de la vie, un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée."

La Pensée Critique

Au cours du 19ème siècle, au fur et à mesure que le progrès social s'identifiait à la prospérité économique et au progrès technique qui en était à l'origine, ces considérations spirituelles disparurent peu à peu alors même que le progressisme s'associait au scientisme à travers une pensée positiviste. C'est ainsi que  le "socialisme scientifique" des marxistes - terme conçu en opposition au  "socialisme utopique" des pionniers - jugea toutes les formes de spiritualité comme autant de constructions idéologiques utilisées par les classes dominantes pour maintenir leur emprise. Inspiré par Hegel, Darwin et par l'esprit du temps, Marx a une conception évolutionniste de la société qui se développe selon lui à travers des stades successifs liés aux rapports dialectiques entre forces productives et rapports de production. 

Marx s'est inspiré du mouvement dialectique de l'histoire dévoilé par Hegel pour le "remettre sur ses pieds" selon ses propres mots. Ce qui l'a conduit à proposer, notamment dans Le Capital, une critique de l'économie politique à partir de l'observation du capitalisme au 19ème siècle. De nos jours, la pensée critique a elle-même évolué en analysant aussi bien l'hégémonie de la technique que celle d'un capitalisme financier emporté dans une forme de délire spéculatif qui ne correspond plus à rien dans l'économie réelle mais qui permet à ce système en crise de survivre encore quelque temps à ses contradictions. Cette pensée critique concerne aujourd'hui toutes les dimensions, individuelles et collectives, de l'être humain en prenant des formes aussi multiples que diverses : libertaire, écologique, féministe, décroissante, altermondialiste, convivialiste, anti-industrielle, antispéciste, post-coloniale, théorie du genre etc...

Malgré leur grande diversité et la différence de leurs analyses, toutes ces pensées critiques remettent en cause l'économicisme dominant qui se manifeste par une marchandisation progressive de toutes les sphères de la vie individuelle et sociale. Les plus radicales de ces critiques - celles qui étymologiquement vont à la racine du problème - analysent le "fétichisme de la marchandise" comme l'emprise de cet équivalent général et abstrait qu'est l'argent sur les rapports sociaux. Alors que la cohésion des sociétés traditionnelles était assurée par un principe de transcendance qui donnait lieu à des formes de fétichisme religieux, la cohésion des sociétés modernes est assurée par un principe d'équivalence générale qui, sous la forme d'argent, donne naissance à une nouvelle forme de fétichisme : celui de la marchandise.

Au cœur du fétichisme de la marchandise : l'hégémonie d'une abstraction quantitative, propre à la valorisation du capital et à son accumulation illimitée, qui nie ainsi toute dimension qualitative et concrète liée à la vie subjective, sociale, culturelle et spirituelle. La puissance totalitaire de cette abstraction quantitative conduit progressivement à la destruction des liens qualitatifs qui unissent les hommes entre eux et ceux-ci avec leur milieu naturel. C'est à partir de cette analyse que le mouvement dit de la Critique de la valeur déconstruit rigoureusement les catégories du capitalisme : la valeur, le travail abstrait, la marchandise et l’argent. Nous avons évoqué cette critique catégorielle du capitalisme dans plusieurs billets (voir rubrique Ressources ci-dessous).

Dans l'ouvrage qui vient de paraître, intitulé La société autophage, Capitalisme, démesure et destruction, Anselm Jappe, un des principaux penseurs de ce courant, analyse la dynamique auto-destructrice du capitalisme en l'illustrant par le mythe grec d'Érysichton, ce roi qui s'auto-dévora parce que rien ne pouvait assouvir sa faim, punition divine pour un outrage fait à la nature. Mehdi Benallal résume ainsi le propos de l'auteur : "Forme sociale totale et dynamique qui oblige les sujets à orienter leurs capacités vers un seul but abstrait - la production de valeur - le capitalisme détermine une profonde mutation anthropologique en détruisant toutes les limites symboliques et matérielles à son expansion" (Le Monde Diplomatique).

En nous libérant des diktats de l'économicisme dominant, la théorie critique nous aide à résister à cette régression anthropologique pour inventer et expérimenter de nouvelles formes de socialisation au sein de communautés post-capitalistes. Il manque cependant à cette pensée critique l'inspiration créatrice qui lui permettrait d'opposer à cette régression une anthropologie évolutionnaire. Pour ce faire, il faut pouvoir intégrer et dépasser la pensée abstraite propre au stade rationnel pour développer une vision intégrale qui prend en compte l'être humain dans toutes ses dimensions, sans exclusive, et notamment une dimension spirituelle qui lui a été déniée par la modernité technocratique. C'est ainsi que pensée critique et vision intégrale peuvent s'associer en une forme de "critique intégrale" fondée sur une anthropologie évolutionnaire et sur une vision systémique des relations entre conscience, culture et société. Parce qu'elle maîtrise les modèles de développement humain, cette critique intégrale est à même de contextualiser les récits collectifs et les constructions idéologiques, les fétiches sociaux et les hégémonies culturelles, en les mettant en relation avec la vision du monde dont ils procèdent et le stade de développement auxquels ils sont reliés.

Conscience, Culture et Société

La perspective intégrale des Quatre Quadrants définis par Wilber dans son modèle AQAL permet de mieux saisir les complémentarités et les contradictions existant entre le champ libéral de l'intégralisme américain et le champ social du progressisme européen. Le modèle AQAL, qui prouve ici son intérêt, peut s'appliquer à de nombreux phénomènes étudiés par les sciences sociales. Ce que nous apprend notamment l’approche intégrale c’est la solidarité systémique qui existe au sein d’un même stade de développement entre conscience, culture et société. On ne peut pas évoluer dans les "Quadrants Gauche" de la conscience et de la culture sans transformer simultanément les formes d’organisation sociale et de comportement qui leur correspondent dans les "Quadrants Droit"... et inversement.

C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner de trouver dans Le Journal Intégral à la fois une réflexion sur le développement psycho-spirituel des individus et sur l’évolution culturelle des groupes humains, mais aussi sur les philosophies politiques et les critiques sociales qui inspirent et expérimentent de nouvelles formes de socialisation. Conscience et culture pour les Quadrants Gauche, société et comportement pour les Quadrants Droit doivent évoluer de concert à un stade de développement donné : ce qu’ont tendance à oublier l'intégralisme libéral comme le progressisme social.  Le premier s'inscrit dans une tradition capitaliste fondée sur le déni du politique, réduit idéalement aux relations contractuelles entre monades individuelles, alors que le second est fondé sur le déni d'une transcendance considérée comme obstacle à la prise de conscience de l'aliénation individuelle comme des inégalités sociales.

Si nous avons bien conscience que la réalité est bien plus complexe, la description et la distinction de ce que le sociologue Max Weber nomme des Idéaux-Types (Intégralisme et Progressisme) met en scène et en lumière les différences fondamentales existant des deux côtés de l'Atlantique. La construction de ces Idéaux-Types est méthodologique : elle permet de saisir les grandes tendances à l’œuvre dans chacun de ces deux champs culturels même si nous avons bien conscience que le réel, dans sa complexité, est irréductible à toute distinction abstraite surtout quand celle-ci est construite sous la forme d'un dualisme. C'est ainsi qu'il existe, parmi les intégralistes américains, des individus ayant développés une critique sociale radicale comme il existe parmi les progressistes européens des individus et des mouvements qui cherchent à vivre et à penser ensemble le progrès des organisations, l'évolution des représentations et le développement des individuations.

Pour enrichir encore la complexité de nos observations, on fera remarquer qu'il existe des intégralistes européens, notamment dans le champ du conseil aux entreprises, qui sont les promoteurs sur le vieux continent de l'intégralisme libéral initié par les américains comme il existe aux États-Unis des progressistes qui militent dans la perspective d'un engagement radical !... On ne saurait donc réduire la complexité des situations à une simple dichotomie - Intégralisme libéral versus Progressisme social - même si celle-ci peut être utilisée de manière méthodologique pour mieux décrire les polarités qui définissent le champ d'une pensée évolutionnaire.

S'il coule différemment des deux côtés de l'Atlantique, le flux d'une même sensibilité évolutionnaire trouve sa source dans une pensée pré-socratique incarnée dans la parole d'un Héraclite selon laquelle "On ne se baigne jamais dans le même fleuve". Face aux défis d’une crise systémique qui nous oblige à changer de paradigme, ce retour aux sources permet d'envisager un saut évolutif : celui d'une synthèse associant intégralisme et progressisme dans un niveau supérieur de complexité. Loin d'être contradictoires, intuition créatrice et pensée critique sont complémentaires. L'intuition créatrice permet d'imaginer les formes inédites à travers lesquelles se manifeste la dynamique de l'évolution alors que la pensée critique permet de déconstruire les paradigmes du passé dont les évidences doivent être questionnées et dépassées dans le mouvement d'émergence d'une nouvelle vision du monde sur la spirale de l'évolution.

Une Synthèse Evolutionnaire


Comme l’écrit Galaad Wilgos à propos des recherches menées par le courant freudo-marxiste au sein de l’École de Francfort : « Pensée individuelle, rapports entre les individus, influence des structures devaient être analysés ensemble et non au détriment de l’un ou l’autre angle. Et vouloir se changer soi ne devait pas pousser à se replier sur son égoïsme ou ses intérêts personnels, mais bien au contraire à s’ouvrir au collectif et favoriser une transformation sociale, étant entendu qu’on ne saurait s’épanouir individuellement dans une société où règnent l’aliénation, la domination, les inégalités ou le totalitarisme d’État. » (Eric Fromm : l'art d'aimer contre la société marchande)

Quand le modèle capitaliste révèle, jour après jour, sa dimension profondément destructrice des milieux naturels, culturels et sociaux, il devient urgent d'inventer d'autres manières de vivre-ensemble à travers des formes d'organisations inspirées par une nouvelle vision : celle d’un monde perçu comme une totalité vivante en évolution et d’un être humain, partie prenante et apprenante de celle-ci. Les connaissances de l’intégralisme américain concernant la cartographie du développement individuel et culturel sont fondamentales, mais elles doivent être complétées, à partir d’une critique sociale radicale, par la mobilisation d’une intelligence collective susceptible d'imaginer et d'expérimenter des formes inédites de communautés humaines. 

Parmi ceux qui se sentent animés par une sensibilité évolutionnaire, un certain nombre de personnes ne se reconnaissent ni dans un intégralisme américain trop souvent fondé sur le déni du politique et du collectif au profit de l’économie et de l’individualisme, ni dans un progressisme européen égaré dans les limbes abstraites d'un rationalisme et d'une technolâtrie totalement dépassés à l'heure d'une crise écologique majeure. Ceux qui désirent surmonter ces impasses et apories doivent participer à l’émergence d’une synthèse correspondant à un nouveau stade de développement de la pensée évolutionnaire. Aidé par le regard critique de l’autre, chacun de ces deux courants doit prendre conscience des biais historiques et des filtres culturels qui conditionnent sa démarche en limitant ainsi sa vision et sa capacité de réflexion.

Il ne s'agit pas simplement de refonder le progressisme par un retour aux sources des valeurs transcendantes qui l'animent, ni de refonder l'intégralisme en lui ajoutant une pensée critique qui lui fait défaut, il faut élargir chacun de ces points de vue historiques dans une nouvelle approche synthétique. Une telle approche permet de dépasser les contradictions entre ces deux visions du monde pour envisager une complémentarité qui enrichit chacun de ces points de vue en les ouvrant sur une perspective commune, à la fois plus globale et plus complexe. C'est ainsi que les intégralistes américains doivent progressivement se décoloniser le cerveau de l’imaginaire capitaliste qui les prend en otage en constituant un biais qui rend souvent leur propos inaudible ou déplaisant pour les populations issues d’autres aires culturelles.

De même les progressistes européens doivent être capables de remettre en question les préjugés anti-spirituels dont ils ont les héritiers et dont ils ont beaucoup du mal à se libérer, pris qu'ils sont dans un conflit de loyauté envers leurs prédécesseurs. Si de tels préjugés sont des obstacles fondamentaux à l’idéal d'émancipation humaine véhiculé par le progressisme c'est qu'ils réduisent cet idéal à des formes sociales et conviviales, politiques et techniques qui ne prennent pas en compte la dimension transcendante et l'intuition holiste qui fondent cet idéal et qui furent au  cœur de toutes les cultures traditionnelles. Comme l'intégralisme libéral ne peut concevoir une autre forme d'organisation sociale que celle fondée sur l'économie de marché, le progressisme social ne peut concevoir des modes de conscience qui transcendent et relativisent une rationalité abstraite, hypostasiée en principe fondateur  de toute progrès humain.

C'est ainsi que le progressisme européen et l'intégralisme américain représentent en fait les deux faces complémentaires - culturelle et sociale - d'un même fétichisme de l'abstraction qui fonde l'hégémonie de la pensée technocratique comme celle de la rationalité instrumentale. Les progressistes restent enfermés dans les limites réductrices de cette pensée abstraite tout en déplorant ses effets avec une énergie d'autant plus passionnée qu'elle est sans issue. Ils devraient longtemps méditer, de manière collective, la célèbre phrase de Bossuet selon laquelle "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes".

Un renversement de perspective


C’est d’un tel dialogue interculturel fondé à la fois sur l’échange des points de vue et sur un débat intellectuel aussi vigoureux que rigoureux que doit émerger une Synthèse évolutionnaire capable de penser de manière systémique l’évolution de la conscience, de la culture et de la société. Dans l’élaboration de cette Synthèse évolutionnaire, il faudra aussi donner toute sa place à l’intégralisme indien initié par Sri Aurobindo, enrichissant la pensée évolutionnaire des ressources d’une spiritualité millénaire. Mais ceci est encore un autre chantier qui dépasse le cadre de ce billet.

Penser aujourd'hui de manière systémique l'évolution de la conscience, de la culture et de la société c'est mettre à jour ce mouvement décrit par le situationniste Raoul Vaneigem comme "une mutation où s'annonce un renversement de perspective". La situation actuelle est fondée sur la domination de la raison analytique sur l'intuition holiste; sur la domination de l'égo dont l'individualisme résiste à la dynamique de l'individuation; sur la domination de l'abstraction (technique et quantitative, instrumentale et utilitariste) sur la vie concrète (sensible et qualitative, évolutive et créatrice); sur la domination fétichiste de la marchandise (capitalisme, économicisme) sur les Communs (usages communs, intelligence collective, intersubjectivité culturelle).

A travers une forme de métanoïa, l'émergence d'une Synthèse Évolutionnaire doit opérer un changement de perspective qui remet à l'endroit ce qui avait été inversé par le paradigme abstrait et réductionniste de la modernité. Dans cette nouvelle vision du monde, l'intuition holiste inspire la raison analytique qui se met à son service; animé par une dynamique d'individuation, le Moi Unique, c'est à dire la singularité créatrice, maîtrise l'infantilisme de l'égo et ses fantasmes individualistes de toute-puissance; la vie concrète circonscrit l'abstraction au domaine de la pensée instrumentale qui est le sien;  les communautés humaines dirigent l'allocation des ressources à partir d'une intelligence collective qui vise à intégrer les divers milieux - naturels, sociaux et culturels - au service du processus d'individuation.

Une telle Synthèse évolutionnaire est à même d'inspirer ce renversement de perspective qui constitue un saut évolutif aussi urgent que nécessaire, aussi nécessaire qu'essentiel. A l'heure d'une crise systémique qui pourrait préfigurer l'effondrement de notre civilisation, le temps est venu pour les avant-gardes créatives de se mobiliser pour dépasser leurs préjugés culturels et promouvoir une nouvelle vision du monde correspondant à nos sociétés connectées dans un monde globalisé. A l'heure où les fondamentalismes religieux et marchands s'attaquent violemment à une civilisation occidentale rongée par le nihilisme, le relativisme et l'individualisme, ces avant-gardes visionnaires, guidées par une même intelligence collective, sont les agents actifs et les acteurs créatifs d'une même dynamique évolutive.

Tous ceux qui sont portés et emportés par cette dynamique participent à l'émergence du nouveau paradigme en inventant et en affirmant de nouvelles formes de spiritualité, de culture et d'organisation sociale qui offrent aux individus une perspective de développement intégral. Beaucoup nous diront qu'une telle vision est utopique mais ce qui est utopique c'est de croire que l'on peut vivre aujourd'hui comme hier, avec des modèles qui, ayant fait leur temps (dans le double sens de cette expression), sont devenus incapables de penser le présent et d'imaginer l'avenir. Une perspective enthousiasmante et créatrice s'ouvre donc à tous ceux qui, animés par la même sensibilité évolutionnaire, désirent collaborer à cette vision synthétique des deux côtés de l'Atlantique... et d'ailleurs.

Ressources 

Connaissance de la Totalité - Pratique de Vie Intégrale - De l'égo au Moi Unique

Sur la pensée intégrale : Introductions à la Vision Intégrale - Paris Integral Vision (relations entre les cultures française et américaine) - Les Trois Yeux de la Connaissance - Les racines du mouvement intégral - Guide de la Spiritualité - Voir les billets regroupés sous les libellés Théorie Intégrale, Ken Wilber, Sri Aurobindo

Quelques réflexion (critiques) sur l’intégralisme américain : Ne travaillez jamaisPratique de Vie Intégrale 

Quelques réflexions (critiques) sur le progressisme européen : De la Crise Religieuse à la Révolution Intérieure (où il notamment question du rapport de Jaurès et des socialistes à la spiritualité) - Déconstruire le pseudo-réalismeTranslation et TransformationFemmes, magie et politiqueMagie et ImaginaireUne (R)évolution intérieure - Le paradigme perduMétamorphoses de l’esprit européen - Civilisation, Décadence, Écosophie -

Vers un Intégralisme Synthétique : Éveil à une révolution totale  -  Une Insurrection Spirituelle - Éthique de l'existence post-capitaliste (3 billets)


Sur la Critique de la Valeur : Ne travaillez jamais (J.I) - Devoir de Vacance (J.I) La société autophage d'Anselm Jappe - Une présentation dense et structurée de cet ouvrage en vidéo sur la chaîne You Tube Le Labo de la Légiste  (9') -  Manifeste contre le Travail par Krisis (en intégralité sous forme de brochure imprimable) - Site Critique de la Valeur

Sur la pensée critique :  voir les billets regroupés sous les libellés Sortir de l'économie, Société Post-Capitaliste