jeudi 19 mai 2016

Eveil à une Révolution Totale (2)


Nous devons nous rendre compte que l'intérieur et l'extérieur s'interpénètrent subtilement en une totalité, et que nous ne pouvons faire face à l'un sans faire face à l'autre. Vimala Thakar


S'éveiller à une révolution totale (2) - Vimala Takar

Seconde partie du texte de Vimala Thakar présenté dans le précédent billet. 

La plénitude de la vie

C’est en approfondissant notre compréhension que disparaissent les divisions arbitraires entre intérieur et extérieur. L’essence de la vie, sa beauté, sa grandeur résident dans cette totalité. Dans la réalité, la vie ne saurait être divisée entre intérieur et extérieur, l’individu et le social. Il se peut que nous créions ces divisions arbitraires pour les besoins de la vie en société, pour les besoins de l’analyse, mais sur le fond, aucune division entre intérieur et extérieur n’a de signification ni de réalité. Nous avons accepté un cloisonnement étanche de la société, le morcellement de la vie non seulement comme un fait mais comme une nécessité. 

Nous vivons en relation avec ces fragments et acceptons les divisions internes - les différents rôles que nous jouons, les systèmes de valeurs contradictoires, les motivations opposées et les priorités - comme la réalité. Nous sommes dans la confusion intérieurement ; nous croyons que l’intérieur est fondamentalement différent de l’extérieur, que le ‘moi’ est tout à fait séparé de ce qui n’est pas moi, que les divisions entre individus et nations sont nécessaires ; et pourtant, nous nous demandons pourquoi il y a des tensions, des conflits et des guerres dans le monde. Les conflits naissent dans les esprits qui croient à la fragmentation et ignorent le tout. 

L’approche holistique est la reconnaissance de l’homogénéité et de la plénitude de la vie. La vie n’est pas cloisonnée ; elle ne saurait être divisée entre spirituel et matériel, individuel et collectif. Nous ne pouvons créer des compartiments tels que le politique, l’économique, le social ou l’environnement. Tout ce que nous faisons - ou ne faisons pas - affecte et produit un effet sur le tout. Nous sommes à jamais organiquement reliés au tout. Nous sommes ce tout et nous évoluons en son sein. Le fait d’être conscients de cette unicité fondamentale nous interdit de reconnaître une quelconque séparation. C'est pourquoi cette approche holistique nous oblige à désapprendre tous les morcellements opérés au nom de la religion ou de la spiritualité, tous les cloisonnements au nom des sciences sociales, toutes les divisions au nom de la politique, toutes les séparations au nom des idéologies. 

Lorsque nous comprendrons la vérité, nous ne nous attacherons plus à ce qui est faux. Dès lors que nous reconnaissons le faux pour ce qu’il est, nous lui ôtons toute valeur ; nous le désapprenons au quotidien. Ce refus de toutes les formes du cloisonnement, vécu aux niveaux psychologique et psychique, est la source même d’une action sociale efficace. Lorsque cette conscience du tout, de la plénitude, se lève en notre cœur, en même temps que la conscience de la relation de chaque être avec les autres, alors il n’est plus possible d’adopter une approche exclusive envers une partie ni de rester figés là où nous sommes. Dès que la conscience de l’ensemble est là, chaque moment devient sacré, chaque moment est sacré. Le sens de l’unité n’est plus un simple rapprochement intellectuel. Nous formerons un tout dans chacune de nos actions, pleins, naturels, sans effort particulier. Chaque action ou non-action aura ce parfum de totalité. 

La Liberté Intérieure est une Responsabilité Sociale 


C’est à l’intérieur de nous-mêmes que trouve son origine la vision d’un monde fragmenté, d’un puzzle dont certaines pièces portent le nom d’"ami", d’autres celui d’"ennemi". Nous nous orientons sur nos territoires intérieurs comme sur ceux du monde extérieur, les qualifiant de bons ou de mauvais, et des guerres s’y déroulent tout comme à l’extérieur. Intérieurement, nous sommes divisés contre nous-mêmes ; le cœur veut une chose, l’intellect en veut une autre et les pulsions de notre corps une troisième: ainsi naît un conflit qui, bien qu’à une échelle modeste, procède de la même nature que les guerres dans le monde. 

Si nous ne savons pas vivre une relation à nous-mêmes en tant que tout, est-ce étonnant qu’il nous soit difficile de percevoir le monde comme un tout ? Si nous croyons que chacun d’entre nous est une sorte d’agglomérat plus ou moins disparate, fait de traits de caractère désirables et indésirables, de motivations contradictoires, de croyances mal digérées et d’idées préconçues, de peurs et d’insécurité, n’allons-nous pas projeter tout cela sur le monde ? 

Parce que la source du conflit humain, de l’injustice sociale et de l’exploitation réside dans la psyché humaine, c’est donc par-là que nous devons commencer à transformer la société. Explorer l’esprit, la psyché humaine deviendrait alors un acte de compassion envers toute l’espèce humaine, non un but en soi ni une action égotiste. Il faut plonger à la source de la corruption de la société afin que toute nouvelle structure, tout système social né de cette investigation ait des racines suffisamment saines pour lui permettre de s’épanouir. Les structures sociales doivent changer, mais les motivations cachées et les postulats sur lesquels elles sont fondées doivent également changer. 

Les valeurs et les mobiles de l’action individuelle et collective qui cautionnent l’injustice et l’exploitation dans la société moderne doivent devenir le point de mire du changement, autant que la transformation des structures politiques et socio-économiques. Nous ne serons plus capables de permettre aux valeurs et aux mobiles qui sous-tendent le comportement personnel et collectif de demeurer dissimulés, non examinés.

Un esprit humain collectif

Un changement qui ne prendrait en compte qu’un remaniement superficiel des structures et des comportements, tout en préservant des fondations décadentes et malsaines, serait de courte durée. 


Ceux d’entre nous qui ont dédié leur vie à l’action sociale ont considéré à ce jour que la moralité de l’individu, son éthique, ses motivations et ses habitudes s’inscrivaient dans le cadre de sa vie privée. Non seulement nous désirons cacher tout cela à l’opinion publique, mais nous désirons aussi le cacher à nos propres yeux. En vérité, la vie intérieure n’est pas un domaine personnel ou privé ; c’est le domaine du social par essence. L’esprit est le résultat d’un effort humain collectif. Il n’y a pas votre esprit d’un côté et mon esprit de l’autre ; il y a l’esprit humain. C’est un esprit humain collectif, qui s’est organisé et codifié à travers les siècles.

Les valeurs, les normes, les critères sont autant de schémas de comportement organisés par la collectivité. Ils n’ont rien de personnel ou de privé. Nous pouvons fermer nos portes et avoir le sentiment que personne ne connaît nos pensées, mais ce que nous faisons dans ce temps soit disant privé affecte l’ensemble de la vie qui nous entoure. Si nous passons nos journées à nous sentir victimes de pensées et d’énergies négatives, si nous ouvrons la porte à la dépression, la mélancolie et l’amertume, ces énergies vont polluer l’atmosphère. 

Alors, où est donc la vie privée ? Nous avons besoin d’apprendre, au titre de notre responsabilité sociale, à regarder le mental comme un outil créé collectivement et à reconnaître que nos expressions individuelles sont des expressions de l’esprit humain. Il est absolument nécessaire de se libérer intérieurement du passé, des formes de pensée, du mental collectif organisé, standardisé, si nous voulons nous rencontrer les uns les autres sans méfiance ni défiance, sans peur ; voir l’autre avec spontanéité, écouter l’autre sans aucune inhibition. 

Des êtres humains unifiés

L’étude du fonctionnement du mental et la découverte de la liberté intérieure ne sont ni une utopie, ni une attitude égotiste mais revêtent la plus haute importance pour que nous autres, êtres humains, puissions transcender les obstacles que la raideur de la pensée a dressés entre nous. Notre perception de nous-mêmes sera celle d’un être humain sans étiquette ; ni indien, ni américain, ni capitaliste ou communiste - mais un être humain, une totalité en miniature. Nous n’avons pas encore appris cela. Nous vivons ensemble sur cette petite planète, et pourtant nous ne pouvons pas vivre ensemble. Nous sommes physiquement proches les uns des autres, mais psychologiquement nous vivons à des kilomètres les uns des autres.

Il est évident que l’éveil de la responsabilité sociale, dans son rapport avec la libération intérieure, est une question primordiale. Nous examinons le jeu du mental parce que nous souhaitons voir régner l’harmonie de la paix, parce que nous avons besoin de la joie de l’amour en nos cœurs, parce que nous nous soucions de la qualité de la vie que nous laisserons en héritage à nos enfants. Nous ne nous lançons pas dans une telle étude parce que nous cherchons un nouveau jouet ésotérique pour notre ego, ni même des expériences transcendantales pour satisfaire notre estime personnelle. Non, nous étudions le mental au titre de la responsabilité sociale ; nous reconnaissons que les racines de la violence, de l’injustice, de l’exploitation et de la convoitise résident dans la psyché humaine ; voilà pourquoi nous tournons le faisceau clair, lumineux et objectif de notre attention sur elles. 

Nous sommes reliés organiquement, et nous devons vivre cette relation. Être attentif aux différentes dynamiques de l’être ne revient pas à créer un réseau d’échappatoires pour éviter la responsabilité. Il ne s’agit pas de perpétuer un sens erroné de la supériorité : moi je suis sensible et pas vous. Il s’agit simplement de reconnaître que ce que nous appelons nos relations privées et collectives sont de peu d’importance, que ces relations stimulent le plus souvent la peur et l’anxiété, qu’elles nous entraînent vers la défensive. Si grand soit notre désir de paix, nous ne sommes pas encore mûrs pour la manifester, et cette immaturité affecte tout ce que nous faisons, toutes nos actions, même les plus nobles. 

L’élimination du désordre intérieur se réalise chez ceux qui veulent vraiment devenir des êtres humains unifiés, créatifs pleins de vie et passionnés, et qui reconnaissent que l’anarchie intérieure et le chaos gaspillent l’énergie et se manifestent par un comportement social irresponsable et mesquin. Être attentif requiert un immense amour de la vie. Ce n’est pas pour ceux qui choisissent de se laisser porter par la vie, ni pour ceux qui pensent que leurs actes charitables justifient leur laideur intérieure. La révolution totale que nous étudions n’est ni pour les timorés ni pour les pharisiens, mais pour ceux qui aiment la vérité plus que les faux-semblants, pour ceux qui désirent sincèrement, humblement, trouver une issue à tout ce gâchis que nous, chacun d’entre nous a contribué à créer par indifférence, par négligence ou par absence de courage moral. 

Le Choix est Nôtre 

Commission "Éveil de la Conscience" de Nuit Debout

La plupart d’entre nous n’avons pas conscience des mobiles qui sous-tendent nos vies ou du rang de priorité de nos actions. Nous voguons au gré des courants de la mode, adoptant ou rejetant les préoccupations de la société, soumis à ses caprices, à ses images créées soit par les media soit par un désir personnel et superficiel de devenir une personne utile ou serviable. Nous avons pris l’habitude de vivre à la surface des choses, redoutant leur profondeur ; c’est pourquoi nos actions et nos préoccupations humanitaires manquent de profondeur et telles de fragiles esquifs sont aisément endommagés. En fin de compte, la préoccupation principale, pour la plupart d’entre nous reste notre petite vie, notre goût pour les plaisirs sensuels, notre salut personnel et notre peur de la maladie et de la mort, bien plus que la misère générée par l’indifférence et l’insensibilité collectives. 

Cependant, nous avons atteint le point où nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de nous abandonner à cette quête de biens et de confort personnels, ni chercher à nous évader à travers une quête religieuse, tout cela aux dépens de la collectivité. Il ne saurait y avoir d’échappatoire, de retrait, de cercle privé où nous pourrions nous retrancher en tournant le dos aux malheurs d’autrui, en disant : « Je ne suis pas responsable. Les autres ont créé ce désordre ; qu’ils apportent la solution. » Pourtant, le message pour le salut de ce monde est clair : « Apprenez à vivre ensemble, ou vous périrez par la division ! » Ce choix est nôtre. 

Aujourd’hui, le monde nous oblige à accepter, au moins intellectuellement, notre unicité, notre interdépendance. De plus en plus de gens prennent conscience qu’il est urgent de faire cesser la folie tourbillonnante qui nous entoure. Et pourtant, notre façon de répondre à la complexité de ce défi reste superficielle, inadéquate. Nous ne sommes pas prêts à envisager une action – et encore moins la mettre en œuvre, si elle menace notre sécurité, ou affecte notre passivité habituelle. Continuer à vivre avec insouciance et indifférence, ne recherchant que le gain personnel et la satisfaction de nos désirs, revient à choisir le suicide pour l’espèce humaine. 

Nous pouvons bien sûr, selon nos ressources propres, nous engager à fond dans l’action sociale sans jamais nous écarter d’un centimètre du centre de nos intérêts personnels ; en réalité, bien souvent l’action sociale ne fait qu’accentuer l’égocentrisme et l’égotisme. Il est impossible de s’engager dans une action sociale authentique qui s’attaque à la racine des problèmes de la société et de l’âme humaine, sans s’écarter de toute motivation égocentrique. Plongeons donc au cœur du réseau complexe de nos mobiles et découvrons où sont nos priorités. 

Dépasser l'égocentrisme


Notre désir de paix doit devenir si urgent qu’il nous amène au point où nous sommes prêts à nous libérer de cet état d’immaturité égocentrique, enfin prêts à développer la saine maturité requise pour faire face aux défis complexes qui affectent notre existence. Mais nous perdrons la clarté de l’action juste et la passion qu’inspire un dessein bien déterminé si nous cherchons la caution de l’environnement culturel dominant, voire celle de la contre-culture. Peut-être serons-nous acclamés pour notre contribution, mais sans une conscience aiguë de ce qui constitue l’essence de nos vies, sans une compréhension profonde du sens de l’existence humaine, notre travail ne pénétrera pas jusqu’aux racines de la misère humaine. 

Il nous faut être d’une honnêteté intransigeante envers nous-mêmes afin de devenir responsables socialement. Où que nous soyons, nous devons résister à l’injustice, accepter de remettre courageusement en jeu notre confort, notre sécurité, notre vie même, sans plus jamais prêter la main à toute forme d’injustice ou d’exploitation. Si nous adoptons le comportement habituel de l’esclave – peur, acceptation de la tyrannie, aveuglement intellectuel et sentimental vis-à-vis de l’injustice – alors nous mériterons les inévitables conséquences qui fondront sur nous tel un sombre nuage d’orage. 

Naturellement, la crainte règnera si nous sommes soumis, si nous nous agrippons à notre confortable petit îlot. Si vraiment nous voulons voir notre lot de plaisirs, de confort personnel s’épanouir et grandir sans cesse, si nous sommes prêts à laisser périr tout le reste pour cela – les différents peuples de la planète, les races, les castes, les cultures, les religions, et toutes les autres créatures terrestres, alors à l’évidence nous sommes condamnés à pourrir, à nous désintégrer. Si, dans la plus grande indifférence, nous laissons les autres être maltraités, simplement pour que le cours de nos petites vies ne soit pas affecté, pour que le confort d’un joli intérieur, de repas agréables et de bons divertissements ne soit pas menacé, le résultat sera un destin tragique pour nous tous. 

Lorsque nous regardons en face la réalité de la souffrance humaine à l’échelle planétaire, qu’est-ce que la confrontation à cette terrible vérité va déclencher en nous ? Allons-nous nous retrancher derrière des théories et des mécanismes de défense bien commodes, ou bien quelque chose s’éveillera-t-il au plus profond de notre être ? Prendre conscience de la souffrance sans chercher à s’en défendre, nous conduira naturellement à nous engager sur la voie de l’action. Le cœur ne peut en être témoin sans lancer un appel à l’être profond, sans mettre en route la force de l’amour. 

Il est possible que, sans se déployer à l’échelle mondiale ou nationale, notre action s’exprime au sein de notre communauté, dans notre voisinage immédiat – mais répondre à l’appel, agir, est un devoir. La responsabilité sociale fleurit sans contrainte lorsque notre perception du monde n’est pas obscurcie par la conscience égotiste. C’est en étant directement en phase avec cette souffrance que naît la compréhension puis l’action spontanée - mais quand nous percevons le monde à travers l’ego, nous perdons la relation directe, la communion qui vit au plus profond de notre être. 

La Force de L'Amour est celle de la Révolution Totale


Il faudra bien un jour qu’une tendre compassion naisse et règne dans nos cœurs si nous voulons avoir une chance de survie ; nos vies ne seront marquées du sceau d’une véritable bénédiction que le jour où la souffrance de l’un sera profondément ressentie comme étant celle de tous. C’est la force, la dynamique de l’amour, à ce jour encore inconnue et inexplorée, qui servira de levier pour une transformation, une révolution totale. 

Nous nous sommes considérablement écartés de l’amour dans le cadre de notre vie sociale, avançant dangereusement vers la destruction, la famine. Peut-être avons-nous aujourd’hui la sagesse de reconnaître que l’amour nous est aussi vital que l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons ou la nourriture que nous absorbons. L’amour est la beauté, le mystère subtil, l’âme de la vie, la pureté intacte et radieuse qui fait naître la joie spontanée, les chants d’allégresse, les poèmes, la peinture, la danse et le théâtre, pour célébrer cette indescriptible, ineffable extase de l’être. Cette force d’amour, peut-on l’amener sur les places de marché, dans les maisons, les écoles, là où les affaires se traitent, transformant ainsi complètement nos relations ? Vous pouvez dire, qu’il s’agit là d’une utopie, mais c’est la seule attitude qui ferait vraiment la différence, et qui rendrait parfaitement justice au potentiel d’êtres humains vivant le tout. 

La compassion est un mouvement spontané de la conscience du tout, pas une décision raisonnée d’aider les pauvres ou d’être charitables envers les infortunés. La compassion est une formidable dynamique, qui nous porte naturellement, sans qu’il y ait choix, à l’action juste. Elle a la puissance de l’intelligence, de la créativité, et la force de l’amour. La compassion ne se cultive pas ; elle ne découle ni d’une conviction intellectuelle ni d’une réaction émotive. Elle est là, simplement, lorsque l’unité de la vie devient une réalité vécue. La compassion ne se manifeste pas lorsque nous vivons à la surface de l’existence, ni quand nous construisons pièce par pièce une vie confortable et facile. Elle requiert une plongée vers les profondeurs, là où la réalité est l’unité et les divisions ne sont qu’illusion. 

Si nous demeurons à la surface, nous serons particulièrement sensibles aux différences apparentes entre les êtres humains sur le plan physique et mental, ou encore les différences de culture et de comportement. Mais si nous laissons notre regard pénétrer plus profond, alors nous découvrirons qu’il n’y a aucune différence fondamentale entre un être humain et un autre, ni même entre un être humain et n’importe laquelle des créatures vivantes. Toutes sont des manifestations de la vie, créées à partir des mêmes principes de vie, et entretenues par les mêmes fonctions biologiques. L’unité est la réalité absolue ; la différenciation, elle, est de nature transitoire et relative.

L'expérience de l'impossible

Il n’est pas suffisant que seuls quelques-uns parmi nous, parviennent à cette profondeur de vie et nous communiquent de fascinants témoignages de l’unité de tous les êtres. En ces temps critiques, il est nécessaire que toute personne sensible et attentionnée fasse par elle-même la découverte du sens de l’unité, et permette au flot de la compassion de submerger sa vie. Lorsque la compassion et la réalisation de l’unité deviendront la dynamique de la relation humaine, alors l’humanité évoluera. 

Nous souffrons tous à travers le monde de la noirceur de la misère que nous avons crée. Parce que nous avons cru au morcellement, au superficiel, nous n’avons pas su vivre ensemble dans la paix et l’harmonie ; les ténèbres couvrent largement notre l’horizon. Dans cette obscurité, les gens simples comme vous et moi ressentent la nécessité d’aller plus profond, d’en finir avec les approches superficielles et inadéquates de la vie ; de mettre en œuvre l’énergie créatrice à notre portée afin d’exprimer l’unité. La vaste intelligence qui gouverne le cosmos est disponible à tous. La beauté de vivre, l’émerveillement de la vie, c’est que nous partageons cette créativité, cette intelligence, un potentiel illimité avec le reste du cosmos. 

Si l’univers est vaste et mystérieux, nous le sommes aussi. S’il contient d’innombrables réserves d’énergie créatrice nous les contenons aussi. S’il a des pouvoirs de guérison, nous aussi, nous les possédons. Prendre conscience que nous ne sommes pas de simples créatures physiques dans un monde de matière, mais des êtres formant un tout, chacun constituant un cosmos en miniature, relié de manière intime et profonde à la vie dans sa totalité devrait transformer radicalement la manière dont nous nous percevons, notre environnement, nos problèmes de société. 

Rien ne peut jamais être isolé du tout. Un immense potentiel inexploré dort en chaque être humain. Nous ne sommes pas que de la chair et des os, ni même une accumulation de conditionnements. Si c’était le cas, notre avenir sur cette planète ne serait pas très prometteur. Mais il y a infiniment plus à découvrir de cette vie, et chaque homme qui ressent cette passion de vie et qui ose l’explorer au-delà des apparences, jusqu’aux profondeurs du mystère de la totalité, aide tous les autres à mieux percevoir ce que veut dire être profondément humain. Une révolution, une révolution radicale, implique le courage de faire l’expérience de l’impossible. Et quand un individu fait un pas dans la direction de la nouveauté, de l’impossible, l’espèce humaine toute entière voyage à travers lui. 

Ressources 

S’éveiller à une révolution totale. Vimala Thakar. Enlightennext France. Cet article est une traduction d’extraits du livre Spirituality and Social Action : A Holistic Approach (V. Thakar, Berkeley, 1984).

Pour les anglophones, voici la version originale en anglais du texte de Vimala Thakar. 

Dans la rubrique ressources du précédent billet Éveil à une révolution intégrale (1) , on trouvera un certain nombre de  liens concernant la vie et l’œuvre de Vimala Thakar.

Dans le Journal Intégral : La Méditation c’est l’intégralité  Texte et biographie de Vimala Thakar.

La Révolution Totale de Krishnamurti, seizième et dernier chapitre de Se libérer du connu. Livre -Audio sur you tube

Se libérer du connu de Krishnamurti en Pdf 

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