Le monde dans lequel chacun vit dépend de la
façon de le concevoir. Arthur Schopenhauer
Il y a quinze jours, nous présentions la prochaine session de l’Université Intégrale qui aura lieu Dimanche 9 Juin à Paris avec pour thème Le nouveau paradigme de la co-évolution . Cette journée sera l’occasion de rendre hommage à Ervin Laszlo, un des pionniers de ce nouveau paradigme et le fondateur du Club de Budapest qui vient de fêter ses vingt ans.
A
partir des découvertes en physique quantique en théorie des systèmes et en sciences de la complexité, Ervin Laszlo a élaboré une vision du monde fondée sur une
connexion universelle qui rejoint l’inspiration des traditions millénaires. Alors que les mystiques parlent depuis toujours d’un champ cosmique qui conserve et transmet l'information en reliant tout à tout au plus profond de la réalité, des
physiciens contemporains évoquent quant à eux un vide quantique qui serait le logiciel de
l’univers contenant toute l’in-formation.
Dans cette perspective, les consciences comme les objets seraient en rapport direct et instantané avec toutes les autres; liés entre eux à un niveau profond, ils participeraient d’une totalité à la fois organique et dynamique. La séparation serait une illusion et l’identité une convention à dépasser pour participer à la dynamique évolutive qui anime ce Kosmos multidimensionnel.
Alors même que l'évolution de la pensée scientifique remet en question nos perceptions habituelles et nos habitudes de pensée, le temps est venu de développer une conscience planétaire fondée sur cette connexion universelle pour faire face aux défis du futur.
Dans le texte ci-dessous intitulé La Déclaration d’Unité, Ervin Laszlo propose avec Gyorgyi Szabo les « seize piliers de la nouvelle conscience » qui s’inspirent de ce nouveau modèle pour faire évoluer aussi bien nos conceptions éthiques et philosophiques que notre organisation sociale, politique et économique.
Dans cette perspective, les consciences comme les objets seraient en rapport direct et instantané avec toutes les autres; liés entre eux à un niveau profond, ils participeraient d’une totalité à la fois organique et dynamique. La séparation serait une illusion et l’identité une convention à dépasser pour participer à la dynamique évolutive qui anime ce Kosmos multidimensionnel.
Alors même que l'évolution de la pensée scientifique remet en question nos perceptions habituelles et nos habitudes de pensée, le temps est venu de développer une conscience planétaire fondée sur cette connexion universelle pour faire face aux défis du futur.
Dans le texte ci-dessous intitulé La Déclaration d’Unité, Ervin Laszlo propose avec Gyorgyi Szabo les « seize piliers de la nouvelle conscience » qui s’inspirent de ce nouveau modèle pour faire évoluer aussi bien nos conceptions éthiques et philosophiques que notre organisation sociale, politique et économique.
Un
autre type de monde
Né
en 1932 à Budapest en Hongrie, Ervin Laszlo est un
philosophe des sciences et un théoricien des systèmes qui a publié plus de
soixante dix ouvrages dont le dernier est Science et champ akashique. Une théorie intégrale du tout. En 1993, il fonde
le Club de Budapest, une association internationale dédiée au
développement d’une pensée et d’une éthique novatrices afin de résoudre les
multiples défis du vingt et unième siècle à travers une conscience globale et
planétaire.
Le Club
de Budapest se donne pour mission de travailler à l’émergence de cette conscience
planétaire fondée notamment sur l’intégration de la spiritualité, des
sciences et des arts. Une telle démarche systémique et
intégrative envisage simultanément l'évolution de la conscience et de la culture, des
modèles d'interprétation et d'organisation sociale afin de mettre en œuvre des stratégies créatrices pour
le vingt et unième siècle.
Cette conscience planétaire est inspirée par
l’émergence d’un nouveau paradigme. Selon Ervin Laszlo : « Le
paradigme est la totalité des présupposés d’une théorie. C’est une
image, une idée du monde. Nous en avons tous une dans la tête – même si nous
n’en sommes pas conscients – que nous avons construit à partir de ces
présupposés. Quand il y a trop d’anomalies, trop de choses incompréhensibles
sur la base de cet ensemble de présupposés, alors on cesse d’ajouter
explication sur explication, et on propose un autre système.
C’est ce qu’a fait Copernic en disant que le
soleil était au centre du système, et non la Terre. Le nouveau paradigme consiste à re-simplifier en se basant sur une
conception nouvelle, plus profonde, plus capable de répondre à nos
interrogations. C’est un autre type de monde » (Inrees. Entretien avec Ervin Laszlo.)
Aux frontières des nouvelles sciences
Inspiré par ce nouveau paradigme, l’individu développe les qualités dont nous avons besoin pour
survivre sur cette planète : « savoir que la solidarité a vraiment une base
physique, que ce que l’on fait aux autres, on le fait aussi à soi-même.
Les interactions existent partout, c’est une évidence. Si on met des déchets
dans une rivière, ils ne disparaissent pas dans l’océan.
Tout
est lié de façon permanente. Nous
faisons partie d’un monde organique, à la manière d’une cellule. Si une cellule n’est pas cohérente avec le
reste de l’organisme, alors tôt ou tard, elle devient un cancer et le tue.
L’organisme peut survivre quand tous
les éléments qui le composent sont cohérents. L’humanité a perdu la
cohérence avec la nature…
Nous avons créé un monde stérilisé, réduit,
pauvre, où il n’y a que quelques interactions. Tout est très limité. C’est
comme vivre dans un mécanisme, c’est inhumain. Les cultures traditionnelles vivent dans un monde beaucoup plus vaste,
plus intuitif. Aux frontières des nouvelles sciences, nous sommes en train de
recouvrer certains éléments de cette richesse, à travers justement les
phénomènes quantiques ».
(Inrees)
La Déclaration d’Unité
1. Je fais partie du monde. Le monde n’est pas en dehors de moi, et je ne suis pas en dehors du monde. Le monde est en moi et je suis en lui.
1. Je fais partie du monde. Le monde n’est pas en dehors de moi, et je ne suis pas en dehors du monde. Le monde est en moi et je suis en lui.
2. Je
fais partie de la nature et la nature fait partie de moi. Je suis ce que je
suis dans ma communication et communion avec l’ensemble du vivant. Je suis un
tout irréductible et cohérent avec le réseau de la vie sur la planète.
3. Je
fais partie de la société, et la société fait partie de moi. Je suis ce que je
suis dans ma communication et communion avec mes pairs humains. Je suis un tout
irréductible et cohérent avec la communauté des humains sur la planète.
Gyorgyi : Avec la conscience qui
grandit en moi, ma vie prend un nouveau sens. Je ne serai plus jamais seule, ne
me sentirai plus seule. Car je ne suis pas seule et déconnectée, je suis une
part essentielle de tout le monde et de tout ce qui existe autour de moi. Je
suis une avec le monde, et l’ai toujours été, même si ma conscience, était
alors duelle et que je ne le savais pas.
4. Je
suis plus qu’un organisme fait de peau et d’os ; mon corps, mes cellules et
organes sont la manifestation de ce qui est réellement moi : un système
dynamique auto-suffisant, auto-évoluant, émergeant, se maintenant et évoluant
en interaction avec tout ce qui existe autour de moi.
5. Je
suis une des manifestations parmi les plus hautes, les plus évoluées de la
cohérence et du Tout au sein de l’univers. Tous les systèmes conduisent à une
cohérence et à une globalité en interaction avec les autres systèmes, et mon
essence vient de cette expression cosmique. C’est cette même essence, ce même
esprit qui est inhérent à toutes les choses qui émergent et évoluent dans la
nature, qu’elles soient sur Terre ou ailleurs dans l’infini de l’espace et du
temps.
Gyorgyi: J’évolue et je suis
maître de mon évolution. Mais moi et mon évolution ne sommes pas séparés :
c’est une co-évolution avec les êtres et les choses autour de moi. Le comment
j’évolue fait aussi partie du comment ils évoluent, et le comment ils évoluent
fait également partie de ma propre évolution. Je co-évolue avec les personnes
et avec la vie sur la planète. Je co-évolue avec l’univers, et l’univers
co-évolue avec moi. Dans cette unité, je constitue une petite part mais non
insignifiante du Tout, je suis responsable de la co-évolution de toute la
planète.
6. Il
n’y a pas de frontières absolues ni de divisions dans ce monde, mais uniquement
des points de transition où un type de relations prédomine sur l’autre. Les
connections entre mes cellules et les organes de mon corps constituent un
système cohérent, autonome, évoluant et participant d’un tout. Au-delà de mon
corps, d’autres relations dominent : celles qui tendent vers plus de cohérence
et de globalité dans la société et dans la nature.
7. L’identité séparée que j’attribue aux autres êtres humains ou choses, n’est qu’une convention qui facilite mes interactions avec eux. Ma famille et ma communauté sont tout autant « moi » que les organes de mon corps. Mon corps et mon esprit, ma famille et ma communauté sont en interaction et en interpénétration ; ce sont des éléments prédominants variés dans le réseau des relations qui englobe toutes les choses de la nature et le monde des hommes.
8. L’éventail
des concepts et des idées qui sépare mon identité ou l’identité de chaque
personne ou communauté, de l’identité d’autres personnes ou d’autres
communautés, est la manifestation de cette convention pratique bien
qu’arbitraire. Ce sont seulement des gradients qui permettent de distinguer les
individus les uns des autres et de leur environnement mais elles ne constituent
pas en fait de réelles divisions et frontières. Elles ne sont pas « les autres
» dans le monde : nous sommes tous des systèmes vivants et nous faisons partie
intégrante de chacun d’entre nous.
Gyorgyi: Avec la conscience du
Tout, je réalise que non seulement je ne suis pas séparée du reste du monde du
monde qui m’entoure, mais aussi que personne ne l’est. Le concept de séparation
est faux, c’est une illusion. Lorsque nous agissons avec ce concept en tête,
nous contribuons à diviser l’unité du monde, à segmenter son entièreté. Notre
égo nous sépare, nous divise, mais notre corps ne le suit pas – il agit en
cohérence avec la Terre entière. Je fais partie de la Terre, partie du tout
plus grand qui est le monde dans sa totalité – une partie presqu’invisible mais
réelle et inséparable.
9. Chercher
à maintenir le système que je connais comme « moi » en étant en compétition
avec le système de l’autre est une grave erreur : cela pourrait remettre en
cause l’intégrité de la globalité à la fois de ma vie et celle de l’autre. Je
ne peux préserver ma propre vie et mon appartenance au Tout en dégradant le
Tout, même si j’ai l’impression que le fait d’en dégrader une partie peut à
court terme m’apporter un avantage. Lorsque je vous fais mal, lorsque je fais
mal à quelqu'un, je me fais mal.
10. La
collaboration, et non la compétition, constitue la voie royale vers la
globalité qui caractérise les systèmes en bonne santé dans le monde. La
collaboration appelle l’empathie et la solidarité, et ultimement l’amour. Je ne
peux m’aimer si je ne vous aime pas et si je n’aime pas les autres autour de
moi : nous faisons partie du même Tout et nous faisons partie de chacun d’entre
nous.
11. L’idée
de « l’auto-défense » ou même de la « défense nationale » a besoin d’être
repensée. Le patriotisme qui cherche à éliminer les adversaires par la force,
et même son caractère héroïque dans l’accomplissement de ce but, est une
erreur. Un patriote ou un héros qui brandit l’épée ou un fusil est l’ennemi de
lui-même. Chaque arme qui est brandie pour faire du mal ou tuer, est un danger
pour tous. La compréhension, la conciliation et le pardon ne sont pas des
signes de faiblesse ; ils sont les signes du courage.
Gyorgyi: Je fais partie de la communauté que l’on
appelle humanité et mon pays est la Terre. Ma famille réelle et immédiate est
constituée de chacun des membres de ma communauté et de mon pays. Tout ce que
je fais se reflète non seulement sur moi mais sur l’ensemble des membres de la
communauté, qu’ils vivent loin ou proche de moi. Je réfléchis consciemment à ce
que je vis et ce que je fais, parce que tout ce à quoi je pense et que je fais,
affecte aussi les autres. Faire du mal à un autre, quelle qu’en soit la raison,
me fais du mal ; guérir et aider un autre à guérir me rend plus entier.
12. Ni
la possession ni l’accumulation de richesses personnelles ne sont « le bon »
pour moi et pour les autres dans le monde. La richesse, en termes d’argent ou
de ressource matérielle, n’est qu’un moyen de vivre dans mon environnement. Si
cette richesse n’est que mienne, elle prend à d’autres ce qui nécessite d’être
partagé. La richesse exclusive constitue une menace pour tous les membres de la
communauté humaine. Et parce que j’appartiens à cette communauté, c’est au
final également une menace pour moi comme pour ceux qui la détienne.
13. Au-delà du Tout sacré, nous reconnaissons que seule la vie et son développement ont, comme l’expriment les philosophes, une valeur intrinsèque ; toutes les autres choses n’ont qu’une valeur instrumentale : une valeur qui s’ajoute à ou améliore la valeur intrinsèque. Les choses matérielles du monde, et les énergies et substances qu’elles contiennent ou génèrent, ont une valeur uniquement si elles contribuent à la vie et au bien-être de la vie sur Terre.
Gyorgyi: Ma vie, et la vie de
chacun dans ma communauté et de mon pays, constituent une valeur des plus
hautes, bien plus importante que toutes les richesses comptées en argent ou en
possessions matérielles. Mes possessions ne m’apportent pas de plaisir ou de
bénéfice si elles font du tort à l’autre, les rendent malheureux, ou réduisent
leurs chances de se sentir entiers et réalisés. La valeur de toute chose dépend
de l’effet qu’elle a sur ma vie et puisque ma vie fait partie de la vie de tous
les autres, de l’effet qu’elle a sur leur vie.
14. Chaque
personne saine a du plaisir à donner ; donner procure plus de plaisir qu’avoir.
Je suis sain et comblé lorsque je donne plutôt que lorsque je possède. La
mesure la plus juste de mon accomplissement et de mon excellence est celle de
ma capacité à donner. Ce n’est pas le montant de ce que je donne qui me
satisfait mais la relation que j’entretiens entre ce que je donne, et ce dont
ma famille et moi-même avons besoin pour vivre et prospérer.
15. Une
communauté qui donne de la valeur au don plutôt qu’à l’avoir est une communauté
de personnes saines, orientée vers la prospérité, l’empathie, la solidarité et
l’amour. Le partage fait grandir la communauté de la vie, alors que la
possession et l’accumulation créent de la démarcation, invitent à la
compétition et génèrent de l’envie. Une société de partage est la norme pour
toutes les communautés de vie sur la planète : la société de possession n’est
qu’une humanité des temps modernes et de ses aberrations.
Gyorgyi : Une vie consacrée à
collecter et amasser ce que les autres ou la nature peuvent me donner n’est pas
une vie qui vaut la peine d’être vécue. Le plaisir que cela donne est passager
et dérisoire, comparé à la satisfaction que je ressens lorsque je donne aux
autres quelque chose qui vient authentiquement de moi. Ce n’est que lorsque je
donne que je me sens heureux et comblé, faisant partie de cette globalité que
je forme avec ma communauté et mon pays.
16. Je
reconnais mon rôle et ma responsabilité de faire évoluer la conscience
planétaire en moi et chez les autres en donnant l’exemple. J’ai contribué à
l’aberration de la conscience humaine de l’âge moderne et je souhaite à présent
faire partie de l’évolution qui dépasse ces aberrations et contribuer à guérir
les blessures qui ont été provoqués par elles. C’est mon droit comme mon
devoir, en tant que membre conscient d’une espèce consciente que la planète est
précieuse et terriblement en danger.
Gyorgyi: Je réalise à présent que
je fais partie intégrante du monde, que je suis un membre de la communauté
humaine et de la Terre. La vie que je vis n’est pas uniquement ma vie : c’est
la vie de la communauté des hommes et de la Terre toute entière. Je la vis
aussi bien que je peux. Ce n’est pas un choix pour moi ; c’est un devoir. C’est
plus qu’un devoir, c’est simplement ce que je suis, un être humain doué d’une
conscience d’unité et d’appartenance.
Ressources
Traduit par Carine Dartiguepeyrou et Alain Gauthier, le texte
original en anglais est à lire ici sur le site du Club de Budapest sur lequel on trouve de
nombreuses informations permettent de mieux comprendre et de suivre la démarche
d’Ervin Laszlo et des chercheurs qui participent à l’émergence du nouveau
paradigme.
L’état d’urgence mondial de Ervin Laszlo
Deux penseurs évolutionnaires Ervin Laszlo et Andrew Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire