lundi 23 août 2010

Evolutions (7) - Un Changement de Paradigme

Sur le site où il présente ses publications et le programme de ses activités, Patrick Drouot, auteur de La Révolution de la Pensée Intégrale, propose un certain nombre d’articles où il fait part de ses recherches sur les états non ordinaires de conscience, les thérapies vibratoires et les traditions primordiales de l’humanité.
Trois de ces articles, ci-dessous, rendent compte de la dynamique énergétique et spirituelle à l’origine du changement de paradigme qui permet de transcender les limites de la vision réductionniste et matérialiste qui fonde la modernité pour aborder la complexité multidimensionnelle au coeur d'une vision intégrale.


Les Voyages Spirituels - P. Drouot

Les enseignements de toutes les traditions les plus anciennes de l'humanité nous ont largement démontré que le cerveau n'est pas limité aux cinq sens et qu'il lui est possible d'atteindre la créativité, la transcendance et la révélation. Il est possible de projeter notre cerveau ou notre conscience dans des états d'extraordinaire lucidité, de méditation profonde, de concentration et de contemplation.

L'étude des cultures à toutes les époques démontre un intérêt profond des hommes pour les états non ordinaires de conscience. Tous ces courants de pensée ont développé des méthodes pour les expliquer et décrire les différentes étapes du voyage spirituel. Cette connaissance a été transmise de bouche à oreille, de maître à disciple, de génération en génération, perfectionnant chaque jour davantage ce savoir.

Au début de l'ère moderne, alors que la science occidentale en était encore à ses premiers balbutiements (XVI et XVIIème siècles), la sagesse des anciens fut rejetée et remplacée par des modèles de la psyché fondés sur une philosophie strictement matérialiste. Néanmoins, dans les années soixante, un certain nombre de facteurs sociaux, ont permis de jeter des pavés dans la mare de la compréhension psychologique de l'être humain.

L'un des facteurs clé fut l'intérêt des jeunes générations pour les pratiques méditatives de l'Orient et la recherche de racines perdues: expérimentation des voies chamaniques, contact avec les Indiens d'Amérique du nord, revécu de la naissance et développement en laboratoire des techniques d'altération de la conscience.

Les rapports d'une nouvelle génération d'anthropologues sur leurs expériences personnelles dans les cultures chamaniques et les études scientifiques sur le coma dépassé ont fourni de nouveaux challenges à la psychiatrie et la psychologie traditionnelles. Bien des chercheurs, ayant systématiquement exploré ces nouveaux domaines, sont arrivés à la conclusion que les concepts scientifiques occidentaux et les idéologies qui en découlent avaient besoin d'être révisés et étendus.

Il est évident que pour n'importe quel voyageur de la conscience, ces expériences semblent répondre à trois catégories majeures. La première est d ‘ordre biographique, c’est à dire liée aux événements du présent et du vécu de la naissance. La seconde est liée à deux événements fondamentaux de la vie : la naissance et la mort. La troisième, la plus large est constituée d’expériences de type transpersonnelle, celles qui englobe les phénomènes mystiques.


Les jeux de la conscience humaine - P. Drouot

Nous sommes en train de vivre en un âge où le sol se dérobe sous nos pieds, où les fondations vacillent. Peut-être en a-t-il déjà été ainsi à d'autres époques. Aujourd'hui cependant la question de notre survie physique ou spirituelle se pose, impérative. La notion même de spiritualité ou le simple mot «spirituel» sont devenus tabous dans les milieux académiques. Sans doute faut il trouver l'origine de cette dépréciation dans ce qu'on appelait il y a une trentaine d'années « le nouvel orientalisme ». Aspiration soudaine, souvent dénué de sens profond vers un "Orient "de pacotille.

Notre époque est différente, il y a réellement une émergence de la conscience, perceptible en tous points sur notre planète. Ce changement semble mettre fin à la vision qui présidait depuis quelques siècles dans nos cultures occidentales. Hypertrophie d'un je ou d'un moi séparé du monde, exacerbation indue de l'aspect rationnel de la conscience au détriment de son versant intuitif, globalisant.

Peut-être comprendra-t-on alors la signification du mot spirituel, sa provenance essentielle. Issu du latin spiritus, le souffle, il trouve dans le mot grec psyché son écho, le souffle de vie. Saurons-nous réentendre ces mots pour retrouver notre source? Ainsi, la pensée du philosophe suisse Jean Gebser: « Un être qui se dissocie de son origine et de son but spirituel, agit contre son origine. Quiconque agit contre cela n'a ni aujourd'hui, ni de lendemain. »

Le "spirituel" ne recouvre pas une réalité éthérée ou fantomatique qui posséderait une existence séparée du corps. A travers lui et en lui l'existence corporelle sera rendue transparente. La transparence du corps et de l'esprit, ou le corps-esprit irradié par la lumière invisible.


Principes de base de la structure énergétique de l’être humain - P. Drouot

L'une des différences principales entre l'approche newtonienne et l'approche einsteinienne de l'être humain tient à la vision du corps. A travers son approche sophistiquée en biologie moléculaire, la pensée scientifique classique conçoit le corps physique comme une série de systèmes chimiques imbriqués les uns dans les autres. Or il est intéressant de constater que les spécialistes à l'avant-garde de la science suggèrent, tout comme les mystiques orientaux, que la nature solide de la matière n'est rien d'autre qu'une illusion des sens.

Cette perspective décrit la matière comme une substance composée de particules qui ne sont que des points de lumière froide. La dualité onde-particule de la matière tend progressivement vers un nouveau modèle de l'être humain en tant que système énergétique intelligent. Les enseignements mystiques orientaux rejoignent cette vision quand ils envisagent le corps physique comme le début d'une chaîne de systèmes énergétiques et non son aboutissement. Ces systèmes énergétiques subtils tiennent une place prépondérante dans le fonctionnement global de l'être humain. Ce modèle de pensée, bien sûr, s'oppose à la vision scientifique classique.

A travers toutes les expériences d'expansion de la conscience, on s'aperçoit qu'il n'existe qu'un voile entre notre condition du moment et notre nature véritable et intemporelle. Cet état de conscience ne peut s'exprimer habituellement avec des mots. Ainsi, lorsqu'on observe l'existence des champs énergétiques, des corps de lumière, on retrouve un langage ancien qui est en fait un meilleur support de communication. C'est une langue universelle, celle de la lumière. Nous nous rendons compte alors que les transferts d'informations d'une couche énergétique à l'autre se présentent comme une transmission de codes qui sont autant d'unités vivantes, à la fois plus précises et plus globales que notre langage verbal courant.

La différence entre la matière physique et la matière éthérique est donc essentiellement une différence de fréquence. Or, un principe reconnu en physique admet que des fréquences différentes puissent coexister dans un même espace sans se détruire mutuellement. Ce principe a des implications qui illustrent bien notre propos: de même que les ondes radio et les ondes télé peuvent se croiser dans un même espace sans interférer les unes avec les autres, la matière physique et la matière éthérique peuvent coexister.
Le corps éthérique, qui peut être considéré comme un champ d'énergie holographique, est superposé au corps physique. Le principe de coexistence des matières de différentes fréquences est applicable aux plus hauts niveaux des champs vibratoires. C'est tout du moins un exemple de la manière dont ces visions scientifiques avant-gardistes réconcilient science et tradition.

Les traditions orientales enseignent qu'il n'y a pas un corps mais que nous sommes un agrégat de sept corps. Ces corps sont imbriqués, et ils portent différents noms. Le corps éthérique, ou premier corps, vibre à une fréquence très proche de celle de la matière physique. Il se trouve à douze ou quinze centimètres du corps physique et l'on y retrouve le double lumineux de tous les organes du corps.

Dans ce corps éthérique se trouveraient soixante-douze mille canaux, des nerfs de lumière que les yogis nomment nadis et les Tibétains tza. Dans ces soixante-douze mille canaux circule une énergie universelle appelée prâna par les yogis. On parle aussi de mana, de wakan, de chi ou ki. Ce premier champ énergétique est donc vitalisé par cette force universelle.
Dans certaines conditions, cette force peut ralentir jusqu'à disparaître, provoquant ainsi des troubles physiques parfois graves. La première observation décèle que le corps éthérique est une interface entre des énergies élevées et le corps physique.

jeudi 19 août 2010

Evolutions (6 ) Les Systèmes de Valeurs


Théorie de la Dynamique Spirale. P. Drouot in Ressources Intégrales

C’est dans les années 1950 que le Professeur Clare Graves a échafaudé ce qu’il a d’abord appelé sa « théorie de l’émergence cyclique des niveaux d’existence ». Une formule un peu barbare pour décrire une réalité certes complexe, mais très accessible et qui met magistralement en lumière la manière dont évoluent à la fois les humains et les sociétés qu’ils composent.

Plus tard, dans les années 1980, ces travaux, repris et complétés, ont été baptisés « Dynamique Spirale » par les deux élèves de Graves qui se sont attelés à la difficile tâche de poursuivre les travaux du fondateur du modèle. Aujourd’hui, c’est donc sous cette appellation que l’on connaît cette théorie.
Selon leurs travaux, il semble que depuis cent mille ans, les sociétés humaines aient évolué non pas en suivant une ligne droite lancée vers un futur toujours fuyant, mais comme une Spirale; un mouvement inexorable vers plus de complexité, qui se développe à la manière d’une courbe s’enroulant autour d’un axe central et repassant périodiquement à l’aplomb des mêmes points, sur un plan supérieur.

Depuis, cette idée provocante a séduit un nombre grandissant de penseurs et de chercheurs de tous bords. D’autant que Graves a émis une hypothèse étonnante : les sociétés planétaires évolueraient par elles-mêmes, cette évolution façonnant les humains qui la composent et qui, par leur propre transformation, influenceraient à leur tour la société dans laquelle ils vivent.

Graves s’était aperçu que les niveaux respectaient une forme d’alternance, les systèmes de valeurs centrés sur l’individu succédant toujours à des systèmes de valeurs ouverts sur le monde extérieur. Ainsi :
- les couleurs chaudes correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont centrés sur l’individu (avec un fonctionnement privilégiant le cerveau gauche) ;

- les couleurs froides correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont plutôt centrés sur le groupe (avec un fonctionnement privilégiant davantage le cerveau droit) ;

- seul le premier code, le code Beige, échappe à cette alternance car il s’articule sur la partie la plus archaïque du cerveau que l’on nomme limbique ou reptilien.

BEIGE : INSTINCT ET SURVIE. Couleur chaude. Cerveau limbique, instinctuel.
MAUVE : CLANS ET TRIBUS, CÉRÉMONIES ET RITUELS. Couleur froide. Cerveau droit.
ROUGE : FORCE ET INDIVIDUALISME. Couleur chaude. Cerveau gauche. Pulsions limbiques
BLEU : OBÉISSANCE ET RESPECT DE LA LOI. Couleur froide. Cerveau droit
ORANGE : MOTIVATIONS PERSONNELLES. Couleur chaude. Cerveau gauche
VERT : COMMUNAUTAIRE ET HUMANISTE. Couleur froide. Cerveau droit
JAUNE : INTÉGRATEUR. Couleur chaude. Cerveau gauche avec sentiments
TURQUOISE : HOLISTIQUE ET INTÉGRAL. Couleur froide. Cerveau droit complexe
CORAIL (Tentative) : INTÉGRALISME GALACTIQUE. Couleur chaude. Utilisation de toutes les horloges biocorporelles


A la découverte des systèmes de valeurs.

Que l’on parle d’un individu ou d’un groupe (une entreprise, une ethnie, une nation, un groupe religieux…), la notion de « système de valeurs » désigne un ensemble de concepts, d’idées, de valeurs, qui donne une certaine idée de la réalité. Cette notion se résume, pour Graves, à une question : comment perçoit-on et conçoit-on les choses ? (how you think about things).

A partir d’une même réalité, plusieurs personnes peuvent ainsi développer des points de vue différents. Ce qui sous-tend ces points de vue, ce ne sont pas les architectures mentales des personnes qui les émettent, pas plus que leur niveau de culture ou d’intelligence. Ce sont les systèmes de valeurs opérant à l’intérieur d’eux.

Quels sont les systèmes de valeurs qui agissent à l’intérieur d’un individu, d’un collectif, d’une entreprise, d’un tissu industriel ou socio-culturel ? Deux personnes ont un parcours similaire. Qu’est ce qui va les différencier dans leur comportement, leur prise de décision et leur analyse d’une situation donnée : les systèmes de valeurs qui agissent à l’intérieur d’eux-mêmes.

Question : Comment réagir à de nouvelles formes d’accompagnement ? Réponse : Par une vision mondocentrique (Worldcentrism). Etre en mesure de voir à travers les yeux de l’autre. Opérer un déploiement intérieur. Règle : Dans n’importe quel domaine, on ne peut utiliser que des outils correspondant à une architecture mentale d’un demi-niveau de complexité supérieure.

lundi 16 août 2010

Evolutions (5) La Révolution de la Pensée Intégrale

Présentation de l’éditeur

Nous vivons à une époque de complexité croissante, un temps qui requiert une nouvelle forme de conscience et de compréhension des individus, des institutions et de la collectivité planétaire. Un livre pour comprendre et se déployer harmonieusement dans le monde d’aujourd’hui, tel est l’ouvrage indispensable que vous propose le physicien français Patrick Drouot. Il vous enseigne les fondamentaux d’une nouvelle architecture de conscience: la pensée intégrale, et vous invite à devenir des « Magiciens du Temps Présent ».

À travers de nouveaux outils élégamment imbriqués, Patrick Drouot vous propose de pénétrer dans cette nouvelle façon d’analyser, de décider et d’agir. Tels des champions du sport de haut niveau, vous apprenez à percevoir en un instant tout ce qui se passe sur le terrain de votre existence, à anticiper dans l’instant votre futur individuel et collectif et à agir « juste » dans une fluidité instantanée.

La Révolution de la pensée intégrale vous propose des méthodes pratiques et un ensemble d’exercices que vous pouvez intégrer dans votre existence, quels que soient vos centres d’intérêt ou vos domaines de compétence : création, santé, éducation, management, coaching, économie, développement durable…

Patrick Drouot a déjà formé à ces techniques plusieurs centaines de personnes, chefs d’entreprise, décideurs, architectes, médecins, coachs…, mais aussi des individus soucieux de se déployer harmonieusement dans le monde d’aujourd’hui. Certains d’entre eux livrent ici leur témoignage.



L’auteur

Patrick Drouot est physicien, diplômé de Columbia University New York. Intervenant à HEC (CRC Module de perfectionnement du Coaching). Conférencier, formateur et accompagnant de nombreux individus et professionnels dans le déploiement de leur existence, Drouot a publié plusieurs ouvrages à succès, toutes éditions confondues, il a vendu jusqu’alors plus d’un million d’exemplaires de ses livres.


Les paradoxes de la pensée intégrale par P. Drouot in Ressources intégrales

La pensée intégrale repose sur une série d’antinomies : trouver des outils nouveaux pour solutionner des problèmes encore en gestation ; percevoir les variables cachées (au sens mathématique du terme) et les fluctuations imperceptibles de notre environnement.

La conscience intégrale décrit l’être humain dans un cadre universel. Elle fournit un langage, un mode de pensée et des moyens d’action adaptés aux problèmes aussi bien locaux que globaux. Et cela, dans les domaines artistique, thérapeutique, sportif, institutionnel, culturel, éducatif, environnemental… Elle repose sur un concept de base, le déploiement intégral, qui peut s’appliquer à une personne comme à un groupe, à une entreprise comme à une nation, à une technique de développement comme à un modèle socioculturel…

Nous sommes engagés, que nous le voulions ou non, dans une aventure qui touche à toutes les dimensions de nos vies et de nos êtres : le soi et les autres ; la société, la planète et l’univers ; le passé, le futur et l’éternel présent… Penser « intégralement » peut nous permettre de vivre pleinement et de prospérer dans la société d’aujourd’hui, à travers un ensemble d’idées et d’outils novateurs capables de nous conduire vers des comportements, des attitudes et des actes plus juste, mieux adaptés à ce monde en perpétuel changement.

La pensée intégrale est aussi une porte ouverte sur l’exploration et l’intégration de nouveaux paliers de la conscience humaine. Le développement de soi nécessite périodiquement des « tempêtes de destruction créatives », des vents de changement qui éliminent les vieilles manières de penser et d’agir, pour faire place à d’autres, nouvelles mais parfois perturbantes, dont il faut synchroniser le rythme avec celui de l’évolution générale.


Présentation du site Ressources Intégrales
Dès le début des années 2000, nous avons soupçonné que les outils et les méthodes développés dans un grand nombre de secteurs personnels et professionnels ne répondaient plus aux besoins du monde, tant en ce qui concerne le bien-être de l’individu que le fonctionnement des entreprises et des institutions.
Nous avons commencé à percevoir les fondamentaux qui se structurent sous la surface de la pensée humaine, et les systèmes de valeurs opératifs qui sous-tendent nos prises de décisions et nos actes. Nous en sommes arrivés à cette certitude : les vagues dynamiques du changement appellent dès maintenant une nouvelle façon de penser, qui anticipe ce changement afin de créer de nouvelles opportunités de prospérité et de croissance.

dimanche 15 août 2010

Evolutions (4) Une mutation collective ?

La longue marche de l'espèce humaine. Patrice Van Erseel
(Texte de présentation du site Du Pithécanthrope au Karatéka)

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Comment nos descendants vont-ils évoluer ? Comment l’humanité s’inscrit-elle dans les processus de l’évolution naturelle ? Et surtout, pouvons-nous faire en sorte que les activités humaines cessent de blesser la biosphère, mais se mettent au contraire en résonance harmonieuse avec elle ? D’une certaine façon, toutes ces questions sont liées. Pour une raison notamment, qu’exprime la formule suivante : « Toute innovation décisive est totalement imprévisible, mais récapitule et mémorise les processus qui ont conduit jusqu’à elle. »

Tout est parti pour moi d’une donnée dentaire, ou orthodontique : depuis quelques décennies, les dentitions de tous les petits humains sont entrées en turbulence. Tout se passe comme si les nouveaux humains avaient « trop de dents » et que s’amorçait un rétrécissement de nos mâchoires. Or, cela pourrait (utilisons le conditionnel) correspondre à la réitération d’un phénomène qui s’est déjà produit cinq ou six fois, en soixante millions d’années, dans la lignée des primates, dont nous, Homo sapiens sapiens (ou Homo sapiens démens, comme dit Edgar Morin), sommes le dernier avatar.
Le rétrécissement de la mâchoire correspond à un ensemble de transformations : verticalisation de la colonne en double S, ouverture du bassin et de la poitrine, élévation du front, développement du cerveau, prématurité croissante des nouveaux-nés… et accentuation de l’influence culturelle.

Question : l’être humain est-il entré dans une phase de mutation de grande importance ?

Je ne me rendais pas compte, en me lançant dans cette enquête, au début des années 1990, à quel point elle m’entraînerait sur des terrains glissants, voire mouvants, sujets à polémiques innombrables, où les passions s’enflamment, parfois jusqu’à rendre aveugle. Parler des origines de la vie, et plus encore des origines de l’humanité, et de la façon dont l’évolution se poursuit en nous, ne peut apparemment pas se faire sans qu’idéologies et croyances s’en mêlent. Certes, il en va de même de tout discours sur le monde et il serait naïf de s’imaginer que l’on puisse parler de façon à 100 % objective de quoi que ce soit. Même les sciences les plus exactes reposent, en fin de compte, sur des croyances.
Cela dit, quand il est question de l’hominisation, le phénomène s’accentue dans des proportions inouïes. Écrire ce livre m’a pris beaucoup de temps – une bonne quinzaine d’années – trois ou quatre fois plus que pour la moyenne de mes livres. Pour deux raisons au moins… qui explique aussi pourquoi j’ai éprouvé le besoin d’ouvrir ce site en même temps que paraissait ce livre :

- La première raison est que, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, les découvertes scientifiques s’accélèrent. A peine a-t-on fini d’écrire un chapitre qu’il faudrait déjà le corriger et reporter la publication à plus tard. Ce site tâchera donc de donner, sinon de nouvelles informations sur les différents chapitres, du moins des liens vers elles ;

- La seconde raison est que, depuis les années 1990, la question évolutionniste s’est (re)mise à provoquer une véritable guerre idéologique – généralement résumée dans les médias par la formule « Dieu contre Darwin ». Vision manichéenne, où Créationnistes bibliques et Évolutionnistes néodarwiniens sont censés représenter une alternative obligatoire : vous êtes sommé de vous ranger dans l’un ou l’autre de ces deux camps. Refuser cette bipolarisation peut vous mettre en danger. Un peu comme au temps où vous n’aviez qu’un choix : opter pour le stalinisme, ou le fascisme. Si vous refusiez l’un des camps, ses partisans vous rangeaient automatiquement dans l’autre. Le forum de ce site sera donc ouvert aux points de vue (raisonnables) de ses visiteurs sur cette question.

Les Créationnistes sont le plus souvent de pauvres archaïques demeurés en enfance. Les autres, plus rusés, tentent de faire passer en contrebande une vision religieuse du monde au sein même de la science. Mais en face, les Évolutionnistes néodarwiniens prennent volontiers prétexte de ces anachronismes pour décréter l’état d’urgence : afin de sauver la modernité, il faudrait accepter un putsch métaphysique et se voir imposer comme seule légitime la vision matérialiste du monde. Comme si la science, servante merveilleuse mais qui a tendance à se prendre pour le maître, tenait l’alpha et l’oméga, la clé des origines et des fins dernières, les tenants et aboutissants des essences et des existences !

Heureusement, sur le terrain, l’immense majorité des chercheurs ne se laisse pas piéger par ces jeux partisans : ce sont les médias, toujours à la recherche d’une simplification spectaculaire, qui les gonflent à l’envi. La réalité est immense, diverse et chatoyante. Ainsi en va-t-il des regards que nous posons sur elle. Nous savons de plus en plus de choses fascinantes sur le monde, et c’est merveilleux. Mais sur le fond du fond, nous ne savons rien. Le fond du fond échappe au savoir. Tout au plus peut-on le ressentir, le deviner, ou tenter de l’exprimer sous forme d’un mythe vivant. D’une œuvre d’art. D’une jubilation. D’un acte d’amour.


Du Pithécanthrope au Karatéka : Extrait du chapitre 14

Vers quelle mutation collective nous dirigeons-nous ?

Les rescapés ayant vécu une NDE sont aujourd’hui, au bas mot, des dizaines de millions dans le monde. Or, dans des scénarios très divers, la plupart ont changé de façon radicale. Ils rapportent notamment de leur expérience une « revue de vie », où toute leur existence leur est revenue en mémoire (jusqu’à la couleur de leurs premières barboteuses), ce qui leur a donné la sensation d’être, jusque-là, passés à côté de l’essentiel, à deux niveaux au moins :

1°) Tout ce qu’ils se sont rappelés de leur existence leur a fait revivre les effets de leurs pensées et de leurs gestes tels qu’ils les avaient vécus la première fois, mais aussi en ressentant les effets qu’ils avaient eus sur autrui – ce qui a enrichi leur conscience d’une compréhension nouvelle, les ouvrant au pardon et à la compassion. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » est devenu pour eux une devise très concrète.

2°) La plupart des « grands moments » de leur existence passée (dans la colonne des honneurs comme dans celle des hontes) leur ont soudain semblé sans intérêt, déterminés pour l’essentiel par des facteurs dont ils n’étaient pas responsables ; alors que les seules possibilités de vraie liberté, et donc de responsabilité, se trouvaient nichées dans des détails auxquels, sur le coup, ils n’avaient guère prêté attention. D’où une attitude désormais beaucoup plus vigilante à la présence de chaque instant – et moins d’importance accordée à l’apparat, aux rôles, aux stratégies, à la pression sociale…

Si leur entourage ne les soumet pas à une pression trop inhumaine (prise pour un délire, la NDE peut conduire une personne sensible à se refermer, voire à se retrouver en hôpital psychiatrique, alors qu’elle ne souffre d’aucune psychopathologie – d’où l’importance d’une formation des milieux hospitaliers), la vie de ces gens se métamorphose, poussés qu’ils sont par un désir irrépressible de mettre leurs actes en accord avec les motivations profondes dont ils ont pris conscience.

Pour Kenneth Ring, le professeur de psycho-sociologie de l’Université de Storrs (Connecticut) qui a fondé IANDS (International Association for Near Death Studies), le réseau qui fédère tous les chercheurs travaillant sur la NDE, et pour les membres des différentes antennes IANDS (qui se sont constituées à la fin des années 1980, en Angleterre avec le Dr David Lorimer, en Belgique avec le Dr Marie Haumont, en France avec les anthropologues Evelyne-Sarah Mercier et Louis-Vincent Thomas, puis en Hollande, en Allemagne, en Italie…), ces différentes données ouvrent sans conteste la voie à une nouvelle éthique. Dans En route vers Omega, Ring n’hésite pas à parler d’une « mutation noétique d’Homo sapiens »...

Certaines personnes ayant vécu cette expérience voient s’éveiller en elles toutes sortes de talents nouveaux : curiosité intellectuelle ou artistique (dans Musicophilia, le psychiatre Oliver Sacks cite le cas d’un médecin qui change de métier et devient pianiste après une NDE), mais aussi intuition beaucoup plus grande, don de guérison, don de voyance, de télépathie... Des qualités dont plusieurs grands yogis, consultés par les chercheurs d’IANDS, disent reconnaître les caractéristiques de ce qu’en Inde on appelle l’« éveil de la conscience cosmique », ou le « grand éveil de la kundalini », la fameuse illumination que tous les chercheurs mystiques du monde souhaitent, depuis des millénaires, parfois sans l’atteindre malgré une vie entière d’efforts, de sacrifices ou de méditation.

Kenneth Ring et beaucoup de ses collègues médecins, les Américains Bruce Greyson, Stanislas Grof, Michael Sabom ou Raymond Moody, le Britannique Sam Parnia, le Hollandais Pim Van Lommel, les Français Jean-Pierre Jourdain et Jean-Jaques Charbonnier, etc., ont tendance à penser qu’il s’agit d’un phénomène évolutif global. Ring va jusqu’à parler de « NDE collective ». C’est une vision impressionnante : il faudrait que l’humanité frôle – et risque – sa propre disparition, pour pouvoir enfin, soit s’éliminer, soit s’éveiller à une conscience collective qui la hisse à la hauteur de ses propres exigences au regard de la situation nouvelle, sur le plan de l’écologie, de la démocratie, de la solidarité, etc.

Précisons que certains rescapés rapportent, parallèlement à leurs récits d’extase, des visions dantesques d’humanité en perdition... Comme si une fresque apocalyptique, au double sens de « bouleversement total » et de « révélation », émergeait en ce moment, de façon spontanée, de l’inconscient collectif humain.

samedi 14 août 2010

Evolutions (3) Du Pithécanthrope au Karatéka

Présentation de l'éditeur

Les mâchoires des enfants du monde entier se sont mises à rétrécir et les appareils dentaires se multiplient. Est-ce l’accélération d’un processus évolutif ? La nouvelle enquête de Patrice van Eersel commence par cette question, que pose Marie-Josèphe Deshayes, chef de file d’une nouvelle école d’orthodontie. Ces faits cliniques entrent en résonance, de façon troublante, avec les découvertes de la paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malassé – la chercheuse par qui le scandale arrive.
Portée aux nues en 1996, elle fait la une de la prestigieuse revue La Recherche, pour avoir découvert « une nouvelle théorie de l’évolution », mais se trouve en 2005 moralement condamnée par la communauté de ses pairs pour avoir prétendu déceler une « direction attendue » dans l’observation des mâchoires de primates, des lémuriens à l’homme. Ce qui, du point de vue darwinien, relève du créationnisme

Qui a raison, qui a tort ? Les médias répondent mal. Le débat « Dieu contre Darwin », faux mais omniprésent, nous enferme dans une alternative infernale et occulte les vraies questions. Ces dernières vont être posées par trois scientifiques réputés, intuitifs et honnêtes : le paléoanthropologue Yves Coppens, le paléontologue Jean Chaline et l’écologiste Jean-Marie Pelt.
Mais les points de vue ne suffisent pas. Il faut les confronter à des points d’être. Que pourrait vouloir dire « vivre l’évolution humaine » ? Ici, ce ne sont plus des scientifiques qui répondent, mais des praticiens, des accompagnateurs de nos évolutions personnelles et de nos colonnes vertébrales : la yogi Ysé Tardan-Masquelier, la danseuse Catherine Gaillet, le philosophe Denis Marquet, l'ostéopathe Philippe Petit, le karatéka Albert Palma.

Cette seconde partie de l’enquête intègre et met en perspective les grands thèmes que Patrice van Eersel nous a déjà fait croiser : la redécouverte de l’accompagnement des mourants, l’enfantement, l’inspiration créatrice de la voix de l’ange, la communication avec les dauphins et le mythe du 5ème Rêve. Si l’être humain est par essence inaccompli, chacun peut-il entrer à sa façon dans la danse de notre évolution collective ?


Biographie de l'auteur

Patrice VAN EERSEL, journaliste, a fait partie de l’équipe fondatrice de Libération, et après être passé par Actuel où il a été grand reporter pendant près de 20 ans, est aujourd’hui rédacteur en chef de Nouvelles Clés, un magazine proche des valeurs comme le bien-être, la spiritualité, l’écologie.

Directeur de collection chez Albin Michel, il écrit lui-même beaucoup, notamment des enquêtes, et a publié plus d’une dizaine d’ouvrages sur les frontières du Connu.

Il est notamment l’auteur de La Source Noire, de Le Cinquième Rêve et de La Source blanche (Grasset), de Le Monde s’est-il créé tout seul ? et de Mettre au monde (éd. Albin Michel). Seul citadin d’une famille d’aventuriers naturalistes, il est marié avec Michèle, psychologue, directrice d’un centre de prévention spécialisée, père quatre fois et grand-père deux fois.


Sommaire

Prologue. Du désespoir d’un marxiste noosphérique

Chapitre 1. Enquête sur notre hominisation – I. Comment sommes-nous nés de l’animalité ?

Chapitre 2. Entretien avec Marie-Josèphe Deshayes. Sherlock Holmès chez les orthodontistes.

Chapitre 3. Entretien avec Anne Dambricourt-Malassé. La paléoanthropologue par qui le scandale est arrivé.

Chapitre 4. Enquête sur notre hominisation – II. Le procès d’Anne Dambricourt-Mallassé

Chapitre 5. Entretien avec Yves Coppens. Ce que dit Anne Dambricourt-Mallassé est scientifiquement fondé.

Chapitre 6. Entretien avec Jean Chaline. Pourquoi Anne Dambricourt-Mallassé se trompe.

Chapitre 7. Entretien avec Jean-Marie Pelt. Apaisons ces guerres de clercs qui s’excommunient mutuellement.

Chapitre 8. Enquête sur notre hominisation – III En quoi l’évolution concerne-t-elle chacun de nous ?

Chapitre 9. Entretien avec Ysé Tardan-Masquelier. Pour les yogis, les humains debout sont rares.

Chapitre 10. Enquête sur notre hominisation – IV L’humanité se construit-elle par le mal ?

Chapitre 11. Entretien avec Denis Marquet. Pourquoi notre moi refuse t’il de changer et d’évoluer ?

Chapitre 12. Enquête sur notre hominisation – V Rompre avec le passé pour mieux s’envoler

Chapitre 13. Entretien avec Catherine Gaillet. Chaque matin, chaque humain se redresse.

Chapitre 14. Enquête sur notre hominisation – VI Vers quelle mutation collective nous dirigeons-nous ?

Chapitre 15. Entretien avec Albert Palma. L’homme pense parce qu’il a une main.

Epilogue. La nature peut encore nous sauver


Le site

Le site de Patrice Van Erseel, Du Pithécanthrope au karatéka propose, chapitre après chapitre, des extraits du livre qui permettent de se faire une idée très précise de son contenu.

P.V.E présente ce site de la manière suivante : Dans cette nouvelle enquête, sur l’évolution des formes vivantes en général et plus spécialement sur celle des hominidés, je me suis trouvé confronté à des questions fantastiques... mais qui ont facilement tendance à enflammer des passions aveuglantes et des disputes manichéennes. Le site qui l’accompagne a deux fonctions :

1°) créer des liens avec les sources d’information qui permettent de suivre l’avancée (permanente) des recherches sur l’évolution ;

2°) mettre en ligne le partage des points de vue (raisonnables) sur les sujets traités, mieux : les points d’être.
Dans le forum du site, on peut lire des réactions de Anne Dambricourt-Malassé et de Jean Chaline au livre de P.V.E


Vidéos
Sur Daily Motion : Homo Sapiens, Une nouvelle histoire de l'homme. Ce film documentaire réalisé par Thomas Jonhson raconte comment l'East Side story , la théorie généralement admise de l'évolution de l'homme, est remise en cause par les récentes découvertes en paléontologie : l'adaptation au changement climatique ne serait pas le seul facteur du redressement de l'homme.
Il part donc sur de nouvelles pistes et découvre qu'il existe aussi une Inside story, une histoire interne qui trouve son origine au cour de nos cellules. Paléontologues, biologistes, médecins et généticiens tentent de décrire et de comprendre le phénomène et content une nouvelle histoire de l'homme. Dans une lettre ouverte, Thomas Johnson répond à la mise en accusation de son film par des néo-darwiniens dogmatiques qui lui reprochent, contre toute évidence, de véhiculer des thèses créationnistes.
Vidéo d’un entretien de Patrice van Erseel avec Marc de Smedt au sujet de son nouvel ouvrage sur le site du magazine Nouvelles Clés. Suite à cet entretien, on peut lire un extrait de l’ouvrage.


Du pithécanthrope au karatéka
envoyé par nouvellescles. - Découvrez des webcam de personnalités du monde entier.


Entretien avec Frédéric Taddéi

Un tête à tête entre Frédéric Taddéi et Patrice Van Eersel sur Europe 1 au sujet de l’évolution.


Entretien avec Boris Cyrulnic

Sur France Culture, entretien entre Patrice Van Erseel et Boris Cyrulnik dans l’émission « Le sens des choses » animée par Jacques Attali et Stéphanie Bonvicini. « Le Sens des Choses » propose cet été une série spéciale sur "La Consolation" au cours de laquelle seront explorées, à travers les sociétés et les civilisations, les différentes techniques de consolation des vivants face à la mort.

vendredi 13 août 2010

Evolutions (2) Un nouveau stade évolutif

Dans son nouveau livre La Révolution de la pensée intégrale Patrick Drouot cherche à comprendre l’architecture et le fonctionnement de cette mutation collective dont nous parle Ptraice Van Erseel à la fin de son livre. Et ce, à partir d’une approche à la fois théorique et pratique.

D’un point de vue théorique, l'auteur s’appuie sur les travaux de recherche dont le Journal Intégral s’est fait l’écho : ceux de Ken Wilber avec ses fameux quadrants et ceux de Graves sur la Spirale Dynamique, développés par ses élèves, Don Beck et Chris Cowan.

Pour faire le lien entre cette dimension théorique et une expérimentation pratique, Drouot rend compte des travaux passionnants du psychologue Mihaly Csikszentmihalyi sur l’expérience optimale, en anglais : flow expérience. Passionné par la quête du bonheur, le psychologue a mené une enquête auprès de milliers de gens pour comprendre qu’elles étaient les conditions qui permettaient cette expérience optimale où sont réunis « la joie, la créativité et le processus d’engagement total face à la vie ». Ce type d’expérience est cause et conséquence d’une « fluidité neuronale » grâce à laquelle émerge un état de conscience à la fois profond et intuitif, intense et créatif. Pour mieux comprendre les recherches de Mihali Csiksentmihalyi, on peut lire la traduction française de l'entretien qu'il a eu avec Elizabeth Debold pour le magazine américain What is enlightnement ?

En ce qui concerne l’expérimentation pratique, Patrick Drouot, propose une sensibilisation à la cohérence neuro-cardio-vasculaire - ou cohérence cardiaque - que David Servan Shreiber avait fait connaître au public français à travers son ouvrage Guérir. Dans son livre, Patrick Drouot décrit ainsi les bénéfices de cette pratique :
" En augmentant la cohérence intracorporelle, on peut optimiser l'efficacité de l'énergie métabolique et physiologique, promouvoir la stabilité émotionnelle et mentale, et arriver à un état d'équilibre hormonal, personnel et même spirituel. De plus, une cohérence du milieu cellulaire et de l'ensemble des systèmes corporels génère un signal synchrone directement dirigé vers les champs d'énergie subtile qui entourent notre structure physique. L'énergie électromagénique générée par le coeur est une ressource extraordinaire, permettant au système humain de trouver son équilibre physique, psychologique, émotionnel et spirituel..." Le livre de Drouot est doté d'un CD d'initiation à la pratique de la cohérence cardiaque à laquelle est consacrée un dossier ici .


La pensée intégrale

L’intérêt et l’originalité de cet ouvrage est donc de ne pas s’arrêter à un point de vue abstrait et théorique mais de proposer des outils pour induire ces états de "fluidité neuronale" qui ouvrent la conscience à des niveaux de perception plus fins et de compréhension plus complexes.

Selon Patrick Drouot, la pensée intégrale peut aider à identifier les principes du changement des êtres humains ; comprendre les systèmes de valeurs qui sous tendent l’individu, la collectivité et l’entreprise ; créer de nouvelles stratégies de vie ; utiliser un type de communication adapté à chaque situation ; permettre un déploiement vers un mieux – être personnel et professionnel ; générer une adaptation fluide à l’évolution du monde actuel ; dévoiler les codes cachés qui façonnent la pensée humaine ; libérer la diversité globale, offrir un cadre de travail unifiant qui rend possible la pensée multi-niveaux.

Sur le site Ressources Intégrales, Patrick Drouot expose ainsi sa vision de la pensée intégrale dans un texte intitulé Origine de la théorie intégrale :

" Des chercheurs venus de divers horizons ont commencé à développer dès les années 1960, sans le savoir, des outils convergents. Des penseurs tels que Wilber avec sa théorie des quadrants, Graves, Beck et Cowan avec leur modèle de « Dynamique Spirale », nous ont permis de jeter les bases de la pensée intégrale. L’évolution des techniques de cohérence neuro-cardio-vasculaire nous ont permis d’aller plus loin. Nous proposons un chemin d’utilisation de la pensée intégrale adaptable à tous les individus, toutes les circonstances et tous les secteurs sociaux. Chacun peut cheminer vers le déploiement intégral de ses propres ressources.

Accéder à la puissance de l’intelligence intégrale pour augmenter votre concentration et votre créativité, élever votre clarté émotionnelle en abaissant vos niveaux de stress et d’anxiété, renforcer vos défenses organiques, promouvoir des performances optimales à votre corps physique, percevoir le monde comme une révélation, une joie, une découverte incessante… Toutes ces possibilités, et d’autres encore, vous sont offertes grâce au déploiement de vos ressources intégrales.

Le monde occidental est en train d’accoster aux rivages de nouveaux espaces-temps, de nouveaux « moments d’énergie ». Cela déclenche une lame de fond qui se répand sur le monde à une vitesse vertigineuse. On entend parler de « simplicité volontaire », à propos de groupes réunissant des adeptes de la décroissance, des écocitoyens, des personnes qui revendiquent le droit à la pensée et la responsabilité individuelles.

Dans les villes américaines et japonaises, on assiste à l’éclosion de groupes d’individus en quête d’un mode de vie privilégiant l’entretien de la santé globale et le développement durable. C’est un véritable saut vers un nouveau palier de pensées humaines, l’émergence d’un nouveau paradigme, la quête d’un nouvel ancrage. Les structures mondiales changent à un rythme jamais encore atteint jusqu’ici, et l’ensemble de nos architectures mentales doit évoluer à la même vitesse.

Certains percevront dans nos propos une dimension spirituelle qui peut sembler éloignée des préoccupations sociales ou économiques actuelles. Cependant, une vision de nature spirituelle ne contredit en rien l’approche scientifique. C’est même une forme de science en soi. Dans le passé, les chamans, les alchimistes, les explorateurs de la conscience humaine et les contemplatifs nous ont beaucoup appris.

Aujourd’hui, la connaissance est offerte à tous, qu’il s’agisse des trésors de la littérature mondiale ou des aspects cachés des traditions les plus anciennes. Or, ces traditions ont toujours pris en compte ces potentiels de l’esprit humain qui permettent d’atteindre une forme de "fluidité cérébrale"
.

Et cette fluidité est indispensable pour saisir, en même temps, un grand nombre d’informations, dans une vision non plus fragmentée mais globale. Cette approche globale qui caractérise, justement, la pensée de l’alchimiste : surveiller le tout sans quitter des yeux chacune des parties.

Il est temps d’ouvrir une brèche dans le mur de nos certitudes occidentales, d’ébranler nos convictions, nos préjugés et nos routines en nous tournant vers une approche de la nature humaine qui s’ancre dans la sagesse des enseignements les plus anciens de la planète. Le droit inaliénable à la liberté de pensée reste le privilège des démocraties. Ce fut, ne l’oublions pas, l’un des acquis de la guerre d’indépendance américaine et l’un des fondements de la notion même de Droits de l’Homme. Les personnes (fût-ce des scientifiques) dotés d’une vision spirituelle sont des penseurs libres et des chercheurs de vérité : celle enfouie dans l’espace-temps de l’univers, comme celle qui concerne le trans-temporel, la transcendance de l’esprit
".

On pourrait considérer les ouvrages de Patrice Van Erseel et de Patrick Drouot comme deux chapitres d’une même histoire qui commence à l’aurore de l’humanité et se continue aujourd’hui dans l’émergence d’une nouvelles vision du monde.

A tous ceux qui veulent profiter de leurs vacances pour ne pas bronzer idiots, nous proposerons donc une présentation plus détaillée de ces deux ouvrages en donnant les références de sites à consulter pour plus d’informations à leur sujet.

Cette présentation nous conduira à nous interroger sur les raisons pour lesquelles la communauté des créatifs culturels s’intéresse de plus en plus aux diverses formes de l’évolution, physique, culturelle et psycho-spirituelle.
(A suivre...)

jeudi 12 août 2010

Evolutions (1)

Temps des vacances, le mois d’Août est aussi celui de la lecture et de la réflexion, à l’écart du rythme stressant des villes et du quotidien. Cela tombe bien : deux livres viennent de paraître ces temps-ci, dont les thèmes passionnent tous ceux qui s’intéressent à l’émergence et à la diffusion de la culture intégrale. Dans son ouvrage intitulé Du pithécanthrope au karatéka, Patrice Van Erseel traite de la dynamique de l’évolution des formes vivantes et de l’être humain, dans le sien, intitulé La révolution de la pensée intégrale, Patrick Drouot traite de l’évolution des formes culturelles et de la conscience.

La synchronicité de la parution de ces deux ouvrages est intéressante comme signe des temps dans la mesure où ces deux auteurs ont été, en France, chacun à sa manière, parmi les pionniers et les porte-paroles inspirés des nouvelles valeurs émergentes qui sont celles des créatifs culturels. Ancien journaliste à Actuel, Patrice Van Erseel est reporter et rédacteur en chef du magazine Nouvelles Clés, le magazine de référence des créatifs culturels, quant à Patrick Drouot, physicien de formation, dîplômé de la Columbia University de New York, spécialiste des états d'expansion de conscience, il a formé des milliers de personnes en leur permettant de développer leurs potentialités.
Depuis trois décennies, ces deux écrivains se sont fait connaître d’un large public à travers nombreux ouvrages dont certains sont devenus de véritables best-sellers comme La source noire de Patrice van Erseel ou Nous sommes tous immortels de Patrick Drouot parus tous deux, encore une coïncidence, en 1987...


Deux explorateurs

La Source Noire est le résultat d’une grande enquête scientifique et spirituelle sur les expériences de mort imminente au cours de laquelle Patrice Van Erseel a interrogé tous ceux - psychiatres, cardiologues, chirurgiens, biologistes et physiciens, - qui,, dans le monde entier, écoutent et analysent les expériences de ceux qui, en frôlant la mort, découvre une nouvelle approche de la vie, de la connaissance et de la mémoire. Quant à Patrick Drouot, il proposait dans Nous sommes tous immortels un rapprochement de la vision scientifique occidentale et de la tradition spirituelle orientale en traitant des thèmes des vies antérieures, de la période prénatale et de ce passage qu'est la mort.

A l’écoute des recherches qui, sur toute la planète, concernent le développement de la conscience, les mystères de la vie et de la mort ainsi que la redécouverte de certains savoirs ancestraux, ces deux auteurs explorent depuis une trentaine d’années les nouvelles frontières de la connaissance.

Comme tous les novateurs, ils ont, bien sûr, essuyé les quolibets d’une intelligentsia française enfermée dans les limites étroites d’une exception culturelle où les préjugés rationalistes se conjuguent à une abstraction conceptuelle, incapables de saisir, l’un et l’autre, les enjeux essentiels de la profonde évolution des mentalités en ce début de millénaire. Ce qui n’a pas empêché nos deux auteurs de continuer leur exploration, se rappelant la formule célèbre de Schopenhauer selon laquelle : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence».

Van Erseel et Drouot sont de véritables sismographes pointant les centres d’intérêts des créatifs culturels et exprimant la sensibilité de cette communauté à la pointe de l’innovation dans les pays développés. Leurs deux livres en témoignent : depuis quelques années, cette communauté se passionne pour l’évolution sous toutes ces formes : vivantes, culturelles et spirituelles.

Patrick Drouot n’avait pas publié de livre depuis sept ans, quant à Patrice Van Erseel, il lui a fallu une quinzaine d’années – trois ou quatre fois plus que pour la moyenne de ses autres livres – pour écrire celui-ci. Et comme par un heureux hasard - l’autre nom que l’on donne aux synchronicités - ces ouvrages sortent à la même période, avec un point commun : la référence au modèle de la Spirale Dynamique de Graves qui rend compte des différents stades de l’évolution culturelle.


Un point commun

En traitant de l’évolution des formes vivantes en général et plus spécialement de celle des hominidés, Patrice Van Erseel cherche à répondre à un certain nombre de questions : « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Comment nos descendants vont-ils évoluer ? Comment l’humanité s’inscrit-elle dans les processus de l’évolution naturelle ? Et surtout, pouvons-nous faire en sorte que les activités humaines cessent de blesser la biosphère, mais se mettent au contraire en résonance harmonieuse avec elle ? D’une certaine façon, toutes ces questions sont liées. Pour une raison notamment, qu’exprime la formule suivante : « Toute innovation décisive est totalement imprévisible, mais récapitule et mémorise les processus qui ont conduit jusqu’à elle. »

Si le livre de Patrice van Erseel traite de l’évolution bio-physique ainsi que les controverses scientifiques et idéologiques liées à celle-ci, l’auteur s’interroge à la fin du livre sur la mutation collective que nous sommes en train de vivre et sur l’évolution culturelle que cette mutation implique : « Le modèle de la Spirale Dynamique nous montre que tous les âges de l’hominisation coexistent en nous, mais qu’il est urgent de passer à une nouvelle « couleur » dans l’ascension de cette spirale. »

Cette nouvelle couleur, Patrice Van Erseel la connaît fort bien : c’est dans, le modèle de la Spirale Dynamique, le jaune qui renvoie au stade intégral. Rédacteur en chef de Nouvelles Clés, il a ouvert ses colonnes aux pionniers de la culture intégrale, notamment à Andrew Cohen dans un entretien intitulé : Le laboratoire évolutionniste.

Nouvelles Clés a collaboré avec la revue Éveil et Évolution en reprenant certains de ses dossiers ou articles : Comment dépasser le débat "Dieu contre Darwin" et Elles inventent un nouveau féminin. Eveil et Evolution est la traduction française du trimestiel américain EnlightenNext (« The magazine for Evolutionaries »), qui s’est d’abord appelé What is Enlightenment ? et que dirige Andrew Cohen.


Dieu contre Darwin

En index de son ouvrage , Van Erseel propose le dossier Comment dépasser le débat "Dieu contre Darwin". En présentant ce dossier dans Nouvelles Clés, il exposait une perspective méthodologique que l’on retrouve dans ce livre :
« Vous avez lu les journaux, regardé les reportages à la télévision ? Vous savez donc comment le débat sur l’évolution est systématiquement présenté : Darwin contre Dieu - la Science contre la religion - l’Évolution contre le Créationnisme - la Raison contre la Foi. Voilà le débat auquel nous assistons depuis des années dans les médias et cela nous consterne, car la vraie question d’avant-garde, que ces querelles poussiéreuses ignorent ou camouflent est celle de la création.

De la création en général. Qui demeure un sacré mystère. Le grand débat ne porte pas sur notre rattachement (évident) au monde du vivant, ni sur l’interprétation (pathologique) des vieux livres sacrés par des adultes restés enfants, mais sur la nature même du processus créatif. Comment émerge le nouveau ? Comment a-t-il émergé depuis toujours ? Tandis que sur le champ de bataille des cultures, on tire à boulets rouges sur des boucs émissaires, les médias nous offrent la plupart du temps un semblant de choix, une polarisation artificielle entre deux extrêmes. En fait, c’est un autre débat qui se joue derrière la scène, un débat plus large, plus subtil et bien plus profond. Et il ne s’agit pas seulement d’une controverse entre science et spiritualité, mais aussi sur le genre de science et le genre de spiritualité dont nous parlons. Il est temps de proposer une approche différente.

Un groupe de chercheurs américains, regroupés autour du philosophe Ken Wilber et du « penseur de l’évolution et pionnier spirituel » Andrew Cohen - deux chercheurs en évolutionnisme dignes de la Renaissance, tant leur ouverture pluridisciplinaire est grande - ont inspiré à Carter Phipps et à son équipe, dans le numéro d’hiver 2007 de leur magazine What is Enligtenment ? (WIE), une vaste fresque panoramique, montrant côte à côte douze grandes écoles évolutionnistes actuellement actives sur la scène mondiale. C’est une classification parmi d’autres. Elle a le mérite d’embrasser large, prenant en considération la plupart des écoles actuelles, qu’elles soient scientifiques ou spirituelles. Cette grille nous invite à redéfinir la nature du processus évolutif et à revoir nos conclusions sur nos origines, sur qui nous sommes et sur ce vers quoi nous allons.

On retrouve bien sûr dans cette fresque ceux qui affirment que la vie, l’humanité et la conscience ne sont que purs accidents dans un cosmos dénué de sens, et qu’il n’y a strictement rien à en dire sur le fond - sinon que le seul sens possible est à inventer - ; et puis il y a ceux qui affirment que tout a été parfaitement planifié dès le début par une force divine, et qu’il n’y a rien à en dire non plus, puisque le sens a été donné une fois pour toutes. Mais entre ces deux options, il existe bien d’autres idées neuves et passionnantes, à même d’ébranler les bases de notre façon de comprendre la vie au XXIe siècle. Ainsi, au lieu de deux catégories, nous en trouvons douze. Au lieu d’un manichéisme en noir ou blanc, nous découvrons un spectre de couleurs. Ces nuances dépeignent un tableau bien plus intéressant et plus stimulant, et surtout bien plus exact, de la façon dont l’évolution est perçue dans les cercles philosophiques, scientifiques et spirituels actuels
Le dossier intitulé Le vrai débat sur l'évolution est disponible dans son intégralité sur le site de Eveil et Evolution.

(A suivre)

lundi 9 août 2010

La Petite Princesse (8) La Métamorphose



Ce texte fait partie d’une série intitulée La petite Princesse qui part de là (1) jusque là (7).

Ce n’était plus vraiment à Delphine que je parlais mais, à travers elle, à toute une génération qui était le témoin fatigué d’un monde en train de se défaire. Dans ce champ de ruine, un œil attentif pouvait cependant voir se dessiner un destin d’architecte. Delphine, comme tant d’autres, était écartelée entre son expérience vécue et les représentations dont elle avait héritée : celles-ci étaient bien incapables d’interpréter et d’exprimer celle-là. Elle cherchait les mots et les images qui pourraient s’accorder à la musique nouvelle qui résonnait en elle.

Sa présence à mes côtés faisait surgir des idées qui s’enchaînaient dans mon esprit de manière fluide. Comme si elle était l’antenne d’un futur qui cherchait une parole pour s’exprimer. Mes intuitions prenaient forme et cette forme était celle d’une douce télépathie qui nous entourait d’une aura vibrante. Les mots venaient à moi comme des compagnons familiers qui formaient peu à peu une bande irrésistible et intrépide à laquelle rien n’aurait pu résister. Je continuai donc à lui parler comme le musicien improvise en interprétant avec son instrument la musique à laquelle il participe intérieurement.

S’il était vecteur de sens, l’enchantement traditionnel était aussi générateur de confusion. En réaction à cette confusion, l’abstraction rationnelle s’est érigée comme vecteur logique d’une précision formelle. Mais, réduite à une fonction instrumentale, cette abstraction conduit au désenchantement c’est à dire à la déconnexion du flux énergétique et créateur de la psyché. D’où une civilisation condamnée à la vacance du sens et à la dévastation du monde qui en est la conséquence.

Comme l’harmonie est la clé de l’enchantement, l’absurdité est celle d’un désenchantement dont on connaît les déclinaisons et les conséquence : émiettement de la pensée, fragmentation disciplinaire, angoisse existentielle, corruption des esprits, règne de l’insignifiance et du divertissement, narcissisme généralisé, tyrannie des apparences, loi de la jungle, idolâtrie de la technique, consumérisme compulsif, dictature pulsionnelle, déni des valeurs qualitatives au profit d’une quantification obscène... On pourrait ainsi multiplier les symptômes d’une hyper modernité à l’agonie qui prend son aveuglement pour l’absurdité d’un monde désenchanté.

L’abstraction technocratique fige notre vision du monde : là où il y a mouvement, elle projette une fixité indispensable au processus d’objectivation. Incapable de percevoir une continuité évolutive, elle ne saisit que des états successifs et isolés, étrangers les uns aux autres ou reliés entre eux de manière superficielle dans un rapport de causalité linéaire et mécanique. Si on reste fasciné par ces symptômes, par leur multiplicité et leur diversité, on ne comprend rien à la relation systémique qui existe entre eux et à la profondeur de la dynamique dont ce système est la manifestation.

C’est pourquoi, hypnotisés par le spectacle de ces symptômes et par leur accumulation, nombre d’observateurs crient à la fin du monde sans percevoir que celle-ci n’est rien d’autre que la fin d’un monde annonçant l’avènement d’un nouveau cycle, celui d’une post-modernité aux couleurs vives du réenchantement.

Là où l’abstraction rationnelle ne voit qu’une série d’états et de formes successives, l’intuition relationnelle perçoit cette succession comme l’expression d’une dynamique évolutive. L’évolution culturelle apparaît dès lors comme la lente métamorphose des modèles à travers lesquelles l’espèce humaine interprète son expérience. Cette métamorphose obéit aux lois de la vie qui font alterner élan créateur, formalisation, apogée, équilibre stabilisateur et déclin dégénératif.

Cette évolution culturelle obéit aux cycles d’une métamorphose qui s’effectue en quatre phases : saturation du modèle ancien, renversement des valeurs, émergence du nouveau modèle et intégration de l’ancien dans le nouveau. La saturation d’un modèle conduit à une inversion de polarité c'est-à-dire à un renversement dialectique des valeurs qui permet l’émergence d’un nouveau modèle, plus complexe et plus complet, transcendant et incluant l’ancien modèle.

Selon Michel Maffesoli : « Quand on a la lucidité et l’humilité d’observer, sur la longue durée, les histoires humaines, l’on se rend compte que toujours, l’apogée d’une valeur en appelle à son hypogée. Nombreux sont les termes, savants ou familiers, exprimant un tel domaine. Les sociologues parleront d’un phénomène de saturation. Les historiens d’inversion chiastique, les psychologues de compensation. Peu importe le terme employé. Il s’agit d’une inversion de polarité, cause et effet d’une profonde mutation sociétale ou anthropologique. » (Matrimonium)

Les multiples crises que nous traversons sont autant de signes que le paradigme moderne est saturé comme peut l’être une solution chimique. Les nouvelles générations ne peuvent et ne veulent plus s’identifier à un modèle dont ils perçoivent, plus ou moins consciemment, les conséquences destructrices pour l’être humain comme pour la nature. Cette désidentification explique pourquoi ce modèle est en train de s’effriter puis de s’effondrer, entraînant avec lui toutes les institutions qui en sont le vecteur et dans lesquelles la conscience collective ne peut plus se reconnaître.

Nombre de signes l’attestent et les observateurs les plus lucides en témoignent : nous assistons à la fin du cycle de la modernité commencé, à la Renaissance, il y a cinq siècles. Cette fin est le signe de l'émergence d'une nouvelle vision du monde. Saturé d’abstraction, notre champ culturel change de polarité et s’oriente à nouveau vers une vision organique qui redonne à la sensibilité une place stratégique dans l’interprétation de l’expérience.

Mais le réenchantement post-moderne ne reproduit pas l’enchantement traditionnel, pré- moderne. Il ne s’agit pas de faire l’impasse sur le paradigme distinctif de la modernité mais de l’inclure et de le dépasser dans une vision intégrale, plus complexe, qui prend en compte à la fois l’implication subjective de la sensibilité et l’explication objective de la raison. Le cycle du réenchantement intègre deux stratégies cognitives à la fois contraires et complémentaires : la stratégie organique fondée sur l’intuition harmonique d’une part et de l’autre la stratégie instrumentale fondée sur la raison distinctive.

Cette intégration correspond à l’émergence d’un nouveau stade évolutif déterminant des styles de vie et de pensée novateurs qui paraissent étranges et étrangers aux références majoritaires encore profondément imprégnées de modèles tout à fait dépassés. Fondés sur une participation intime de l’individu aux divers milieux où il évolue, les phénomènes culturels et sociaux qui expriment ce réenchantement du monde sont perçus comme des anomalies ou des régressions par les observateurs institutionnels qui restent enfermés dans le modèle abstrait et désenchanté de la modernité.

Selon Michel Maffesoli. « Ces processus de participation magique traduisent le retour d’un polythéisme des valeurs. J’ai même proposé de parler d’un réenchantement du monde. Toutes choses échappant à ces esprits chagrins qui restent obnubilés par le schéma du désenchantement, modèle qui leur va si bien tant il traduit la tristesse noire qui les habite et dont, généralement, ils créditent le monde en son entier » (La république des bons sentiments).

Si les institutions et leurs paroles sont victimes d’un processus profond de déligitimation c’est qu’il existe un fossé de plus en plus profond entre celles-ci et les nouvelles formes, culturelles et existentielles, à travers lesquelles se reconnaissent les nouvelles générations.

Cette crise dont tout le monde se gargarise comme un nouveau fétiche n’est rien d’autre que la synchronicité apocalyptique entre l’effondrement du paradigme moderne, vecteur de désenchantement, et l’avènement d’une vision intégrale, porteuse de réenchantement. L’apocalypse est l’autre nom de cette métamorphose que nous sommes en train de vivre et dont le Mutant est la figure emblématique.
(A suivre..)

jeudi 5 août 2010

La Petite Princesse (7) Le Désenchantement


Ce texte fait partie d’une série intitulée La petite Princesse qui part de là (1) jusque là (6).

Delphine m’interrompit soudain : « Même si je n’ai pas tout compris – tu vas parfois si vite que j’ai du mal à te suivre – ce que tu me racontes me touche intimement. Comme si je découvrais un secret de famille. Car ce que l’on m’a raconté sur mes ancêtres humains est faux, en grande partie. On me les a si souvent présenté, de manière plus ou moins consciente, comme des individus primitifs et immatures, victimes d’illusions mortifères que les lumières de la raison ont permis de dissiper. Mais en fait, leur culture millénaire était enracinée dans une architecture symbolique dont les règles précises assuraient une cohésion sociale fondée sur un imaginaire commun. Cet ordre symbolique nourrissait le besoin de sens qui anime l’esprit humain. Ce dont nous crevons aujourd’hui c’est d’un manque effrayant de sens. »

Je trouvais que Delphine avait d’autant plus raison qu’elle venait de résumer brillamment mon propos. Quand je lui dis, le sourire ironique qui vint éclairer son visage m’incita à pousser un peu plus loin mon analyse.

Juger les cultures traditionnelles selon nos critères modernes, utilitaires et abstraits, c’est commettre un anachronisme ravageur qui empêche non seulement de les comprendre mais de nous comprendre nous-mêmes, nous qui sommes aujourd’hui les héritiers vivants de ce passé ancestral. Comment pourrait-on inventer un futur en déniant l’héritage d’une ancestralité qui puise ses racines dans l’histoire de l’espèce et, au-delà, dans celle de la vie ?

La modernité a fondé sa prétendue supériorité sur le déni de cet héritage en réduisant notamment la complexité multidimensionnelle d’une pensée organique à la superstition archaïque d’une pensée primitive. Un déni qui est à l’origine de cette pathologie à la fois psychique, sociale et spirituelle que l’on nomme le désenchantement et dont nous voyons les nombreux symptômes se manifester quotidiennement.

Si, effectivement nous ne voulons pas crever sous le poids d’un savoir insignifiant, le temps est venu de retrouver les clés d’une sensibilité énergétique et intuitive qui ouvre à nouveau les portes d’une perception cadenassée par notre intellectualisme. Cette sensibilité s’exprime à travers une pensée organique qui dévoile, de manière poétique et symbolique, le sens caché des phénomènes.

Plus l’homme vit sous l’emprise d’une conception abstraite et instrumentale, plus il dénie l’intuition poétique de la psyché qui dévoile l’harmonie symbolique entre les mondes intérieur et extérieur, plus il devient sourd à l’enchantement du monde. Le désenchantement intervient quand nous prenons cette surdité pour l’absurdité d’un monde insensé, faisant ainsi de notre handicap la norme d’une humanité sans projet. Comme l’écrivait Emmanuel Mounier : « L'homme contemporain se croit absurde. Il n'est peut-être qu'insensé ».

Le désenchantement du monde n’est rien d’autre que cette perte de l’ouïe qu’est l’intuition de la psyché. Parler d’absurdité, c'est en creux, parler d’abrutissement : un manque de finesse qui nous enferme dans une négation suicidaire de l’intériorité et de la transcendance. Tout est explicable, rien n'est à interpréter : voilà la formule même qui tue l'âme. En fait, ce n’est pas le monde qui est désenchantée, dis-je à Delphine, c’est simplement la conscience abstraite de la modernité qui est déconnectée de la dynamique vitale et créatrice de l’âme.

Médiatrice entre le monde de l’esprit et celui des formes, la psyché relie l’intention transcendante qui fonde la subjectivité et le monde objectif dans laquelle celle-ci se projette à travers l’attention. L'âme c'est la médiation entre une force énergétique interne et des formes extérieures à travers lesquelles cette force s'exprime ou se reconnaît de manière symbolique. Cette tension entre l'intention transcendante et l'attention immanente est au coeur de la psyché. Affirmée et valorisée par toutes les traditions, la dimension de l'âme est déniée par une psychologie moderne dont l’objectif principal est de subvertir son objet en l'identifiant à un phénomène observable et mesurable.
Pour ce faire, elle réduit d'une manière monstrueuse la conscience à une mécanique cérébrale, la dynamique énergétique - au cœur des cosmogonies et des anthropologies traditionnelles - à l’expression libidinale d’une pulsion vitale, et la dimension transcendante du symbole à la fonctionnalité abstraite d’un signe !... La métapsychologie freudienne a été précisément conçue comme une machine de guerre contre toute métaphysique comme le comportementalisme et ses avatars neuro-cognitifs l’ont été contre toute idée de conscience.
Toute l'histoire de la psychologie moderne est influencée par l'héritage du positivisme qui l'a fondé. Par un gramme d'âme dans cette psychologie désenchantée. En réduisant l’intention transcendante à l’attention immanente, cette nécro-psychologie enferme l’infini de l’Esprit dans la prison d’un corps physique qui n’est - toutes les traditions l’affirment - qu’un de ses véhicules, parmi tout une chaîne d’autres véhicules, des plus concrets au plus subtils.

Le but ? Produire un individu désaffilié, apte à être utilisé comme un engrenage anonyme et passif d’une machine socio-économique. Cette entreprise de désubjectivation tend à abstraire l’être humain de son contexte naturel, social et culturel, en détruisant les liens esthétiques, émotionnels et symboliques à travers lesquels sa sensibilité participe aux divers milieux qui le constitue et au contact desquels il peut évoluer. Le monde concret de la vie et de la psyché - celui de la croissance et de la création - participe d’une évolution organique qui permet à la conscience de se développer. Cette croissance s’effectue par intégration des informations que la conscience tire de son expérience en dialoguant avec son milieu, notamment dans le langage symbolique de la psyché.

Au cœur de la culture, ce processus de symbolisation est à l’origine de toute civilisation. La perte du sens est la conséquence d’un processus de décivilisation qui remplace les médiations symboliques par un lien abstrait entre les apparences phénoménales et leurs représentations conceptuelles. C’est ainsi que la verticalité organique et poétique du symbole, porteur du sens, est réduite à l’horizontalité du signe, vecteur instrumental de l’abstraction conceptuelle. Le signe est une entité abstraite, déconnectée de l’intériorité et définie de façon arbitraire, là où le symbole est l’expression manifeste d’une intention transcendante.

Ce processus de décontextualisation qui est au cœur de l’abstraction moderne est à la fois la cause et la conséquence du monde sans âme où nous vivons sous la domination d'une technique inhumaine, issue d’une science sans conscience. Un monde dont nous ne saisissons que des apparences perçues par les sens sans saisir la dynamique profonde – spirituelle et énergétique – dont ces apparences ne sont que les manifestations sensibles.

Plus nous cherchons à expliquer le monde objectivement et plus s’éloigne l’horizon d’un sens que l’on ne trouve qu’à travers l’implication sensible et créatrice de la subjectivité. Le monde désenchanté est un monde plat, sans transcendance et sans subjectivité, sans intention et sans intuition, un monde de phénomènes objectifs, mesurables et quantifiables. Un monde dévitalisé et dégénéré pour un homme disqualifié et désaffilié.

Comment se libérer de ce véritable envoûtement ? Car c'est bien d'un envoûtement qu'il s'agit et c'est le terme utilisé par la philosophe Isabelle Stengers dans La sorcellerie capitaliste où elle analyse cet envoûtement comme une stratégie d'emprise et de désubjectivation neutralisant la puissance créatrice de la subjectivité au profit d'une vision purement technique et utilitariste. En fait, l'équation est relativement simple : notre mode de perception détermine notre mode de production économique et d'organisation sociale. Et si le premier est infirme, les seconds seront profondément aliénants. Il est intéressant de noter que les pratiques de désenvoûtement prônées par Stengers s'inscrivent dans le même esprit d'intelligence collective que celles des militants existentiels promues par Christian Arnsperger dans Ethique de l'existence post-capitaliste.
Le désenvoûtement ne concerne donc pas seulement les individus. C'est aussi une action profondément politique, au sens noble du terme. Il consiste tout simplement à redonner à la psyché le rôle qui est le sien depuis toujours : celui d’une médiation symbolique entre transcendance spirituelle et immanence formelle. Car l’enchantement, c’est cela même : le rapport énergétique et symbolique crée par la psyché entre l’intention transcendante et les formes immanentes qui manifestent cette intention. Des formes qui deviennent symboliques dès lors qu’elles reconduisent intuitivement la conscience à la source de l’Esprit qui la fonde.

L’homme défiguré est celui qui, ayant perdu le sens de ces médiations symboliques, est incapable de participer intuitivement à la totalité organique composée des divers milieux - naturels, sociaux et culturels - où il évolue. Ce n’est pas le monde qui est absurde mais notre pensée abstraite qui devient insignifiante à partir du moment où elle n’est plus à l’écoute de l’énergie dynamique et créatrice qui relie chaque existence à l’essence spirituelle qui la fonde et la transcende.

Comment l’homme défiguré pourrait-il ressentir cette harmonie et cette croissance intérieure, lui dont la conscience vit sous l’emprise d’un formalisme abstrait apte à saisir des distinctions logiques entre des entités statiques, objectivement définies ? Sourd à l’harmonie, l’homme défiguré va réduire son milieu naturel à un environnement qu’il instrumentalise pour en faire une ressource à exploiter au profit exclusif de ses intérêts égoïstes. Incapable d’éprouver une croissance intérieure orientée vers l’essentiel, il va chercher à combler son manque existentiel par une croissance économique infinie dans un monde aux ressources limitées.

La dévastation du monde est l’expression et la conséquence de cette conscience désenchantée. Ceux qui voudraient arrêter ce processus dévastateur en faisant appel uniquement à des moyens technologiques ou à des changements comportementaux sont ces dangereux abrutis qui forment la caste des technocrates au pouvoir. Si les abrutis sont dangereux c’est parce que, castrés de leur sensibilité, ils confondent les apparences et la réalité. Ce qui les conduit à proposer des solutions qui vont à l’encontre de toute sagesse en aggravant les problèmes qu’ils cherchent à résoudre.

Seule une évolution du modèle culturel qui produit ce désenchantement est à même d’arrêter cette dévastation en transformant nos modes de vie et de pensée, de perception et de sensibilité. Mais on sait, suivant le mot d’Einstein qu’il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. Identifiée à une vision du monde - ce que les scientifiques nomment un paradigme - la conscience collective éprouve d’énormes difficultés pour transformer ses références et le modèle qui les sous-tend.

Cette transformation s’effectue dans l’épreuve et dans le temps, à travers la succession des générations et les prises de conscience, réalisées d’abord par des pionniers et qui se diffusent ensuite par cercles concentriques à des couches de plus en plus larges de la population. Nombre de phénomènes culturels et sociaux sont l'expression d’une révolte de l’âme qui refuse les cadres réducteurs où on veut l’enfermer. Cette révolte s’effectue parfois, comme un retour du refoulé, dans la destruction, envers les autres comme envers soi.

Mais elle s’exprime aussi dans la redécouverte de traditions, d’enseignements et de pratiques qui permettent à la conscience de retrouver un sens fondé sur l’implication sensible de la subjectivité. C’est ainsi que, depuis une cinquantaine d’années, nous assistons aux diverses étapes d’une métamorphose qui, dépassant le désenchantement instrumental, retrouve la profondeur intuitive d’une dynamique organique : celle qui conduit à un réenchantement.
(A suivre...)