Quand Dieu efface, c’est qu’il s'apprête à écrire. Bossuet
A l’occasion du dixième anniversaire du Journal Intégral, nous avions proposé au début de l'année 2020 une série de cinq billets qui constituent le sommaire des 355 textes postés durant la décennie écoulée. Une manière d'effectuer un bilan en jetant un regard sur le chemin parcouru. C’est dans le même esprit que, fin 2020, nous avons proposé le sommaire des billets de blog écrits durant cette année "extra-ordinaire". En ce début d'année 2022, nous réitérons donc cette démarche en proposant le sommaire des billets écrits en 2021. Une manière d’inscrire notre réflexion actuelle dans la continuité et la cohérence d’une pensée élaborée au fil des ans sur la trame du temps.
Dans la perspective évolutive décrite en exergue d'une manière métaphorique et religieuse par Bossuet (1627-1704), nous assisterons en 2022 à l'effacement et au dépassement progressif d'un passé dépassé. Pour tous ceux qui, profondément identifiés à ce passé, sont incapables de lâcher prise en tournant la page, cet effacement se fera dans la douleur et les remous d'une spirale infernale où se mêlent ensauvagement généralisé, délires complotistes, effondrement écologique, pandémies virales, désordres géopolitiques, fanatisme terroriste et vagues dépressives chez une jeunesse désorientée. Sans compter les bulles financières formées par l'accumulation démente d'un capital fictif qui ne correspond à rien dans l'économie réelle. Symptôme d'un dérèglement complet du système capitaliste, ce délire financier annonce des crises inéluctables d'une ampleur sans précédent.
Aujourd'hui, nous pouvons interpréter cet "effacement" évoqué par Bossuet comme une métaphore littéraire de l'effondrement systémique d'un monde et d'une vision du monde à l'agonie. Ceux qui sont conscients de ce que les bouddhistes nomment "l'impermanence" tournent la page de cet ancien monde pour lire les nouveaux récits en train d'être écrits et vécus par des minorités créatives et cognitives. Inspirés par la dynamique d'une spirale évolutive, ces récits novateurs ne sont plus fondés sur l'hégémonie de l'abstraction, comme au temps de la modernité triomphante, mais sur une participation sensible et intuitive de l'homme à son milieu d'évolution.
Alors que les prisonniers de la spirale infernale, aveuglés par l'idéologie et l'abstraction, voient ce qu'ils croient, les acteurs de la spirale évolutive voient tout simplement ce qu'ils voient : de nombreux phénomènes sociaux et culturels leur apparaissent comme autant de signes du temps exprimant un profond mouvement de mutation et de régénération en train d'avenir. Nous continuerons, autant que faire se peut, de rendre compte de ces nouveaux récits comme de cet effacement perçus et vécus comme les deux polarités complémentaires - créatrices et destructrices - d'une même dynamique évolutive. Que cette nouvelle année 2022 soit bienfaisante pour votre corps, bienveillante pour votre âme et inspirante pour votre esprit.
A chaque titre correspond un lien avec le texte d'origine.
Sommaires 2010-2020
Sommaire 1 (2010) - Sommaire 2 (2011) - Sommaire 3 (2012/2013). 358 - Sommaire 4 (2014/2015/2016) - Sommaire 5 (2017/2018/2019) - Sommaire 6 (2020) Joyeux Confinoël !
370 - Une révolution spirituelle -10/02/21
C’est quand tout semble perdu que tout est sauvé. Abdennour Bidar
Plus d'un an de pandémie mondiale !... Et si, au lieu de nous lamenter en rugissant comme des fauves en cage, nous tentions de chevaucher le tigre, en utilisant, selon l'ancienne sagesse tantrique, le poison comme remède ? Nous pourrions alors vivre cette période non comme une calamité mais comme une chance: une forme d'initiation collective permettant d'initier ou d'approfondir la "révolution spirituelle", évoquée par Abdennour Bidar dans son dernier ouvrage, que notre monde en crise rend à la fois urgente et nécessaire.
Abdennour Bidar croit aux forces de l'Esprit et à la capacité de la jeunesse de trouver en elle-même, dans un retournement intérieur vers l'Absolu, les puissantes ressources nécessaires pour nous sortir des impasses où l'exploitation du monde nous a perdus : impasse climatique, impasse économique, impasse matérialiste... Le philosophe nous engage à retrouver un horizon d’espérance métaphysique en réponse à cette "hubris" qui trouve son origine dans une science sans conscience et dans une conscience sans vision dont la conséquence est la prolifération cancéreuse d’un techno-capitalisme qui détruit nos milieux de vie, sociaux et naturels.
371 - Vers une Santé Intégrale - 4/03/21
J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé. Voltaire
Ce billet est consacré à une approche intégrale de la santé, implantée dans de nombreux pays, dont l’ambition est de créer des liens entre les diverses approches de la santé et de la guérison. Cette vision intégrale vise à dépasser une approche disciplinaire, trop cloisonnée et trop spécialisée, pour développer une perspective globale capable de prendre en compte la santé dans toutes les dimensions – intérieures et extérieures, individuelles et collectives – où évolue chaque être humain.
Un tel programme soulève bien des questions. Comment rassembler dans une vision synthétique la perspective de la médecine moderne hyper technique et celles des sagesses traditionnelles ? Comment assurer une continuité entre le monde extérieur objectivable du biologique et le monde intérieur et subjectif du psycho-spirituel ? Comment établir des ponts entre la médecine moderne, les médecines ancestrales, et les approches dites complémentaires ou alternatives ? Comment interconnecter l’individualité du patient au collectif du monde qui l’entoure ?
372 – Méditer et Militer – 16/04/21
L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant. René Char
Anna Guegan pour la revue Troisième Millénaire |
« J’appelle deux grandes familles à se réunir : la famille spirituelle et la famille politique – autrement dit, celle des méditants et celle des militants. Je les appelle à s’inspirer mutuellement d’abord, pour s’élancer ensemble dans l’action. Je dis donc aux méditants qu’il ne suffit pas de rester assis sur son coussin de méditation, qu’il va aussi falloir aller dans le monde – ce qu’exprimait Martin Buber : « Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi. »
Le but du travail sur soi est de se mettre au service de la transformation du monde à partir de la plus puissante énergie qu’on aura su libérer en soi. Mais de manière complémentaire, je dis à ceux qui ont déjà cet habitus de se lancer dans l’action : « N’oubliez pas votre âme ! Essayez de creuser en vous jusqu’à trouver la source de votre élan vital. » Abdennour Bidar
373 – Méditer et Militer (2) – 30/04/21
Nous faisons notre chemin comme le feu ses étincelles. René Char
Elena Ray |
Ce billet est la suite du précédent. « Nous avons institué en Occident une séparation préjudiciable entre l’inspiration du cœur et l’inspiration de la raison. Comme si la raison était autosuffisante et que l’inspiration du cœur ne valait rien ! Étant donné la gravité de la situation, nous avons besoin de toutes les puissances de notre être. On ne peut plus se mobiliser à moitié. On a besoin de notre cœur, de notre raison, on a besoin de savoir méditer, de savoir s’engager et d’œuvrer en permanence sur deux plans : le plan spirituel et le plan politique.
Ce serait là une vraie sortie de la modernité, mais une sortie par le haut – et non plus une modernité hémiplégique ou unijambiste, ne marchant que sur la jambe de la raison et de l’action. Cette voie d’avenir n’a rien à voir avec ce qu’on appelle aujourd’hui paresseusement "postmodernité", alors qu’il ne s’agit que d’une continuation désenchantée de la modernité. Nous atteindrions une autre ère de l’histoire de notre espèce : ce moment où l’on est aussi rationnel et politique que les modernes, tout en ayant autant de cœur et de puissance spirituelle que les anciens ». Abdennour Bidar
374 – Incitation (12) Effondrements – 01/06/21
A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir. René Char
Dynamiques évolutives et régressives |
Dans ce billet, comme nous le faisons régulièrement dans la série intitulée "Incitations", nous proposerons, sous forme d'aphorismes et de fragments écrits au fil des jours, des éléments de réflexion et d’intuition qui font écho aux thèmes développés par ailleurs, de manière plus systématique, dans Le Journal Intégral.
Si, à travers de nombreux billets, nous avons observé et analysé divers aspects de la crise finale qui affecte notre civilisation, c'est parce que nous considérons que cet effondrement est la condition nécessaire à l'émergence créatrice de nouvelles forme de vie et de sensibilité, de pensée et d'organisation. Toute apocalypse étant, selon l'étymologie grecque, un dévoilement et une révélation. C'est dans cette perspective que nous évoquerons ici certaines manifestations de cet effondrement comme la connerie ambiante, la corruption des esprits, les expressions du fanatisme et le règne de la quantité.
375 – La Désaisie – 29//09/21
Il faut toujours dire ce que l'on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit. Paul Valéry
Dans le contexte de guerre sociale et culturelle où nous évoluons, les mots perdent leur sens pour devenir des armes et les idées perdent leur cohérence pour être réduites à des slogans. C’est ainsi qu’on enrôle la pensée en abandonnant la profondeur et la nuance, l’esprit de synthèse et la complexité. Il semble qu’une pensée exigeante et novatrice est inaudible dans le climat d’hystérie qui règne aujourd’hui sur les réseaux sociaux où, bien trop souvent, l’insulte, l'agressivité et l’anathème remplacent la rigueur et l'analyse, la vision et le débat.
Dans cet océan de confusion, le silence devient alors une île et un refuge, une nécessité et une ressource qui ouvre la porte sur une perspective méditative fondée sur une "désaisie" qui consiste à lâcher la crispation du mental pour se détendre et s'ouvrir, notamment grâce à la méditation, à une présence d'esprit qui est non duelle, immédiate et naturelle. Et pour évoquer ce processus de "désaisie", rien de mieux qu’une fable qui, plus qu’à une analyse discursive, fait appel à l’intuition et à l’imaginaire. Comme chacun interprète une fable selon sa propre subjectivité, nous proposerons ensuite une interprétation originale, inspirée par notre réflexion au long cours sur ce blog.
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